b) Une conservation qui rime plus avec protection que classification.

La conservation des archives est un problème neuf au début du XVe siècle, lié en partie à une prise de conscience encore faible de la valeur commune et de la fragilité des documents : en 1427, Ligier, un envoyé de la ville, explique sans grande émotion qu’il a laissé plusieurs papiers importants de la ville « dans sa chambre à Bourges », sans surveillance et sans penser à les rapporter au consulat 620 . Pendant toute la période il est rappelé fréquemment que les papiers doivent toujours être remis aux archives, afin que cette nouvelle norme de conservation soit assimilée peu à peu 621 .

Le secrétaire en place garde chez lui bien des papiers concernant la ville et ne les rend qu’une fois l’an, voire lorsqu’il abandonne son poste. En effet en 1425, les conseillers acceptent de payer les gages du secrétaire « parmy ce que avant tout euvre je remettray toutes les lettres que j’ay de la ville es arches de Saint-Jaquème » 622 . En 1449, les conseillers demandent à propos d’un mandement que « le procureur de la ville le registre devers soy » 623 . Il n’existe pas vraiment de pièce spécifique dans laquelle les documents seraient rangés et ordonnés. Chacun trie et classe les documents et l’on peut se demander comment font les secrétaires et trésoriers successifs du consulat pour s’y retrouver… D’autant que ce qui est conservé par la municipalité est extrêmement hétéroclite. Il y a essentiellement des documents écrits, mais on trouve aussi des objets très divers, mais qui tous sont des témoignages de la puissance du pouvoir municipal : « l’émail de la ville » 624 , mais aussi les chaînes, les sceaux 625 , les « poys et ballances » 626 pour le pain, les « eschandils à sel » 627 , ainsi que des gages précieux déposés par les particuliers. Les conseillers conservent leur mémoire, les documents qui fondent leurs prérogatives, mais aussi tous les objets qui en sont les signes patents.

La garde des archives est la seule préoccupation des conseillers : la manière dont elles sont conservées dans le consulat est un sujet secondaire. Leur place habituelle est d’être « mise ès arches de Saint-Jaquème » 628 , cependant tous les documents ne s’y trouvent pas puisqu’en 1417 les conseillers chargent « Jehan Gontier et Mathieu Odobert à voir l’estat des III deniers pour livre, et prendront le droit de la ville et l’apporteront à Saint-Jaquème » 629 . « Le droit de la ville » n’est donc pas conservé à saint–Jaquème. Où est-il donc ? Et qui le conserve ? Pour tenter de répondre, il faut d’abord se demander ce que recouvre l’appellation « droit de la ville ». Il s’agit peut-être du recueil des privilèges de la ville, donc du cartulaire de Villeneuve, à moins que ce ne soit un autre document qui reprendrait plus spécifiquement les droits en matière d’impôts des consuls, comme peut le suggérer le travail à réaliser. Quoi qu’il en soit, cet événement est une preuve supplémentaire que tous les documents, notamment les originaux, ne sont pas conservés de façon systématique au consulat, mais que des particuliers en possèdent une partie chez eux, au su de tous et que cela ne choque pas particulièrement les conseillers.

Cette absence d’intérêt pour le mode de conservation des archives est d’autant plus surprenant qu’il est accordé beaucoup d’importance à la pérennité des informations retenues dans la mémoire individuelle. On considère en effet que la mémoire de chaque individu est une sorte de « thesaurus », une pièce de stockage où il convient de garder un maximum d’informations 630 . La mémoire a deux temps : celui de la collecte des informations et celui de leur réutilisation. Il existe à l’époque de nombreux ouvrages sur l’amélioration et la maintenance de la mémoire : l’un des plus célèbres livres arts of memory a été écrit par Marthéolus, physicien de Pérouges 631 . La conservation des archives royales à partir du XIIIe siècle n’implique pas non plus pendant longtemps une quelconque organisation : les actes se trouvent dans la tour des archives du Palais de la Cité, ils ne possèdent ni index, ni tables, ni cotes et sont en vrac dans un coffre, ce qui est une faible garantie contre les rats, les pillages ou les incendies 632 . Les premiers inventaires n’apparaissent pas avant le XIVe siècle : Charles V donne l’impulsion en France ; le pape Urbain V se préoccupe des archives pontificales en 1366, et la monarchie anglaise fait de même en 1381 633 .

