Objectif de ce travail : les phases de construction d’une identité consulaire.

L’étude des mentalités des conseillers lyonnais à travers leur langage peut se décliner en trois temps. Le langage est d’abord un miroir. Sa trace écrite est sa construction la plus aboutie et souvent la plus déformée, les conseillers soignant l’image qu’ils souhaitent donner à la postérité. La production de l’écrit, au-delà du filtre que représente le secrétaire du consulat, reflète les préoccupations variables des conseillers envers la mémoire urbaine, la valeur concurrentielle ou complémentaire de l’écrit et de l’oral et leurs rapports à toute culture écrite.

Les registres consulaires permettent aussi d’appréhender la culture d’un groupe, ses goûts et ses dégoûts, la solidarité qui peut exister entre ses membres tout comme les animosités, les tensions et les lignes de fractures qui font que certains acceptent ou refusent les changements qui s’opèrent au cours du siècle. La construction de l’identité culturelle et politique de ces élites, entre image idéale et réalité constitue notre second thème d’analyse.

Enfin les échanges lors des assemblées entre les conseillers et le reste de l’élite urbaine, représentée par les notables et les maîtres de métiers, sont à envisager sous l’angle de la légitimité de la parole, du pouvoir des mots mais aussi des rituels et des pratiques d’assemblées.

Ces analyses seront développées sur un grand XVe siècle : il débute avec le commencement des registres consulaires, fin 1416 et finit avec « la querelle des consuls et des artisans » entre 1515 et 1520. Les années 1520 marquent en effet les débuts de la Renaissance à Lyon : l’accession au consulat des marchands italiens et allemands change le visage du conseil et influence ses pratiques ; les troubles religieux dus à la Réforme bouleversent le contexte politique ; et en 1539, l’édit de Villers-Cotterêts change les rapports avec les productions écrites.