Qui vient aux assemblées ? Cette question pose implicitement le problème de la libre entrée dans ces réunions : sont-elles ouvertes à tous ou bien est-on seulement convié à y participer ? C’est aussi tout le problème de la représentativité des participants qui se trouve posé.
Pour savoir qui peut venir, il est possible de recouper deux informations : lorsque les conseillers décident de réunir une assemblée, on peut relever les termes qu’ils emploient pour désigner les personnes à convoquer, et lors des assemblées, on peut comparer toutes les indications sur les participants que donne le secrétaire avec la convocation initiale. Cependant, cette comparaison n’est possible que dans 20% des 125 assemblées de ces années test. En effet, le secrétaire ne prend pas toujours la peine de noter la décision de convocation : c’est le cas pour 50% des assemblées en 1417, 89% en 1427 et 82% en 1434. A partir de 1447, dans les ¾ des situations, cette convocation est simplement rappelée avant que ne débute la réunion.
Nous avons regroupé dans un tableau les différentes notations de participants données par le secrétaire : 5 cas de figures se présentent, les assemblées regroupent soit les notables, soit les maîtres des métiers, soit les deux, soit l’ensemble de la population. Dernier cas, elles peuvent aussi être muettes sur ce sujet.
Notables | Maîtres des métiers | Maîtres des métiers et notables | Tout le peuple | Non précisé | |
1417 | . | 1 | 1 | . | 4 |
1427 | . | . | 1 | . | 35 |
1434 | . | 1 | . | 1 | 26 |
1447 | 1 | . | 3 | . | 3 |
1457 | . | . | 1 | . | . |
1467 | 2 | . | 5 | . | . |
1477 | 2 | . | 5 | . | . |
1487 | 9 | . | 2 | . | . |
1497 | 2 | . | 5 | . | . |
1507 | 5 | 1 | 2 | . | 1 |
1517 | 2 | 5 | . | . | |
Total | 23 | 3 | 30 | 1 | 69 |
A partir de la seconde moitié du siècle, il apparaît clairement que le secrétaire prend soin d’indiquer qui est convié aux assemblées. Jusque là, il ne précisait que rarement la qualité des participants, se contentant de donner leurs noms, du moins pour certains d’entre eux, comme nous avons vu précédemment.
La majorité des assemblées accueillent à la fois les maîtres des métiers et les notables de la ville, les deux composantes de l’élite urbaine ; les réunions avec les notables seuls sont beaucoup plus fréquentes que celles avec les maîtres des métiers, indice peut-être d’une considération inégale de ces deux groupes de la part des conseillers 1881 .
Il est encore plus frappant de constater que l’ensemble de la population n’est presque jamais convié à ces assemblées. La seule indication qui a pu être trouvée concerne l’assemblée du 9 mai 1434 : les conseillers demandent au matin « que l’on mande de rechief après disner tout le pueple aux Cordelliers » 1882 . Existe-t-il d’autres indices de la présence de la population lors des assemblées ou lui sont-elles fermées ? Intéressons-nous aux réunions de la première moitié du XVe siècle, puisque ce sont celles pour lesquelles le secrétaire ne précise presque jamais la qualité des convoqués. Ces assemblées sont souvent numériquement très importantes : ne serait ce pas la preuve de la présence de la population ? Ainsi le 30 janvier 1427 1883 , 94 personnes sont citées nominativement et à la fin de l’énumération le secrétaire clôt son paragraphe par « et pluseurs autres en très grant nombre de VIC personne sauf le plus » 1884 .
C’est la plus grande assemblée connue pour tout le XVe siècle : elle porte sur le montant de l’aide que la ville de Lyon va devoir payer au roi. Ceux qui sont cités sont des notables et des maîtres des métiers. Qui peuvent être les 500 autres ? D’autres notables ? C’est possible pour quelques uns, mais certainement pas pour la totalité car ce nombre est bien trop élevé. Il n’existe pas de liste des notables pour le début du XVe siècle, cependant en 1421 pour garantir la sûreté de la ville les conseillers décident « de eslire cent personnes des meillieurs et plus seurs de la ville, lesqueulx seront toujours armés et abbilliez en visitant la ville, affin nul ne soit si hardis de soy eslever et esmuer contre la ville » 1885 . On peut supposer qu’il s’agit des notables et amis du consulat, ce qui donne une possible estimation de leur nombre 1886 . Il est aussi probable que d’autres maîtres des métiers, moins connus car exerçant des métiers peu prestigieux 1887 , soient aussi inclus dans les 600 personnes présentes le 30 janvier 1427 : le problème du nombre est là aussi évident, car il n’y a qu’une quarantaine de maîtres des métiers par an au début du XVe siècle 1888 . Il s’agit donc forcément de simples gens du peuple qui sont venus à la réunion 1889 .
