Les années 1460-1480 correspondent à l’entrée au consulat de juristes plus nombreux, puisque docteurs et licenciés en droit sont majoritaires dans le groupe des hommes de loi. C’est d’ailleurs à cette époque que paraît la Complainte de François Garin, ancien conseiller, marchand ruiné, qui apporte un témoignage édifiant sur la conception marchande de l’éducation, de la culture, donc de ce qui est nécessaire pour briguer des fonctions importantes en ville 1305 . L’arrivée de ces juristes plus nombreux parmi les consuls, incite peut-être des hommes comme Garin à revendiquer leur différence, pour affirmer une identité propre aux marchands. Il est l’un des rares Lyonnais qui ait pris la plume, dans le but de raconter ses malheurs, sa ruine et de donner des conseils à son fils. La culture du marchand est avant tout utilitaire : on est loin des conceptions pédagogiques des marchands humanistes italiens de la même époque 1306 . Pour Garin l’éducation doit permettre de savoir bien compter pour tenir correctement tous les comptes 1307 , il reste par contre très suspicieux à l’égard de toute curiosité intellectuelle qui détournerait d’occupations plus pratiques, et surtout il met en garde son fils contre toute passion excessive pour les livres 1308 . Garin traduit la mentalité des hommes de son milieu : il n’est pas parmi eux d’esprit cultivé et les arts libéraux, l’art de bien s’exprimer qui sont l’apanage de l’éducation des juristes, sont jugés très sévèrement et inspirent beaucoup de méfiance 1309 . Seule l’arithmétique trouve grâce aux yeux du Lyonnais du fait de son utilité pour les marchands 1310 . Il est probable que les marchands goûtent davantage les fêtes et les spectacles plus populaires : mystères, farces ou moralités. Garin représente l’éthique marchande, la bonne morale traditionnelle 1311 . R. Fédou n’hésite pas à dire « la culture nulle chez les marchands » 1312 : rares sont ceux qui affichent une ambition intellectuelle pour leurs fils, les Thomassin, les Porte ou les Varinier sont des exceptions, on n’envoie pas ses enfants faire des études supérieures car elles coûtent cher 1313 , et elles détournent du métier de marchand. Mais le jugement de R. Fédou est un peu sévère, François Garin malgré ses récriminations contre la culture trahit tout de même une connaissance de certains classiques dont il s’est inspiré pour rédiger sa complainte. Tout le passage sur sa ruine, sur la versatilité de la Fortune fait référence à deux classiques, La consolation philosophique de Boèce, ouvrage très courant en langue vulgaire, et le Livre de l’Espérance d’A. Chartier. Les conseils qu’il donne à son fils font penser aux Distiques de Caton ; quant à sa critique du clergé luxurieux, simoniaque et cupide qui clôt son texte, elle reprend les mêmes attaques que celles contenues dans le Roman de la Rose 1314 .
La culture littéraire de François Garin fait de lui un marchand fort atypique : aucune mention de livres dans les testaments conservés des marchands du consulat n’a pu être retrouvée 1315 . Il est probable que ces hommes possédaient des livres d’édification ou une Bible mais rien ne permet de l’affirmer sans conteste. La plupart des bourgeois et des marchands ne possèdent souvent qu’un volume, constitué par la mise bout à bout de textes disparates. Par exemple, Pierre Euvrard, notaire franc-comtois, possède vers 1450 un manuscrit qui combine calendrier local, tables astrologiques, prières, régime médical en temps de peste, recettes d’alchimie ou de cuisine ; ce livre est un véritable concentré de bibliothèque, composé par son propriétaire comme un aide-mémoire pour régler sa vie quotidienne 1316 . Ces « livres de maison » sont fort répandus en Allemagne (Hausbücher) 1317 ; à la même époque les marchands florentins consignent dans leurs livres de comptes les évènements familiaux et de multiples documents (ricordanze 1318 ) ; ils ont aussi leur équivalent dans les livres de raison des bourgeois limousins 1319 . Mais rien de tel ne nous est parvenu pour les marchands lyonnais.
