I.2.2. Une mesure empirique de la rigidité fonctionnelle des apprentissages linguistiques : les effets d’Age d’Acquisition.

Au début des années 70, Carroll et White (1973ab) se prononcent en faveur d’une influence persistante de l’AdA des représentations phonologiques des mots dans l’enfance sur l’efficacité des traitements lexicaux à l’âge adulte. Leur démarche s’appuie sur l’observation d’un avantage systématique des mots acquis tôt dans la vie sur les mots appris plus tardivement, dans le contexte d’une tâche de dénomination d’objets dessinés. Dans les décennies suivantes, cette prise de position inattendue fit couler bien de l’encre, du fait notamment du conflit opposant les défenseurs de l’AdA aux tenants de la fréquence d’occurrence, variable occupant jusqu’alors une position centrale dans l’organisation de la majorité des modèles du traitement linguistique, dont les influents réseaux de neurones artificiels. Les principales critiques jusqu’alors formulées à l’encontre des interprétations en faveur d’une influence de l’AdA restent cependant encore loin de porter définitivement atteinte à la validité de ce facteur. Dans le chapitre suivant, les origines des effets d’AdA seront décrites conformément à leur conception classique, avant de déboucher sur le problème crucial de la prise en charge de ces effets par les modèles connexionnistes.