3. Le visage du consulat au début du XVIe siècle.

a) Le parfait conseiller.

A la fin de notre période, le juriste serait-il le modèle du parfait conseiller ? La réalité est plus complexe, les changements culturels que reflète le consulat ne sont pas du simple fait des juristes. Le contexte de la fin du XVe siècle est celui de l’arrivée progressive des idées de la Renaissance 1800 , avec l’installation à partir de 1473 de l’imprimerie dans la ville, grâce à Barthélemy Buyer, marchand, juriste et Guillaume le Roy imprimeur de Liège 1801 . Un véritable marché du livre destiné à l’Eglise et aux élites juridiques de la ville se met en place 1802 . La majorité des livres des années 1490 s’adressent au clergé pour lui rappeler ses devoirs. Entre 1473 et 1500, environ 500 éditions sortent des presses lyonnaises : 280 en latin, 205 en français ; il s’agit essentiellement d’ouvrages de théologie et de jurisprudence, de sciences et des belles lettres 1803 . Mais ce n’est pas tant l’Italie que l’Allemagne et Paris qui influencent la vie culturelle à Lyon 1804  : l’imprimerie est en effet tenue par une majorité d’imprimeurs allemands, dont le nombre grandit sans cesse, qui fondent en 1492 leur propre chapelle dans la ville et apportent leurs idées à Lyon ; quant à l’influence parisienne, elle découle de la présence de la cour royale dans la ville à partir des années 1490, à cause des guerres d’Italie. Une certaine culture se diffuse parmi l’élite de la ville, mais les productions culturelles originales restent rares et en marge du consulat : Pierre Sala, frère de Jean, plusieurs fois conseiller à partir de 1507, compose pour Anne de Bretagne en 1494, laissée à Lyon par son mari Charles VIII, Le roman de Jehan de Paris 1805  ; Jean de Cuchermoys, conseiller en 1509-1510 et 1514-1515 traduit un roman de chevalerie 1806 . Le seul véritable homme de culture de l’époque est Symphorien Champier, mais il n’accède au consulat que dans les années 1520 1807 .

Il faut donc rester mesuré : l’influence des juristes au sein du consulat ne transforme pas pour autant celui-ci en une assemblée d’humanistes. De plus, bien que les juristes cherchent à donner une image prestigieuse du consulat, on est pourtant frappé par les irrégularités qui entachent les pratiques des conseillers en cette fin de siècle. Plusieurs fois le secret des décisions est brisé, et le consulat est obligé de rappeler que chacun de ses membres est tenu par son serment de garder secret ce qui se dit dans son enceinte 1808 . En 1511, un conseiller, Pierre Renoard, abuse de sa connaissance d’informations pour accaparer la ferme des draps de soie de la ville 1809  : informé des offres faites par deux marchands pour prendre la ferme des draps de soie, il propose par l’intermédiaire de son frère, une offre supérieure pour se voir attribuer ladite ferme. Il se rend donc coupable d’un véritable délit d’initié. Sa faute est double : non seulement il rompt le secret des décisions du consulat puisqu’il en fait bénéficier son frère Georges, mais en plus il rend caduque la parole donnée par le consulat aux fermiers précédents. Il met donc ses compagnons dans une position très inconfortable par son action commerciale pour le moins agressive : seule solution pour lui, se retirer 1810 . Son refus est habile car il est motivé par un argument qui plaît aux conseillers : il en appelle à l’intérêt commun. N’agit-il pas pour le bien de la communauté en proposant plus pour la ferme, donc en payant plus à la ville ? Ce tour de passe-passe oratoire lui permet de prendre possession de la ferme, sans compromettre le consulat, qui cherche toujours la solution la plus avantageuse à l’intérêt commun.