Les années 1410-1440 ne renferment que de rares informations sur le mode de conservation des archives. Dans l’église Saint-Jaquème, les documents sont conservés dans une « arche » 634 située près du chœur 635  ; des conseillers en gardent les clefs 636 . Le consulat a conscience de l’importance des documents puisque le coffre a plusieurs serrures pour garantir leur secret et leur conservation. Il existe aussi une « bachasse de pierre » 637 , dans laquelle sont rangées spécifiquement les mesures pour le sel. Il semble qu’il existe une forme de classement des documents : le plus souvent les registres parlent simplement de « l’arche de Saint-Jaquème » 638 , mais en réalité il y a plusieurs arches, puisqu’on a pu retrouver des indications d’achats successifs 639 . Il semble aussi que ces différents coffres renferment chacun un certain type de documents puisqu’il est parfois précisé qu’il s’agit de « l’arche des papiers des tailles à Saint-Jaquème » 640 ou de « l’arche des seaulx » 641 , on justifie aussi l’achat d’une nouvelle arche pour la tenue des « papiers des amodureurs » 642 . Cependant il faut se garder d’une vision trop rationaliste de ces classements, qui semblent pour le moins encore fluctuants : il est dit en effet en 1428 que dans l’arche des papiers des tailles seront rangés les « XIII bos [que Guicher Romanet, serralier] a fait et rendu pour les cheines de la ville » 643 .

Il doit pourtant exister une forme de classement dans ces coffres, les papiers n’y sont pas toujours mis pêle-mêle comme le montre cet extrait :

‘« Ilz ont mis la cédule que bailla Robinet la Playe […] en l’arche qui est à l’entrée du cuer de Saint-Jaques, au quesson devers l’arche du crucefix, en une petite boycte ronde signé dessus AXXI » 644 .’

Les conseillers choisissent une arche précise, identifiée par sa localisation dans la chapelle, à l’intérieur de laquelle se trouve un « quesson » 645 , c’est-à-dire une caisse, dans laquelle se trouve une boîte pour ranger cette cédule. On peut donc penser qu’il y a plusieurs « quessons » dans l’arche, et plusieurs boites dans le « quesson » puisqu’on prend soin de spécifier de quelle boîte il s’agit en indiquant qu’elle est ronde et qu’elle a une sorte de signature. Il est probable que ces divisions correspondent à un classement : le signe sur la boîte ronde, composé d’une lettre de l’alphabet et d’un nombre tend à évoquer des classements tels qu’il en existe dans certaines bibliothèques monastiques. Ainsi, les moines de Saint-Denis ont adopté depuis le XIIIe siècle différents modes de classement 646 , de plus en plus précis : la rédaction de cartulaires dès la fin du XIe siècle en est la forme la plus simple, et l’abbaye de Saint-Denis compile et complète régulièrement son Cartulaire Blanc jusque vers 1300 (ce qui représente près de 2 500 actes). Ceci se double d’une cotation complexe des originaux, à l’aide d’une double annotation dorsale ; plusieurs autres types de classements se succèdent au cours des siècles, parfois utilisant des suites numériques, ou bien un ensemble complexe de lettres et de symboles (croix, écu, points…). Un nouveau classement intervient aux XVe-XVIe siècles 647 , proche dans sa forme de ce que nous connaissons à Lyon : les moines utilisent une cote sur les coffres (un numéro de 1 à 39), et chaque coffre reçoit un sigle, parfois explicite (« chars ») ou parlant (sp = saint Paul) ; le signe est au dos des actes dans un carré, avec un numéro (suite de chaque coffre). Il s’agit d’un ordre méthodique et non pas chronologique ; il est possible que ce type de classement ait été employé à Lyon.

