2.4. Conclusion

Nous avons vu donc que Nolke avait le mérite de constater qu’il faut toujours faire attention quand on aborde une classification des adverbiaux : s’agit-il de classifier les items ou s’agit-il de classer leurs modes de fonctionnement ? Sa conception consiste à procéder suivant le but qu’on doit obligatoirement décider dès le départ et suivant les critères clairement choisis et bien définis puisque, comme il l’a dit, chaque classification dépend de son but.

Délimiter les occurrences des adverbes n’a donc pas grand intérêt pour montrer leur statut linguistique ou leur mode de fonctionnement dans la phrase. Il vaut mieux alors qu’on s’engage à la classification de leurs fonctions. Comme il a été annoncé dans sa définition de l’adverbial comme étant un membre qui n’est pas défini comme un autre type de membre, nous nous trouvons devant une définition négative d’une fonction bien présente dans la langue. Or on pourrait s’interroger sur la possibilité d’introduire une notion vue ainsi négativement au sein de l’appareil fonctionnel de la phrase d’autant plus qu’elle a été élargie au point que nous avons évoqué des syntagmes adjectivaux du type : cette plante, maintenant jaune, était verte il y a quelques jours, qui se trouvent nécessairement munis d’une fonction d’adverbial.

Voilà le point faible de cette définition qui n’a pas pu tracer les frontières exactes des circonstants : ils sont en l’occurrence les éléments qu’on n’arrive pas à définir par les moyens linguistiques communément attestés comme c’est le cas pour les fonctions sujet, objet, attribut,…etc. Nous devons dire aussi quelques mots sur la nature des critères utilisés dans cette approche.

Nous pouvons dire généralement qu’un travail qui porte uniquement sur la sémantique et la pragmatique peut être relatif voire même subjectif la plupart du temps dans la mesure où il sera toujours sujet à des jugements arbitraires. Les jugements retenus par certains peuvent bel et bien être démentis ou paradoxalement admis par les autres 1 . L’auteur lui-même a montré l’insuffisance de cette théorie et proclame une théorie globale capable de rassembler syntaxe, sémantique et pragmatique, ce qui a été bien mis en oeuvre quand il a entamé sa classification des adverbiaux spatio-temporels.

En dépit des critiques qu’on a osé poser, cette approche constitue incontestablement le premier pas dans un domaine assez vaste pour donner un véritable statut linguistique des circonstants. Il a donné des pistes utiles pour ce travail comme nous allons le voir dans le développement des chapitres qui suivent.

Notes
1.

L’approche des grammaires traditionnelles qui portait uniquement sur les interprétations sémantiques des circonstants est révélatrice sur ce point.