2.4. Le mode de recueil d’informations : le résultat d’un choix

L’évaluation scolaire orale ou écrite est un moyen de recueillir des données provoquées (Barbier, 1985) dans le sens où il s’agit de mettre les élèves dans une situation créée de toutes pièces. La question de savoir si le mode de recueil de données est pertinent se pose. Il est intéressant de voir qu’elle ne se pose pas seulement au niveau de l’enseignement primaire et secondaire mais aussi au niveau universitaire. Ainsi Hestenes (1995) remet en cause l’évaluation orale des étudiants en physique (par exemple la pratique effective de la soutenance de mémoire), qui ne permet pas selon lui de s’assurer que les candidats deviendront de « bons » physiciens.

Pour l’enseignement de la physique, plusieurs méthodes sont utilisées pour recueillir l’information permettant d’évaluer la compréhension des élèves. Les principales sont l’évaluation écrite, l’évaluation orale (allant de la simple question pendant le cours à l’examen oral) et l’évaluation des capacités expérimentales. Nous avons choisi de nous intéresser à l’évaluation écrite car elle tient une place très importante dans la pratique des enseignants et que ceux-là sont « obligés », pour des raisons institutionnelles évidentes, de pratiquer ce type d’évaluation. Cette modalité d’évaluation présente des contraintes que nous devons assumer.

Rappelons d’abord les avantages de ce type d’évaluation :

Ces inconvénients sont liés à la nature de la langue écrite. Dans la langue orale, le locuteur n’a pas besoin de tout dire pour être compris. Il peut parler à demi-mot. De plus, les rétroactions manifestées par l’interlocuteur permettent une forme de copilotage du discours. Au contraire, dans la langue écrite, tout doit être explicite. La langue écrite possède par contre des avantages du point de vue de l’organisation spatiale des informations et la possibilité de présenter l’information sous différents registres sémiotiques. Cet avantage est particulièrement intéressant dans les domaines scientifiques où les formalismes et les schémas jouent un rôle très important.

L’écrit n’est pas une simple transcription de ce qui est dit ou pensé (Vygotsky, 1997). Le langage écrit implique l’abstraction de l’interlocuteur. C’est la forme consciente d’activité verbale et intentionnelle la plus complexe et la plus difficile. Duval (2000, 2001) abonde dans ce sens en affirmant que demander à quelqu’un d’écrire est beaucoup plus contraignant que demander à quelqu’un de dire. Schoultz et al. (2001) critiquent aussi le fait que la performance des élèves aux tests écrits soit généralement utilisée comme la première source d’information pour s’assurer que les élèves ont atteint les objectifs d’enseignements fixés, en argumentant que ce qui semble parfaitement raisonnable et logique à l’oral peut parfois apparaître confus et incohérent sous forme écrite.

Le mode de recueil d’évaluation est loin d’être anodin. Il présente des avantages mais aussi des inconvénients dont il faut être conscient.