Conclusions générales

Nous avons prétendu, tout au long de ce travail, faire une analyse des systèmes d’innovation et, surtout, des systèmes nationaux d’innovation. Un de nos résultats c’est qu’un des acteurs/agents importants dans le processus d’innovation concerne les entités de l’enseignement et de la recherche. Bien que certains soutiennent qu’il n’existe pas de système d’innovation au Portugal, dans la mesure où ils considèrent que les relations entre les composantes du système sont faibles ou inexistantes, notre opinion va dans l’autre sens. Nous sommes comme ceux qui, bien qu’ils reconnaissent la faiblesse de beaucoup de liaisons, au sein du système et les insuffisances de quelques acteurs/agents, estiment qu’il existe des structures en rapport avec les agents englobés qui sont génératrices d’interactions importantes. Ainsi, après avoir décrit ces interactions importantes, dans le SNI, nous avons centré notre attention sur les ressources humaines en activités de R&D. En effet, bien qu’il existe, ces dernières années, au Portugal, une grande préoccupation concernant la R&D et les ressources qui lui sont consacrés, subsistent encore beaucoup de faiblesses. De cette façon, nous soulignons que le système d’enseignement et de recherche est une des forces du système d’innovation portugais.

Commençons par les potentialités. Si nous observons les statistiques, dans la décennie 1990, il a été fait un grand effort dans ce domaine, la communauté scientifique nationale s’étant beaucoup développée. Toutefois, bien qu’en ce moment nous disposions d’un nombre raisonnable de chercheurs, ceux-ci sont fortement concentrés dans l’enseignement supérieur. Il est donc pertinent d’orienter les nouveaux diplômés pour l’activité économique en général. La liaison déficiente entre les entreprises et les institutions qui font de la recherche et promeuvent l’innovation est une des grandes faiblesses de notre système d’innovation.

Une autre faiblesse, des plus importantes, de notre système d’innovation, réside dans la difficulté d’agir sur le système éducatif par rapport aux éléments de caractère structurel, c’est-à-dire les attitudes. Ainsi, le système de l’enseignement est simultanément une potentialité et une faiblesse. Il est urgent de transformer le type d’enseignement conformiste, dogmatique que nous avons en un type d’enseignement qui encourage l’initiative, la rigueur, la compétence, la créativité et le risque. Comme nous l’avons déjà affirmé plusieurs fois, l’innovation permanente exige des personnes dynamiques, ayant l’envie de savoir, de la curiosité, un esprit critique et de la rigueur. Le système éducatif doit préparer les personnes à cette réalité.

La conséquence que l’on peut tirer, en termes politiques, des études empiriques sur le capital humain, au Portugal, c’est qui existe un déséquilibre entre les ressources investis dans le système et les résultats obtenus. Ainsi, il existe le besoin de mettre en pratique des mesures qui favorisent le perfectionnement de l’efficacité du système éducatif portugais. Pour confirmer quelques-uns uns de ces facteurs, nous avons effectué quelques études empiriques. Comme il existe déjà des analyses, en nombre suffisant, au Portugal, nous avons préféré nous acheminer vers la méthodologie nouvelle des indicateurs composites.

En effet, comme nous l’avons déjà souligné, cette méthodologie permet de saisir et synthétiser les effets complexes et multidimensionnels de l’économie basée sur la connaissance. De cette manière, en nous basant sur les statistiques disponibles sur le capital humain, nous avons décidé de construire un indice composite pour comparer la position du Portugal par rapport aux dix pays de l’Europe Centrale et Orientale qui vont adhérer le 1er mai 2004 à l’UE Comme il existe seulement des statistiques significatives pour certains de ces pays, nous avons pris comme références six d’entre eux : République Tchèque, Estonie, Hongrie, Pologne, Slovénie et Slovaquie. Les résultats obtenus relativement à ce facteur de compétitivité sont préoccupants. Quand nous utilisons douze ou quinze critères, le Portugal reste en dernière place. Cela prouve que le problème principal du Portugal n’est pas une question d’input. Comme nous l’avons vu, les dépenses avec l’éducation ne s’éloignent pas beaucoup de celles vérifiées dans d’autres pays, déjà quant aux dépenses de R&D cet éloignement est plus grand. Les problèmes concernent surtout la qualité de l’éducation et du système scientifique, et leur liaison avec l’activité des entreprises et leur capacité de satisfaire les besoins d’une économie compétitive.

