1.2.1. Concept

Définir le changement technologique est une tâche compliquée, parce que le concept revêt des facettes multiples. Comme Rosenberg, on peut dire que le progrès technique est formé par un ensemble de connaissances qui rend possible la production d’une plus grande quantité de produit, ou un produit avec un niveau de qualité supérieure, à partir d’un certain volume ( Rosenberg, 1982 ).

Rosenberg attire encore plus l’attention sur le deuxième élément, en même temps qu’il critique la vision limitée de la plupart des économistes qui envisagent seulement le changement technologique d’après la réduction des coûts. La simplification est utile, mais finit par ignorer, peut-être, la plus grande contribution à long délai du progrès technique pour une meilleure amélioration de la vie de l’humanité. De toute façon, il y a plusieurs économistes qui n’ont pas négligé l’innovation de produit. C’est le cas de Marx, Schumpeter et Kuznets. Le changement technologique permet d’économiser le travail, le capital ou les deux ; il vient se joindre au procès de création de nouveaux produits ou d’amélioration des produits existants.

L’innovation de processus, la plus importante pour la pensée néoclassique, vient se joindre, également, à l’innovation de produit, comme élément intégrant du processus de changement technologique, ou encore de l’innovation organisationnelle, sur laquelle Schumpeter avait déjà attiré l’attention. A ce schéma essentiel de génération d’innovations doivent s’associer deux autres processus : le processus d’invention et le processus de diffusion. Ensemble, ils constituent le « squelette » de la mutation technologique. Certains auteurs comme Antonelli, Petit et Tahar (1992), font la distinction entre changement technologique et changement technique. Ces auteurs définissent la technologie comme un « ensemble social de connaissances des arts industriels ». De cette façon, le changement technologique signifie qu’une nouvelle technologie, considérée comme un ensemble commun de connaissance, apparaît comme endogène ou exogène.

Quant au changement technique, il a des contours plus limités, étant donné qu’il consiste en une application de la nouvelle technologie à une entreprise ou phase de processus productif. Ces conceptions sont identiques à celles de Gomulka (1990). Pour celui-ci, les techniques sont les différentes méthodes de produire le bien ou les biens finaux et la technologie, au sens restreint, est un ensemble de toutes les technologies à la disposition d’une entreprise.

Encore selon Gomulka (1990), le changement technologique correspond à l’élargissement de l’ensemble de la technologie. Le progrès technologique se vérifie lorsque les nouvelles techniques remplacent les anciennes et rendent celles-ci inefficaces.

Cette clarification conceptuelle est importante, parce que dans les premiers textes, les auteurs n’établissaient pas cette différentiation entre changement technique, changement technologique et même la notion de progrès technique était assez floue, ce que nous avons vu antérieurement, avec Rosenberg (1982). Etant donné que dans l’ère de l’économie d’innovation ont proliféré beaucoup de concepts, ce qui a géré quelque confusion, il convient d’éclairer la signification de quelques uns, considérés fondamentaux, à mesure qu’ils surgissent.

Ainsi, d’après les recommandations de l’UNESCO (voir à ce sujet UNESCO, 1979), et comme la Science et la Technologie sont des concepts intimement liés aux temps d’aujourd’hui, nous définissons la science comme un ensemble organisé de connaissances sur les mécanismes et les faits observés, obtenues à travers l’étude objective des phénomènes empiriques ; la technologie sera l’ensemble de connaissances scientifiques ou empiriques directement appliquées à la production ou à l’amélioration des biens et services. La technologie est vue comme une « potentialité ».

Comme, parfois, il y a confusion entre technologie et technique, il convient de dire que la technique est une combinaison de facteurs productifs et d’opérations qui permettent la production d’un bien ou d’un service. La technique est une « réalisation ».