2. Réforme et crise consulaire.

a) La réforme de 1447.

Le 10 décembre 1447, les maîtres des métiers sont réunis comme chaque année pour élire les nouveaux conseillers dans la chapelle saint-Jacques.

‘« Les devant nommés maistres de mestiers pour l’années advenir, mandez en ladite chapelle pour eslire et nommer conseiliers et sindiques nouveaux de ladite ville pour ladite année advenir, et comparans, exceptés lesdits Pierre Brotet, André Joguet, Pierre Guérot, Guicherd Romanet, Estienne Borbonnois et Anthoine Le Masson, lesqueux n’y peurent estre, voulans procéder à l’élection desdits consulz nouveaux, ainsi qu’il est accoustumé d’ancienneté, considérans qu’il est espédient de pourveoir aux affaires quant besoing est, et selon le temps qu’ilz surviennent, considérans aussi les grans charges qui cothidiennement surviennent en ladite ville en plusieurs et diverses manières et qu’il est nécessaire et plus que jamais de pourveoir, esdites charges et affaires et au gouvernement de la police de personnes notables, lesqueuls soient informez desdites charges et affere et qui aient ameur et bonne affection à la chose publique et prennent singulière peyne et conduyte d’iceulx charges et afferes et autres faiz communs de ladite ville, considérans en oultre que nul n’est si curieux ne ententif à vaquer à ce où il n’a nulz prouffis que là où le prouffit est, que par aventure, pour ce que les conseillers qui ont esté par le temps passé n’ont heu nulz gaiges pour gouverner ladite police, n’ont point esté si diligent de soy assambler quand il a esté besoing pour lesdites affaires de ladite ville, comme s’ilz heussent heu aucun prouffit, pourquoy souventes fois a esté et plus pourroit estre le temps avenir dommaige et préjudice à ladite chose publique et communaulté de ladite ville ; considérans plus que pour selon la coustume tenue le temps passé en l’élection desdits consulz l’on a acoustumé de eslire douze conseilliers nouveaux, lesquelx, avant qu’ilz puissent avoir cognoissance desdites charges, afferes et fais communs de ladite ville, ont finé et passé leur année et pour ainsi qu’il seroit le bien et utilité de la chose publique de prandre et retenir en ladite élection desdits consulz nouveaux ainsi que autrefois fut avisé, ordonné et fait par le peuple de ladite ville, c’est à savoir six conseillers qui ont heu l’année présente et ont enquores la charge et gouvernement de la police et faits communs de ladite ville, par le moyen desqueulx et pour ce qu’ilz sont desja informés des besoings et affaires de ladite ville, les autres six consulz nouveaux et aucci lesdits fais et affaires communs de ladite ville se pourront mieulx conduyre et gouverner, pour ces causes et autres à ce les mouvans, voulans ensuir et entretenir l’ordonnance dessusdicte, pour interruption de laquelle plusieurs dommaiges s'en sont ensuis, iceulx maistres de mestiers, d’un commun vouloir et consentement, comme la plus grant partie, ont esleu, nommé et ordonné conseilliers et sindiques nouveaux pour ladite année advenir, commençans le jour de feste nativité Nostre Seigneur prouchain vennant, c’est assavoir honnorables hommes et saiges Aynard de Villenove, Franc Caille, Pasquet Lescharron, Jehan Brunicart, Pierre Turin et Gillet de Chaveyrie, consulz de l’année présente, item, Maistres Guilaume Becey, Pierre Buyer, licenciés en lois, Jaquème Panoilat, Jehan de Villars, Pierre Thomassin et Janin de Bruyères, citoiens de ladites ville » 1396 . ’

Le passage d’un mandat d’un an à un mandat de deux ans, ainsi que le renouvellement par moitié chaque année sont présentés comme liés à la volonté de faire fonctionner plus efficacement le consulat : la présence d’anciens permet aux nouveaux de se familiariser en douceur avec les problèmes de la ville, sans pour autant retarder la gestion des affaires. Cette explication est au cœur du texte ; mais peut-être masque-t-elle une solution à des tensions entre anciens et nouveaux conseillers.

Au début de cette justification de la réforme, il est dit à mots couverts que le consulat est victime de dysfonctionnements : les notables ne semblent plus aussi prompts à s’occuper des affaires de la ville, n’y trouvant pas assez d’intérêt. La mise en place de ce système serait une parade à cette désaffection qui compromet l’activité consulaire. Pour relancer la bonne volonté des élus, la réforme prévoit même que les anciens conseillers, lors de leur deuxième année de mandat, toucheront « vint livres tournois, lesquelles leur seront paiéez par le thésaurier des deniers communs ou le receveur des tailles de ladite ville et par les mandements des dessus nommez consulz nouveaulx ou de sept d’eulx, c’est assavoir de trois en trois mois et rate de pris selon rate de temps de leurdite année » 1397 .

Peut-on trouver trace dans les registres des problèmes qui justifieraient cette réforme ? La réforme sous-entend que l’attitude de certains élus gênerait le bon fonctionnement du consulat. Pour vérifier cela, intéressons-nous à deux aspects témoignant de l’importance que les conseillers accordent à leur mandat : leur comportement lors de leur prise de fonction et leur assiduité aux réunions consulaires.

Notes
1396.

1447, RCL2 p.557.

1397.

1447, RCL2 p.558.