Seuls les juristes semblent posséder des bibliothèques 1320 , dont leurs testaments donnent quelque idée 1321 . Nous reprenons ici les résultats fournis par R. Fédou 1322 . Les juristes sont bibliophiles, les plus riches d’entre eux accordent une grande importance à l’aspect du livre : Jean II Le Viste décrit la couverture verte d’un de ses volumes, les fermoirs à ses armes de son bréviaire 1323 . Les livres se transmettent de père en fils, ou restent en tout cas dans la famille : Jean II Le Viste indique qu’il a hérité certains de ses ouvrages de son père ; début XVIe siècle, la bibliothèque de Claude de Bellièvre est constituée par des apports de plusieurs générations 1324 . Les premières acquisitions de livres sont liées vraisemblablement aux études du juriste : ces ouvrages spécialisés ne se trouvaient pas à Lyon mais s’achetaient dans les villes universitaires. Les livres coûtent cher 1325 : la possession d’une bibliothèque est un luxe et seuls les plus riches peuvent se vanter de posséder 30 ou 40 volumes 1326 . Il est probable que ce « placement » intellectuel ne coïncidait pas avec la mentalité marchande d’une partie du consulat.
Les livres que possèdent les juristes peuvent se classer en trois rubriques : livres de droit, de culture générale et de piété. La majorité des testateurs se contente d’évoquer libri tam juris canonici quam civilis, mais certains donnent quelques titres, ce qui permet de constater que ces juristes, majoritairement civilistes, possèdent cependant de nombreux ouvrages de droit canon : dans une ville où la justice ecclésiastique est toujours puissante, ces connaissances sont une nécessité. Pour ce qui concerne les livres de culture générale, les informations trouvées sont encore plus succinctes, il semble cependant que les grands classiques de la littérature médiévale aient été connus et appréciés, comme le « roman de Lancelot et du Saint Graal » et d’autres « romans en français », ainsi que quelques livres d’histoire comme les chroniques pontificales de Bernard Gui. Il apparaît que le goût pour les œuvres antiques commençait à se répandre dans les familles de juristes formés en Italie : Claude Bellièvre possède des ouvrages de Térence, Cicéron et César, rapportés par lui-même ou son père et son grand-père ; Le Viste lègue L’Ethique d’Aristote, Paterin Les épîtres de Sénèque. Ces juristes sont les intellectuels de la société lyonnaise de l’époque, mais les cas cités ne sont représentatifs que d’une petite fraction de ces lettrés. Beaucoup sont loin d’être aussi riches et il est vraisemblable que leurs « bibliothèques » ne se composaient que de quelques ouvrages de droit et de piété.
Ces hommes ne sont pas devenus des écrivains : il est vrai que l’on ne trouve pas d’écrits personnels émanant d’eux, contrairement aux patriciens italiens de la même époque. Seuls deux juristes devinrent des auteurs, expatriés à Grenoble : Mathieu Thomassin et Gui Pape. Thomassin rédige le Registre delphinal, à la demande du dauphin Louis II, à partir de 1448 1327 . Mais à partir des années 1460, le retour de la prospérité, l’influence de l’Italie et surtout l’apparition de l’imprimerie 1328 jouent un rôle décisif dans la formation culturelle des élites lyonnaises. Barthélemy Buyer, juriste de formation, introduit l’imprimerie à Lyon dans les années 1470 1329 ; à sa mort en 1483, ses affaires sont reprises par son frère, tuteur de son fils, qui se lance dans l’édition. L’œuvre majeure de Buyer est d’avoir sorti le Commentaire de Bartole sur le Corpus juris civilis, grâce dit-il dans la préface, à « cinq jurisconsultes éminents, personnages et docteurs très éloquents et très célèbres » : Laurent Paterin, Jean Palmier, François Buclet, André Garnier et Clément Mulat. Tous ont figuré comme consuls de la ville : on comprend ainsi toute l’importance et l’influence culturelle qu’ils ont pu avoir au sein du consulat.
