2.4.2. Les effets de sens produits par l’emploi des circonstants intra-prédicatifs de temps et de lieu avec les quantifieurs

Quelques exemples :

‘558. Puis les convives arrivèrent tous, presque en même temps : Dittmer, Lovarias, Burrieu, le compositeur Rosenwald, le poète Théophile Lorris, deux critiques d'art […]. (ES, p. 105.)’ ‘(558a) Presque en même temps, les convives arrivèrent tous. ’ ‘559. Le sacrement ne la rendit guère plus sage. Elle entrait parfois dans de véritables colères ; on avait recours à M. Frédéric pour la calmer. Souvent il l'emmenait avec lui dans ses promenades. (ES, p. 162.)’ ‘(559a) Dans ses promenades, il l'emmenait souvent avec lui.

Dans (558) où le circonstant est un élément du prédicat, on peut comprendre que les convives arrivent simultanément l’un après l’autre, il y a quand même un certain laps de temps entre l’arrivée de l’un et de l’autre. Mais dans (558a), le circonstant est extra-prédicatif et peut signaler une liaison de simultanéité temporelle entre cet énoncé et celui qui le précède. Il peut souligner aussi la survenance de l’action qui va se produire. On peut comprendre ici que les convives sont arrivés tous à la fois, presque rien ne sépare l’arrivée de l’un de celle de l’autre.

Dans (559), le circonstant intra-prédicatif de lieu est sous la portée de l’adverbe souvent, l’action se répète toujours dans le même lieu. Mais dans (559a), le circonstant est extra-prédicatif 1 et échappe à la portée de souvent. C’est parce que le circonstant dans la position initiale peut marquer une opposition : dans ses promenades peut s’opposer par exemple à dans ses courses, dans ses voyages, dans ses randonnées, etc. On peut conclure donc que le déplacement du circonstant peut être suivi par un changement dans sa portée et dans son comportement avec les quantifieurs.

Notes
1.

Mais dans ce cas, le verbe est dans son emploi absolu et peut signifier à ce moment-là : accompagner.