5.6.4. Clarification conceptuelle

Les nouvelles théories de la croissance économique, bien qu’elles suscitent quelques réserves (Romer et Nelson, 1996), ont servi à systématiser l’impact économique de la connaissance. L’analyse de l’importance économique de la connaissance a été faite dans diverses disciplines et avec des perspectives distinctes (Dosi, 1996). Ici, et selon Conceição et al, (1998), on se réfère à une approche récente qui a suscité une attention de plus en plus grande, aussi bien dans les milieux académiques que dans le domaine des politiques publiques.

Pour cela, on commence par définir la connaissance et établir une typologie au sujet des divers types de connaissance. Pour Nelson et Romer (1996), n’est pas de la connaissance tout ce qui n’est pas humain. Maintenant on va établir une taxonomie pour la connaissance. Il convient de souligner que la taxonomie utilisée par les nouvelles théories de la croissance est à peine l’une de celles qui apparaît dans la littérature spécialisée. En accord avec cette taxonomie, on distingue deux espèces de connaissances:

En synthèse, dans cette taxonomie, la connaissance se décompose en deux sphères: la sphère des idées codifiées et la sphère des capacités non codifiées. Cette clarification conceptuelle a de l’importance pour pouvoir analyser la croissance économique. Comme nous l’avons vu, pour la théorie économique traditionnelle, la croissance se base sur l’accumulation des facteurs travail et capital, ainsi que sur le changement technologique. Ce dernier facteur introduit par Solow (1956) s’est révélé fondamental pour l’explication empirique des niveaux de croissance. Il arrive que la technologie apparaisse comme une composante seulement exogène.

Pour les nouvelles théories de la croissance, la perspective est complètement différente. Effectivement, l’accumulation de capital continue à être importante, mais l’unique source de production basée sur la croissance est la connaissance. Pour Romer (1993b), le père des nouvelles théories de la croissance, l’accroissement de la connaissance permet des gains de productivité et d’efficacité qui incitent à la croissance économique. Ainsi, pour les nouvelles théories de la croissance, la connaissance ne se limite pas à la technologie et, de plus, elle n’est pas exogène et correspond en cela à de nouvelles idées et capacités, relatives à plusieurs domaines, comme le technologique, le social, la dimension légale, le politique et l’administratif, entre autres (Figure 5.1).

Figure 5.1 Interactions entre la connaissance (idées, capacités) et les objets, considérées dans le contexte des nouvelles théories de la croissance économique

Source : Conceição, Diamantino, et al, 1998, p. 147.

Il est donc établi que c’est l’accumulation de connaissance qui est le facteur le plus important pour la croissance. Il est intéressant d’examiner maintenant comment se déroule cette accumulation. L’accumulation de la connaissance signifie apprendre dans un contexte large d’apprentissage organisationnel, national et régional.