6.1. Le complément circonstanciel adjoint

La première catégorie est celle des compléments périphériques ou satellites du groupe sujet-verbe qui sont appelés désormais les compléments circonstanciels adjoints et peuvent même avoir l’appellation habituelle des compléments de phrase :

‘« Ce type de complément circonstanciel se reconnaît d’abord à son autonomie par rapport au verbe de l’énoncé. En effet, le procès exprimé par le verbe n’exige pas la présence d’un tel complément, à la différence par exemple […] des verbes évoquant la situation dans l’espace (aller, habiter) ou l’expression dans le temps (durer). Le complément circonstanciel adjoint n’est donc pas sous la dépendance directe du verbe – il n’appartient pas au groupe verbal -, mais modifie l’ensemble groupe sujet-groupe verbal : pour cette raison, on l’appelle parfois complément de phrase.’ ‘Ex. : Dans quelques jours, tout sera fini » 1 . ’

Quant aux critères avancés pour son identification, ils sont tous globalement de nature morpho-syntaxico-distributionnelle. Ce sont respectivement : la suppressibilité, la mobilité, la liberté du choix de la préposition (la préposition dans le groupe qui exprime le complément circonstanciel n’est pas contrainte par le verbe), la non pronominalisation et la possibilité de se cumuler dans la même position. Il est à ajouter que ce type de complément recouvre des réalités de fonctionnement très diverses vu la multiplicité des constituants qui peuvent l’exprimer.

Ces constituants peuvent, dans des contextes différents, contracter un grand nombre de relations avec les autres constituants dans la phrase où ils figurent.Le gérondif, par exemple, est réputé être un groupe de constituants (la préposition en + un participe présent) voué à l’expression de la manière :

‘83. Il a quitté la maison en fronçant les sourcils.’

Mais il est prêt, dans d’autres contextes, à contracter d’autres rapports avec la phrase principale tels que la cause, la condition et le temps.

Les subordonnées circonstancielles peuvent, elles aussi, contracter plus de relations autres que celles qui sont vouées à exprimer dès le départ. Pour les auteurs, les constituants qui peuvent éventuellement exprimer la fonction d’un complément circonstanciel adjoint sont principalement des compléments prépositionnels, des compléments susceptibles d’être remplacés par la structure préposition + un substantif, des infinitifs prépositionnels, des gérondifs introduits par en, des propositions subordonnées circonstancielles et des adverbes.

Lescritères morpho-syntaxiques, sémantiques et distributionnels ainsi établis, les auteurs (Cf., pp. 90-91.) procèdent à une classification en deux étages de l’ensemble des compléments circonstanciels adjoints :

1. Les circonstants : ce sont des constituants satellites qui gravitent autour de la relation prédicative. Leur rôle est de préciser le cadre dans lequel le sujet est affecté par le procès. Leur nombre est aussi illimité que celui des circonstances qu’ils dénotent, à savoir à titre d’exemple : le temps, le lieu, le moyen ou l’instrument, le but ou la destination, la cause, l’opposition ou la concession, la supposition, etc. Ces constituants concernent prioritairement l’énoncé et ses modes de réalisation. Ils peuvent aussi qualifier l’attitude de l’énonciateur soit par rapport à l’énoncé lui-même, soit par rapport à sa propre énonciation.

2. Les modalisateurs qui peuvent bifurquer en deux grands ensembles :

(a) L’énonciateur exprime son opinion sur ce qui est dit soit par l’adhésion soit par la distance par rapport à ce qui est dit d’après son état de certitude, de doute ou d’appréciation (heureusement, malheureusement…).

(b) L’énonciateur s’exprime sur sa manière de dire (franchement, sérieusement …).

Nous constatons que certains circonstants dans ce dernier groupe peuvent exprimer d’autres fonctions dans d’autres contextes :

‘84. ex. : Sérieusement, vous l’aimez ? (Caractérisation de la manière du dire de l’énonciateur).’ ‘85. Vous l’aimez sérieusement ? (Circonstant intégré au groupe verbal en le caractérisant. Il joue ainsi la fonction d’un complément circonstanciel de manière).’
Notes
1.

Ibid., pp. 88-89.