Deuxième chapitre : Étude de la valeur structurale des circonstants dans le roman

1. Introduction

Dans le chapitre précédent, nous avons indiqué les grandes orientations d’emploi des circonstants de temps, de lieu et de manière dans le roman. Nous entendons par la valeur structurale des circonstants dans le roman la fonction qu’ils occupent dans les différentes positions de la phrase et les effets qu’ils peuvent avoir au niveau de la phrase et au niveau même du texte. Les circonstants qui figurent en tête de phrase n’ont pas le même rôle que les circonstants qui figurent en fin de la phrase. La plupart des circonstants qui figurent en tête permettent l’enchaînement des phrases dans le texte et introduisent beaucoup d’effets sémantiques alors que les circonstants en fin de phrase peuvent soit causer la chute de la phrase, soit créer un effet de suite. Effets sémantiques dans la phrase selon leur position et rôles fonctionnels dans le texte constituent ce que nous appelons la valeur structurale des circonstants dans le roman.

Les circonstants spatio-temporels par exemple ont un rôle essentiel dans la phrase. Grâce à eux, on peut situer les événements dans l’espace-temps. Une phrase dépourvue de toute circonstance serait une phrase dans l’air ou vidée de son sens et de sa valeur sémantique. De même, un texte dépourvu de circonstants serait un texte irrecevable et lacunaire. Pour cela, on constate l’importance des circonstances mises en avant dans l’incipit de l’Éducation sentimentale. Elles donnent à tous les événements du roman les circonstances nécessaires pour son ancrage dans le temps et dans l’espace :

‘« Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard ». (ES, p. 49.) ’

Avant d’aller plus loin, nous allons étudier tout d’abord la fonction des circonstants au niveau de la phrase.