2.2.1. Le site sémantique

Sous cette étiquette, seront définies la notion de la circonstance et les différentes valeurs circonstancielles que peut avoir le circonstant dans la phrase.

2.2.1.1. La notion de la circonstance 

Dans le premier chapitre de notre recherche qui portait sur l’historique de la notion du circonstanciel, nous avons montré que la circonstance est une notion fortement rattachée à la rhétorique classique avant son entrée dans les grammaires scolaires. Dès son entrée officielle, elle était toujours liée sémantiquement à la notion de complément circonstanciel. Pourtant, elle est difficilement définie en tant que telle :

‘« Circonstanciel se trouve donc défini par circonstance et circonstance par l’énumération des circonstances. Le concept de la circonstance n’est pas expliqué » 1 . ’

C’est une notion très vague. Dès qu’on cherche à lui donner une définition 2 , on ne fait que recenser ses différentes catégories. La liste des circonstances n’est donc pas finie, elle est largement ouverte et toujours soumise aux considérations subjectives de son auteur.

Rappelons à cet égard deux réalités incontestables. D’abord, l’évolution de M. Grevisse par rapport à la liste de ces catégories. Il est passé de 19 et plus dans la 11e édition de son ouvrage à 8 seulement dans les deux suivantes. Ensuite, selon L. Gosselin (1985), le signe etc. qui figure dans toutes les listes de circonstanciels dans les grammaires est aussi significatif à ce propos 3 dans la mesure où il montre que la liste des circonstanciels est ouverte. Signalons encore que cette liste n’est pas toujours la même si l’on passe d’une grammaire à l’autre.

Pourtant, fait curieux, seules les catégories sémantiques de temps, delieuet demanière sont très présentes dans l’ensemble des travaux de classement. L’image la plus souvent évoquée lors de la définition de cette notion dans les grammaires ainsi que dans les travaux linguistique est celle d’un centre et d’une périphérie. S. Rémi-Giraud constate que la circonstance se tient à distance de l’action exprimée par le verbe et apparaît au second plan par rapport à celle-ci. Mais elle permet, en tant que repère, de situer le procès, peut-être même de le circonscrire 4 .

Après cette mise au point de la notion de la circonstance, il convient de passer maintenant à la définition sémantique des catégories de temps, delieuet demanière en tant que catégories dénotant des circonstances.

Notes
1.

J.-P. Golay, « Le complément de manière est-il un complément de circonstance ? », Le François Moderne, t. XXVI, 1959, p. 65.

2.

À notre connaissance, L. Gosselin (1985) est le seul linguiste qui ait essayé, à partir d’une théorie sémantique, de définir la notion de la circonstance. Il a pu distinguer quatre catégories essentielles à savoir : le temps, le lieu, la manière et la cause à partir du paramètre de l’interrogation par Quand, où, comment et pourquoi destiné, selon l’auteur, à identifier les différentes catégories de la prédication.

3.

Cf. S. Rémi-Giraud, « Le complément circonstanciel, problèmes de définition »in : S. Rémi-Giraud et A. Roman, 1998, note 4, p. 67.

4.

Ibid., p. 66.