Si l’on considère qu’il existe un classement, même sous forme embryonnaire, il semble impensable que les conseillers n’aient pas cherché à savoir ce que contenaient précisément leurs coffres. Pourtant nous n’avons trouvé que deux allusions à la réalisation d’un inventaire des documents, la première date de 1421 :

‘« ilz m’ont chargé de recovrer de Bererd Jacot le papier des inventoires de la ville et la nouvelle rebriche sur icellui papier derrenièrement faicte, pour les mectre és arches de Saint-Jaquème » 648 .’

Il n’est pas certain que ce « papier des inventoires de la ville » soit celui des archives, il est possible que cela ne concerne que la comptabilité du trésorier de la ville Bererd Jacot. En effet le secrétaire évoque en 1419 un « inventaire du sel » qui correspond semble-t-il à la liste des « salletiers » de la ville et à leur vente de sel 649 . Mais quoi qu’il en soit, le secrétaire a la charge de récupérer les papiers de la ville qui ont pu être réalisés : le verbe « recovrer » ne laisse aucune ambiguïté sur le fait que ces papiers n’appartiennent pas au trésorier, qu’ils sont en ses mains en raison de ses fonctions. Le secrétaire est aussi chargé de prendre la « nouvelle rebriche » effectuée par Jacot : ce terme de « rebriche » 650 est particulièrement intéressant. Il signifie que Jacot a réalisé une nouvelle rédaction de ces papiers, en les présentant de façon plus nette, en indiquant des « rebriches », c’est-à-dire des titres pour séparer différentes rubriques. Il n’est pas certain que cet extrait prouve qu’il existe un inventaire des documents de la ville, mais il souligne que des efforts sont faits pour mieux identifier et rédiger les papiers de la ville.

La seule allusion indéniable à un inventaire général des archives a été relevée en 1447 : parmi les attributions des nouveaux conseillers, ces derniers se doivent « aussi de visiter les arches de Saint-Jaquème et de reffere s’il est nécessaire et y leur soit possible, les inventoires et répertoires des privilèges, instrumens et autres documens estans esdites arches » 651 . Il existe donc « un inventoire » et un « répertoire » des archives puisque le consulat cherche à les mettre à jour. Il est probable qu’un classement minimal de ces documents ait été réalisé pour les besoins quotidiens du consulat. Ce qui semble surprenant, c’est que le secrétaire ne soit pas chargé de refaire « si nécessère » ces inventaires : c’est le rôle des conseillers, comme si eux seuls pouvaient accéder à la totalité de la mémoire du consulat, alors que le secrétaire ne serait dépositaire que de la mémoire du temps où il officie.

Il faut donc attendre la fin des années 1440 pour que soit évoqué un inventaire des archives de la ville, et parallèlement c’est aussi seulement en 1448 que les conseillers se préoccupent de trouver un lieu pour les archives qui soit distinct de celui des réunions du consulat. L’endroit où conserver les documents est choisi pour sa proximité avec le lieu de réunion, c’est pourquoi les conseillers demandent à louer le « compteur », c’est-à-dire le comptoir des Chaponay qui se trouve au-dessus de la chapelle Saint-Jaquème 652 . Ce changement d’attitude n’est cependant que partiel : en effet, il n’est jamais envisagé de construire un nouveau bâtiment pour mettre les archives, ce qui soulignerait symboliquement leur appartenance à la ville seule. Au contraire, le consulat choisit de louer une pièce 653 qui appartient à une grande famille lyonnaise de drapiers, dont plusieurs membres ont été conseillers 654 , ce qui met symboliquement les papiers de la ville aux mains des Chaponay, ou du moins sous leur patronage, d’autant que la chapelle saint Jaquème leur appartient aussi 655 . Le consulat, comme ses papiers, n’ont pas de lieu d’existence véritablement indépendant : des particuliers, proches du pouvoir, qui l’exercent parfois, le contrôlent, donnant l’impression qu’il n’existe pas vraiment de frontière entre un local privé et le siège du pouvoir, ni entre leurs documents et ceux de la ville. Cette collusion qui originellement découle des efforts de ces élites pour obtenir un statut de bonne ville, apparaît un siècle plus tard comme un signe inconscient de faiblesse : la construction d’un véritable pouvoir municipal passe par la création d’une autorité indépendante, nettement dissociée, du moins en apparence, des groupes qu’elle dirige. Ces traits présentent le consulat lyonnais non comme le représentant de la ville de Lyon mais comme celui des marchands de Lyon.

