Le secrétaire a rarement l’occasion de se manifester, mais parfois il signale sa présence dans des rajouts, des commentaires : il annote en latin ou décalque en français des expressions latines à propos de décisions changées ou annulées 155 . Mais peut-on voir son désir de se montrer dans toutes les traces de latin des registres ?
Nous avons donc choisi de montrer dans le graphique qui suit, tous les types d’apparition du latin dans les registres consulaires entre 1416 et 1446 156 .
Lorsque le latin apparaît, c’est toujours sous la forme minimale d’une expression ou d’une phrase, qui représentent des cas de glissements diglossiques particuliers. Cette intrusion du latin est-elle du seul fait du secrétaire ? Les choses sont assez complexes et correspondent à plusieurs types d’explication.
Il arrive que soudainement un paragraphe entier se trouve rédigé en latin : c’est le cas par trois fois lors de la narration de la publication du « syndical ».
‘« Publicatum fuit retroscriptum sindicale in ecclesia sancti Nicetii Lugdun. coram populo ibidem assistente, die lune XXI decembris, anno Domino, MCCCCXXII, presentibus venerabilibus viris dominis Johanne Paterini et Jacobo Loriol, legum doctoribus, magistro Johanne Mulin, in legibus licenciato, Johanne Bayardii, Johanne de Nevro, pocterio, et pluribus aliis civibus Lugdun. in magno numero testibus, per me DE MASTICONE » 157 .’ ‘« Anno retroscripto et die veneris vicesima prima mensis decembris, in ecclesia Sancti Nicetii Lugd., more solito, publicatum fuit hoc presens et retroscriptum sindicale, alta voce, coram populo ibidem existente consentiente et nemine contradicente, presentibus honorabilis viris Johanne de Vareyo, correario et Girerdo de Vareo, preposito Lugd. Et pluribus aliis testibus, per me DE MASTICONE » 158 .’ ‘« Anno Domini millesimo quadringentesimo vicesimo septimo et die dominica vicesima prima mensis decembris, fuit publicatum presens sindicale in ecclesia Sancti Nicetii, more solito, presentibus magistro Johanne Mulini, licenciato in legibus, et Johanne de Condeissiaco ac pluribus aliis testibus, per me DE MASTICONE » 159 .’Le latin est préféré pour rendre compte de cet événement, comme s’il solennisait d’autant plus la cérémonie. La manière brève de raconter suit un schéma immuable, puisque les mêmes aspects décrits par le même vocabulaire sont abordés les trois fois : on insiste sur la date (le jour de la saint Thomas), sur le lieu (saint Nizier), sur les participants (présence de la population). La ritualisation de la cérémonie est amplifiée par sa narration en latin ; mais il est probable que ce compte rendu ne fasse que reproduire le déroulement de la réunion puisque la publication du syndicat se faisait en latin et en français. Le secrétaire n’indique peut-être pas de son propre chef cet événement en latin, il est possible qu’il le fasse à la demande des conseillers.
Autre cas de figure, l’insertion de « vacat in mandamento ex causa secreti » 160 au cours de la narration du prochain envoi d’un ambassadeur de la ville auprès du roi : le latin semble être une garantie supplémentaire de la pérennité du secret de la mission de l’envoyé. Dans l’hypothèse où les registres tomberaient entre de mauvaises mains, peut-être convient-il de marquer cette information de façon à ce qu’elle ne soit pas compréhensible par tous, mais cette explication reste somme toute peu convaincante. En revanche, il est possible que le latin ait été employé parce que c’est ainsi qu’on en a parlé au consulat : cette mission si secrète ne peut être évoquée qu’à demi-mot, d’ailleurs on ne sait pas de quoi il s’agit, et le latin, langue de culture donc langue de l’élite, comprise seulement par un petit nombre de personnes, véhicule à la fois l’idée que ce qui est ainsi transmis est capital et que cela ne peut et ne doit être compris que par des initiés. Cette fonction de « masque » associée au latin, a déjà été utilisée par les prédicateurs du XIIIe siècle. N. Bériou rapporte que Ranulphe de la Houblonnière faisait un sermon pour mettre en garde « les prêtres qui prétendaient offrir le sacrifice de l’autel sans se purifier d’abord du péché de chair. Raoul de Châteauroux note ici : « Hoc dicas eis latinis verbis, non laicalibus, propter scandalum », ce qu’avait dû faire le prédicateur lui-même, précisément pour éviter le scandale, pendant son sermon » 161 . Donc là encore, il est difficile d’attribuer au secrétaire une quelconque initiative dans le choix du latin.