Le nombre croissant de juristes et l’influence grandissante du notaire-secrétaire font entrer au consulat une nouvelle manière de concevoir l’éducation, mettant en avant qu’une certaine culture est nécessaire pour gouverner la ville. Cette façon de penser, différente de celle des marchands du consulat transparaît dans les registres : pour la première fois on parle des aides allouées aux maîtres d’école de la ville, des exemptions pour les étudiants dans les universités. Contrairement à la période précédente, les registres font de nombreuses allusions entre les années 1450 et 1480 aux écoles, ainsi qu’à l’aide que donne le consulat pour leur entretien. Suivant les années les enseignants portent le titre de « maistres » 1330 ou de « recteur des escolles » 1331 ; quelques détails sont parfois donnés sur leurs compétences, l’un est dit « scolastique » 1332 , l’autre « maistre en ars » 1333 . On ne sait pas vraiment si plusieurs maîtres exercent en même temps 1334 , ni si ces écoles sont très fréquentées. Les maîtres changent aussi très fréquemment : chaque allusion qui est faite au consulat concerne un homme différent 1335 . Il existe aussi parfois d’autres personnes qui enseignent l’écriture et la lecture aux enfants : « ont quicté et remis à maistre Jehan Haupenille, escripvain, l’impost à quoy il a esté mis et imposé es tailles que liève Jaques Cotin, actendu et considéré qu’il n’a aucuns biens, ou bien peu et qu’il ne se mesle fors seulement de apprendre les enfans à escripre » 1336 . Les subventions versées par la municipalité concernent uniquement la location du lieu où se tient la classe 1337 , rien n’est prévu pour le salaire du maître ou pour des fournitures. Le consulat donne ces aides tout en faisant des remontrances aux maîtres, sous-entendant qu’ils ont des devoirs envers lui, qu’ils doivent être « plus enclin et ententif à instruire et endoctriner les enfans de ladite ville » 1338 pour mériter ces subsides et ceux des années à venir.
Contrairement à la période précédente, les registres indiquent aussi régulièrement le cas d’étudiants exemptés d’impôts. Lors des années 1410-1440, ils n’étaient jamais mentionnés. Ce changement d’attitude traduit l’intérêt nouveau que les conseillers leur portent : d’abord parce que parmi les consuls, le nombre des juristes augmente et que ces derniers se sentent concernés par ces cas ; mais aussi parce que certains marchands se rendent compte de l’importance de ces études et du pouvoir de ces jeunes à Lyon à leur retour 1339 . Fierté et reconnaissance pour les uns, inquiétude pour les autres, tels sont les sentiments qui président à ces notations. Ces étudiants suscitent un véritable intérêt, il est rare que l’on ne note pas dans quelle université ils sont inscrits 1340 . Ainsi parmi les universités les plus fréquentées, d’après les registres, on trouve Paris 1341 et Avignon 1342 , mais aussi Orléans 1343 , Turin 1344 ou Toulouse 1345 . Ces notations concernent essentiellement les années 1450-1460 : cette période étant aussi celle où les juristes sont plus nombreux, il est probable qu’ils mettent en avant des centres d’intérêt qui leur sont propres. Ces aspects existaient auparavant, mais étaient marginalisés et ne figuraient que dans les documents fiscaux. En leur donnant de l’ampleur et en en faisant des sujets évoqués dans le consulat, les juristes affirment et revendiquent une culture différente de celle des marchands, et tentent peut-être de la promouvoir.