Les juristes prennent goût au pouvoir, mais leur attitude est loin de leur faire toujours honneur : des tensions apparaissent, dues notamment à la hiérarchie consulaire qui conduit à des jalousies et à de violentes disputes entre juristes prétendants au poste de président du conseil. Début avril 1500, le visiteur du sel Pierre Palmier rechigne à faire son serment de conseiller nouvellement élu 1811 , expliquant qu’il a occupé cette charge peu de temps auparavant en 1495-1496 1812 . En réalité, ce refus est motivé par d’autres considérations. Un problème inédit se pose au consulat : Pierre Palmier et Pierre Burberon, docteur en droit, lui aussi nouvellement élu, se disputent la présidence 1813 . Face à cette polémique, le consulat en place est mal à l’aise et répugne à prendre parti seul : la décision est donc prise de convoquer les conseillers des années antérieures pour déterminer une ligne de conduite. La liste des conseillers depuis 1493 est établie et tous sont priés de venir donner leur avis sur le sujet 1814 . Les anciens conseillers ne semblent pas s’intéresser outre mesure au problème : moins d’une dizaine se présentent pour réfléchir à la question. Mais, de cette réunion ressort une solution : il est proposé une double présidence, on opte donc pour un compromis afin de ne froisser aucune susceptibilité. Cependant, on en mesure les inconvénients et les tensions possibles, puisqu’il est spécifié que cette alternance aura lieu en l’absence respective de chacun des concurrents 1815 .

Les conseillers se réunissent à nouveau seuls, n’étant pas entièrement satisfaits de la solution trouvée lors de la réunion précédente ; le problème est important puisque onze conseillers prennent part au débat. La polémique s’engage : si tous sont d’accord pour que Pierre Palmier soit obligé de faire son serment, certains veulent en plus qu’il fasse une déclaration s’engageant à laisser la présidence à Pierre Burberon, d’autres préfèrent que les deux opposants règlent le problème entre eux ; enfin seul l’un d’entre eux, Claude Laurencin est ouvertement contre la présidence de Pierre Burberon 1816 . Aucune conclusion définitive ne ressort de cette réunion. Burberon joue alors habilement et fait une proposition pour calmer les esprits : il se déclare prêt à abandonner le consulat au profit de Palmier, afin qu’il soit président sans conteste du consulat 1817 . Pourquoi envisager une démission alors qu’une simple renonciation à la présidence suffit ? Uniquement pour se faire prier de rester et donc de prendre la tête du consulat. Il réussit, du moins en partie puisque l’alternance des présidences se met en place. Pierre Palmier prend au début la tête du consulat : il est inscrit en premier dans la liste des consuls présents aux réunions entre le 16 mai et le 1er juin ; lors de ces assemblées, Burberon n’apparaît pas. Mais étrangement après le 1er juin, Palmier disparaît définitivement des registres : il n’est plus noté une seule fois pour l’année 1500. Puis à partir du mois de juillet, Burberon assure la présidence de 2/3 des assemblées de l’année, en l’absence de Palmier 1818 . Ce n’est qu’à la fin du mois de janvier suivant qu’on apprend que ce dernier est décédé 1819 , ce qui règle définitivement le conflit 1820 .

Le consulat fait tout pour que ce genre d’épisode ne se reproduise pas : les changements de présidence ont lieu discrètement les années suivantes. Des règles tacites semblent même avoir été édictées, puisqu’en 1508, pour remplacer temporairement le président Pierre Chanet absent pour quelque temps de la ville, chacun s’accorde sur le choix de Barthélemy Bellièvre, certes licencié en droit, mais qui est surtout « plus vieulx conseillers que les autres » 1821 . Cependant le prestige de cette nomination, même si elle n’est qu’un remplacement, suscite toujours des conflits : en 1511, Claude Thomassin et Eynard de Beaujeu veulent tous deux, à toute force, prendre la place de Claude Vandel, lors de sa maladie 1822 .

Outre ces problèmes de présidence, la prédominance des juristes met parfois le consulat en position délicate, comme en 1493 lorsque deux docteurs se disputent une charge de juge et demandent au consulat de trancher : les conseillers s’abstiennent de prendre parti pour ne vexer aucun d’eux, puisqu’ils sont de potentiels consuls 1823 .

Le consulat tient à présenter une image sans faille et très solidaire à la population : elle s’exprime notamment à la mort des anciens conseillers, puisque ceux en place indiquent toujours, que par égard à la fonction municipale qu’a exercée le défunt, il est envoyé au nom de l’institution des torches pour son enterrement 1824 . Cependant le traitement réservé à ces anciens conseillers varie singulièrement d’une personne à l’autre : en 1504, Jean Buatier se voit attribuer pour son enterrement deux fois plus de torches qu’Etienne Garnier l’année suivante 1825 . Pourquoi cette différence ? Jean Buatier a été 8 fois conseiller entre 1455 et 1494, et son fils Benoît est conseiller l’année de sa mort. Etienne Garnier a lui aussi été conseiller 5 fois entre 1481 et 1502 : est-ce la présence du fils Buatier au consulat qui fait que les conseillers se sentent obligés d’honorer particulièrement ce mort, et par là même son fils ?