De rares paragraphes entièrement rédigés en latin sont aussi à mentionner : leur présence dans des registres en français répond généralement à une forme de mimétisme. En 1419, le secrétaire indique l’incarcération et l’interrogatoire de deux personnes : ces informations sont aussi développées plus longuement dans d’autres documents (« Item super informacionibus et aliis factis contra incarceratos Thom. Burdini et Guidon. Rossani, habeant copiam rotuli scripti per Guidonem » 162 ). Il est probable que ces autres papiers aient été rédigés en latin : en effet les documents juridiques sont encore couramment dans cette langue, le secrétaire, rapportant en substance des faits narrés en latin conserve la même langue. Emporté par son élan, il rédige le paragraphe suivant toujours en latin, bien que le sujet n’ait rien à voir avec cette affaire judiciaire puisqu’il s’agit de recommander la ville à un personnage important, Monsieur de saint Papol 163 .
En 1428, le consulat reçoit une lettre d’un frère qui demande, dans un latin de cuisine, à emprunter à Rolin de Mâcon, secrétaire, un crochetum. Le secrétaire reproduit cette lettre sans la traduire et y ajoute la note suivante : « dictus frater reddidit dictum crochetum » 164 . La présence d’une lettre en latin induit le secrétaire, par automatisme, à indiquer la fin de l’action dans la même langue, comme pour préserver l’harmonie de la rédaction.
Dans le cas des syndicats et de ces paragraphes, le secrétaire ne fait que suivre une norme établie ou des directives, on ne peut pas vraiment affirmer qu’il choisit de son propre fait une narration en latin : celle-ci s’impose suivant la situation.
Cependant, dans la majorité des cas, la présence de formules en latin n’a rien d’un automatisme, mais relève plutôt d’un choix motivé : on relève 1184 apparitions pour les années 1416-1445, si l’on excepte les années manquantes, cela revient en moyenne à 65 par an 165 . Dit autrement, le latin apparaît régulièrement, quasiment à chaque journée de compte rendu. Ces formules en latin ont clairement un statut particulier, elles sont, par leur présentation, mises volontairement à part : dans 97% des cas, elles sont notées en marge 166 , et dans seulement 3% des cas, elles sont notées dans ou après le texte en français.
Par cette mise en forme, le secrétaire indique que le latin confère aux informations qu’il donne, une valeur spécifique. Dans 12% des cas, les notations en marge donnent la matière de certains paragraphes. Ces sortes de titres servent à mettre en valeur les paragraphes dont on veut souligner l’importance de la teneur : ainsi, chaque année le secrétaire prend soin de pointer en marge le serment des conseillers 167 . Le latin indique à la fois une certaine déférence envers cet évènement, et rappelle le syndical, lui aussi indiqué régulièrement en latin. Mais ces informations très brèves sont surtout liées aux besoins du secrétaire, afin qu’il puisse rapidement retrouver les notes qu’il a prises sur des sujets importants, essentiellement économiques 168 . Cet aspect pratique, qui souligne combien ces registres sont l’outil de travail du secrétaire, se retrouve dans une formule récurrente, indiquant que ces précisions sur tel ou tel sujet sont à chercher dans d’autres papiers : « alibi registrata est plenius » 169 .