L’allusion à la population le 9 mai 1434 est la seule que nous ayons relevée. En réalité les conseillers évoquent la possibilité, par deux fois, de convoquer le peuple en 1427 1890 , mais nous n’avons pas inclus ces dires dans nos comptages car aucune réunion n’a lieu, ou n’a laissé de traces. Cependant, nous avons vu précédemment que dans plusieurs assemblées le nombre exact des présents est inconnu car le secrétaire clôt son énumération par « et pluseurs autres », et ce jusqu’en 1477. Dans les cas relevés en 1427 et 1434, il n’est jamais précisé qui sont ces autres 1891 , sauf une fois pour dire qu’il s’agit de « pluseurs autres menues gens » 1892 , alors qu’à partir de 1447 les formules précisent toujours qu’il s’agit uniquement de notables et de maîtres de métiers 1893 . Donc, jusqu’en 1434 la population peut venir lors des assemblées. Cette participation semble être un reste des assemblées populaires du XIVe siècle, telles qu’elles pouvaient exister à la fondation de la commune, comme dans la plupart des bonnes villes de France, illustration de l’adage quod omnes tangit ab omnibus tractari et approbari debet (abrégé par q.o.t.), « ce qui concerne tous doit être discuté et approuvé par tous ». La réunion du 30 janvier 1427 avec ses 600 participants reste cependant exceptionnelle : les habitants ne se bousculent pas pour venir à ces réunions, il ne faut pas oublier qu’aucune indemnité n’est prévue.
Les villes italiennes ont été les premières à développer les institutions communales : Pise offre le premier exemple connu en 1085 ; Asti, Milan et Gênes possèdent des consuls avant 1110. A l’origine dans toutes ces communes, les décisions des consuls devaient être validées fréquemment par l’acclamation collective, et on connaît de nombreux cas d’engagements pris ou reçus par l’ensemble des citoyens assemblés en parlement. La généralisation d’un corps politique restreint constituant l’organe permanent du gouvernement, va dans le sens d’une certaine forme de représentation. A partir de la fin du XIVe siècle, la théorie de la représentation du corps en son entier par certains de ses membres seulement, plus qualifiés que d’autres pour gouverner, devient un lieu commun du discours politique. A. Rigaudière note aussi que dans les villes du Midi, les convocations larges de la population sont rares voire exceptionnelles : la consultation et l’exercice du pouvoir concernent partout des groupes restreints. Dans les registres de Clermont au XVe siècle, les assemblées ne regroupent que « la plus saine partie de lapopulation », application de la règle canonique fort ancienne de la major et sanior pars à la vie politique et administrative 1894 . C’est le transfert du pouvoir à un groupe représentatif : on est loin des grands rassemblements de citoyens des débuts du phénomène des bonnes villes 1895 . Ces remarques sur les assemblées urbaines valent d’ailleurs aussi pour les assemblées rurales : l’assemblée des habitants, généralement réunie sous le porche de l’église paroissiale après la messe dominicale, ne concerne pas l’ensemble du corps paysan, mais toujours de 50 à 70 personnes 1896 . La ville de Lyon instaure des pratiques qui sont celles de son temps, dans son mode de gouvernement.
Au-delà de 1434, la population n’est plus conviée à ces assemblées : le pouvoir est réservé aux représentants du corps commun. La Rebeyne en 1436 n’est peut-être pas étrangère à ce repli frileux 1897 : la population fait peur, on ne l’associe que de très loin à la vie municipale, en l’excluant définitivement des assemblées. Cette attitude reflète plus généralement l’inquiétude des élites envers « le commun », comme le prouvent les propos de Christine de Pisan : « et pour ce que le menu peuple n’a mie communément grand prudence en parole, mesure en fait qui touche policie, doivent prendre garde les bourgoys et les gros que pour chose qui en sont faicte le commun ne s’en empesche ne n’en face aucune conspiracion mauvaise contre le prince ou le conseil » 1898 .
Les seules assemblées où la population reste conviée tout au long de notre période, ont lieu le 21 décembre pour la saint Thomas, lors de l’élection des nouveaux conseillers : mais peut-on réellement considérer que les habitants jouent un quelconque rôle lors de cette cérémonie ? Il s’agit plutôt d’un simulacre : les ingrédients sont là pour satisfaire la population, mais la réalité du pouvoir lui échappe totalement. Il est dit dans les registres que cette réunion se déroule à Saint-Nizier, qui reste le lieu de référence pour toutes les grandes assemblées populaires convoquées par les conseillers ; aucune convocation, chacun est libre de s’y rendre. La population entérine par acclamation le nom des douze conseillers, mais il ne s’agit pas d’une vraie assemblée, le vocabulaire employé le prouve : le syndicat n’est pas lu aux habitants, il est « preschié » 1899 . Les conseillers lui confèrent une valeur quasi religieuse, la population n’a pas à discuter, elle est là pour écouter et approuver, comme lors de la messe. La population n’est que conviée à cette cérémonie : son rôle, tel que l’a défini la coutume, est d’investir symboliquement les conseillers en les acclamant. Jamais aucune élection ne donne lieu à des oppositions : on ne fait que respecter la forme des traditions fondatrices, chacun joue un rôle déjà écrit, sans fausse note. Il s’agit pourtant bien au sens strict d’une élection : l’electio, c’est-à-dire le choix, requiert littéralement l’assentiment de l’ensemble de la communauté, sans pour autant passer par le scrutin, destiné lui, à recueillir le vœu (votum) de chacun des individus qui composent la communauté. Cette réunion n’a pour but que d’affirmer la cohésion des forces urbaines, elle n’est en aucun cas un témoignage exact de l’influence politique respective des forces en présence. Cependant il ne faudrait pas minorer sa portée symbolique : dans la société médiévale, la notion de représentation politique est intimement liée au principe selon lequel, tout pouvoir légitime doit recueillir l’assentiment de ceux au nom de qui il s’exerce ; cette cérémonie de la saint Thomas revêt donc plus d’importance qu’il n’y paraît de prime abord, même pour les conseillers. L’élection est solennisée par cette acclamation qui exalte les liens créés par la cohésion de la communauté urbaine : c’est un acte social fortement ritualisé qui fonde le pacte qui lie gouvernants et gouvernés.