Des mesures sont prises pour veiller à ce que personne ne vole les papiers de la ville. La mise sous clés est la première des mesures : les coffres sont fermés en permanence et les clés sont confiées à des conseillers en place 656 , qui les rendent à leurs successeurs à chaque nouvelle élection. Le secrétaire prend toujours soin de noter cette passation de pouvoir qui s’accompagne de celle des clés des archives : symboliquement le pouvoir se transmet aussi par la garde de la mémoire commune 657 .

Les conseillers gardent donc les clés des arches des papiers de la ville ; il est très rare que le secrétaire soit aussi désigné pour cette tâche 658 . D’une manière générale elles ne lui sont pas confiées ; les conseillers sont chargés de prêter les papiers, pas le secrétaire, qui est chargé de les rédiger 659 . Le secrétaire tient encore une place secondaire au sein du consulat, on ne lui fait pas encore totalement confiance. Cette manière d’agir peut être en rapport avec le cartulaire rédigé par Etienne de Villeneuve : l’initiative de ce cartulaire a été prise par un conseiller, non par un secrétaire de la ville. Il est possible que le rapport « charnel » aux documents de la ville soit encore considéré comme un privilège consulaire, comme à l’origine de la commune. Le secrétaire n’est qu’un agent subalterne, un technicien de l’écrit ; les conseillers revendiquent un rapport plus noble avec la mémoire urbaine, dont ils se considèrent comme les dépositaires.

La garde des papiers de la ville inquiète les conseillers, c’est pourquoi ils prennent des mesures supplémentaires en 1426 pour assurer leur conservation :

‘« ilz ont ordonné que l’on face mettre une serraille à Saint-Jaquème, attendu que le plus du temps la chapelle demore de nuyt overte, dont grant péril s’en puet ensuir, attendu que toutes lettres et privilèges de la ville y sont » 660 .’

Les coffres sont fermés sous bonne clé, or cet épisode nous révèle que Saint-Jaquème n’est jamais fermé de nuit, et que n’importe qui pourrait venir s’emparer d’une partie des papiers de la ville pour son propre usage ou pour nuire à la cité. Cette situation est plutôt bizarre, mais peut-être cela tient-il au lieu, une chapelle, qui doit être toujours ouverte ; d’ailleurs le fait de vouloir mettre une serrure à la porte, dans un souci de sécurité, ne fait pas l’unanimité parmi les notables. En effet les propriétaires de la chapelle, « Anthoine, Aynart et Jehan de Chaponay se sont plains » 661 auprès du bailli de cette initiative. Cette intervention dénote très clairement leur volonté de peser sur la destinée du consulat en maîtrisant son lieu de réunion et l’endroit où sont stockés les papiers de la ville. Les Chaponay n’ont pas plus accès au consulat que les autres notables s’ils ne sont pas consuls, mais symboliquement ils hébergent l’institution : mettre une serrure à la porte de la chapelle, et certainement confier la clé à l’un des conseillers les empêchent d’entrer librement dans leur bâtiment, donc de savoir ce qui se passe au consulat.