Cependant, dans l’écrasante majorité des cas (80%), les indications en marge ou après un paragraphe sont des informations qui ont été ajoutées a posteriori, après la rédaction du paragraphe en français qu’elles accompagnent. Une expression domine : « mandamentum grossatum est » 170 . La confirmation des mandements passés par le consulat est presque systématique, une manière à la fois de souligner l’effectivité des décisions consulaires, mais aussi le compte des mandements exécutés. Le reste des expressions est là pour indiquer les suites données aux décisions consulaires. Certaines expliquent que la décision notée en français a été annulée, soit parce que les conditions de sa réalisation n’ont pas été remplies, soit pour une raison inconnue. Ces notations peuvent être lapidaires : « non fuit servitus » 171 ,« cassatum est quia non fuit factum servicium » 172 .Le secrétaire utilise aussi d’autres formules un peu plus élaborées : « Laniata est presens littera, de precepto et consensu Johannis Gonterii, qui solutus est tota firma, hodie XXII octobris MCCCCXXVII, presentibus Johanne Sautagnieu et Johanne Vanerii ac Guillermeto de Vallibus, testibus. De Mat. » 173 .Ces annonces répondent à un style stéréotypé, et sont toutes construites sur le même modèle : un contrat, une lettre ou un mandement sont annulés (Littera laniata est / Littera cancellata est) avec l’accord des contractants, sans nécessairement expliquer pour quelles raisons 174 .
Dans d’autres cas, on présente un changement ou on indique le renouvellement d’une décision : « Non valet, quia Matheus Odobertis tradidit super denariis quos habebat de III d. pro libra » 175 ; « renovatum subsequenter die dominion XXIX decembris IIII c XXVI » 176 . La formule en latin peut aussi apporter des précisions sur une décision ou une action réalisées quelque temps auparavant : « Nota quia P. de Cuysello et St Garini post haberunt mandamenta, scilicet quilibet de uno scuto, die veneris III e decembris IIII c XXIII et sic non debentur de resta eidem Petro de Nevro nisi IIII gr., computato quolibet scuto pro XXVIII gross. » 177 .Enfin, le secrétaire note parfois des commentaires sur la réception et la réalisation de documents (essentiellement des fusions): « Mandamentum comprehensum est in mandamentis dierum XIII et XVII decembris proxime sequentibus ideo nichil valet » 178 .
Toutes ces notifications postérieures, qui sont des rajouts correctifs ou informatifs, semblent indiquer que le latin donne plus de force, plus de sérieux à ces modifications. Bien que le français soit la langue des registres consulaires et que la chancellerie royale contribue à sa diffusion 179 , son statut serait donc encore sensiblement inférieur à celui du latin. Si le champ de la communication orale est largement dominé par le français depuis le XIVe siècle, ainsi que les écrits de l’administration publique, la performance du latin médiéval est toujours une réalité. Langue du savoir, le latin est enseigné dans les écoles grâce à des traités de grammaire qui mettent en avant des règles strictes et logiques, et il s’oppose aux langues vernaculaires qui ne possèdent pas à l’époque de théorisation linguistique, ce qui leur confère une moindre valeur 180 ; il faut donc toujours avoir à l’esprit que « ceux qui écrivent en français sont devenus lettrés par l’apprentissage du latin » 181 et que le bilinguisme des élites est bien réel. Le monde de l’administration et celui de la justice royale ont francisé leurs écrits à partir du XIVe siècle, si bien qu’à l’époque qui nous intéresse, le latin n’est plus que rarement employé par ces instances, sauf dans la diplomatie où il reste la seule langue utilisée 182 . La présence de ces formules en latin serait peut-être la marque de la formation du secrétaire, car elles rappellent les notae que l’on trouve dans les arts notariés qui apparaissent début XVe siècle, qui sont de courts paragraphes explicatifs qui guident l’usager dans l’utilisation des modèles proposés, mais cette imitation se ferait à l’envers puisque les notae sont généralement en français pour commenter un texte en latin 183 . Il est aussi possible qu’inconsciemment, le secrétaire attribue toujours une prééminence au latin pour l’utiliser encore de façon ponctuelle. Il semble pourtant qu’il fasse des efforts pour noter ces modifications en français car on trouve dans ses notes des expressions françaises qui sont la traduction littérale de certaines formules latines présentées ci-dessus.
