4.9.2. Dangers potentiels du benchmarking des SNI

Certains des arguments favorables à l’utilité du benchmarking des SNI nécessitent de remplir certaines contraintes au sujet de la qualité des critères relatifs aux présupposés de l’étude et à l’interprétation des résultats empiriques obtenus. Pour Balzat (2003), l’idée d’effectuer des comparaisons des SNI entre les pays (cross-country) peut être mise en cause. Il s’appuie sur certains arguments, les plus importants étant évoqués ci-dessous. Tout d’abord, l’étude de l’activité innovatrice de “per se” peut être critiquée, comme étant chargée de problèmes fondamentaux. Ceux-ci viennent, essentiellement, du pouvoir explicatif limité de beaucoup d’indicateurs d’activité innovatrice qui sont vulgairement utilisés.

La valeur explicative réduite de ces indicateurs peut être due à trois aspects. Premièrement, on doit être conscient du fait que ces indicateurs peuvent n’être que des proxies d’action innovatrice. Deuxièmement, Smith (2001) a souligné qu’il peut exister de grandes variations dans la qualité et l’utilité des séries de données au long des pays. Troisièmement, même si les recommandations qui ont été données antérieurement sont suivies, la sélection des indicateurs peut seulement être perfectionnée, mais ne peut pas être parfaite. Ceci, parce qu’on ne peut pas avoir comme acquis «que chaque pays donne une même priorité aux différents indicateurs de performance» (Lundvall et Tomlinson, 2002).

Outre ces inconvénients possibles résultant de la disponibilité et de la qualité des données, la technique même de mesure est en discussion. En effet, quelques études de benchmarking se basent sur des inputs et/ou outputs, soit, les facteurs déterminants et/ou les résultats de l’activité innovatrice même.

Les découvertes de ces études empiriques fournissent certainement une information valide ; cependant, ni les inputs ni les outputs innovateurs peuvent être appris exclusivement, parce qu’il existe des interdépendances dans tous les stades d’activité innovatrice. De même, il est également difficile de tenir compte des institutions des pays, de considérer ou même mesurer les différences internationales dans des environnements internationaux dans les études de benchmarking des SNI.

Par ailleurs, le benchmarking des SNI a été intensément critiqué, à cause de l’idée essentielle de découverte de la meilleure pratique. On a soutenu que le concept de meilleure pratique est inconsistant compte tenu de l’hétérogénéité des SNI, qui a été observée dans des études antérieures. L’idée de base sous-jacente à cette critique est que les grandes différences des SI ont peu d’importance, que ce soit la relation aux structures institutionnelles ou aux structures organisationnelles et l’identification de benchmarks (référentiels).

Une critique finale exposée par Balzat (2003) concerne la mise en place des recommandations politiques. Ceci résulte des racines théoriques des approches systémiques de l’innovation, surtout l’interprétation évolutionniste du changement économique. Selon cette perspective, les économies changent en permanence ; elles ne sont jamais en repos. Donc, elles n’atteignent pas un point d’équilibre statique, où toutes les variables économiques atteignent un niveau excellent (voir Metcalfe, 2001). Comme les structures économiques sont vouées aux changements, il devient incertain que les mesures de politique choisies puissent montrer leur véritable efficacité.