2.1. Les circonstants de cadrage

Selon la typologie de Guimier, les circonstants qui portent sur la visée de discours sont d’une part, les adverbes de cadrage qui ont pour fonction de délimiter le champ référentiel, notionnel ou spatio-temporel dans lequel cette donnée a son lieu d’existence et sans la définition duquel le locuteur ne saurait produire son message 1 . D’autre part, les adverbes illocutifs qui renvoient à l’acte illocutoire, au locuteur ou même à l’interlocuteur 2 . Ces derniers, tout comme les circonstants de cadrage « donnent des instructions à l’interlocuteur, instructions qui sont liées à son intention de communiquer, à sa visée de discours » 3 .

Les circonstants de la visée de discours sont donc importants pour la production du message dans la mesure où ils précisent son cadre spatio-temporel ou notionnel et donnent des instructions sur l’acte de l’énonciation ou sur l’un de ses actants.

Nous avons déjà dit que l’emploi endo ou exophrastique, intra ou extra-prédicatif n’est qu’un type de fonctionnement du circonstant qu’il dispose dans un contexte référentiel donné et qu’il ne s’agit pas de l’une de ses caractéristiques inhérentes. D. Raemdonck constate à cet égard que la classe de circonstants de cadre recouvre

‘« […] certains adverbiaux qui ne peuvent apparaître qu’en emploi de cadre (ceux qui marquent les implications logiques) et donc pas en emploi intra-prédicatif ; d’autres (les spatio-temporels, les instrumentaux-manière) peuvent admettre les deux emplois ; d’autres enfin (les adverbiaux de point de vue), admettent les deux emplois mais changent de sens dans l’emploi intra-prédicatif (ils prennent un sens de manière) » 4 . ’

Il n’est donc pas étonnant qu’on puisse trouver des emplois polysémiques de ces circonstants qu’ils soient dans des emplois intra ou extra-prédicatifs. Il s’agit plutôt d’un système de continuum des différents emplois de ces circonstants comme le préconisent certains linguistes tels que André Joly & Dairine O’Kelly (1998) :

‘« […] quel que soit leur appartenance catégorielle (syntagme prépositionnel, syntagme adverbial, syntagme nominal, phrase subordonnée et même phrase indépendante), les constituants « circonstanciels », notamment ceux d’espace et de temps, devraient être analysés sur un continuum qui, dans le cas de l’espace, comprendrait à la fois le locatif dynamique et le locatif statique. Le statut incidenciel diffèrerait selon le cas. On aurait donc d’un côté des circonstants intra-prédicatif s, de l’autre des circonstants extra-prédicatif s » 5 . ’

Notre intérêt portera donc au premier lieu sur les circonstants spatio-temporels exophrastiques. Les autres circonstants de cadre seront étudiés aussi afin de les opposer à ces derniers pour vérifier qu’ils constituent ensemble les éléments d’une même classe homogène aussi bien au niveau syntaxique qu’au niveau sémantique.

Les circonstants de cadrage comportent donc les circonstants spatio-temporels, les fameux circonstants de point de vue ainsi que les circonstants qui expriment l’habitude du type : normalement, habituellement,…etc. Il s’agit alors des circonstants de cadrage spatio-temporel et des circonstants de cadrage notionnel.

Dans les lignes qui vont suivre, nous allons étudier le mode de fonctionnement exophrastique de ces circonstants dans l’énoncé. Commençons donc par l’étude des circonstants de cadre spatio-temporel.

Notes
1.

Ibid., p. 141.

2.

Voir infra.

3.

C. Guimier, 1996, p. 141.

4.

D. Raemdonck, 2001, p. 3. Le soulignement est dans le texte.

5.

André Joly & Dairine O’Kelly, « À propos des circonstants d’espace et de temps, observations sur les incipits des récits de fiction » in : S. Rémi-Giraud & A. Roman (éds.), Autour du circonstants, 1998, pp. 344-345. C’est nous qui soulignons.