‘Ex. : « Cassatum et renovatum » est traduit par « le mandement (…) a esté cassé et renovellé. » 184 ’ ‘Ex. : « Laniata est presens littera de consensu et preceto Johannis Gonterii, receptoris denariorum communium civitatis lugdun., die jovis sancta XVII aprilis MCCCCXXVI, presentibus Anthonio de Chaponay et Stephano Bersal, alias Labbé, testibus Actum in operatorio Micheleti Buaterii, per me R. de Mat. » 185 , est remplacé par : « Ceste présente lettre a esté anullée et cancellée du consentement de Claude de Pompierre, Bernet de Varey, Pierre Julien, Mathieu Odebert, Pierre Beaujehan, Pierre de Saint-Barthélemi et dudit Colin de Mauregart, en la chambre du Conseil, à Roanne, présens Bérert Jacot et Jacques Panoillat, le mardi cinquième jour de mars, l’an IIIIcXXV. R. de MAT. » 186 .’Cette manière de calquer des phrases françaises sur leurs homologues latines n’est pas propre à cet homme, mais est caractéristique du style juridique de la fin du Moyen-âge ; la supériorité du latin sur le français est réduite petit à petit par ces efforts de traduction qui enrichissent le français d'un nouveau registre d'expressions.
Les rares informations présentées en latin et concomitantes au sujet rédigé en français, ont des fonctions et des valeurs très différentes. Elles peuvent être le témoignage d’un automatisme du secrétaire, comme lorsqu’il fait un rapport sur des travaux effectués derrière les Cordeliers et qu’il indique en marge : «de mutuo mutonis ad plantandum palices » 187 .L’emploi du latin dans cette situation est assez étrange : il est certain que, si ce sont bien les artisans qui ont pu lui donner des précisions techniques, ce ne sont certes pas eux qui ont pu les formuler en latin, même s’il s’agit d’un latin de cuisine qui rappelle plus la langue employée dans certains testaments foréziens que celle de Cicéron. Mais ceci est peut-être à mettre sur le compte de directives générales dans l’utilisation du latin : un manuel écrit vers 1346 recommande aux membres des enquêtes du Parlement d’écrire leurs comptes rendus dans un « latin simple et ordinaire, familier aux laïcs, et proche du français par le vocabulaire » 188 . Le secrétaire aurait donc spontanément fait cet ajout en latin, parce que ses habitudes de notaire ressurgiraient dès qu’il ne travaillerait plus sous la dictée ou en prise de notes. Cela expliquerait comment des expressions comme « quantum ad lites » 189 ou comme « pour illec eslire » 190 , peuvent se glisser dans une phrase sans trahir nécessairement une forme de pédantisme mais plutôt l’éducation des locuteurs. Ces glissements concernant des mots isolés restent cependant très peu nombreux 191 , ceux qui concernent un paragraphe entier sont quasi inexistants, puisqu’on ne trouve qu’un exemple pour la période 192 . Le secrétaire note en latin toute une journée de compte rendu, dont l’ordre du jour porte sur la garde des clés de la ville et le paiement des gages d’un garde. Or le choix des responsables des clés est toujours noté en français dans les registres 193 . Il semble improbable que la désignation des gardes des clés ait pu se faire en latin, car les individus choisis n’auraient rien compris. Pourquoi narrer ce choix de cette façon ? On ne peut y voir qu’un acte gratuit du secrétaire, pour le simple plaisir de rédiger en latin, et ainsi marquer sa présence dans ces documents qui ne sont pas les siens.
