II.1.3.1. Contrôle du biais phonétique.

Préalablement à l’analyse des facteurs lexicaux critiques pour cette recherche, la validité de la procédure numérique d’acquisition des données utilisée a été évaluée en se centrant sur la mise en évidence d’éventuels biais phonétiques persistants sur les réponses enregistrées. Les graphiques de la Figure 7 expriment les temps de réaction moyens recueillis en fonction des principales catégories d’appartenance des phonèmes initiaux des mots inclus dans les 5 listes expérimentales. Les données correspondant aux réponses orales fournies dans le contexte où les items étaient présentés en Hiragana (graphique de gauche) ont été distinguées des réponses correspondantes associées aux caractères Kanji (graphique de droite). Les graphiques démontrent que, indépendamment de la liste et du script utilisé pour la transcription des caractères, des temps de réaction plus courts étaient fréquemment associés aux consonnes occlusives sourdes et aspirées en regard des consonnes nasales et des voyelles.

Figure 7. Répartition des temps de réaction (ms) enregistrés sur les mots des différentes listes expérimentales (L1 à L5) suivant les caractéristiques de leur phonème initial (occlusive sourde, aspirés, nasales, voyelles). Les graphiques présentent séparément les résultats correspondant à la dénomination des Kanji et de leur traduction Hiragana correspondante.

Cinq analyses par régression simple prenant pour facteur le phonème initial des mots ont été respectivement conduites sur les latences de réponse enregistrées pour les mots des 5 listes expérimentales. Ces analyses ont été conduites séparément sur les délais de réponse associées à la lecture des Kanji et des Hiragana. Une influence significative du phonème initial a été mise en évidence pour chacune des listes et au sein de chacun des scripts utilisés (voir Tableau 8).

Tableau 8. Résumé des analyses par régression simples conduites sur les temps de réponse moyens correspondant à chaque mot intégré dans les 5 listes expérimentales et prenant pour facteur les caractéristiques des phonèmes initiaux.
 
Kanji Hiragana
r2 Statistiques r2 Statistiques
L1 .588 p<.0001 *** .361 p<.0051 **
L2 .504 p<.0005 *** .497 p.0005 ***
L3 .790 p<.0001 *** .425 p<.0025 **
L4 .793 p<.0001 *** .543 p.0003 ***
L5 .689 p<.0001 *** .321 p<.0114 *

Ces analyses ont été conduites séparément sur les latences de réponse associées aux caractères Kanji et à leur transcription en Hiragana.

Le maintien d’un certain niveau de bruit dans les réponses rapportées pourrait être lié à une confusion indiscernable du signal et du bruit sur certains tracés, et aux biais articulatoires que les procédures numériques ne permettent malheureusement pas de prendre en considération plus efficacement que les clés vocales (Kessler et al., 2002). Ces analyses préliminaires contraignent donc à exclure toute possibilité d’évaluer de l’impact de l’AdAortho sur la lecture orale des mots à partir de listes non appariées sur le plan des phonèmes initiaux.

De manière à préserver la robustesse de nos résultats, le choix a été fait de baser l’analyse de l’influence des variables lexicales sur un sous ensemble de 28 mots précoces appris entre la seconde et la troisième année de scolarité (AdAortho moyen : 8.01) et 28 mots tardifs appris entre la quatrième et la sixième année (AdAortho moyen : 10 :08), sélectionnés parmi les items de départ. Le graphique de la Figure 9 présente la répartition des mots suivant leur phonème initial dans chacune des deux listes. Ainsi que le montre le tableau de la même figure, les items sélectionnés restaient équivalents sur le plan de la longueur en nombre de morae, de la fréquence, de la fréquence d’usage des lectures associées et de la complexité visuelle des caractères.

Figure 9. Le graphique de gauche synthétise la répartition des mots précoces (L1) et tardifs (L2) suivant leur phonème initial.

Le tableau présente les valeurs moyennes obtenues pour chaque facteur lexical contrôlé (Frq : fréquence lexicale, Lg : longueur en nombre de morae, Vdt : validité de lecture, Cpx1 : complexité visuelle des caractères exprimée en nombre de traits, Cpx2 : complexité visuelle des caractères selon la densité des points de leur police de caractère dans les listes 1 et 2. La comparaison valeurs lexicales associées aux items des 2 listes a été réalisée au moyen de 5 ANCOVAs prenant pour facteur continu chaque variable contrôlée dont le résultat est présenté dans dernière colonne du tableau.