Les écrits du consulat sont connus dans les registres par quelques éléments : matériaux pour leur réalisation, nombre de pages, signature, sceau. Le parchemin n’est utilisé que pour les pages de garde ou pour quelques documents prestigieux, le papier et la cire pour les sceaux sont régulièrement commandés et forment les fournitures élémentaires du matériel des scribes 662 . Par contre, le volume du document est souvent noté avec précision : ces indications se bornent parfois à donner un nombre de « quayers » 663 ou de « rolles » 664 , mais généralement le nombre de pages est mentionné 665 . Ce aspect semble très important puisque le secrétaire n’hésite pas à indiquer que telle demande est « contenue en demy feuillet de papier » 666  ; il spécifie aussi comment il compte les pages : « laquelle appellacion contient cinq cours de papier ou deux feuilles et demi » 667 . Plusieurs raisons expliquent ce soin : le comptage permet de reconnaître les documents conservés au consulat, d’où la minutieuse description de certaines pièces comme ces « informacions contenant huit peaulx de parchemin ras en XVI feuillez » 668 . Les titres sont en effet très rares et ne concernent que des registres volumineux, de plus c’est généralement sur la première page et non sur la couverture du document qu’ils apparaissent. Les comptes rendus ne renferment que deux allusions à ces titres, l’un en tête d’un des registres de la municipalité : « ce sont les registrez de la mayson de la ville de Lyon » 669  ; l’autre évoqué dans un compte rendu de séance : « les vaillans de ladite ville et terreur (sic) d’icelle » 670 .

Cette manière de procéder est peut-être aussi une garantie lors des prêts des documents : on peut ainsi vérifier qu’il ne manque pas de page quand ils sont rendus, ce qui évite toute suspicion et contestation. C’est d’autant plus nécessaire que certains documents sont en plusieurs morceaux : s’il arrive que certains ajouts soient mis en marge ou copiés à la fin d’un document 671 , il est aussi courant que des pièces justificatives soient simplement « attachées » 672 aux documents auxquels elles se rapportent. Il faut donc prendre soin de joindre ensemble ces papiers pour qu’ils aient toute leur validité ; si cette manière de classer permet de retrouver facilement les justificatifs de certaines décisions, il est évident qu’il faut avoir une bonne description du document s’il est prêté, pour être sûr que rien ne manque lors de sa restitution. Ce classement privilégie la connaissance d’éléments individualisant et différenciant chaque pièce d’archives, plutôt qu’une cote qui dirait sa place dans un ordonnancement planifié.

Il ne faut pas non plus oublier que ces indications permettent d’évaluer le travail que représente un document rémunéré, surtout lorsque le rédacteur est payé à la page. Ainsi le secrétaire compte et numérote lui-même certains documents qu’il refait pour être sûr d’avoir ses justes émoluments : les conseillers reconnaissent ainsi « IIIIc XXIII fueilles de papier à XX deniers tournois pour chacun fueillet que ledit procureur a escript en la fin des comptes originaulx » 673 . Enfin il n’est pas impossible que ces hommes ressentent une sorte de fascination pour le document en lui-même.

Outre le nombre de pages, la signature est un élément essentiel du document 674 . C’est un signe d’authentification et de véracité : ce qui est signé sera réalisé ; cela implique qu’il y a connaissance du document par le consulat qui reconnaît sa valeur exécutoire. Ainsi le mandement pour les gages du secrétaire doit toujours être signé par l’un des conseillers 675 . Cette nécessité implique parfois une certaine gymnastique pour qu’un document soit reconnu et validé :

‘« je rebaillay audit Audry Nantuas les quatre roulles dont dessus est faicte mencion, pour ce que feist signé les confessions des ovriers et des parcelles escriptes en iceulx par le notaire, en la qui présence il a fait les paiemens contenuz esdits roulles. Lesqueulx quatre roulles ledit Audry me rebailla le vendredi XII septembre pour fere ses mandemens, lesqueulx incontinent je lui feis et les ly rendiz signés de ma main » 676 .’

C’est le sésame pour se voir rétribué pour un travail, sans cela le document ne vaut rien. Au début du siècle l’apposition de la signature est un signe distinctif, une preuve d’éducation ainsi que le soulignent les expressions « signé du seing manuel » 677 , « soubz le seing manuel du procureur de la ville » 678 , « signez de la main de Raoulin de Mascon, lors procureur de ladite ville » 679 … Pour être valable un document doit aussi être scellé, les conseillers insistent toujours pour que les papiers, même les moindres quittances adressées à un particulier soient « seellées du seel de la ville et signées » 680 .

