3.4. Un peu de critique

L’ensemble du travail de Leeman a donc été principalement consacré à mettre en œuvre un certain nombre de paramètres qui interagissent entre eux pour donner une explication de la fonction du circonstant dans la phrase : type du sujet (agentif, non agentif,…), type du verbe (verbes d’état ou verbes d’action) et type de phrase aussi (interrogation, déclaration, injonction ou exclamation). On ne peut en aucun cas ignorer les résultats sérieux obtenus dans ce travail surtout qu’il est basé sur un corpus élargi et attesté.

Néanmoins, si nous nous donnons le droit de critiquer cet auteur, nous pouvons dire d’abord que bien que la démarche suivie soit celle des principes de la théorie distributionnaliste inspiré du travail de Z. Harris qui donne la priorité à l’explication formelle de la langue, nous constatons que l’auteur, pour étudier le problème du complément circonstanciel, se réfère toujours aux interprétations sémantiques (paraphrases, sens général de la phrase, acceptabilité ou non acceptabilité de la part des informateurs).

Cela explique que jusqu’à présent, on ne peut pas se passer du critère sémantique pour donner une explication au circonstant. Or le sens, selon les principes de cette grammaire formelle, ne se réalise qu’après la mise en considération des schémas formels qu’explique la langue. Nous pouvons imaginer alors la difficulté de la tâche si l’on doit procéder à une étude pareille pour chaque type de complément.

De plus, on ne peut pas dégager une théorie générale pour expliquer le problème du complément circonstanciel, il s’agit d’un passage en revue des différents degrés d’acceptabilité ou de non acceptabilité du complément par un certain nombre d’informateurs. Pour toutes ces raisons, nous sommes amené à suivre une autre démarche qui pourrait éviter ces lacunes, une théorie qui pourrait donner une explication unitaire et solidaire du problème du circonstant ou en tout cas proposer une explication sur la mise en fonctionnement d’un grand nombre de circonstants.