1.5. Les caractéristiques du changement technologique et les structures industrielles

Salavisa Lança (2001) observe à ce sujet que :

Dosi (1984) souligne pour insérer le changement technologique dans les structures oligopolistiques, les caractéristiques d’appropriation, le niveau d’opportunité et l’accumulation.

En ce qui concerne la caractéristique de changement technologique, déjà évoquée, la question qui se pose consiste à savoir ce qui peut le provoquer. Il existe deux idées essentielles :

  1. Le changement technologique, bien qu’il se caractérise par des événements incertains (innovations radicales), n’est pas un processus totalement aléatoire. De cette façon, les efforts dépensés (financiers, humains et organisationnels), ont un effet en termes de progrès technologiques.
  2. L’existence d’un processus d’apprentissage (learning by doing) engendre des leaders technologiques.

L’accumulation peut être comprise aussi bien au sens large qu’au sens strict. Au sens strict, l’accumulation finit dans les limites de chaque paradigme. Ceci engendre des hypothèses totalement nouvelles, ou des fenêtres d’opportunité (Perez, 1998). Cependant, au sens large, certains aspects de changement technologique, ou favorables à ce changement, conserveraient le rythme de l’accumulation, malgré la substitution des paradigmes.

Un autre aspect à considérer est le niveau d’opportunité technologique ou, si l’on veut, les possibilités de développement de chaque technologie spécifique au sein de chaque paradigme. Cette potentialité est, naturellement, très variable. Aujourd’hui, ce sont les technologies de l’information et de la communication (TIC) qui semblent avoir le niveau maximum d’opportunité technologique, suivies des nouveaux matériaux, des biotechnologies, etc.

Il reste l’appropriation. Cette caractéristique, de pair avec les facteurs externes, se vérifie toujours avec plus ou moins d’intensité à l’intérieur d’une même technologie, ce qui est généralement profitable pour tous les agents économiques impliqués. Comme Nelson l’a souligné, «dans les économies capitalistes, la technologie, ou certains de ses aspects, est partiellement un bien public» (Nelson, 1988).

Il faut dire également que l’existence d’un certain niveau d’appropriation privée est une condition nécessaire (si nous incluons l’opportunité technologique, elle deviendra une condition suffisante), pour l’existence d’activités innovatrices dans les économies capitalistes. En plus, une relation étroite existe, au niveau de l’entreprise, entre appropriation et accumulation.

Finalement, il est possible d’établir une liaison avec les structures industrielles dominantes. On peut dégager, des trois caractéristiques mentionnées des conséquences très diverses.

Un premier groupe cherche à répondre à des questions du type : est-ce que dans cette phase actuelle de mutation de paradigme (nous parlons du paradigme des TIC) un petit pays en retard dans son développement peut tenter de minimiser, voire faire disparaître, cette situation? Ou, d’une manière moins ambitieuse : serait- il possible, à un petit pays, de réduire le fossé par rapport aux pays plus avancés, ou, tout au moins, espérer que ce fossé n’augmente pas ou ne devienne pas irréversible ? D’autres questions concernent les liaisons réciproques entre le changement technologique et les structures industrielles, qui seront plus loin l’objet de notre analyse.

La plupart des travaux empiriques dans le domaine de l’économie industrielle, se sont préoccupés, essentiellement, de l’influence des structures par rapport aux activités innovatrices. Les explications variables sont généralement la dimension de l’entreprise et la concentration du marché. Le présupposé fondamental implicite ( l’ hypothèse schumpetérienne) indique que les entreprises oligopolistiques ont un avantage relatif par rapport aux entreprises plus petites, dans la production des innovations (Dosi, 1984).

À leur tour, Nelson et Winter proposent une relation de causalité inverse entre technologie et structures. Ainsi, la structure de marché et la dimension des entreprises deviennent des variables endogènes qui dépendent de la nature et du taux de changement technologique (Dosi, 1984). Selon Dosi (1984), plus l’appropriation, l’accumulation et les économies d’échelle sont élevées, plus grande est la probabilité d’exister une tendance à la formation de profits oligopolistiques. Dans cette perspective le changement technologique engendre des conditions pour la création et la conservation de structures oligopolistiques, pas exclusivement, mais ensemble, avec d’autres éléments (comme par exemple avec les économies d’échelle). Est-ce qu’il existe des mécanismes qui peuvent contrarier cette tendance ? La réponse est positive, en se référant aux mécanismes de diffusion.