Le sceau, la signature, le nombre de pages sont des éléments extrêmement importants aux yeux des consuls parce que ces précisions leur permettent d’abord de se faire une idée sur le document, sur sa valeur, sur le travail qu’il représente ; mais aussi parce que ce sont des signes d’authentification et de garantie. Enfin, ils constituent la seule identité du document en l’absence de classement.

Notes
620.

« Quant ledit Ligier aura rendu les lettres vielles desdits barre et Xe [du vin] et aussi les minutes desdites provisions contre ledit Bérert, qu’il dit avoir lessié en sa chambre à Bourges, l’on le satisfera entièrement du résidu », 1427, RCL2 p.240.

621.

« Ilz ont ordonné que l’on contraigne Nisié Greysieu à baillier et mectre à Saint-Jaquème ses registres du temps qu’il a esté procureur de la ville », 1419, RCL1 p.189. Nisié Greysieu a été secrétaire de la ville entre 1415 et 1416, après le renvoi de Belmont. « Ilz ont comandé à Michel Buatier qu’il me baille les registres de Saint-Jaquème que lui baillèrent les autres conseilliers leurs prédécesseurs », 1433, RCL2 p.356.

622.

1425, RCL2 p.136.

623.

1449, RCL2 p.607.

624.

1426, RCL2 p.182.

625.

1427, RCL2 p.236.

626.

1417, RCL1 p.40.

627.

1416, RCL1 p.17. Ce sont les mesures pour le sel.

628.

1416, RCL1 p.9 ; 1419, RCL1 p.182.

629.

1417, RCL1 p.86.

630.

M. Carruthers, The book of memory. A study of memory in medieval culture, Cambridge University Press, 1990, 2ème réédition 1993, p.33.

631.

Mathéolus donne de nombreux conseils pour la mémoire : il faut notamment un corps sain, c’est une aide pour avoir une bonne mémoire ; idem pour la tempérance, tant face à la boisson qu’au sexe ; plus des purges, des régimes spéciaux. M. Carruthers, op. cit., p.50.

632.

Ces archives sont aussi souvent lacunaires car les archives des rois de France ont été longtemps ambulantes : par exemple Philippe Auguste perd les siennes en 1194 dans la défaite de Fréteval face à Richard Cœur de Lion.

633.

J. Le Goff, Histoire et mémoire, Gallimard, Paris, 1977, réédition 1988, p.140.

634.

C’est-à-dire dans un coffre.

635.

« … en l’arche de l’entrée du cuer », 1417, RCL1 p.40.

636.

« Jehan Tiboud, jadiz conseiller, a rendu les trois clefs des arches de Saint-Jaques », 1417, RCL1 p.38.

637.

1416, RCL1 p.17.

638.

1426, RCL2 p.182.

639.

« Ilz ont ordonné que l’on achète une arche pour tenir les papiers des amodureurs à Saint-Jaquème » (coût : 2 francs 2 gros), 1423, RCL2 p.55.

640.

1428, RCL2 p.295.

641.

1428, RCL2 p.273.

642.

1423, RCL2 p.55.

643.

1428, RCL2 p.295.

644.

1417, RCL1 p.39.

645.

Mot provençal.

646.

O. Guyotjeannin, « La science des archives à Saint-Denis (fin XIIIe siècle-début XVIe siècle) », Saint-Denis et la royauté. Etudes offertes à B. Guenée, Publication de la Sorbonne, Paris, 1999, p.339-353.

647.

O. Guyotjeannin, « La science des archives… », op. cit., p.350.

648.

1421, RCL1 p.321.

649.

1419, RCL1 p.187.

650.

« Rebriche » c’est-à-dire « rubriche » ou « rubrique » : du latin rubrica, terre rouge. Désigne originellement les titres en lettres rouges des missels.

651.

1447, RCL2 p.560.

652.