Le prestige du consulat ne semble pourtant pas impressionner outre mesure les membres de l’élite de la ville : nombre de notables n’hésitent pas à venir demander des diminutions et des exemptions d’impôts 1826 , arguant implicitement de leur statut d’ancien conseiller. La ville serait tenue de faire un geste en leur faveur pour montrer sa reconnaissance à leur égard, et si ce n’est pas le cas, ils ne craignent pas d’attaquer en justice le consulat 1827 . La proximité entre notables et conseillers, du fait que les seconds sont issus du groupe des premiers, complique singulièrement leurs relations, chacun ayant à l’esprit l’intérêt du groupe qu’il représente.

Les demandes d’exemption pour anoblissement, réel ou fictif, se multiplient aussi, notamment de la part d’anciennes familles consulaires : cette désolidarisation du groupe consulaire, qu’il soit celui des marchands ou des juristes, par l’obtention d’un titre de noblesse est vécu comme une trahison, d’autant que ce sont les familles les plus riches qui risquent de disparaître de la liste des contribuables. Ainsi en 1497, messire de Belmont, fils de Humbert de Varey fait une telle requête au consulat, disant qu’il « estoit noble, extrait de noble lignée, vivant noblement, suyvans les armes non faisant chose derrogant à noblesse », mais les conseillers lui rappellent que son père soi-disant noble travaillait, était même consul et contribuait comme tout bon citoyen de la ville 1828  : il lui est donc impossible de ne pas suivre l’exemple paternel. Les conseillers tiennent bon, tout en courant le risque que Belmont ne parte s’installer sur ses terres et donc ne paye plus d’impôt à Lyon 1829 . Cet exemple témoigne d’une scission entre les notables à cause de ces privilèges de noblesse que certains entendent bien réclamer 1830 . Le désintérêt pour les affaires publiques et le bien de la ville apparaît ; la différenciation du reste du groupe passe par cet éloignement pour certains, d’autres comme les plus grands juristes choisissent de faire carrière ailleurs, à Paris ou dans les cours de Savoie ou du Dauphiné.

Notes
1800.

Le paragraphe qui suit est inspiré par l’ouvrage de J.B. Wadsworth, Lyons 1493-1503 : the beginnings of cosmopolitanism, Cambridge, 1962.

1801.

Les premiers imprimeurs sont allemands. Voir à ce sujet le travail de J. Baudrier sur les imprimeurs de la ville, Bibliographie lyonnaise. Recherches sur les imprimeurs, libraires, relieurs et fondeurs de lettres de Lyon au XVI e siècle, Paris, 1964, 13 volumes.

1802.

A. Péricaud et M. Perrat ont insisté sur l’apparition de l’humanisme à Lyon avant les guerres d’Italie grâce à l’archevêque de Lyon. Certes, Charles de Bourbon est un bon latiniste, ami intime du cardinal Bessarion ; son secrétaire Paolo Emilio de Vérone, compose pour lui en 1487 une histoire antique de la Gaule en latin. Mais les Bellièvre, très proches de Charles, ne le présentent pas comme un mécène : peut-être a-t-il pu encourager Buyer, mais Barthélemy Bellièvre, tout comme son fils, sont silencieux à ce propos. J.B. Wadsworth, Lyons 1493-1503 : the beginnings of cosmopolitanism, op.cit., p.18.

1803.

Sont éditées de nombreuses traductions de la Légende Dorée ; les Procès de Paradis, la Consolation des povres pécheurs ainsi que la Peregrinatio ad terram sanctam de Bernard von Breydenbach sont des grands succès. Même chose pour les Ars bene moriendi de A. Tenenti, grâce notamment à ses nombreuses illustrations. A la fin du XVe siècle, les ouvrages de philosophie et de théologie se multiplient, tout comme les ouvrages médicaux comme Le guidon de la practique de cyrurgie, publié par Buyer en 1478. La présence à Lyon de Simon de Phares reflète aussi le goût des Lyonnais pour les ouvrages d’astrologie et les arts divinatoires. Voir à ce sujet J.B. Wadsworth, op. cit., p.80-90 et surtout J.P. Boudet, « Simon de Phares et les rapports entre astrologie et prophétie à la fin du moyen âge », Mélanges EFR. Moyen-âge, t.102, (1990), p.617-648.

1804.

