4.2. Le concept et ses composantes

La notion de Système National d'Innovation (SNI) est de plus en plus utilisée ces dernières années dans l'analyse de l'économie, de la transformation et de la politique technologique pour expliquer l'inégal succès entre les nations, en ce qui concerne la production d'innovations scientifiques de marché. Le concept du SNI nous permet d'analyser beaucoup plus au-delà des innovations du produit ou du processus qui surgissent dans un certain pays, dans une certaine période de temps. Les systèmes nationaux d'innovation ont besoin d'être compris au sens large. En effet, le concept n'opère pas seulement avec la phase innovatrice. Il met l’accent sur les facteurs déterminants principaux et sur l'organisation de l'action innovatrice.

En outre, l'approche systémique de l'innovation se base sur la perception que les innovations sont principalement conduites par divers acteurs et par les relations que ceux-ci établissent entre eux. Par conséquent, la coopération entre le secteur scientifique et le secteur d'entreprise et/ou la coopération entre les diverses entreprises (mailles) se révèlent très pertinentes. C’est la raison pour laquelle l'approche des SI prétend identifier les principaux acteurs des processus de création et d'absorption et la signification relative de chacun d'eux. Il faut dire aussi que tous les concepts systémiques de l'innovation s’appuient sur le présupposé que l'action économique en général et l'action innovatrice en particulier sont configurées par des arrangements institutionnels.

Pour synthétiser, la définition du terme "Système National de l'Innovation" doit, selon Balzat (2002), inclure et souligner au moins trois aspects essentiels:

  1. La considération globale de tout le processus innovateur;
  2. L'analyse des divers acteurs principaux mêlés dans ce processus (et des liaisons entre eux);
  3. L'arrangement institutionnel qui sert d'encadrement pour l'action économique Ont été établis beaucoup de définitions de SNI. Une liste des plus utilisées peut être trouvé in Niosi (2002, p. 292)..

Ainsi, Balzat (2002) affirme que le SNI est un ensemble d’organisations et institutions qui s'influencent mutuellement, dans le développement, l’absorption et la diffusion des innovations dans un pays. Cette définition est en consonance avec celle donnée par Edquist (1997). Pour lui, un système d'innovation est construit par «tous les importants facteurs économiques, sociaux, politiques et organisationnels et autres qui influencent le développement, la diffusion et l’utilisation des innovations». Donc, aborder le SNI est une manière d'apprendre au sujet de l'impact des organisations et des institutions dans l'activité innovatrice nationale comprise comme résultat des processus interactifs déterminés par les divers acteurs et par leurs environnements. Malgré cela, le concept est polémique et a besoin, pour être appliqué empiriquement, de contours bien définis. C'est ce que nous essayerons d'établir. Dans ce but, nous allons décomposer le concept en chacun de ses composants.

Commençons tout d'abord par le terme "système". Pour quelques uns, celui-ci a une certaine connotation de ce qui est consciemment conçu et construit pour atteindre un objectif bien défini. Cette perspective n'est pas celle que nous adoptons. D'après nous et Nelson (1993), le concept "systèmes" est celui d'un ensemble d'acteurs institutionnels qui agissent sur la performance innovatrice.

Comme nous l'avons déjà vu antérieurement, les systèmes sont constitués par divers éléments, des liaisons entre eux et un environnement institutionnel (voir Carlsson et al (2002). Cette formulation générale s'applique également aux SNI: ils consistent en organisations, relations entre celles-ci et dans une structure institutionnelle.

En ce qui concerne le terme "innovation", Nelson (1993) souligne qu'il s'agit d'un processus à travers lequel les entreprises dirigent et appliquent de nouvelles conceptions de produit et de procédés de fabrication, qui sont inconnues aussi bien pour les entreprises que pour la nation. Les activités d'investissement, pour obtenir un nouveau procédé ou un produit innovateur, et les associés au catching-up (ratrappage), ne sont pas clairement différenciés. De plus, il faut souligner que l'innovateur strictement schumpétérien n'est pas toujours celui qui obtient les avantages économiques associés à l'innovation.

En résumé et selon l'opinion de Nelson que nous partageons, pour comprendre les systèmes nationaux d'innovation, il est primordial de comprendre comment se produit l'avancement technique dans notre monde moderne et quels en sont les procédés et les institutions-clés.