3.7. Les frontières des systèmes d’innovation

Bien que les principaux composants et fonctions des SI soient les éléments les plus importants, on ne peut pas mettre de côté les frontières des systèmes. En effet, la distinction entre ce qui est à l’intérieur du système et ce qui est en dehors de lui, est fondamental, et est, par exemple, nécessaire, quand on prétend effectuer des études empiriques spécifiques au sujet du SI, au niveau national, régional ou sectoriel. Une façon d’identifier les frontières des SI consiste à déterminer les causes des circonstances déterminantes de l’innovation.

La spécification du SI est à peine une des diverses hypothèses. Edquist (2001) énumère plusieurs fortes raisons pour parler en termes de systèmes nationaux. L’une réside dans le fait que les nombreuses études de cas référés dans le travail de Nelson (1993) montrent qu’il existe des différences accentuées entre plusieurs systèmes nationaux au sujet du cadre institutionnel, investissement en R&D et dégagement. Une autre raison très importante renvoie à la plus grande partie des politiques publiques qui influencent le processus innovateur ou l’économie. Elles fonctionnent comme un tout et continuent à être conçues et mises en pratique au niveau national. L’importance des SI réside dans le fait que ceux-ci permettent d’assimiler l’importance des aspects politiques et de la politique des processus d’innovation. Il ne s’agit pas seulement d’une délimitation géographique ; l’État et le pouvoir dont il est investi sont des facteurs importants.

Pour Edquist (2001), les SI peuvent être supranationaux, nationaux et infranationaux (régionaux, locaux), et, en même temps, ils peuvent être sectoriels dans chacune de ces démarcations géographiques. Ainsi, les systèmes nationaux, régionaux et sectoriels de l’innovation peuvent être vus comme trois variantes d’une approche générique des SI. On peut alors effectuer une généralisation à partir de l’approche nationale initiale. La délimitation du SI (spatiale ou sectorielle, ou toutes les deux) dépend de l’objet d’étude. 4 .

Il existe trois façons d’identifier les frontières des SI :

  1. Au niveau de l’espace géographique ;
  2. des secteurs ;
  3. des fonctions.

Délimiter les frontières spatiales est une tâche assez facile, bien qu’elles ne soient pas exemptes de problèmes. Ces frontières doivent être définies par les systèmes régionaux et nationaux et parfois, par les sectoriels. Le problème des frontières géographiques est parfois plus difficile pour un SI régional que pour un SI national.

Les SI sectorielles sont généralement délimités par des branches technologiques spécifiques (technologies génériques) ou domaines de produit. Les systèmes technologiques appartiennent à cette catégorie.

Pour Carlsson et al (2002), quand l’intérêt est porté a un groupe de produits, notamment verticalement reliés, comme cela arrive fréquemment dans le contexte des SI ou dans le « diamant » de Porter, la délimitation ne semble pas être un problème difficile et de cette façon peuvent être usés des modèles industriels et des classifications de commerce (Porter, 1990). Un exemple serait le travail de 1995 de cet auteur au sujet de l’automation des usines. En outre, si on prétend inclure une grappe de entreprises relationnelles, il se pose toujours le problème de savoir où se trouve la frontière du système.

Pour Carlsson et al (2002), délinéer le système technologique est plus difficile quand le niveau d’analyse est restreint à une technologie spécifique. Toutefois, dans le domaine délimité géographiquement, le système socio-économique global peut ne pas être considéré inclus dans le SI. Il se pose alors la question de savoir quelles parties doivent y être englobées. Il s’agit alors de définir les frontières fonctionnelles des SI. Celles-ci doivent être définies pour toutes les espèces de SI, et ceci est plus compliqué que dans les cas des frontières spatiales et temporaires.

Edquist (2001) affirme que, si les SI n’ont pas une dimension globale, ils doivent être délimités, aussi bien fonctionnellement que géographiquement ; parfois, ces frontières sont aussi délimitées d’un point de vue sectoriel.

Notes
4.

Un complexe industriel (cluster) cité par Porter (1990) est envisagé comme un système (SI) sectoriel et régional, ( Edquist, 2001).