Certes avec la prospérité des foires, de nombreux marchands et banquiers italiens, tels les Médicis, s’installent à Lyon ; Simon de Rovédis, dit aussi de Pavie, est le médecin italien de Louis XI et Charles VIII, son fils Pierre est conseiller de la ville en 1482-1483. Il y a donc bien une intégration et une influence probable des italiens à Lyon, mais ce n’est pas elle qui est la plus décisive.

1805.

Le Roman de Jehan de Paris raconte comment le roi d’Espagne promet sa fille au roi de France : mais le roi d’Espagne oublie sa promesse et prend pour gendre le roi d’Angleterre. Jean, roi de France, se fait passer pour un riche bourgeois de Paris et accompagne le roi d’Angleterre et son ambassade en Espagne : plus jeune, plus beau, plus riche, il se fait reconnaître, et repart avec Anne la fille du roi. Composé pour Charles VIII et Anne de Bretagne, c’est une fable positive, sympathique. R. Dubuis, « L’indifférence du genre narratif aux problèmes politiques du XVe siècle », Culture et politique en France à l’époque de l’humanisme et de la Renaissance, Actes du congrès international de l’Académie des sciences de Turin, 1971, études réunies par F. Simone, Torino, 1974, p.221.

1806.

Contrairement à ce que dit D. de Colonia, dans son Histoire littéraire de la ville de Lyon, en 1730, Cuchermoys n’est pas l’auteur de ce roman, mais le traducteur de La très récréative histoire des faicts, gestes, triomphes du très pieux et vaillant chevalier Guérin, surnomme Melchin, fils de Milon de Bourgoigne, prince de Tarente, lequel se trouva en plusieurs provinces et en plusieurs batailles, assauts et rencontres où il feit de merveilleux fait d’armes. Colonia a tendance à surévaluer la qualité de certains érudits lyonnais de ce début de XVIe siècle : il est notamment à l’origine du mythe d’une académie littéraire autour Symphorien Champier et Humbert Fournier… Pour revenir à Jean de Cuchermoys, on ne sait si le « gracieux et saige enfant de Lyon, nommé sire Henri de Cucharmoys » qui accompagne en 1487, Nicolas le Hueur, carmélite, lors d’un voyage identique à celui de Breydenbach, est ou non son frère. Cité par A Péricaud, Bibliographie lyonnaise, I, p.75 ; et par Huizinga, Le déclin du Moyen-âge, chp. 22, p.213.

1807.

R. Dubuis, « Symphorien Champier, pédagogue, moraliste et poète », L’humanisme lyonnais au XVI e siècle, actes du colloque international de Lyon mai 1972, PUG, 1974, p.23-40.

1808.

« Pour ce que mesdits sires les conseillers ont entendu et sceu que les choses qui sont faictes séans en conseil ne sont pas tenues secrètes et que depuis naguères en a esté quelque chose par quelcun dudit conseil, lequel l’en n’a peu savoir. A ceste cause ont ordonné que le serement du consulat soir réitéré par ung chacun des conseillers comme les dessus nommez l’ont fait et réitéré sur les sainctes euvangiles », 1493, BB21 f4v. « A esté mys en termes que l’en doit faire ce qu’en a sceu que aucuns du présens consulat ont rapourté à monsire de Tourvéon et comme certains de messires les conseillers qui estoient d’oppinion de non aulser ladite somme de CCCC escuz, dont lesdits nommez sont en dignacion envers ledit sire de Tourvéon sur quoy a esté ordonné que jeudy prouchain, messires seront mandez en bon nombre et chacun fera serement de vérité sur ceste affaire et après selon ce qu’en en aura sceu, sera procédé par autres advis contre ceulx qui auront dit et révellé le consulat », 1513, BB30 f293v.

1809.

Les anciens fermiers des draps de soie viennent se plaindre au consulat de Pierre Renoard, conseiller, qui a doublé leur offre. Les conseillers se doivent de réagir : « après luy avoir remonstré par la voix dudit messire Sève, comme luy estant conseiller, ce qu’il est encores, il fut présent et consentant que ladite ferme de l’entrée desdits draps de soye que mesdits sires tenoient à main ferme par remise faicte à ladite ville par Jehan Sève et Gonin de Bourg, principaulx fermiers par mesdits sires les conseillers fut baillée, quictée et remise esdits Sève et de Bourg, soubz condicions, pasches et retencions que lors furent dictes et arrestées. Quoy non obstat ledit Renoard ou son frère George Renoard pour luy ou l’un pour l’autre ont esté mectre un doublement sur ladite ferme, ce qui a semblé et semble bien estrange à mesdits sires les conseillers et dont ilz sont bien esbahiz. Mesmement par aultant qu’il a juré et promis non contrevenir et qu’il fut présent et consentant et encores d’abondant à ce qu’il jura comme les autres présens ne réveler ce qu’avoit esté fait et accordé avec lesdits Sève et de Bourg. Et qu’il a fait et fait en contrevenant contre son serement. Parquoy luy a esté dit et remonstré qu’il soy supercéder et renuncer à sadite mise ou doublement affin d’obvier es inconvénients et grans dommaiges qui ce pourroit estre et advenir à ladite ville et communaulté », 1511, BB28 f248v-249.