Cette hypothèse est étayée par un épisode particulier : en 1462, une assemblée fait figurer parmi une liste de demandes à faire au roi, la possibilité « d’obtenir dudit sire ung parlement qui pourra repeupler et entretenir ladite ville » 1346 . Il s’agit donc d’un débouché pour les grands juristes qui leur éviterait de partir en Dauphiné, en Savoie ou à Paris. En revanche les participants à la réunion s’abstiennent de demander une université : il est vrai qu’en 1453 certains consuls, juristes, n’avaient pas trouvé d’échos favorables à leur proposition parmi leurs compagnons, tous marchands 1347 . Cette obtention d’un parlement pourrait servir le consulat, la proximité d’une telle institution simplifiant nombre de démarches et inquièterait peut-être moins les marchands que l’obtention d’une université, qui ferait de Lyon une ville universitaire plutôt qu’une ville de foires. Mais peut-être que d’autres arrière-pensées gouvernent ce choix : les juristes envoient déjà par tradition leurs enfants dans les universités au loin, la présence d’une université à Lyon pourrait donner des idées à des marchands…
La complainte de François Garin, marchand de Lyon (1460), édition critique, PUL, 1978. François Garin est pelletier et changeur ; il a été maître des métiers pour les changeurs en 1448 et 1456 et consul en 1459. Cette complainte de 2 300 vers est divisée en 3 parties : des vers 1 à 376, il raconte sa ruine et l’ingratitude de ses amis ; des vers 377 à 1 180, il donne des conseils à son fils, notamment sur l’éducation que doit recevoir le bon marchand ; enfin des vers 1 181 à 2 316, il se livre à une critique vigoureuse du clergé.
Ch. Bec a montré que les marchands florentins sont des écrivains. A travers leurs écrits ressort la pédagogie de ces marchands : la primauté est accordée à la formation pratique, mais une grande importance est attachée à la culture classique. L’Antiquité est valorisée parce que les auteurs anciens enseignent la vertu, indispensable au magistrat. Comme le dit Moreli dans ses Mémoires : « une fois que tu auras quitté l’école, fais en sorte, chaque jour durant une heure au moins d’étudier Virgile, Boèce, Sénèque ou d’autres auteurs comme à l’école (…). Tu pourras passer des heures avec Cicéron qui t’enseignera à parler parfaitement, avec Aristote qui t’apprendra la philosophie » (p.292-293). Ces marchands possèdent aussi des bibliothèques : on trouve d’abord des livres religieux ; des livres techniques (manuels de pratiques commerciales) ; des livres de droit ; quelques livres de médecine. De nombreux ouvrages sont en langue vulgaire : Ch. Bec a trouvé La Divine Comédie, même dans les bibliothèques les plus petites, et parfois Le Décameron. En majorité, les bibliothèques sont modestes mais variées, il y a un véritable souci d’ouverture d’esprit (p.408-411). Ch. Bec, Les marchands écrivains : affaires et humanisme à Florence (1375-1434), Paris-La–Hayes, 1967.
« Tes fils fais à l’escole apprendre
avec bon maistre qui bien sache » (v.929-930)
« … premier que tu dois apprendre
a bien nombrer, car c’est la voye
pour plus tost savoir et entendre
le compte d’or et de monnoye » (v.1077-1080).
« D’acquerir science nouvelle
ne vueilles estre curieux » (v.1089-1090)
« Lire ystoire et beaulx livres
c’est ung passe temps gracieulx ;
tant ne liras que tu t’enivres,
plusieurs s’i font bien malheureux,
trop les aymer n’est pour le mieulx
a gens qui suyvent marchandise,
penser leur fault en plusieurs lieux ;
tant « par rayson » soit ta devise » (v.1185-1192).
Garin compose quelques vers sur les arts libéraux (v.561-632) : il reconnaît s’être
« … desvoyez
du chemin qu’il entent tenir » (v.634) ;
« des sept ars liberaulx parmis
aucune chose convient dire,
combien que n’y ay mon temps mis
pour en savoir parler ne dire ;
le moins pourtant m’en doit souffire
ung peu touchant moralité ;
selon mon savoir vueil escripre
non selon clerc d’autorité » (v.561-568).