« Ilz ont conclu et esté d’accord que qui pourra avoir de Jehan de Chaponay, son compteur, lequel est au-dessus de Saint-Jaquème, pour tiltre de loage ou d’achat, que on le pregnie et retienne pour retraire les lettres, instrumens et autres documens et pour les autres affaires de ladite ville et de ce et pour en appoincter avec ledit de Chapponay ont donné charge audit de Villenove », 1448, RCL2 p.570.

653.

Il ne s’agit pas vraiment d’une location mais d’un accord un peu spécial comme le montre le contrat de cette transaction inserré par le secrétaire dans les registres : « Anno domini millesimo quatercentesimo quadragesimo octavo et die martis vicesima octava maii, in notarii et testium subscriptorum presentia, honorabiles viri Aynardus de Villanova, Franchus Caillie, Paquetus Lescharron, Johannes Brunicardi, Petrus Turini, Petrus Thomassini et Giletus de Chaveyriaco, cives et consules hujusmodi civitatis Lugdun., nomine esjusdem communitatis, hinc, et honestus vir Johannes de Chapponay, burgensis Lugd., inde, egerunt et agunt inter se ad invicem ut sequitur, videlicet quod idem de Chapponay tradit, cedit et remittit, titulo et nomine locagii, dictis consulibus presentibus, nomine et ad opus dicte communitatis, et pro titulis, litteris, privilegiis et alias documentis ejusdem civitatis conservandis, videlicet quoddam membrum domus ejusdem de Chapponay, appellatum le conteur, situm et existentem desuper cappellam Sancti Jacobi, hinc ad instans festum nativitatis beati Johannis Baptiste et a dicto festo usque ad et per duos annos inde sequentes et continuos, et hoc pro quota et porcione ejusdem de Chapponay loco precii, videlicet tailliarum imponendarum in hujusmodi civitate Lugdun., pro domino nostro rege Franchorum et ejus gentibus armorum, videlicet die dominica proxime lapsa, imposita. Quas taillias prenominati consules, in compensatione et satisfacione locagii dicti membri, dicto Chapponay presenti ex nunc quittant et remittunt, mandantes receptoribus et collectibus earumdem tailliarum quatinus ispsum Chapponay et suis de eisdem quotis dicti de Chapponay dictarum tailliarum de tempore predicto imponendarum ; dictaque taillia imposita, premissorum occasione, quittum teneant, cum promissionibus hinc inde factis, submissionibus, renunciationibus et clausulis opportunis. Datum Lugduni in dicta domo dicti Chapponay dicto membro, anno et die predictis, presentibus Mileto Blondelet, campsore, et Petro Archimbaudi, testibus. Dictus Chapponay habuit duplum », 1448, RCL2 p.574-575.

654.

Plusieurs membres de cette famille ont été consuls au XIVe siècle ; pour la période qui nous intéresse, on peut citer : Aynard, conseiller en 1417, 1418, 1423 et 1432 ; Jean, neveu d’Aynard, conseiller en 1432, 1436 et 1439.

655.

Gaspard de Chaponay aurait fondé la chapelle en 1222. Le titre de cette pseudo fondation est conservé aux Archives départementales du Rhône (44 J 800) : cité par M. Ollion dans Les fonds de la famille Chaponay. Sous série 44 J, Lyon, 2002.

656.

Exemples : « ilz ont baillé les clefs des arches de Saint-Jaquème à Pierre de Nièvre et Michelet Buatier (conseillers) », 1423, RCL2 p.42 ; « ilz ont baillé les clés des arches à Bernert de Varey et Estienne Guerrier (conseillers) », 1426, RCL2 p.182. On peut faire un parallèle entre la garde des clés des archives et celles de la ville : là aussi ce sont les conseillers qui s’en chargent en temps de troubles. « Ilz ont ordonné que Barthélemy de Varey et Jehan Baronnat garderont secrètement les clefs de Saint-Georges et des Forges, afin que nul ne saiche qui les a, attendu le grant nombre de gens d’armes qui sont tout autour de ceste ville », 1434, RCL2 p.404. La sauvegarde physique de la ville, tout comme la sauvegarde de sa mémoire et de son identité appartiennent aux conseillers : il est impensable qu’ils puissent déléguer ces fonctions à d’autres.