1810.

On notera qu’on ne lui demande à aucun moment de démissionner pour une telle faute à l’égard du consulat : Bullioud et Bames avaient été démis pour des faits moins graves en 1428.

1811.

Il y a aussi avec lui Jean Rochefort.

1812.

1500, BB24 f248v. Ces évènements ont une chronologie qui a été reconstituée car le secrétaire s’est visiblement trompé en mettant au net ces épisodes (voir d’ailleurs à ce sujet la fin du chapitre « Le secrétaire ») ; il ne faut donc pas s’étonner si les folios sont donnés dans un ordre qui n’est pas chronologique.

1813.

1500, BB24 f245v.

1814.

1500, BB24 f245-246v.

1815.

« A esté mis en délibération le différent qu’est de présider au consulat d’entre monseigneur le docteur Burberon et monseigneur le visiteur Palmier. Et pour ce que les choses pourroient tomber en différent a esté délibéré que l’on leur démonstrera qu’ilz ne viegnent au consulat sans y estre mandez. Et que ont l’on cognoistra que es afferes l’un de ceulx seroit plus propice à ce que sera lors néccessère, il sera mandé et l’autre laissé, s’ilz ne se vouloient appoincter ; et s’ilz voulloient soy accorder d’estre tous les deux présens et que l’en demandast les oppinions l’autre conclust autrement, y faudra procéder par la délibération des notables et des maistres des mestiers », 1500, BB24 f247v.

1816.

« Monsieur le visiteur du Périer a dit qu’il fera fere le serement à monsire le visiteur Palmier comme doit fere bon conseiller aujourduy pour tout le jour.

Estienne Guerrier a dit qu’il se doit premier déclarer qu’ilz sera content que monsire le docteur Burberon préside au consulat.

François Tourvéon dit qu’on doit recevoir le serement dudit Palmier sans demander ladite déclaration.

Claude Laurencin dit qu’on doit recevoir le serement dudit Palmier, mais néanmoins est d’oppinion que autre doyve présider que ledit Burberon ; et au lieu de Jehan Rocheffort eslire Pierre Le Maistre ou Guillaume Darras.

Guillaume Dublet dit qu’on doit recevoir le serement sans déclaration ; et en lieu de Rocheffort sus le précédant et autre Jaques Paulin.

Bellièvre dit qu’on doit recevoir le serement dudit Palmier ; et en lieu de Jehan Rocheffort prendre Pierre Le Maistre ou Guillaume Darras.

Jaques Buyer adhérant à ses protestations, dit qu’on doit recevoir le serement sans déclaration pour ce que les contendans s’accorderont bien ; dit qu’on doit contraindre sire Jehan Rocheffort par justice et qu’il en est deschargé, eslire Guillaume Darras ou Jaques Paulin ou Pierre le Maistre.

Ame Bullioud dit qu’on doit eslire au lieu dudit Rocheffort, Guillaume Darras ou Jaques Paulin.

Loys Teze dit qu’on doit recevoir le serement de monsire le visiteur en lieu de Rocheffort ; s’il en estoit deschargé eslire Guillaume Darras, François de Genas ou Jaques Paulin.

Jaques Baronnat dit qu’on doit recevoir le serment pourveue qu’il se déclaire comment il voudra user ; et si Jehan Rocheffort doit estre deschargé l’on preigne Guillaume Darras ou Jaques Paulin.

Jaques Barondeau dit qu’ilz s’accorderont bien et qu’on doit recevoir le serement ; et si Rocheffort est deschargé l’on doit eslire François de Genas », 1500, BB24 f250-250v.

1817.

1500, BB24 f205.

1818.