« Arismétique, ars de nombrer,
en toutes choses nécessaire,
plusieurs nombres bien assembler
il enseigne pour en ung faire ;
multiplier, partier, substraire,
ces termes tous ensemble vont
pour généralement parfaire
tous comptes que possibles sont » (v.1170-1178).
Il souligne les bienfaits des bonnes valeurs (v.681…) : vérité (v.688), honneur (v.696, v.712), respect des anciens (v.729) et de leurs conseils (v.730-32).
R. Fédou, « Imprimerie et culture. La vie intellectuelle à Lyon avant l’apparition du livre », Cinq études lyonnaises, Histoire et civilisation du livre, VI, Droz, Paris, 1966, p.9-25.
Les études de droit sont longues : entre 8 et 10 ans pour obtenir une licence. Les frais sont lourds : frais de scolarité, achat des livres de base, cadeaux aux professeurs, invitations des camarades à des banquets… Le doctorat n’implique aucune année d’étude supplémentaire, mais beaucoup de frais en plus (droits pour postuler, habits et divertissements que doit offrir tout nouveau docteur : voir M. Fournier, Histoire de la science du droit, t.III, p.314-316 et p.685). C’est un fardeau pour les familles puisque leur fils aurait pu être placé dans une étude de notaire comme clerc. D’ailleurs certains Lyonnais commencent par le notariat et ne partent à l’université qu’après avoir amassé un peu d’argent (ex : Guillaume Bullioud, notaire en 1450, étudiant à Avignon en 1453, licencié en 1465). D’autres obtiennent leur baccalauréat, reviennent exercer à Lyon et ne partent pour obtenir une licence ou un doctorat qu’après avoir gagné suffisamment (ex. : Pierre Buyer reste licencié 20 ans avant de devenir docteur). R. Fédou, Les hommes de loi…, op. cit., p.301.
Toutes ces indications sont tirées de l’article « François Garin », rédigé par G. Hasenohr, Dictionnaire des lettres françaises. Le Moyen-âge, sous la direction de G. Grente, revu et mis à jour par G. Hasenohr et M. Zink, Paris, Fayard, 1992.
Les archives départementales du Rhône conservent des nombreux testaments du XVe siècle, classés dans la série 4G, qui regroupe les 4 300 testaments de l’officialité de Lyon (pour la période 1301-1545), et quelques uns dispersés dans les fonds des chapitres de St-Jean (10G), St-Paul (12G), St-Just (15G) et dans la série E (familles). De plus l’ouvrage Les masures de l’Ile Barbe de Claude Le Laboureur, renferme des transcriptions de testaments aujourd’hui disparus. Cependant ces testaments concernent pour 40 % des paysans, 15 % des artisans, 10 % des commerçants, 10 % des nobles, 15 % des gens d’église, le reste est indéterminé. M. Gonon a dépouillé 2 355 actes : seulement 3 % font état de livres. (27 mentionnent des livres sans autre précision ; 2 des Bibles et 35 des bréviaires ou psautiers). Les testateurs sont beaucoup plus préoccupés du salut de leur âme et la plupart des écrits sont constitués par une énumération de dons, de demandes de messes commémoratives et par la simple indication du légataire universel, sans le détail de tous les biens, si ce n’est en termes génériques. La situation de Lyon correspond à celle de la plupart des villes de l’époque : à Besançon entre 1269 et 1498, 8% des testaments parlent de livres ; à Tournai au XVe siècle 13,5 %. G. Hasenohr, « L’essor des bibliothèques privées aux XIVe-XVe siècle », dans Histoire des bibliothèques françaises. Les bibliothèques médiévales du VI e siècle à 1530, sous la direction de A. Vernet, Promodis, Edition du cercle de la librairie, Paris, 1989, t.1.