657.

Exemples : « Jehan Tiboud, jadiz conseiller, a rendu les trois clefs des arches de Saint-Jaques », 1417, RCL1 p.38 ; « Poncet de Saint-Barthélemy leur a rendu la clés de l’arche des seaulx, et l’a retenu Bernert de Varey par devers lui et moy l’autre », 1428, RCL2 p.273.

658.

1428, RCL2 p.273.

659.

« Ilz ont commandé à Jaquemet Torvéon et Jehan de Durche, qui ont la clef des arches de Saint-Jaques, qu’ilz baillent à Loys Chapuis et Aymé du Nièvre, auditeurs des comptes de Nantuas, tout ce qui sera es dites arches qui leur fera besoing pour vériffier les comptes », 1419, RCL1 p.155.

660.

1426, RCL2 p.187.

661.

« Les conseillers ont conclus d’ester à l’ordonnance de monseigneur le bailli sus la serraille nouvellement mise à la porte de Saint-Jaquème, dont Anthoine, Aynart et Jehan de Chaponay se sont plains », 1426, RCL2 p.200.

662.

Mandement « pour dix quers papier et pour cire roge », 1421, RCL1 p.347.

663.

« … pour IV quayers papier », 1417, RCL1 p.94 ; « laquelle copie contient près de II quayers de papier », 1425, RCL2 p.82 ; « pour les papiers de ladite taille et pour le double d’iceulx que j’ay fait faire, contenans environ IV quayers papier », 1427, RCL 2 p.222.

664.

« Comme se contient en quatre rolles de papier », 1417, RCL1 p.72.

665.

Jean Paterin fait réponse d’une appellation : « laquelle contenoit environ XV feuilles de papier », 1418, RCL1 p.99 ; mandement pour Guillaume Prévost, « pour XXIV fueilles de papier que ledit Guillaume Prévost employa esdites escriptures, tant en minute comme en grosse », 1420, RCL1 p.248 ; informations : « lesquelles contiennent XIV feuilles papier d’original », 1420, RCL1 p.251 ; requête « contenant VI fueilles de papier », 1420, RCL1 p.271 ; « lesqueulx extrais contiennent LIII fueilles de papier, lequel mandement doit signer Jehan Jehannont », 1429, RCL2 p.305…

666.

1419, RCL1 p.147.

667.

1417, RCL1 p.24.

668.

1419, RCL1 p.204.

669.

1425, BB2 f1.

670.

1448, RCL2 p.583.

671.

C’est le cas d’un « priffait » dont Audry Nantuas doit « [faire] ensérer la nocte en ses comptes », 1418, RCL1 p.97.

672.

Liste de personnes : « nommés en ung rolle de papier qui s’atachera audit mandement », 1418, RCL1 p.121 ; « déclarrés en un rolle de papier auquel ce mandement sera actaché », 1420, RCL1 p.250.

673.

1422, RCL1 p.357.

674.

Voir à ce sujet B. Fraenkel, La signature : genèse d’un signe, Paris, Gallimard, 1992.

675.

Mandement pour les gages du secrétaire : « le me doit signer Bertrant Payan ou Garbot » (qui sont tous deux conseillers), 1434, RCL2 p.389.

676.

1416, RCL1 p.5.

677.

« Une cédule de parchemin signé du seing manuel de feu Aynard de Villenove », 1417, RCL1 p.36.

678.

Vote d’une aide de 200 royaux au roi, « lesqueulx se escripront en rolles de dispense, ainsi qu’ilz se distribueront soubz le seing manuel du procureur de la ville », 1434, RCL2 p.374.

679.

« … leur a exhibé deux mandemens signez de la main de Raoulin de Mascon, lors procureur de ladite ville », 1449, RCL2 p.628.

680.

1424, RCL2 p.97. Autre exemple : on évoque la quittance d’une taille, « que l’on la seelle du scell de la ville », 1434, RCL2 p.404.