1.3. Conclusion

Après ce passage en revue d’une vraie tentative de classification systématique des compléments circonstanciels, il convient de mettre l’accent sur les points forts et les points faibles de cette approche. Tout d’abord, il faut reconnaître que Melis a le mérite de mettre un peu d’ordre dans un domaine fort hétérogène et fort hétéroclite. Son travail de classement s’articule autour de deux axes principaux : les compléments du nœud actanciel et les compléments de phrase. Quatre types de compléments sont alors à classer parmi les compléments de nœud actanciel : les compléments d’attitude, les compléments instrumentaux, les compléments aspectuels et les compléments sémiématiques. Et on peut distinguer deux types de compléments de phrase : les compléments qui caractérisent le dire et les compléments transpositionnels et les compléments propositionnels.

Cette approche a le mérite d’introduire la notion logique de prédicat dans la définition du circonstant. Celui-ci doit donc être défini par rapport au verbe constructeur de la phrase. Ainsi voit-on se créer une sorte de gradation entre les différents types de compléments qui s’opposent par leurs propriétés sémantico-logiques : des circonstants qui se rattachent au nœud actanciel et des circonstants qui se rattachent à la phrase comme un tout.

Mais ce travail de classement suscite certaines critiques et appelle à discussion. Melis a pu définir les différentes catégories des circonstants selon un principe fondamental de compatibilité et d’opposition. C’est un procédé qui consiste à les classer selon les mécanismes de leur sélection par le verbe et ses actants. Il part donc d’une approche résolument sémantique de l’ensemble des constituants de la phrase au détriment parfois d’une explication syntaxique ou pragmatique approfondie des faits. Malgré le caractère systématique et logique incontestable de ce travail, on regrette le fait qu’il ne se rattache à aucune théorie linguistique bien définie.

Malgré nos réserves vis-à-vis de cette approche, nous allons y revenir sur beaucoup de points, surtout en ce qui concerne la condition fondamentale de définir le circonstant comme dépendant essentiellement du verbe constructeur de phrase ainsi que sur les nombreux mécanismes de sélection des circonstants. Mais avant d’aborder notre propre démarche, nous allons évoquer une dernière approche qui s’intéresse non seulement au problème de l’adverbe en français mais aussi au problème du circonstant en général. C’est le travail de H. Nølke.