2.1. L’évaluation : une confrontation entre une situation observée et une situation attendue

Au sens large, Hadji définit ainsi l’évaluation (1990) :

"jugement par lequel on se prononce sur une réalité donnée en articulant une certaine idée ou représentation de ce qui devrait être, et un ensemble de données factuelles concernant cette réalité" (p.178)

Cette définition, tout en respectant la définition plus classique qu’on peut trouver dans le dictionnaire (« Action d’évaluer, de déterminer la valeur ou l’importance (d’une chose). », Trésor de la Langue Française Informatisé), la complète par la notion de confrontation entre une réalité et un idéal. L’adéquation entre ces deux objets aboutit à un jugement positif. L’inadéquation peut conduire à différentes conclusions : jugement négatif, absence de jugement positif, recherche de l’origine de l’inadéquation. Hadji met bien en avant cette mise en relation. L’évaluation consiste à confronter une réalité donnée à une situation désirée. Pour cela, l’évaluateur utilise, implicitement ou explicitement, des indicateurs qui lui permettent d’appréhender la réalité et de fabriquer un référé, c’est-à-dire de construire un ensemble d’éléments représentatifs de l’objet d’évaluation relativement aux objectifs d’évaluation. Ce référé est ensuite confronté à un référent, c’est-à-dire un ensemble homogène au précédent mais composé des éléments constitutifs de ce qui est souhaité. Pour construire ce référent, l’évaluateur doit fixer au préalable des normes ou des critères de jugement. Chacune de ces étapes est dépendante de l’évaluateur. Gérard (2002) souligne à ce propos la subjectivité de l’ensemble du processus d’évaluation.

Cette analyse de l’évaluation est valable quel que soit ce qui est évalué. Dans le cas qui nous intéresse, l’enseignant doit mettre en parallèle la production de l’élève, sa réponse écrite à la question (ce qui relève donc de la réalité observable), et la réponse correcte attendue à cette question (ce qui relève de l’idéal ou du souhaité). Il va pour cela déterminer les caractéristiques de la réponse de l’élève qu’il confrontera avec la réponse qu’il attend au vu de ce qu’il a fait en classe et selon des critères dépendant de ses exigences. Selon les termes de Chevallard (1992), quand l’enseignant évalue ses élèves, il mesure, chez les élèves pris comme sujets de l’institution, le degré d’adéquation entre leur rapport personnel à un ou des objets de savoir et le rapport institutionnel à ces mêmes objets à un instant t.