3.3. Les circonstants qui expriment un intervalle temporel

Ce sont des circonstants du temps qui expriment le fait que l’événement dure pendant un intervalle du temps ou que le procès exprimé par le verbe n’est valable que pendant cette période. Le circonstant qui peut exprimer cette valeur, c’est la préposition pendant + un syntagme nominal exprimant un moment temporel. Il peut figurer en tête de phrase pour indiquer non pas seulement la durée de l’action qui dure pendant un certain temps, mais aussi la possibilité de sa répétition plusieurs fois au cours de cette même période :

‘« Trois cents jeunes gens, nu­ tête, emplissaient un amphithéâtre où un vieillard en robe rouge dissertait d'une voix monotone ; des plumes grin­çaient sur le papier. Il retrouvait dans cette salle l'odeur poussiéreuse des classes, une chaire de forme pareille, le même ennui ! Pendant quinze jours, il y retourna ». (ES, pp. 73-74.)’ ‘« Et, le menton levé, tout en promenant à l'entour un regard des plus vagues, Rosanette lâcha ce mot :
‑ « Ça rappelle des souvenirs ! »
Cependant, on apercevait sur sa mine un effort, une intention de respect ; et, comme cet air sérieux la rendait plus jolie, Frédéric l'excusa.
L’étang des carpes la divertit davantage. Pendant un quart d'heure, elle jeta des morceaux de pain dans l'eau, pour voir les poissons bondir ». (ES, p. 431.)’ ‘« D'abord il s'était dit : ‑ « Il faut avertir Mme Arnoux », et, pendant une semaine, il avait médité des lettres dithy­rambique, et de courts billets, en style lapidaire et sublime. La crainte d'avouer sa situation le retenait. Puis il songea qu'il valait mieux écrire au mari. Arnoux connaissait la vie et saurait le comprendre ». (ES, p. 158.)’

Mais dans les positions postverbales, il n’exprime que la durée pendant laquelle se déroule l’action :

‘« Ils [Frédéric et Deslauriers] causaient de tout cela, pendant les récréations, dans la cour, en face de l'inscription morale peinte sous l'hor­loge ; ils en chuchotaient dans la chapelle, à la barbe de saint Louis ; ils en rêvaient dans le dortoir, d'où l'on domine un cimetière ». (ES, p. 64.)’ ‘« Puis ils faisaient de grandes promenades ; elle entrait chez les pépiniéristes, arrachait les branches de lilas qui pendaient en dehors des murs, criait : « Hue, bourriquet ! » aux ânes traînant une carriole, s'arrêtait à contem­pler par la grille l'intérieur des beaux jardins ; ou bien la nourrice prenait l'enfant, on le posait à l'ombre sous un noyer ; et les deux femmes débitaient, pendant des heures, d'assommantes niaiseries ». (ES, p. 506.)’ ‘« Mais comme il voulait concourir plus tard pour une chaire de professeur à l’École et qu’il n’avait pas d’argent, Deslauriers acceptait à Troyes une place de maître clerc chez un avoué. À force de privations, il économiserait quatre mille francs ; et, s’il ne devait rien toucher de la succession maternelle, il aurait toujours de quoi travailler librement, pendant trois années, en attendant une position ». (ES, p. 65.)’