Exemple : réunions du 13 et du 24 juillet, du 4 septembre, du 17 octobre, du 19 novembre, du 10 décembre 1500 et 10 janvier 1501.

1819.

1501, BB24 f230.

1820.

Mais l’étrangeté de ce consulat de 1499-1500 ne s’arrête pas là. Burberon dirige bien les réunions jusqu’au début juillet 1500 : il est régulièrement inscrit en première place des listes des conseillers présents. Puis il disparaît à partir du 7 juillet ; on apprend ensuite le 14 août qu’il faut élire « ung conseiller au lieu et absence de messire Pierre Burberon », BB24 f271. On trouve immédiatement un remplaçant, Antoine Berjon, qui prête serment (BB24 f272). On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé : rien n’indique explicitement que Burberon est mort, mais c’est possible ; s’il s’est démis, pourquoi ne le dit-on pas et pour quelle raison cela se passe-t-il ?

1821.

1508, BB28 f31.

1822.

« Au moyen de la question qui est entre messire Enar de Beaujeu, licencié d’un costé et Glaude Thomassin, chevalier, tous deux conseillers de la ville pour ce que chascun d’eulx prétendent présider et estre prefferez au consulat, c’est assavoir ledit Thomassin au moyen de sa chevallerie et ledit messire Enar au moyen de sa licence. A esté ordonné prier messire Pierre Chanet docteur, juge de Lyon, de vouloir faire les harengues nécessaires durant le temps que ledit messire Vandel conseiller ne sera en convalescence et jusque à ce que ladite matière soit vacuée et qu’il soit advisé lequel devra précéder », 1511, BB28 f274v.

1823.

François Du Périer, demande aux conseillers de recommander son fils Gaspard, 35 ans, pour l’office de « jugerie ordinnaire du cardinal », la même demande leur est adressée pour François Buclet par sa propre femme : les conseillers « ont délibéré et arresté que pour non acquérir malveillance envers aucuns mesmement envers lesdits Buclet et Du Perier, lesquelz ont bien servy ladite ville chacun en son endroit, ilz n’escriproit pour eulx ne autres touchant ledit office », 1493, BB20 f95v.

1824.

« Ont ordonné donner pour l’enterrement de sire Estienne Laurencin autant de torches qu’il en fut baillé à l’enterrement de feu Pierre Brunier aux armes de la ville », 1497, BB24 f109. Même chose pour les enterrements de Jean Buatier (1504, BB24 f451v), Etienne Garnier (1505, BB24 f496v) ou Claude Taillemond (1505, BB24 f529).

1825.

« A esté advis que à l’enterrement de sire Jehan Buatier lequel est allé de vie à trespas, pour ce qu’il a esté conseillers plusieurs foys et que son filz est conseillers, l’on luy donnera douze torches », 1504, BB24 f451v. Etienne Garnier « a esté enterré ledit jour à heure du conseil, où ilz ont assisté pour ce qu’il a esté un des conseillers de ladite ville, à quoy ilz estoient tenuz. Et ont fait bailler six torches aux armes d’icelle ville à son enterrement », 1505, BB24 f496v.

1826.

En 1492, demande d’exemption de Pierre Fournier, 5 fois conseiller entre 1459 et 1486 (BB20 f58v) ; même chose de la part de Jean Le Maistre en 1497, 6 fois conseiller entre 1474 et 1492 (BB24 f73) ; idem pour Jean Buatier en 1499, 8 fois conseiller entre 1455 et 1494 (BB24 f225v).

1827.

Jean Audebert refuse de payer sa part pour la réparation du pont du Rhône, aucun compromis ne pouvant être trouvé avec les conseillers, l’affaire est portée en justice. 1506, BB24 f541.

1828.

« Feu monsire le maistre Humbert de Varey, son feu père dudit sire de Balmont, tenoit train de marchandise et par ce moyen faisoit acte derrogant à noblesse et qu’il estoit tenu es subsides et affaires de la ville ; et par ledit sire de Balmont du contraire et que s’il faisoit train de marchandise, il avoit eu de ce faire permission du Roy nostre sire et plusieurs autres choses tant d’un costé que d’autre », 1497, BB25 f179.

1829.

1497, BB25 f194.

1830.

On trouve d’autres exemples de grandes familles comme les Varey qui connaissent la même évolution : en 1515, Claude Thomassin, qui se dit noble refuse lui aussi de payer l’impôt et « s’est déclairé si l’en le faict paier, il s’en yra demourer hors ceste ville », 1515, BB34 f43.