Reinhart, Rogoff et Savastano (2003) étudient les économies dollarisées (en excluant les pays officiellement dollarisés et les pays industriels). Ils établissent un indice composite de dollarisation pour chaque pays de l’échantillon, et classent les pays en quatre catégories sur la base de leur « type » de dollarisation. L’indice composite comprend : les dépôts bancaires en monnaies étrangères (part de la quantité de monnaie au sens large), la dette extérieure totale (part du PNB), la dette publique domestique dénommée en monnaie étrangère (part de la dette domestique totale). Chacun de ces trois indices est transformé en un indice qui peut prendre une valeur de 0 à 10. En fin de compte, l’indice leur permet de mesurer le degré de dollarisation partielle dans chaque pays de l’échantillon sur une échelle allant de 0 jusqu’à 30.
Le taux dollarisation de chaque pays à n’importe quel moment est défini sur la base de deux critères indépendants : le taux de dollarisation domestique et le montant d’emprunts étrangers du secteur privé. La détermination de la dollarisation domestique est fondée sur les ratios : des dépôts en devises étrangères par rapport à la monnaie au sens large et de la dette publique en monnaie étrangère par rapport à l’endettement public total. Les pays sont ensuite répartis en deux groupes : ceux où les deux ratios sont inférieurs à 10% et ceux où au moins l’un des deux est supérieur à 10%. Quant à l’endettement privé en devises étrangères, Reinhart, Rogoff et Savastano étudient la part de la dette du secteur privé par rapport à la dette extérieure totale. Là aussi, les pays sont répartis en deux catégories : ceux où les emprunts du secteur privé constituent 10% et plus de la dette extérieure totale, et ceux où ces emprunts constituent moins de 10% de la dette totale extérieure.
Les deux critères combinés ont permis à Reinhart, Rogoff et Savastano de classer les économies dollarisées en quatre catégories. Les pays où les passifs intérieurs et extérieurs dollarisés coexistent sont classés dans la catégorie (I). Les pays où la dollarisation est principalement domestique (les emprunts extérieurs du secteur privé sont limités) sont classés dans la catégorie (II). Les pays où la dollarisation est essentiellement extérieure (la dollarisation domestique est négligeable) et où l’endettement extérieur privé n’est pas réduit sont classés dans la catégorie (III). Les pays où la dollarisation domestique est faible et où la plus grande partie des passifs extérieurs appartient au gouvernement sont classés dans la catégorie (IV).
Dette du secteur privé égale ou supérieure à 10% de la dette extérieure totale | Dette du secteur privé inférieure à 10% de la dette extérieure totale | |
Au moins 10% de la monnaie ou de la dette publique domestique sont dénommées ou ancrées à une monnaie étrangère |
Type (I) |
Type (II) |
Moins de 10% de la monnaie et de la dette publique domestique sont dénommées ou ancrées à une monnaie étrangère |
Type (III) |
Type (IV) |
Source : Reinhart, Rogoff et Savastano (2003), page 9
Le travail de Reinhart, Rogoff et Savastano montre que « la dollarisation domestique est devenue largement importante au Moyen-Orient depuis le début des années 1980, et dans les économies en transition depuis le début des années 1990 » 392 .
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Indice composite de la dollarisation | Dépôts en monnaie étrangère p/r monnaie | Dette extérieure totale p/r PNB | Part de la dette privée dans la dette extérieure totale | |||||||||
Echelle ( 0–30) | Pourcentage | Pourcentage | Pourcentage | ||||||||||
1980 – 1985 | |||||||||||||
13 | 6 | 7 | 5 | 11 | 38 | 4 | |||||||
1988 – 1993 | |||||||||||||
14 | 10 | 4 | 8 | 20 | 66 | 11 | |||||||
1996 – 2001 | |||||||||||||
14 | 12 | 2 | 8 | 21 | 60 | 19 |
D’après Reinhart, Rogoff et Savastano (2003), page 17
Selon le travail de Reinhart, Rogoff et Savastano, le Liban fait partie des pays les plus dollarisés, avec un score égal à 14. Le tableau (20) classe, selon leurs taux de dollarisation entre 1996 et 2001, les 90 pays étudiés (par ordre décroissant de l’indice de dollarisation).
Selon les tableaux (20) et (21), l’économie libanaise fait partie des pays fortement dollarisés (type 1) avec un score égal à 14.
Dollarisation | Niveau d’indice composite | Nombre de pays dans la catégorie | Pays |
Très élevée |
25 22 21 20 19 17 16 15 14 |
16 1 1 1 1 1 2 2 2 5 |
Ecuador Bolivie Uruguay Argentine Bulgarie Lao, Nicaragua Angola, Peru Cambodge, Paraguay Guinée-Bissau, Liban , Mozambique, Sao Tomé, Zambie |
Elevée | 34 | ||
Modérée | 32 | ||
Faible | 8 |
D’après Reinhart, Rogoff et Savastano (2003), page 19
Dépôts bancaires en devises étrangères | Dette domestique en devises étrangères | Dette extérieure | Indice composite |
6 | 3 | 5 | 14 |
D’après Reinhart, Rogoff et Savastano (2003), page 57
Reinhart, Rogoff et Savastano (2003), page 16.