5.6.5. Utilisation, diffusion et production d’idées et de capacités

5.6.5.1. L’utilisation de la connaissance dans le système d’innovation

Nous allons commencer par étudier comment les idées et les capacités peuvent être utilisées. Les idées possèdent la propriété de pouvoir être utilisées en même temps par un grand nombre d’utilisateurs. Par exemple, le fait que quelqu’un soit en train de lire le roman: «Exhortation aux crocodiles», d’António Lobo Antunes n’empêche pas que d’autres y aient accès en même temps. Cela signifie que les idées du roman et le bénéfice de son utilisation peuvent être partagés simultanément. À leur tour, les capacités peuvent uniquement être utilisées par celui qui les possède. Cela veut dire que les capacités sont associées aux individus qui les détiennent. Seul l’individu peut les utiliser, au moment où il trouvera que c’est le plus adéquat.

Il y a une certaine analogie entre cette classification et celle que l’économie publique utilise pour cataloguer les biens. Ainsi, pour l’économie publique, un bien se dit rival s’il peut seulement être utilisé par une personne à la fois. C’est ce qui arrive avec une grande majorité des biens utilisés dans le quotidien. Par exemple, Romer (1994) a donné l’exemple: «mon ordinateur personnel peut uniquement être utilisé par moi-même, cependant le software de cet ordinateur peut être utilisé par des millions de personnes, c’est le cas du Windows 98». Continuant à analyser les biens en termes de typologie de l’économie publique, nous pouvons englober encore le niveau d’exclusion qu’ils présentent. Le niveau d’exclusion est lié aux mécanismes institutionnels existants dans les économies de marché et auxquels on attribue des droits de propriété sur les biens. Un bien a un grand niveau d’exclusion si le détenteur du bien peut en exclure d’autres, par des mécanismes légaux, de l’utiliser sans permission.

On peut appliquer le même procédé aux idées, par le biais de la protection de la propriété intellectuelle, à travers divers mécanismes qui font augmenter les droits d’auteur et les brevets. À leur tour, les bien privés sont ceux qui possèdent des niveaux élevés de rivalité et d’exclusivité. Cela veut dire qu’il existe des stimulations pour sa production, étant donné que les producteurs de ces biens peuvent s’approprier de tous les bénéfices résultants de la vente de ces biens ou services. Quant aux biens publics, ceux-ci assument des indices élevés de non rivalité (les agents économiques n’entrent pas en concurrence pour les obtenir) et de non exclusivité (c’est-à-dire que l’agent qui effectue la provision du bien n’a pas la capacité d’exclure qui est intéressé par sa consommation). Le coût de l’exclusion est insupportable (Barbosa, A.P., 1997).

Un des plus importantes contributions des nouvelles théories de croissance économique est celle qui considère que les idées ne sont pas nécessairement des biens publics et, comme tels, ils peuvent être produits au moyen de stimulations privées, toutes les fois qu’il est possible d’augmenter leur niveau d’exclusion à travers notamment la définition de droits de propriété.