Rolin de Mascon et Mathieu Massoud n’apparaissent qu’en filigrane dans les registres : leurs interventions sur le contenu des registres respectent strictement les directives des conseillers ; leur présence n’est effective que formellement. L’utilisation qu’ils font du latin correspond soit à des demandes consulaires, soit témoigne de leur formation. Ils sont les hommes de l’ombre du consulat ; leur rôle de rédacteurs des registres les conduit à être plus que de simples scribes puisqu’ils forment l’image du consulat et de ses membres, mais ils n’abusent pourtant pas de ce pouvoir potentiel : ils ne soulignent leur existence dans les registres que par de petites touches. Mais l’indifférence que leur témoigne la majorité des conseillers est peut-être l’une des causes qui conduit leurs successeurs à demander quelques changements.
Il se laisse très rarement aller à commenter en français, une seule allusion nous a semblé être véritablement du cru du secrétaire : il évoque deux clés neuves faites pour la porte Saint-Georges, « telles que à peines les porroyt l’on contrefaire », 1419, RCL1 p.157.
Il faut garder à l’esprit que les données pour cette période sont partielles : les registres de la ville ont en effet disparu entre mars 1429 et septembre 1433, ainsi qu’entre mars 1435 et mai 1446.
1422, RCL2 p.28.
1425, RCL2 p.162.
1427, RCL2 p.255.
1423, RCL2 p.43.
N. Bériou, L’avènement des maîtres de la Parole. La prédication à Paris au XIII e siècle, Paris, 1998, vol.1, p.236. Ces idées sont aussi développées par H. Martin, « Prédication et écarts culturels dans les villes françaises du bas Moyen Age », La ville médiévale en deçà et au-delà de ses murs. Mélanges J.-P. Leguay, Presses universitaires de Rouen, 2000, p.171-182.
1419, RCL1 p.173.
« Item super informacionibus et aliis factis contra incarceratos Thom. Burdini et Guidon. Rossani, habeant copiam rotuli scripti per Guidonem.
Item processus factus contra Thomam Burdini super quo fuit arrestatum quod Dyonisius Becey tradat omne id quo habet contra ipsos, eo quod fuerunt multi interrogati, et habitis predictis interrogacionibus, mandetur magistro Johanni Molini quod veniat cum consulibus.
Item de domine Sancti Papol, supra recessu suo, si dicti consules eum chargiare velint et remarciare et habere villam recommandatam, fuit arrestatum quod Petrus de Cuysello, Johannes Tiboudi vadant ad eum ut habeat villam et omnia necessaria recomendatam ac nuncios ejusdem ville », 1419, RCL1 p.173.
« Ego frater Philibertus Bertholonis, magister operum Fratrum Minorum Lugdun., recepi mutuo a Rolino de Masticone, procuratore Lugdun., videlicet unum crochetum ferri grossum, ponderantem undecim libras, quem promitto sibi restituere ad ejusdem procuratoris requestam, teste hoc signo meo manuali hic apposito, hodie XXVII maii MCCCCXXVIII. Ita est per me fraterm Philibertum Bertolonis. Dictus frater reddidit dictum crochetum », 1428, RCL2, p.269.
Les notes de 18 années sont conservées pour cette période, mais seulement 14 nous sont entièrement parvenues : pour ces années complètes, le nombre d’apparitions du latin atteint 79.
On notera à ce propos le seul véritable reproche que l’on peut faire à l’édition des registres consulaires réalisée par M.C. et G. Guigue pour la première moitié du XVe siècle : les notations en latin dans les marges des registres ont quasiment systématiquement été omises. Les seules qui ont été parfois indiquées sont les plus longues, mais elles sont alors souvent présentées entre parenthèses. Or, le secrétaire n’utilise pas ce signe typographique, qu’il ne peut connaître puisque ce n’est qu’avec la naissance de l’imprimerie que ce signe va apparaître.
