6. La Grammaire du français de Delphine Denis & Anne Sancier-Château et la notion du continuum 

Nous allons passer maintenant à un autre manuel de grammaire à vocation pédagogique qui s’inspire aussi clairement des analyses récentes en linguistique. Les auteurs de cette grammaire constatent que le problème majeur du complément circonstanciel s’inscrit dans le mélange que font souvent les grammairiens entre un traitement sémantique et un traitement syntaxique, entre une partie du discours « adverbe », ou « préposition » par exemple et une fonction appelée « circonstant ».

Ils font remarquer que la définition habituelle du complément circonstanciel est bien évidemment une définition sémantique de cette fonction 1 et non une définition formelle. Le complément circonstanciel est destiné à exprimer les circonstances dans lesquelles se déroule le procès ou qui rendent possible son accomplissement. Mais cette définition, insuffisante linguistiquement, dissimule incontestablement une réalité qui fait que le groupe à Paris dans : Il se rend à Paris est strictement lié au verbe et que le groupe dans le bois dans la phrase : Les oiseaux chantent dans les bois se trouve pourvue d’une mobilité évidente :

‘82. Dans les bois, les oiseaux chantent. ’

On est donc amené à dépasser le cadre d’une analyse sémantique et à chercher des éléments d’une solution éventuelle dans un autre domaine. Par l’application d’une batterie de critères syntaxiques, les auteurs ont constaté l’existence de deux catégories de compléments qui peuvent être identifiées, tout en se rendant compte du fait que les frontières entre les deux sont quelquefois indécises et que les cas d’ambiguïté sont multiples.

Notes
1.

Cf. Delphine Denis & Anne Sancier-Château, Grammaire du français, Paris, Librairie Générale Française, 1994.