DEUXIÈME PARTIE : De la théorie à l’application

CHAPITRE PREMIER : La théorie de référence

1. Présentation de la théorie

Nous allons nous inspirer des enseignements de la théorie psychomécanique de langage de Gustave Guillaume, tout particulièrement des derniers développements de la théorie de l’incidence. Cette tentative n’est pas la première car il y a, surtout au cours des dix dernières années, tout un courant de recherches qui suit le même itinéraire et pour qui la théorie de l’incidence, telle qu’elle a été proposée par Guillaume, est capable de présenter une meilleure explication pour le fonctionnement de la langue.

Les plus intéressantes applications de cette théorie portaient d’abord sur les adverbes, notamment avec les travaux de Claude Guimier (1988) sur la syntaxe des adverbes en anglais, Claude Guimier (1996) sur les adverbes en –ment en français et, plus récemment, avec Dan Van Raemdonck (2001) sur les adverbes du temps en français 1 .

Dans l’année 1993, un recueil d’articles, paru dans l’université de Caen sous la direction de Claude Guimier, a été totalement consacré aux circonstants ayant pour titre : 1001 circonstants. Cette étude porte sur un corpus de presse du journal Le Monde et la question de l’incidence a été au cœur des analyses proposées par les participants pour donner une meilleure explication du fonctionnement des items circonstanciels. Cet ouvrage nous a offert autant de pistes que d’éléments importants de réflexion du fait qu’il est véritablement « un travail de terrain » 2 et basé sur un corpus attesté.

Pour esquisser l’ensemble de notre démarche, nous allons suivre le même courant de recherches, toujours dans une perspective guillaumienne. Nous allons nous servir de la typologie des incidences proposée dans Guimier (1988), tout particulièrement dans Guimier (1996). Nous allons voir jusqu’à quel point cette approche peut donner des résultats positifs pour le problème des circonstants.

Cette typologie, bien qu’elle soit proposée essentiellement pour les adverbes en –ment en français peut s’étendre pour englober l’ensemble des circonstants :

‘« Si ce travail porte essentiellement sur les adverbes en –ment, les résultats obtenus et la méthode utilisée pourraient être étendus à d’autres types d’adverbes, et même, plus globalement, à l’ensemble des circonstants » 3 .’

Avant d’entrer plus dans le détail, il importe de donner un aperçu de la notion de l’incidence dans la théorie psychomécanique. Mais une définition de la notion de l’acte du langage ou l’acte d’énonciation ainsi que de la relation prédicative nous est apparue préalable avant de donner une définition de la notion de l’incidence. Car tout cela est au cœur de la théorie psychomécanique.

Notes
1.

Bien évidemment, il y a beaucoup d’autres travaux, toujours en perspective guillaumienne, qui portent sur d’autres catégories, mais nous nous tiendrons à parler ici des adverbes car la typologie des incidences proposée pour eux est aussi valable pour l’ensemble des circonstants. Nous y reviendrons.

2.

Voir pour plus de détails, Claude Guimier, « L’établissement d’un corpus de circonstants » in : 1001 circonstants, Caen, Presses Universitaires de Caen, 1993.

3.

Claude Guimier, Les adverbes du français : le cas des adverbes en –ment, Paris, Ophrys, 1996, p. 162.