5.6.3. Caractéristiques de l’économie basée sur la connaissance

Aujourd’hui les économies développées dépendent de plus en plus de la création et de la circulation de la connaissance. La connaissance est en train de devenir le recours stratégique pour le développement économique mondial. De toute façon, la caractérisation de l’impact économique de la connaissance devient difficile, puisqu’il n’existe pas encore d’instruments analytiques qui permettent de quantifier cet impact. En effet, l’instrumentation théorique existant se réfère aux économies traditionnellement édifiées dans la production de biens matériels. Or, comme on le sait, la connaissance n’est pas un facteur productif traditionnel, comme le capital et le travail, ce qui rend difficile son insertion dans les classiques fonctions de production. De toute façon, on a caractérisé son importance en se basant sur des «proxies», c’est-à-dire la croissante incorporation de la connaissance en produits physiques, l’augmentation de la valeur associée au software par rapport à l’hardware et les services de plus en plus importants. Par exemple, Wyckoff (1996) remarque qu’une automobile, aujourd’hui, a plus de software incorporé que le premier module lunaire Apollo, symbole de la technologie des années 70. Selon le même auteur, la décennie 1970 était associée au hardware ( près de 80% de la valeur d’un PC de chez IBM ). De même, l’importance de plus en plus grande des services dans les économies, reflète la croissante «immatérialité» de ceux-ci. Pour illustrer ces observations, nous avons établi un tableau (Tableau 5.1):

Tableau 5.1 Évolution de la distribution de l’emploi

Type d’Économie / Année

Agriculture (%)
Production Manufacturière (%)
Services (%)
  1870 49 27 24
  1950 25 36 39
  1995 5 30 64
Rendement Moyen 1995 30 28 42
Rendement Bas 1995 62 15 23

Source : World Bank, (1995).

Wilson (1993), et Conceição et Heitor (1998) mettent en évidence que l’économie des services est fortement tributaire de facteurs intangibles, ou de la connaissance. Un autre facteur qui permet de montrer l’importance croissante de la connaissance dans les économies développées est celui qui concerne le type d’investissements effectués. Ceci peut être attesté par l’augmentation du raisonnement entre les investissements intangibles et les investissements dans le capital physique (Tableau 5.2).

Tableau 5.2 Part total des actifs intangibles sur les actifs tangibles
  1929 1973 1984 1990
Actifs Intangibles / Actifs Tangibles 0.535 0.731 0.992 1.15
Dépense en Education, formation et R&D/PIB (%) 3.2 3,88 4.53 5.667
Dépense en Education, formation et R&D/Capital Total (%)
0.29

0.36

0.42

0.45

Source : Kendrick, (1994).

Ces éléments, quoique de forme succincte, permettent de soutenir l’idée que la création et la diffusion de la connaissance sont essentielles pour inciter à la croissance économique. Comme on le sait, la croissance économique était traditionnellement expliquée en se basant sur les variations du facteur travail, du capital et du changement technologique. Or, les faits démontrent que l’augmentation quantitative de chacun de ces facteurs ne suffit pas. Ainsi, en ce qui concerne le facteur travail, il n’est pas suffisant que la production augmente, étant donné que les économies développées produisent beaucoup plus de facteurs intangibles. De cette façon, ce qui intéresse, c’est qu’il y ait croissance qualitative du facteur travail, c’est-à-dire des qualifications. Par conséquent, dans l’économie de la connaissance, l’élément important est le développement du facteur humain à travers l’éducation. On a vu également que l’importance relative des facteurs intangibles face au capital physique tend à augmenter. De cette façon, l’importance de la connaissance ne traduit pas seulement des mutations technologiques, ce qui conduit à une remise en question des modèles traditionnels de l’explication de la croissance économique.