Les registres consulaires nous ont permis d’appréhender le rapport des conseillers lyonnais avec l’écrit et la mémoire, mais aussi de comprendre comment se crée une identité consulaire plurielle au cours de notre période. L’intérêt de ces documents réside aussi dans le fait qu’ils ne nous présentent pas uniquement les réunions entre conseillers, mais qu’ils donnent aussi le compte rendu des assemblées élargies où les conseillers convoquent la population ou ses représentants. Les informations fournies par les registres pourraient permettre de cerner des pratiques d’assemblées, mais aussi les comportements des conseillers lors de ces réunions, ainsi que ceux des représentants de la population, les maîtres des métiers et les notables de la ville. Ce serait enfin l’occasion de s’interroger sur la place de la parole circulant au sein d’un groupe élargi.
Cependant mener de telles études pose plusieurs problèmes. Tout d’abord, l’analyse des pratiques d’assemblées n’a suscité que peu d’intérêt et l’on manque de points de comparaison et de méthodes. Il n’existe pas d’ouvrages de référence sur les pratiques des assemblées urbaines, comme c’est le cas d’ailleurs pour les assemblées de chanoines 1854 , il faut donc se contenter d’études monographiques. La spécificité des pratiques lyonnaises ne sera donc pas toujours facile à établir. De plus, il n’est pas certain que ces assemblées se déroulent rigoureusement de la même façon entre le début du XVe et le début du XVIe siècle, et les différents secrétaires ne donnent peut-être pas exactement les mêmes genres de comptes rendus de ces réunions. Comment, dans ces conditions, analyser ces assemblées ? Nous avons décidé d’examiner chaque narration d’assemblée lors des années repères, afin de déterminer un socle commun d’informations. 125 assemblées ont ainsi été étudiées, et cinq éléments récurrents ont été identifiés, donnés dans le même ordre dans tous les comptes rendus :
Ce canevas général va nous guider dans nos analyses : toutes les variantes de chacun de ces éléments seront étudiées, et confrontées aux indices glanés lors de la lecture exhaustive des registres 1855 . Il s’agira de s’interroger sur le sens de la présence ou de l’absence d’informations constantes, et de débusquer des évolutions propres aux assemblées ou dues aux changements de secrétaires. Dans cette optique, le premier chapitre de cette partie sera consacré au fonctionnement intrinsèque des assemblées et le second à la prise de parole des participants. Le dernier s’intéressera à un épisode particulier de l’histoire consulaire, « la querelle des conseillers et des artisans » entre 1515 et 1520, qui remet en cause le sens de ces assemblées et qui pose le problème de leur représentativité ainsi que celle du pouvoir consulaire.
C. Millet, « Chanoines séculiers et conseils de prélats. En France à la fin du Moyen-âge », Qui veut prendre la parole, sous la direction de M. Détienne, Le genre humain, n°40, Paris, p.105.
Nous donnons en annexe 15 la retranscription intégrale d’une assemblée de 1507.