2. Comportement des élèves en situation de devoir surveillé

  1. Quelles sont les difficultés des élèves liées à la représentation des exercices composant les tests ? Quelles peuvent être les différentes origines de ces difficultés ?
  2. Dans quelle mesure le contrat semble-t-il influencer les réponses des élèves ?
  3. Quel est le rôle de ce qui a été fait en classe dans les stratégies de réponses des élèves ?
  4. Quelle est l’influence des autres questions composant le test ?
  5. Comment l’élève choisit-il de rendre son travail public ?
  6. Quelles sont les influences des conditions de passation du test ?

Pour répondre à l’ensemble de ces questions, une analyse des entretiens a été menée. Il s’agissait d’entretiens inspirés de la méthode d’entretien d’explicitation où l’élève était invité à évoquer son action au moment de la réponse écrite au test. L’élève disposait de l’énoncé et de sa réponse écrite pour faciliter l’évocation.

Nous avons observé entre les élèves des différences de représentation (réponse à la question 7). Celles-ci étaient d’origines variées. Nous avons vu que les difficultés pouvaient se manifester lors de la sélection dans l’énoncé, de l’interprétation de la situation ou de l’interprétation de la question.

Voici une liste de quelques difficultés observées :

Entre autres, nous avons vu que le fait de faire le lien entre l’exercice auquel l’élève doit répondre et un exercice résolu en classe dont la structure « profonde » était similaire était une aide pour l’élève (questions 7 et 9). Au contraire, si l’élève se concentre sur les traits de surface pour faire appel à un exercice résolu en classe, l’écart de stratégie pour répondre aux deux exercices peut être la cause d’une difficulté.

L’analyse des entretiens nous a aussi permis de voir que, même si le contrat donnait des directions dans la façon dont l’élève répondait, il n’était qu’un moyen de « vérification », qu’il ne l’emportait pas sur la compréhension (réponse à la question 8). Les élèves semblent l’utiliser en cas de doute. Il a par contre une influence plus importante sur le choix de formulation de la réponse et du type de justification (les exigences de l’enseignant sont imaginées par l’élève au moment de répondre).

Nous avons vu qu’il existait de grandes différences entre les élèves sur la façon de faire appel à ce qui avait été fait en classe au moment de répondre (question 9). Certains élèves y faisaient constamment référence pendant l’entretien alors que d’autres ne l’ont jamais évoqué explicitement. Nous avons vu que pour les élèves qui faisaient référence à ce qui avait été fait en classe, plusieurs types de références étaient utilisés :

Il semble que les « bons » élèves fassent plus facilement des liens avec ce qu’ils ont fait en classe (nous retrouvons le même type de résultat que Johsua et Félix (2002) sur le travail à la maison). Les élèves en difficulté que nous avons interviewés font parfois référence à ce qui a été fait en classe mais souvent sous forme d’interprétation d’invariants, c’est-à-dire qu’ils généralisent de manière abusive certains points vus en classe et en font des règles. Des erreurs de compréhension au moment de la constitution de ces invariants (pendant la classe) sont alors l’origine d’erreurs dans les réponses (car le souvenir de ce qui a été fait en classe fait autorité pour ces élèves, même s’il est contraire à leur « bon sens »).

Nous avons aussi regardé comment les élèves utilisaient le reste du devoir surveillé (question 10). Nous avons distingué deux types d’influences :

Dans la situation de devoir surveillé, l’élève doit rendre une réponse, une trace publique (question 11). Le passage de son travail privé à la rédaction de cette composante publique semble à la fois lié aux exigences de l’enseignant « imaginées » par l’élève (qui vont influencer le choix de la formulation, du type de justification) et au degré de certitude de l’élève face à sa réponse. Cependant, pour ce dernier, si une forte certitude mène presque systématiquement à l’écriture, une faible certitude pourra mener à une non-écriture ou à une réponse « au hasard » (dans le cas des cases à cocher) en suivant la règle « il vaut mieux écrire quelque chose que rien du tout ».

Enfin, les entretiens nous ont permis d’avoir quelques éléments sur les influences des conditions de passation sur la réponse des élèves (question12). L’influence la plus souvent manifestée est le fait d’avoir à répondre en temps limité : l’élève met en œuvre des stratégies pour produire le maximum de réponses dans ce temps imparti mais il peut ne pas avoir le temps de répondre à certaines questions ou se précipiter pour répondre à d’autres. Quelques élèves interviewés ont aussi mentionné la contrainte de la place laissée sur la feuille pour répondre aux questions ouvertes. Il s’agit bien évidemment ici d’une contrainte propre au type de devoir que nous avons choisi (réponse sur la feuille). Les élèves ont tendance à « adapter » leur réponse à la place laissée en pensant que celle-ci correspond à la taille de la réponse attendue (effet de contrat, question 8). Une des élèves interviewés avait été malade le jour du devoir. Nous avons vu que cela pouvait générer un manque de concentration et inciter l’élève à se dépêcher pour sortir plus tôt. Enfin, nous avons été étonnés de n’avoir aucune remarque explicite sur l’influence de la note et du stress généré par la situation.

Il est donc difficile de répondre séparément à ces questions même si on peut distinguer différents phénomènes dans le comportement de l’élève en situation de devoir surveillé. Il semble qu’à chaque instant se mêlent différentes contraintes (contrat, temps, présence d’autres questions, rendu d’une trace publique) qui vont influencer à la fois la représentation et le choix de la formulation de la réponse écrite. Cependant, le travail d’analyse effectué sur ces quelques entretiens permet d’avoir des pistes pour une analyse plus profonde de l’influence de la situation de devoir surveillé sur les réponses de l’élève, et donc sur les indicateurs de sa compréhension.