B. Laurioux, L. Moulinier, Education et cultures dans l’Occident chrétien. Du début du douzième au milieu du quinzième siècle, Editions Messene, Paris, 1998, p.131.
Voir P. Monnet, « Elites dirigeantes et distinction sociale à Francfort-sur-le-Main (XIVe-XVe siècles) », op cit ; ainsi que « La mémoire des élites urbaines dans l’Empire… », op. cit. On peut aussi se reporter aux notes 1, 2 et 12 du chapitre « Archives et documents consulaires ».
Ch. Bec, Les marchands écrivains à Florence …, op. cit..
J. Tricard, « Bourgeois casaniers et nobles voyageurs au miroir de leur livre de raison », Cahiers de recherches médiévales (XIII e -XV e siècles), n°3, 1997, p.43-50.
Le cas de Lyon n’a rien de surprenant, l’étude des bibliothèques dans de nombreuses villes de l’époque conduit aux mêmes conclusions : voir par exemple à ce sujet N. Coulet, « Bibliothèques aixoises du XVe siècle (1433-1448) », Livres et bibliothèques (XIII e -XV e siècles), Cahiers de Fanjeaux, 31, 1996, p.209-239.
Certains testaments donnent des indications précises, mais beaucoup se bornent uniquement à une simple allusion, et ce jusqu’au XVIe siècle. Exemple : « depuis l’an 1539, le 21 may, par devant Pierre de Chaverie notaire, ledit Symphorien Champier, codicillant, donne sa bibliothèque et livres en toutes facultés audit Claude son fils ». Testament édité par Cl. Le Laboureur dans Les Masures de l’Ile Barbe, op.cit., p.430.
R. Fédou, Les hommes de loi…, op. cit., p.318-325.
Fonds Coste, n°264, §52, 18 juillet 1428.
L. Auvray, « La bibliothèque de Claude de Bellièvre », Mélanges offerts à E. Picot, tiré à part, Paris, 1913, p.1-31.
On connaît le prix de la constitution d’une bibliothèque grâce à Jean Paterin (ADR, 10G 1340), qui autorise ses héritiers à vendre certains de ses volumes pour payer certaines dettes : 11 ouvrages valant un total de 140 écus d’or soit la valeur d’un immeuble rue du palais à Lyon. R. Fédou donne l’exemple d’un livre de droit valant 12 francs or, soit plus que les gages annuels du procureur de la commune.
En Italie à Florence, dans les années 1400-1450, 56% des bibliothèques ont entre 1 et 5 livres ; 23% ont de 6 à 10 livres ; 16 % ont de 11 à 20 livres ; 4% en ont 21 à 30 ; 1% en ont 30 à 50. Cité par C. Beaune, Education et cultures…, op. cit., p.161-169.
C’est un ensemble de quatre traités regroupant les anciens « droys, honneurs et prérogatives du Dauphiné de Viennois » : il s’agit à la fois d’un livre de droit et d’un travail d’historien.
Il est probable qu’imprimés et manuscrits cohabitent dans les bibliothèques, mais l’une des caractéristiques des inventaires à Lyon comme ailleurs, est qu’on ne précise pas la nature du document, il est donc impossible de savoir ce que possédaient ces hommes. E. Ornato, « Les conditions de production et de diffusion du livre médiéval (XIIIe- XVe siècles) », Culture et idéologie dans la genèse de l’Etat moderne, E.F.R., 1984, n°82, Rome, 1985, p.57-84.
Lyon devient ville d’imprimerie en 1473, soit trois ans seulement après Paris ; en 1495-1497, 95 éditions la place au troisième rang des villes d’Europe après Venise (441) et Paris (181).
1460, BB7 f195 ; 1476, BB13 f25 ; BB352, 01.07.1481.
1459, BB7 f134 ; 1461, BB7 f235 ; 1464, BB7 f395.
1455, BB5 f264.
1455, BB5 f264.