« Juramentum consulum ».
Exemples : « barra », « taillia », « assietta X e et barre pontis » (BB1 f88), « computoris » (BB1 f172)…
Elle représente en moyenne chaque année 8% des formules relevées.
Elle représente en moyenne les 2/3 des apparitions comptabilisées.
1423, RCL2 p.44.
1422, RCL1 p.4. Autres exemples : « Cassatum et renovatum die IX aprilis IIII c XXIII », 1422, RCL2 p.30 ; « Mandamentum cassatum est quia non sortitum fuit effectum », 1428, RCL2 p.290.
1426, RCL2 p.199.
« Laniata est presens littera de consensu et preceto Johannis Gonterii, receptoris denariorum communium civitatis lugdun., die jovis sancta XVII aprilis MCCCCXXVI, presentibus Anthonio de Chaponay et Stephano Bersal, alias Labbé, testibus. Actum in operatorio Micheleti Buaterii, per me R. de Mat. », 1425, RCL2 p.153 ; « Littera laniata est de consensu consultum ut constat registro diei XXVII maii CCCCXXXV subsequenti. », 1434, RCL2 p.388 ; « Littera cancellata est de consensu partium, ut constat registro sequenti, concesso die XXV januarii anno predicto », 1434, RCL2 p.408 ; « Laniata est presens litera de consensu Petri Gonterii, receptoris denariorum communium Lugd. anni predicti, et qui de dicta summa computavit in suis computis ipsius anni. Datum in operatio de Brunicart, die sexta februarii MCCCCXXXVII, presentibus ipso Brunicart et Odineo Bigaud, drapperio, testibus », 1435, RCL2 p.442 ; « Laniata est presens littera de consensu P. Gonterii, die sexta februarii MCCCCXXXVII, presentibus Jo. Brunicart et Odineto Bigaud, testibus, et qui Petrus Gonterii de hoc computavit cum erat receptor in anno XXXIIII », 1435, RCL2 p.414.
1424, RCL2 p.101. Voici les deux autres cas : « Cassatum est et renovatur, ut in folio immediate sequente continetur », 1422, RCL2 p.6. ; « Mandamentum renovatum subsequenter, die tercia junii », 1434, RCL2 p.381.
1426, RCL2 p.210.
1423, RCL2 p.43. Autres exemples : « Grossatum est pro P. de Nevro traditum Jo. Bordeti, pro locagio equi. Grossatum est pro Andrea Caprarii », 1426, RCL2 p.172 ; « Littera registrata est penes dictum Gaufridum Janoti et dictos consules, videlicet in dorso litterarum acquisitionis et pensionis », 1428, RCL2 p.279. C’est une façon de rapporter avec quelques détails les dispositions et la forme de l’acte contractuel passé avec le consulat et ainsi de s’assurer contre toute réclamation ultérieure. Langue juridique par excellence, le latin est utilisé volontairement pour renforcer l’authenticité de ces actes et les rendre inattaquables.
1427, RCL2 p.250. Autres exemples : « Mandamentum cassatum est et comprehensum in alio mandamento immediate sequentii », 1435, RCL2 p.442.
S. Lusignan, « La transmission parascolaire du savoir juridique : les arts épistolaires de la chancellerie royale française », Education, apprentissage, initiation au Moyen Âge, Actes du 1er colloque international de Montpellier, 1991, Cahiers du CRISIMA, 1993, t.1, p.249-262.
S. Lusignan, « Le français et le latin aux XIIIe-XIVe siècles : pratique des langues et pensées linguistiques », Annales E.S.C., juillet 1987, n°4, p.955-967.
S. Lusignan, Parler vulgairement. Les intellectuels et la langue vulgaire aux XIII e et XIV e siècles, Presses universitaires de Montréal, 1987, p.9.