Cela est très préoccupant, puisque que ces nouveaux pays qui vont adhérer à l’UE, vont être en compétition directement avec les entreprises portugaises et vont recevoir des aides communautaires. Ainsi, il est prévisible qu’il y ait une certaine «délocalisation» de l’investissement direct étranger pour ces pays, et, que l’on perde quelques possibilités de captation d’un nouvel investissement direct étranger. En tenant compte de ce cadre, le Portugal sera l’un des pays les plus affectés par l’élargissement, étant donné ses faiblesses en termes de stock de capital humain, et à cause de certains problèmes concernant l’efficacité, existants dans le secteur gouvernemental.

En augmentant le nombre de critères (39), y compris les infrastructures, notre position s’améliore légèrement ; nous passons à l’avant-dernière position. Cela est dû, comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, au fait que, ces dernières années, nous avons reçu de l’UE des financements qui nous ont permis d’améliorer les infrastructures scientifiques et technologiques. De tout ce que nous venons de dire, on s’aperçoit qu’il est nécessaire d’améliorer la qualité de l’éducation et du système scientifique. Cela exige, comme nous l’avons déjà observé, une intervention plus profonde dans ces sous-systèmes, ce qui implique une recherche postérieure.

Il s’agit d’analyser la meilleure manière de rendre le système d’éducation plus attractif pour les jeunes et de les intéresser aux questions de la science et de la technologie. Cela signifie, à notre avis, agir, aussi bien au niveau de l’élaboration des programmes scolaires qu’au niveau des attitudes. Quant au niveau des attitudes, il faut encourager l’esprit de travail en groupe, l’initiative, le risque et la stimulation de la créativité. Relativement aux programmes, on doit observer les meilleures pratiques des autres pays, qui se confrontent à des problèmes identiques, et les adapter à notre système d’éducation.

En ce qui concerne les ressources humaines et les ressources financières, ils sont très faibles au Portugal. Il ne nous semble certain, étant donné la situation existante actuellement, que le Portugal , puisse remplir l’objectif de la Communauté Européenne, jusqu’à 2010, à savoir, dépenser 3% du PNB en R&D.

De toute façon, il est utile et important qu’on établisse des limites et des objectifs ambitieux, car c’est seulement de cette façon qu’il est possible d’inciter les pays à développer des efforts pour les atteindre. Les déductions que l’on peut en retirer nous font dire que la croissance économique est accompagnée de grands investissements à long terme et au risque élevé (R&D), lesquels, à leur tour, agissent comme catalyseurs de cette même croissance. Toutefois, il n’est pas possible d’augmenter, substantiellement, le niveau de la dépense en R&D, sans, en même temps, accroître le nombre total de personnes dédiées à ces activités. Alors, ici aussi, le Portugal doit faire un effort pour qualifier plus de personnes et les affecter aux activités de R&D, ce qui implique plus de grandes dépenses dans ces activités.

À la fin, nous avons fait une analyse de caractère microéconomique en effectuant des corrélations entre les dépenses en R&D et les salaires. Pour cela, nous avons utilisé la base de données de l’enquête Cadres de Personnel (1999) du Ministère de la Sécurité Sociale et du Travail. On a cherché, ici, à répondre à la question de savoir si, dans une équation de salaires où l’on inclut l’information relative à l’entreprise où le travailleur se situe, il est possible de saisir un ou plusieurs effets des dépenses en R&D. A cet égard, les tableaux obtenus montrent que le «tissu des entrepreneur» portugais est constitué, essentiellement, de petites et moyennes entreprises (les entreprises avec moins de dix travailleurs représentent 73% du total de notre échantillon) et que le pourcentage de travailleurs avec une éducation supérieure est assez réduit (représentant, seulement, 6% de la force de travail indiquée dans l’échantillon). Par ailleurs, les travailleurs avec une éducation inférieure au niveau de l’enseignement secondaire représentent deux tiers du total. Quant à la dépense en R&D, on observe que ces entreprises avec un plus grand pourcentage de travailleurs avec une éducation supérieure/universitaire sont aussi celles qui, en moyenne, détiennent des valeurs supérieures de dépenses de R&D.

Avec l’objectif de déterminer l’impact de R&D sur les salaires, on a estimé diverses équations de salaires. On a commencé par estimer une équation de salaires typique, où on a seulement inclus des variables de capital humain. Les résultats obtenus sont ceux espérés et sont en accord avec ce qu’on a estimé pour le Portugal. Cela est également en conformité avec les résultats obtenus pour d’autres pays européens. Si, dans les équations de salaire, on inclut information sur les dépenses en R&D effectuées par les entreprises, on peut conclure que les entreprises dans des secteurs où l’on dépense plus en R&D sont celles où les salaires sont les plus élevés, en contrôlant seulement les caractéristiques des travailleurs et des entreprises.