2. Connaissances et croissance économique: interactions

2.1. Technologie et croissance économique

2.1.1. Considérations générales

On reconnaît depuis longtemps que la technologie est un facteur qui développe un rôle primordial dans la croissance économique. Postérieurement, ce rôle sera confirmé grâce à la théorie et aux estimations de Solow. Cette étude permettra le resurgissement d’autres travaux. Ainsi, l’ensemble des études empiriques qui a suivi s’appellera – Growth Accounting - Comptabilité de Croissance. La technologie à également un rôle, essentiel dans les travaux post Keynesiens de Nicholas Kaldor. On peut dire que ces deux paradigmes modèles (Solow et Kaldor) sont les deux grands paradigmes qui cherchent à expliquer les différents taux de croissance des pays moins évolués (McCombie, 1983). Nous pouvons observer que, pendant que le paradigme néoclassique (orienté par l’offre), souligne le rôle de la croissance des facteurs dans la croissance du produit, la contribution post-Keynésienne met l’accent sur l’investissement et la balance des payements, comme étant les facteurs essentiels des différences dans les taux de croissance des pays (McCombie, 1983).

Ces approches se distinguent par des présupposés théoriques différents. Ainsi, la contribution de Kaldor n’accepte pas la fonction de production néoclassique pour élaborer son modèle macroéconomique de croissance économique et se distingue aussi de l’approche néoclassique en assumant l’importance des rendements croissants à l’échelle. Ces théories se développèrent pendant quelque temps d’une manière parallèle. Toutefois, à partir de la moitié des années 80, apparaît une nouvelle génération de modèles de croissance endogène qui commencent à actualiser la théorie néoclassique de la croissance et, en même temps, à chercher à la comptabiliser avec des développements dans d’autres domaines de la science économique : concurrence économique et équilibres multiples, changement technologique, intervention publique et coordination entre les agents économiques.

Relativement à ces deux paradigmes qui dominent l’après-guerre, nous pouvons faire trois remarques :

  1. Ces deux théories se sont développées dans une opposition systématique. Du moins, au début, Solow a rejeté les présupposés et les conséquences du modèle d’Harrod-Domar en cherchant à prouver que la croissance équilibrée était impossible.
  2. Les contributions de Solow et Kaldor ont été très productives, puisqu’elles ont déclenché un ensemble de vaste études dans la recherche de réfutation, ou de confirmation empirique des théories.
  3. Les études empiriques se sont penchées essentiellement sur les champs néoclassiques.

On ne prétend pas mépriser la contribution post-Keynésienne. Effectivement, celle-ci, en soulignant l’importance des rendements croissants, a contribué au surgissement de la théorie de la croissance endogène.

Ultérieurement, seront analysés successivement le modèle néoclassique et les études empiriques de la comptabilité de la croissance, ainsi que la théorie de la croissance endogène.

Les études empiriques de la comptabilité de la croissance prétendent identifier la contribution des divers facteurs pour la croissance d’un pays, ainsi qu’expliquer la croissance distincte de plusieurs pays. Dès lors, leur caractère empirique les rend compatibles avec plusieurs théories de croissance. D’un autre côté, en soulignant l’énorme contribution de la technologie pour la croissance, ils ont introduit un grand nombre d’études prouvant que, si la fonction est correctement spécifiée et les inputs mesurés, la contribution de la technologie comme élément autonome sera infime (Griliches et Jorgenson 1967).

La contribution de la comptabilité de la croissance, bien qu’elle ne soit pas une théorie, par de quelques présupposés (Nelson, 1973) :

  • La croissance du produit dépend des facteurs : le capital ; le travail et la technologie et complémentarité de ceux-ci est importante ;
  • Il y a de l’ambiguïté en ce qui concerne la liaison entre l’avancement technologique et la qualité du capital et du travail. Dans la plupart des études empiriques, la création de la nouvelle technologie semble avoir besoin de quantités réduites de capital et se révèle peu exigeante quant aux qualifications spécifiques.