Chapitre II : L’utilité et le hasard, critères de qualification et de classification des jeux

Seule l’approche critique de la notion de jeu permet de définir ce dernier comme une opération socialement inutile, immorale et dangereuse faisant naître l’espoir d’un gain qui serait du – même partiellement – au hasard en contrepartie d’un sacrifice pécuniaire des participants. Pour ce faire, il nous faut considérer, d’une part, que l’utilité sociale est le seul critère permettant de distinguer le jeu des autres contrats aléatoires en droit civil (section 1), et d’autre part, que la quantification du hasard apparaît comme un critère douteux de qualification des jeux en droit pénal (section 2).

La loi n’ayant pas défini le jeu, ni ses formes particulières (à l’exception de la loterie), c’est finalement le juge qui applique ces critères additifs, consciemment ou non. Toutefois, il n’est pas ici question de critiquer sa démarche, persuadés que nous sommes de l’impossibilité de définir le jeu à l’aide de critères objectifs. Il s’agit simplement de rendre compte de cette réalité selon laquelle le juge est obligé de procéder de manière intuitive pour définir le jeu et faire correspondre cette notion avec l’idée que s’en font le législateur et le corps social.