Les leçons empiriques

Dans la partie empirique de notre travail, nous nous sommes concentrés sur deux tâches. La première était de combler un vide, celui lié à l’absence de publications sur la transmission internationale des chocs monétaires américains à l’économie libanaise. Ce travail nous a permis d’apporter des réponses à deux énigmes des quarante dernières années au Liban (la crise de liquidité de 1966 et la relative amélioration de la situation économique en 2001). La deuxième tâche consistait à mettre à jour la liste des chocs monétaires d’après le cadre conceptuel développé dans le Chapitre (1).

Notre travail nous a permis également d’apporter des réponses d’ordre économétrique aux effets des chocs US sur le Liban. Le fait que les taux courts libanais ne varient pas suite à une variation des taux courts US peut être dû, en partie bien sûr, au PtM. En effet, il est justifié que les taux courts libanais n’aient pas varié suite au choc US parce qu’ils sont très liés à la conjoncture économique intérieure, notamment au solde du déficit budgétaire, au niveau de la dette publique et aux besoins de financement de l’Etat 447 . Mais le PtM du côté des importations peut contribuer également à la stabilité du taux d’intérêt libanais à court terme 448 , conformément aux avancées théoriques selon lesquelles, en pricing-to-market, le taux d’intérêt étranger (Liban) reste constant ou varie peu suite à un choc monétaire américain.

Notre travail empirique était également l’occasion de présenter les méthodes d’identification des chocs monétaires et de faire le lien entre la dollarisation, le choix du régime de change et le PtM du côté des importations.

Il ressort clairement de notre travail empirique que le taux d’intérêt est le principal canal de transmission internationale des chocs monétaires à l’économie libanaise. Le rôle joué par la balance commerciale est marginal.

Notre travail nous a permis de compléter la littérature en PCP, en évoquant les effets d’un choc monétaire US sur la balance courante étrangère. Le sur-ajustement du taux de change exprime au mieux la réaction du cours de la livre par rapport au dollar en PCP.

D’après notre travail en PtM, nous contestons la thèse selon laquelle le taux d’intérêt nominal du Liban reste constant suite à un choc monétaire US. La réalité montre que les taux libanais ont sensiblement réagi au choc US de 2001 en diminuant. Nous contestons également la thèse selon laquelle le taux d’intérêt réel du Liban augmente suite à un choc monétaire US. Au lieu d’augmenter légèrement, le taux d’intérêt réel du Liban a diminué suite au choc US de 2001.

Ces deux résultats mettent en relief le rôle des marchés monétaires et financiers internationaux dans le processus de transmission. Ainsi, en PtM comme en PCP, l’ouverture d’une économie sur le reste du monde conditionne la nature des effets des chocs monétaires étrangers sur les taux intérieurs.

Notes
447.

Il n’existe pas, au Liban, de lien direct entre les taux d’intérêt, court et long. De plus, les taux courts peuvent être assimilables à des taux longs à cause de l’absence de lien entre les marchés, monétaire et financier.

448.

Ce PtM est dû à la structure monopolistique de l’économie libanaise, associée à la dollarisation et au régime de change fixe.