2.2.4. Le site pragmatique 

2.2.4.1. La notion de la position thématique/rhématique 

L’opposition thème / rhème est en effet d’ordre logico-psychologique. On distingue le plus souventun thème ou un topique et un propos ou un rhème. Cette opposition joue un rôle très important dans la dynamique communicative. Elle permet de montrer de quoi on parle et ce qu’on en dit. Elle est aussi de grande rentabilité dans le domaine de la sémantique des textes dans la mesure où la progression thématique rend compte des enchaînements transphrastiques d’un texte en explicitant sa cohésion et sa progression transphrastique 1 .

Mais l’organisation du texte en thème / rhème n’est pas une tâche facile à établir et une bonne partie de cette question dépend des situations de communication ainsi que des co-textes linguistiques. C’est pour cela qu’elle ressortit bien évidemment plus de la pragmatique des textes que de la syntaxe. Que signifie donc l’opposition thème / rhème ?

‘« Le thème, qui est toujours et par définition ce dont l’énoncé parle, est souvent aussi ce dont on parlait déjà (dans l’énoncé précédent), quelque chose de déjà connu, déjà là : thème et rhème s’opposent alors comme information ancienne – information nouvelle » 2 .’

Dans le domaine des circonstants, nous constatons que ceux-ci ont un rôle indéniable dans l’organisation thématique de l’énoncé. Le circonstant est en position thématique, le reste de la phrase constitue le rhème, l’apport de l’information nouvelle et essentielle. Mais quand le circonstant lui-même est en position de rhème, il constituera alors l’information nouvelle et essentielle de l’énoncé 3 . Rappelons que cette opposition est en corrélation avec d’autres paramètres textuels, comme l’anaphore par exemple, et non textuels, comme le système prosodique de la phrase et sa progression par masses croissantes. Cette opposition semble tout de même être un critère qu’on ne peut pas ignorer car il aide à mieux rendre compte du sens de l’énoncé et de sa progression thématique.

Notes
1.

Cf. P. Charaudeau et D. Maingueneau (sous la direction de), Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Seuil, 2002, p. 573.

2.

P. Le Goffic, 1993, p. 14.

3.

Cette opposition semble avoir bien sûr quelques retombées sur l’opposition circonstant essentiel / circonstant accessoire. Le plus souvent, quand le circonstant est en position de rhème, il constituera l’information nouvelle et essentielle de l’énoncé et devient essentiel pour compléter la sémantèse du verbe : Je tenais mon plateau bien sagement, silencieux. (Céline), exemple tiré de C. Guimier, 1996, p. 40. Nous renvoyons aussi le lecteur à l’article de Bernard Combettes, « Facteurs textuels et facteurs sémantiques dans la problématique de l’ordre des mots : le cas des constructions détachées », Le Français Moderne, n°111, Septembre 1996, surtout p. 90 et suiv.