2.2.1. Les circonstants intra-prédicatif de manière et l’infinitif

Certains circonstant intra-prédicatifs de manière sont compatibles avec l’infinitif et forment avec lui une unité syntaxique. Leur position canonique est après l’infinitif : Manger bien, sonner fort, chanter faux, sortir calmement, etc. Mais ils peuvent aussi précéder l’infinitif, en particulier lorsque celui-ci est auxilié. Nous constatons que le circonstant bien dans (534) perd de sa valeur qualitative au profit de l’expression de la quantité, il aura alors le sens de beaucoup ou de énormément :

‘534. D'ailleurs, certaines idées de son ami, excellentes comme armes de guerre, lui déplaisaient. Il s'en taisait par ambi­tion, tenant à le ménager pour le conduire, car il attendait avec impatience un grand bouleversement où il comptait bien faire son trou, avoir sa place. (ES, p. 212.)’ ‘(Il comptait bien faire son trou = il le voulait énormément, beaucoup)’

Le circonstant retrouve sa valeur qualitative avec l’infinitif comme dans les exemples suivants :

‘535. Il s'assit sur le banc, à l'ombre du grand acacia. Ce qu'elle lui conseillait, c'était de se mettre clerc chez M. Prouharam, avoué, lequel lui céderait son étude ; s'il la faisait bien valoir, il pourrait la revendre, et trouver un bon parti. (ES, p. 156.) = (s’il lui a donné une bonne valeur et une bonne considération)’ ‘536. Delmar ne ratait pas les occasions d'empoigner la parole ; et, quand il ne trouvait plus rien à dire, sa res­source était de se camper le poing sur la hanche, l'autre bras dans le gilet, en se tournant de profil, brusquement, de manière à bien montrer sa tête. (ES, p. 407.) = (il montre bien sa tête)’