S. Lusignan, « Les parlers français et la langue du roi », dans La nouvelle histoire de la langue française, dirigé par J. Chaurand, p.120.
S. Lusignan, « Ecrire en français ou en latin en pays d’oïl : le cas de la chancellerie royale au début du XVe siècle », Ces mots qui sont nos mots, Mélanges d’histoire de la langue française, de dialectologie et d’onomastique offerts au professeur J. Chaurand, Parlure, Institut Ch. Bruneau, Charleville-Mézières, 1995, p.19-31.
1424, RCL2 p.91.
1425, RCL2 p.153.
1426, RCL2 p.175. Autres exemples : « ont esté d’acors de canceller et effacier une lettre par lequel ledit Dole avoit prins la charge de lever ladicte reste dudit aide à quoy ledit Dole, occupé en autres besoingnes, a renuncé », 1435, RCL2 p.415 ; lettre « est cancellée et mise au néant », 1435, RCL2 p.424.
1428, RCL2 p.298. Mutonis = mouton, charge de bois ou de pierre actionnée par le sommet et utilisée pour enfoncer les pieux dans le sol. Palices = paux ou pieux, pièce de bois que l’on enfonce dans le sol et sur laquelle on établit un plancher destiné à supporter les ouvrages de maçonnerie.
S. Lusignan, « Les parlers français et la langue du roi », op.cit., p.121.
1424, RCL2 p.116.
1434, RCL2 p.368.
« Septembris », 1416, RCL1 p.6 ; « Pascha », 1434, RCL2 p.373 (ce terme est indiqué chaque année en marge) ; « desd. arréages il restituera ensemble de ceulx que l’on lui auroit signé à vacat », 1429, RCL2 p.305.
« Lune VI Aprilis ante Pascha MCCCCXXI
Apud Sanctum Jacobus fuerunt ad consilium congregati Enemondus de Syvriaco, Jo. De Nevro, major, Bernardus de Varey, Léonardus Caille, Bartholomeus de Varey, Marines, P. Salati, Guillemus Gonterii, Robertus Curt, Jo. Palmerii, consules, qui ordinaverunt tradi frati gardiano Fratum Minorum Lugduni, pro certa ambassiata pro villa per eum facta, XL libras. tur.
Item quod claves portalis et clausure Sancti Marcelli tradantur Roberto Curt, Pe. De Sancto Bartholomeo et Jaquemeto Torveon, per quindecium dies a data presentium computandas.
Item claves Burgi Novi, Franscisco Luppi et Enemondo Gondini.
Item claves Sancti Georgii, Jo. Pape et Anthonio Audry.
Item claves de Fargiis, Pe. Bulliodi et Petro de Montpancier, paneterio.
Item claves pontis Rodani, Nicecio Greysieu et Stephano Guigo », 1421, RCL1 p.373.
Exemples : « Ilz ont esté d’acors que pour obvier aux inconvéniens et dommaiges qui porroient advenir en la ville pour deffault de bonne garde des clefs des portes de la ville, Pierre Panetier yra tous les soirs clorre la porte de saint-Just et gardera la nuyt les clefs, et le lendemain la retornera ovrir et la lessera de jour aux gardes ; et pareillement fera Léonart Prevost des clefs de saint-George, Estienne Oydel de celles de Bourgneuf, Aynard de Chaponnay de celles de la porte saint-Marcel, Audry Nantuas de la porte du pont de Rosne, et Jehan de Nièvre gardera les clefs des portes et poterles dessus le Rosne », 1418, RCL1 p.107 ; « ilz ont ordonné que pour plus grant seurté de la garde de la ville, Jehan Tiboud gardera les clefs du pont de Rosne pour XV jours, et clorra la porte tous les soirs, et ovrira tous les matins ; Estienne Oydel celles de Borgneuf ; pareillement Raymond Perier celles de saint-George ; Pierre Mulat celles de saint-Just », 1418, RCL1 p.119.