Les effets du choc monétaire US sur la balance des capitaux

Suite au choc monétaire américain, qui a poussé les taux d’intérêt internationaux à la hausse, la balance des capitaux libanais a commencé à se détériorer à partir de 1966, à cause notamment de la sortie des capitaux du pays (Iskandar et Ouwaïss, 2002). Cette sortie s’explique par la forte mobilité des capitaux et par la sensibilité des dépôts bancaires aux variations de taux d’intérêt comme nous avons déjà vu.

La part des capitaux privés à court terme dans les entrées de capitaux était très importante. Cette part s’élevait en 1966 à 264,4 millions de livres (contre 44,7 millions de livres pour les capitaux à long terme). La part des capitaux à long terme diminua à partir de 1966, et atteignit les 20 millions de livres seulement en 1970, soit 11% du compte de capital. Cependant, comme les exportations avaient considérablement augmenté à partir de 1967, la dépréciation de la livre libanaise ayant commencé à jouer son effet, la baisse du compte de capital fut compensée par la diminution du déficit de la balance courante (qui est passée de 342 millions en 1966 à 50,7 millions en 1970).

Tableau (44) : L’évolution des entrées de capitaux
En millions de LL 1966 1967 1968 1969 1970
Excédent du compte du capital 464,4 122,2 277,9 124,1 175,8
Tableau (45) : Le compte du capital en 1966
Année 1966 En millions de livres En %
Capitaux à court terme 264,4 56,93%
Capitaux à long terme 44,7 9,62%
Comptes publics à long terme 153,3 33,44%
Total 464,4 100%
Tableau (46) : Les effets du choc monétaire américain sur le solde de la balance des paiements du Liban
En millions de LL 1966 1967 1968
Excédent du compte du capital 464,4 122,2 277,9
Déficit de la balance commerciale –273,6 –342,0 –280,4
Autres comptes (balance des invisibles) –68,4 218,1 178,8
Solde de la balance des paiements 122,4 –1,7 176,3
Graphique (58) : L’évolution du solde de la balance des paiements entre 1966 et 1968 (en millions de livres libanaises)

L’excédent de 122,4 millions de livres dans la balance des paiements en 1966 a diminué suite au choc de crédit américain et s’est transformé en un déficit de 1,7 millions en 1967. Cette baisse s’explique par la chute importante des entrées de capitaux (464,4 millions en 1965 contre 122,2 millions seulement en 1966) due à la hausse des taux d’intérêt mondiaux en 1966 et 1967. Cependant, en 1968, le solde de la balance des paiements a enregistré de nouveau une hausse extraordinaire de 178 millions de livres pour atteindre les 176,3 millions. Cette hausse s’explique par l’augmentation des entrées de capitaux (277,9 millions en 1968 contre 122,2 millions en 1967) et par la hausse de l’excédent dans la balance des services (981,8 millions en 1968 contre 722 millions en 1967, soit une hausse de 36% en un an).