II.1.2.3. Procédure.

L’expérience a été programmée 10 sous Matlab 5.3, et l’expérience elle même a été présentée sous Windows XP Professionnel, à partir d’un ordinateur Dell 1-2 CPU. Les participants étaient installés dans une pièce calme, les yeux approximativement à 57 cm de l’écran d’ordinateur, de manière à ce qu’un centimètre sur l’écran corresponde à 1 degré d’angle visuel. Une croix de fixation (+) apparaissait au centre de l’écran 600 ms avant la présentation des stimuli, affichés dans la police Min-Cho couramment utilisée dans les écrits Japonais, de taille 26 points (soit 0.92 cm). De manière à réduire les interférences dues à la luminosité, les caractères étaient présentés en noir sur fond gris. L’ordre de présentation des mots Kanji et Kana était aléatorisé par le programme pour chaque participant, la présentation des deux transcriptions d’un même mot étant au minimum séparée par 40 items intermédiaires. En outre, chaque mot initialement présenté en Kanji pour une moitié des participants apparaissait en premier lieu sous sa forme Hiragana pour la seconde moitié et inversement. Les stimuli restaient présents sur l’écran pendant 5000 ms ou jusqu’à ce qu’une réponse vocale ait été détectée. Chaque mot prononcé était enregistré au moyen d’une carte son SoundBlaster 16-bits et d’un microphone de haute sensibilité directement relié à l’ordinateur. Le signal du microphone était numérisé par la carte SoundBlaster dès la présentation du point de fixation. Les échantillons audio étaient ensuite conservés en vue des analyses différées décrites dans la section Résultats. Les temps de réaction correspondaient à l’intervalle de temps écoulé entre l’apparition d’un stimulus à l’écran et le moment où la réponse associée était donnée.

Cette technique a été préférée à l’utilisation de la traditionnelle clé vocale pour les motifs suivants. Connectée à un microphone qui convertit la pression du son en voltage, la fonction de la clé vocale est d’envoyer un signal au système informatique dès lors de la pression du son atteint un seuil prédéfini. L’ordinateur enregistre alors le nombre de millisecondes écoulées depuis le début de la présentation d’un stimulus (soit le moment où la clé vocale est « armée ») jusqu’à réception du signal, ce qui définit le temps de réaction associé à ce stimulus. Or, Kessler, Treiman et Mullennix (2002) ont démontré que le fonctionnement par seuillage de la pression du son causait d’importantes différences entre les temps de réaction associés aux mots prononcés, en raison des spécificités phonétiques des réponses produites. En particulier, un effet persistant du phonème initial a été observé par delà l’influence de nombreuses variables lexicales, comme la fréquence, la longueur ou la consistance. Deux principales raisons ont été avancées pour expliquer ce phénomène, autrement désigné par le terme de biais phonétique. En premier lieu, les contraintes articulatoires imposent que certains sons soient produits moins rapidement que d’autres. Ensuite, aux différents phonèmes correspondent aussi différents niveaux de pression sonore. Les fricatives comme le /s/ ont par exemple un niveau de pression sonore plus faible que les voyelles, or les clés vocales sont conçues pour se déclencher une fois atteint un niveau de pression sonore fixe. En conséquence, un temps plus important sera requis pour détecter les fricatives comparativement aux voyelles, perturbant la validité des analyses focalisées sur les variables lexicales. En accord avec les conclusions de Kessler et al. (2002), les procédures numériques, bien qu’elles ne constituent pas une solution parfaite, permettent de contourner une partie des problèmes associés à l’usage d’une clé vocale, en autorisant notamment l’examen a posteriori des tracés vocaux. Il devient donc possible de faire visuellement la part du bruit sur le signal sonore plutôt que de chercher à minimiser le déclenchement de la clé par des signaux non vocaux en ignorant totalement le niveau sonore tombant en dessous du seuil fixé.

Une consigne écrite, traduite en Japonais 11 , informait les participants que leur tâche consistait à lire à voix haute les mots en Kanji et Hiragana apparaissant sur l’écran d’ordinateur, en les priant d’être aussi précis et rapides que possible dans leurs réponses. Il était finalement demandé aux participants d’éviter dans la mesure du possible les hésitations et bruits parasites (toussotements) au moment de donner leur réponse. L’expérience débutait avec la présentation de 14 stimuli d’entraînement, que les participants avaient la possibilité de répéter si nécessaire. Les items de la liste expérimentale étaient présentés en deux blocs séparés par une pause.

Notes
10.

Nous remercions notre collaborateur Lionel Grangon pour la conception des programmes d’acquisition du signal sonore et d’extraction automatique des temps de réaction.

11.

Nous remercions notre collègue Sumikazu Nishio pour la prise en charge de cette traduction.