5.6.8. Le taux de rendement de l’éducation et de ses implications politiques

De La Fuente et Ciccone (2002) ont calculé les taux de rendement privé et social de l’investissement dans l’éducation pour l’UE et les ont comparé les uns aux autres, ainsi que les taux de rendement des autres activités. Ils ont fait ceci avec le but d’obtenir des conclusions pour la formulation de politiques. Les résultats obtenus doivent être interprétés avec prudence. En effet, il existe une grande incertitude quant aux valeurs des paramètres, du rendement relatif aux autres activités et à la grandeur des rendements de l’éducation qui ne sont pas pris en considération par les estimations empiriques existantes.

Les résultats de ces auteurs semblent converger vers deux conclusions, à un pays « moyen » de l’UE  (autrement ils ne sont valables qui en moyenne) :

  1. Augmenter modérément l’investissement en capital humain semble être une bonne idée. Ainsi, les rendements économiques directs de l’investissement dans la scolarité, obtenus dans les travaux macroéconomiques, sont presque comparables avec ceux de l’investissement en capital physique. Si l’on considère, les rendements non marchands de l’éducation et ses avantages en termes de cohésion sociale, alors le capital humain devient une option assez attractive dans l’optique de la société.
  2. Non, il est peut-être nécessaire d’augmenter, à tous les niveaux, les subventions pour l’éducation formelle en plus de la scolarité obligatoire. Cela peut paraître surprenant, puisqu’on souligne déjà assez l’importance des externalités du capital humain, mais on doit avoir à l’esprit que l’éducation est déjà fortement subventionné dans l’UE et que les législations relatives à la scolarité obligatoire vont dans le sens de la compensation de ces externalités. Un autre facteur contribue à réduire le hiatus entre les rendements privé et social de l’éducation. Il s’agit en fait des particuliers et des entreprises, qui, contrairement aux États qui ont un accès limité, aux facteurs complémentaires dont l’utilisation va augmenter le rendement de l’investissement dans le capital humain. Ces facteurs contribuent à expliquer que, malgré l’existence d’externalités importantes, le taux de rendement privé correspondant aux décisions individuelles par rapport à la scolarité est presque identique au taux de rendement social de l’éducation.

La combinaison de dépenses plus élevées, avec la scolarité, avec un programme d’emprunts, bien conçu, ou une augmentation des bourses attribuées, d’après les ressources familiales, peuvent être un moyen efficace pour obtenir des rendements additionnels qui permettent d’augmenter la qualité de l’éducation post-secondaire.

De cette façon, pour ces chercheurs, la priorité doit être attribuée aux objectifs suivants:

  1. Diffuser les compétences technologiques sur une grande partie de la population, accroître la contribution du personnel technique et scientifique nécessaire au développement et à l’adoption de nouvelles technologies.
  2. Appuyer la formation au long de la vie pour compenser l’accélération de l’obsolescence technologique en période de rapide mutation technologique.
  3. Améliorer les conditions d’accumulation du capital humain relatives à la technologie.
  4. Se concentrer sur une amélioration des compétences de personnes provenant de milieux défavorables.
  5. Les résultats dont l’on dispose sur les liaisons étroites entre la qualité du capital humain et la productivité nous amènent à penser qu’une contribution importante à la croissance peut résulter des politiques qui visent à élever le niveau atteint par les élèves.

En somme, les mesures qui ont pour objectif d’augmenter la quantité et la qualité du capital humain doivent représenter une part importante de l’ensemble de mesures destinées à développer la croissance.