R. Fédou indique qu’il semble qu’il y ait deux maîtres dans les années 1450, mais il est impossible de suivre précisément l’évolution de cet enseignement laïque. Les hommes de loi…, op. cit., p.296.
Ce n’est pas très surprenant : C. Beaune fait remarquer que les maîtres des écoles sont souvent itinérants et exercent parfois d’autres activités (notaires, écrivains). C. Beaune, Education et cultures…, op. cit., p.155.
1477, BB16 f29v. Cette note prouve que l’enseignement est parfois confié à des laïcs qui exercent en parallèle une autre activité professionnelle (notaire, écrivain publique) : être maître n’est pas nécessairement un métier à plein temps. C. Beaune, Education et cultures…, op. cit., p.155.
Requête du maître d’école de « lui faire aucune subvencion et aide d’aucune somme d’argent pour paier le louage de sa maison et il feroit tant touchant le regard desdites escolles », 1455, BB5 f264 ; « supplication et requeste à eulx tant de bouche que par escript faite par maistre George Bechon, recteur des escolles de ladite ville, tendant icelle supplication affin d'avoir aucun don et aide pour aider à fournir au paiement du louage de l’ostel », 1459, BB7 f134 ; « requeste à eulx sur ce fecte et par escript baillée par maistre George de Bron, maistre des escolles de ceste ville, tendant affin de lui aider d’aucune somme de deniers pour aider à paier le louage des maisons desdits escolliers », 1460, BB7 f195 ; « ont donné à maistre Estienne Locton alias George, recteur des escoles de ladite ville qui de ce les a supplié et requis pour aider à paier le loage des maisons desdits escolles », 1461, BB7 f235 ; « maistre Jehan Regne, recteur de l’escole de ladite ville, leur a baillé une supplicacion par escript, tendant affin de lui donner aucune somme d’argent pour aider à paier partie du louage des maisons desdites escolles ainsi comme à ses prédécesseurs avoit esté accordé », 1464, BB7 f395 ; « item ont esté d’oppinion et ont accordé et octroyé iceulx conseillers, excepté ledit Bruyères, que au maistre de l’escole de ceste ville, qui sur ce leur a baillé supplication et requeste, soit donnée et paiée des deniers communs de ladite ville, pour ceste année et pour luy aider à paier le louage de l’ostel desdites escoles, la somme de cent solz tournois, c’est assavoir moytié à la saint Jean-Baptiste et l’autre moytié à Noël prouchain vennant », 1476, BB13 f25.
1459, BB7 f134. Ils doivent aussi veiller à avoir « meilleur diligence de instruire les enfans de la ville ses escolliers », 1460, BB7 f195. Idem, BB352, 1er juillet 1481.
Ces fils de juristes qui partent étudier au loin, nouent certainement des liens très forts entre eux ; peut-être d’ailleurs que les familles amies mettent leurs enfants dans les mêmes universités. Nous ne pouvons que faire des hypothèses car nous manquons de données sur ce sujet ; R. Fédou ne l’aborde d’ailleurs pas dans son ouvrage sur les juristes lyonnais.
Exemple d’immixtion : « Maistre Guillaume Balarin, estudiant en loys, est venu oudit hostel reffrescher, comme il disoit, une requeste ja pieca faicte à iceulx conseillers par ledit Balarin ou de sa part, tendent icelle requeste affin de descharger luy et son frère, hoirs de feu messire Pierre Balarin, des huit tailles, […], actendu les charges qu’ilz ont soubtenues puis le trespas de son feu père, et aussi qu’il est estudiant, et par ainsi doit estre franc et exempt », 1479, BB350, cahier 1, f23.
