TROISIÈME CHAPITRE : Les approches qui s’inscrivent dans des théories linguistiques

1. L’approche structuraliste

1.1. Lucien Tesnière et la notion du circonstant

Il va sans dire que le courant structuraliste a vu son plein essor surtout avec les travaux de Lucien Tesnière et de son école linguistique dont les critiques et les développements ne cessent de voir le jour. Grâce à Tesnière, le mot circonstant a sa dénomination dans la linguistique moderne. Mais pour savoir ce que Tesnière a dit de cette notion, il importe de savoir ce qu’il a dit de la phrase toute entière. Il s’agit en effet d’une conception tout à fait métaphorique :

‘« 1. Le nœud verbal, que l’on trouve au centre de la plupart de nos langues européennes […] exprime tout un petit drame. Comme un drame en effet, il comporte obligatoirement un procès, et le plus souvent des acteurs et des circonstances.
2. Transposés du plan de la réalité dramatique sur celui de la syntaxe structurale, le procès, les acteurs et les circonstances deviennent respectivement le verbe, les actants et les circonstants» 1 . ’

Les éléments essentiels de la phrase sont alors les actants, les verbes et les circonstants. Selon la métaphore du drame, le verbe c’est l’événement, c’est l’action que font les acteurs ou les actants. Les circonstants sont alors les circonstances, l’ambiance qui entoure les acteurs. Toujours selon cette image, il s’agit peut-être de l’éclairage, du décor ou du milieu qui les environne et les enveloppe.

Selon cette définition, les actants participent au déroulement de l’action ou du procès exprimé par le verbe tandis que les circonstants entourent celui-ci. Les actants et les circonstants se trouvent donc définis sémantiquement mais rien n’a été dit sur leur fonction syntaxique dans la phrase. Néanmoins, ils sont définis morphologiquement :

‘« Les actants sont toujours des substantifs ou des équivalents de substantifs. Inversement les substantifs assument en principe toujours dans la phrase la fonction d’actants » 2 . ’

Mais les circonstants :

‘« […] sont toujours des adverbes (de temps, de lieu, de manière, etc…) ou des équivalents d’adverbes. Inversement les adverbes assument en principe toujours dans la phrase la fonction de circonstant » 3 .’

À notre avis, cette définition morphologique n’est pas complète ou manque un peu de précision dans la mesure où elle n’attribue aux éléments circonstanciels dans la phrase que les adverbes ou les équivalents des adverbes. Que dire donc des syntagmes nominaux qui peuvent bel et bien remplir cette fonction ? :

‘111. J’ai un rendez-vous rue de La Poissonnière.’ ‘112. Pierre va arriver jeudi prochain.’
Notes
1.

Lucien Tesnière, Eléments de syntaxe structurale, Paris, Klincksieck, 1959, Chap. 48, p. 102.

2.

Ibid,

3.

Ibid., p. 103.