a) Nombre des participants.

Combien de personnes participent à ces assemblées générales ? Peut-on observer une évolution au cours de notre période ?

Nombre moyen de conseillers et de participants présents (1417-1517).

Le nombre de conseillers présents varie entre 7, soit le minimum pour présider l’assemblée en 1434, et 10 en 1477. Il est vrai que leur présence à tous n’est pas nécessairement requise, puisqu’ils ont un rôle d’observateurs : ils convoquent l’assemblée, présentent le sujet de la discussion mais ne participent absolument pas aux débats. Seuls les participants jouent un rôle actif : les conseillers ne sont là que pour veiller au bon déroulement de la réunion et pour connaître l’avis final. Ces derniers prennent d’ailleurs soin de souligner qu’ils considèrent ces réunions comme indispensables pour prendre des décisions : ils se montrent ainsi les dignes successeurs des fondateurs de la commune, respectueux des pratiques de consultation de la population. Ils ne manquent pas de le rappeler lorsqu’il leur semble nécessaire de différer l’application d’une décision, émanant généralement des officiers du roi. Ainsi en 1449, avant d’appliquer les directives données par le roi dans ses lettres contre les forains de la ville, ils soulignent l’importance de la collégialité pour reconnaître et faire exécuter ces mesures :

‘« ilz n’oseroient déroger esdites lettres ne riens faire en ceste partie sans délibération de plus grant nombre des conseillers et autres notables de ladite ville, pour laquelle délibération avoir et pour faire response plus ample, tant oudit de Varey comme à d’autres soy complenans en cas semblables, ilz feroient mander à ung jour avenir et lors lui feroient response ainsi qu’il seroit apoincté » ¹⁸⁷⁴ .’

Le nombre des participants autres que les conseillers, est beaucoup plus fluctuant. Il oscille entre 24 en 1507 et 46 en 1467 : il n’existe pas vraiment d’évolution. D’ailleurs ces moyennes masquent une réalité plus complexe, certaines assemblées réunissent un nombre beaucoup plus important de personnes : 74 personnes sont notées le 24 janvier 1427, 75 le 11 mars 1477, 96 le 15 juillet 1487 ¹⁸⁷⁵ . Mais ces comptages sont biaisés, car il existe aussi des assemblées où le secrétaire ne mentionne pas tous les participants, mais en donne une estimation globale. C’est le cas en 1427, 1434 et 1447. Les assemblées de 1427 et 1434 ont pour point commun d’être numériquement très importantes. Ainsi le 30 janvier 1427 ¹⁸⁷⁶ , 94 personnes sont citées nominativement et l’énumération se clôt par l’indication : « et pluseurs autres en très grant nombre de VIC personnes sauf le plus » ¹⁸⁷⁷  ; le 15 et le 23 avril 1434 une trentaine de noms sont indiqués « et plusieurs autres habitants de la ville jusqu’au nombre de VI ou VIIXX personnes » ¹⁸⁷⁸  ; le 4 et le 9 mai 1434 ce sont 200 participants. Le chiffre que donne le secrétaire est parfois ambigu, car dans sa formulation on ne comprend pas toujours si l’estimation qu’il donne est à ajouter aux noms cités ou si ces derniers sont inclus ¹⁸⁷⁹ .

Autre problème, comment le secrétaire peut-il donner un nombre global ? Il est possible que le lieu de réunion soit plein et qu’ainsi, la taille de l’endroit choisi lui permette de faire une estimation : lorsqu’il indique que 600 personnes seraient présentes le 30 janvier 1427, la réunion se tient au couvent des Cordeliers ; quant aux autres assemblées de 100 ou 200 personnes, elles se déroulent « dans la sale de Chaponay », mais aussi aux Cordeliers, peut-être dans une salle plus petite.

Il existe enfin des réunions où le nombre des participants n’est pas spécifié : le secrétaire se contente d’un laconique « et pluseurs autres en grant nombre » ¹⁸⁸⁰ . Il est impossible de savoir ce qu’il entend par « grant nombre ». Le nombre de personnes présentes mais non identifiées peut être en effet fort variable, comme nous l’avons vu ci-dessus. Toutes ces approximations cessent cependant à partir de 1487, en liaison avec une innovation sur laquelle nous allons revenir : les listes exhaustives des présents.

Chiffrer l’assistance aux assemblées n’est donc pas si simple jusque dans les années 1480. Peut-on mieux cerner qui se rend dans ces assemblées ?