« Pour ce que Jaquemet Torvéon, ja pieça, leur a intimé et signifié qu’il avoit et a deux de ses enfans à Paris, estudians en l’Université, ausquelx, pour leurs vivres et vestemens, il a donné et assigné, quatre ans durant, pour chacun la somme de soixante livres tournois, […], pour occasion de quoy il leur a plusieurs foys requis estre deschargé de taille », 1450, RCL2 p.652 ; « ilz ont appoincté et ordonné que Rolin Guérin, receveur des tailles de ladite ville, contraigne et face contraindre, par prinse de corps et de biens, Tieven de Cuysel, pour paier les arréages des tailles qu'il peut devoir, nonobstant que ledit de Cuysel se die estre privilégié et de l’Université de Paris et qu’il leur ait fait deffendre », 1450, RCL2 p.663 ; requeste de Jean de Blet « filz de Nicolas de Blet soy disant estudiant à Paris », 1451, BB5 f138v ; « Jehan filz et cohéretier de feu Claude Larnaud leur a exposé qu’il est et ja par l’espace de quatre ou cinq ans a esté escollier et estudiant à l’université de Paris en la faculté des artz », 1452, BB5 f171 ; « mesmement Pasquet Le Charron, Guillaume Chastillion et Claude Aultier [ont] leurs enfans estudiants en la université de Paris », 1457, BB7 f62v ; Guillaume Becey : « au nom de Barthélemy Buyer, filz et cohéritier pour la tierce partie de messire Pierre Buyer, jadiz docteur en loys, leur a signiffié que ledit Buyer estoit et est estudiant en l’université de Paris en faculté des ars et que combien par privilège donné ausdits escolliers il deust estre franc et quictes de toute taille », 1460, BB7 f159.
« Jehan le Viste filz de Anthoine le Viste soy disant estudiant en Avignon », 1452, BB5 f167 ; Jean Bullioud clerc notaire, frère de Guillaume Bullioud qui « est et desja par l’espace d’aucun temps a esté escollier et résident en l’estude d’Avignon sans fraude, estudiant en droit », 1453, BB5 f202 ; Pierre Beaujehan dit Aynard explique « que deux des enfans de feu Pierre Palmier et desqueulx il a charge et gouvernement, sont et desja ont esté par l’espace de près de deux ans escolliers et estudiants en Avignion », 1455, BB5 f251v ; Grégoire Payan fait une requeste pour admodération « à cause de la charge de son fils qu’il a et maintient en l’estude en Avignion », 1456, BB7 f20-v.
Requeste de « Benoît du Rieu, fils de maistre Pierre du Rieu naguère trespassé par la voix de Aimé Sala dit Bastier esleu, disant qu’il est vray escollier, résident et estudiant en l’université d’Orliens et requérant par vertu de son privilège de scolarité… », 1456, BB7 f33 ; « Léonard Baronat, estudiant en l’université d’Orléans, […] avoit desja esté par l’espace de cinq ans derrier passé vray escollier estudiant en ladite université d’Orléans et faculté de droitz civil et que combien par son privilège de scolarité il eust exemption en taille », 1465, BB10 f31v ; « maistre André Porte, filz et cohéritier de feu messire André Porte, jadiz docteur en loys et citoyen de ladite ville, soy disant escolier et estudiant en l’université d’Orléans », 1468, BB15 f8v-9.
« Anthoine filz de feu messire Humbert de Bouvent, jadiz docteur en loys, leur a exposé de bouche combien qu’il ne soit résident en ladite ville et qu’il soit vray escollier et estudiant à Thurin », 1451, BB5 f127.
Pierre Coilliet « estudiant en l’université de Tholouse en faculté de droit », 1456, BB7 f32v.
1462, BB7 f305v.
En 1453 une assemblée s’interroge sur ce qui doit être demandé au roi par les envoyés de la ville. Le premier sujet qui fait l’unanimité est la « prolongacion des foyres », mais certains évoquent la possibilité d’« obtenir aussi une université qui pourra ». Il ne semble pourtant pas que cette idée soit retenue, puisqu’il n’en est absolument plus question les jours suivants. 1453, BB6 f47v.