1.3.3. Les paradigmes technico-économiques

Ceux-ci surgissent d’abord chez Perez (1983 et 1988). Comme Dosi, Pérez soutient qu’on enregistre périodiquement des ruptures dans le développement technologique des sociétés, qui résultent d’une application généralisée d’innovations radicales. Ces innovations apparaissent associées dans un système interlié et cohérent. Nous sommes alors devant des « systèmes technologiques ». Maintenant, on souligne les aspects typiquement économiques et institutionnels. Perez affirme qu’à mesure que les révolutions arrivent, une profonde transformation s’opère dans le « sens commun », non seulement des ingénieurs mais aussi des gestionnaires et investisseurs, et de cette façon, est créé un modèle de pratique idéal, plus productif et plus rentable. Perez (1988) appelle ce type de modèle – paradigmes technico-économiques. Le nouveau paradigme est introduit par l’apparition d’un facteur productif d’application généralisé, de bas prix et décroissant, qui aura un impact très fort sur la structure des coûts relatifs. Comme exemple, nous avons aujourd’hui les industries liées à la microélectronique, aux ordinateurs, à la communication et, plus récemment, à la biotechnologie. Chacune de ces structures technico-économiques manque d’infrastructures adéquates et de grand investissement. On peut encore ajouter:

Les innovations de produit et de processus basées sur de nouvelles formes organisationnelles, qui provoquent une montée globale de la productivité potentielle;

L’apparition de nouvelles branches industrielles qui apparaissent associées à un changement des relations propres aux diverses branches/structures, d’un côté, et d’un autre, à des critères de compétitivité ;

La transition est en rapport avec de nouvelles opportunités d’investissement et avec une profonde modification du niveau des qualifications exigées, aussi bien au niveau de la main d’œuvre qu’au niveau du personnel technique et de gestion;

La transition est accompagnée d’un changement des institutions et des pratiques sociales ;

La mutation de paradigme permet, finalement, que les pays d’avant-garde du paradigme antérieur, commencent à sentir des difficultés et puissent même être dépassés par d’autres. Dans ces périodes, selon Perez (1988), les pays en processus de rapprochement (catching-up) ont plus de possibilités d’avancer au niveau du développement. Comme on peut l’observer, le versant institutionnel a un grand poids dans le travail de Perez. Selon elle, une révolution technologique est la condition nécessaire, mais pas une condition suffisante, pour qu’on observe une croissance économique prolongée. En effet, celle-ci requiert un cadre institutionnel favorable.