Le groupe des notables est assez difficile à définir : en effet il n’est jamais dit comment accéder à ce groupe, ni comment en sortir, encore moins s’il est possible d’en être radié. Comme il n’existe pas de liste des personnes en faisant partie, il est délicat de donner un nombre précis de ses membres, il ne peut s’agir que d’évaluations. Cette difficulté est peut-être liée au fait que ce groupe n’apparaît que de façon très floue au début du XVe siècle. Les secrétaires de la première moitié du siècle ne parlent jamais des notables, ce substantif semble ne pas exister, il n’est question que « des plus notables de la ville » 1900 , ou « des notables gens » 1901 , « des notables personnes » 1902 . Lorsque J. Deniau analyse la composition de l’assemblée du 10 septembre 1426, où sont convoquées 262 personnes, il reconnaît 10 consuls, 30 anciens ou futurs consuls, 40 maîtres des métiers, 45 anciens ou futurs maîtres des métiers, et 170 bourgeois 1903 . Il n’emploie absolument pas le terme de « notables » car ce mot ne recouvre alors rien de bien précis, mais utilise celui de « bourgeois » qui est d’ailleurs parfois évoqué dans les mandements des conseillers 1904 , pour désigner l’élite économique et sociale de la ville, ceux qui sont reconnus comme honorables.
Ce n’est que dans la seconde moitié du siècle que « les notables » sont inscrits comme participants aux assemblées. En étudiant le profil de ceux qui sont classés sous ce vocable, il apparaît que les ¾ d’entre eux ont été soit conseillers, soit maîtres des métiers ; parmi les autres une partie a exercé des fonctions pour le consulat 1905 , ou a obtenu pendant un temps l’une des fermes de la ville ; l’obtention d’une charge royale semble être aussi un facteur d’intégration. Il reste environ 15% des notables dont on ne sait rien : certains ont des patronymes qui sont aussi ceux de conseillers, peut-être ont-ils intégré le groupe sur intervention d’un parent. Il semble peu probable que le recrutement soit héréditaire car on ne retrouve jamais tous les fils des conseillers. Ce groupe reste un peu mystérieux, d’autant qu’il est délicat de donner un nombre strict des notables de Lyon car il évolue : si la fourchette de 120-130 personnes est crédible pour la première moitié du XVe siècle 1906 , il n’en est pas de même pour le début du XVIe, où sont convoqués parfois jusqu’à 220-230 notables 1907 . Ce gonflement progressif de l’effectif 1908 peut être dû à la corrélation de plusieurs facteurs. L’essor économique de la ville, grâce aux foires, permet le développement d’une élite économique plus nombreuse, dont les nouveaux membres accèdent alors à la notabilité ; le facteur héréditaire n’est peut-être pas à exclure non plus totalement.
Les notables et les maîtres de métiers sont donc petit à petit les seuls conviés dans les assemblées, mais ils sont présentés régulièrement comme les représentants du corps commun 1909 . Dans les années 1460, deux allusions à la population ont pourtant été relevées dans les registres de la ville : en 1465, le consulat décide de réunir une assemblée « pour communiquer et signiffier au peuple de ladite ville certains deux paires de lectres closes naguères et novellement tramises et escriptes pour le roy » 1910 . Il est possible que le « peuple de la ville » ait réellement été convoqué, bien qu’il n’y en ait aucune mention, mais si c’est le cas, ce n’est pas vraiment une consultation car il s’agit seulement de faire part de lettres royales à la population. En 1467, les conseillers soulignent que telle matière « estoit grande et de pois et touchoit ung chascun des habitans de ladite ville » : sont donc convoqués pour répondre à ce problème les maîtres des métiers et certains notables 1911 . Ce glissement sémantique entérine la redéfinition des membres potentiels des assemblées : la population en a totalement disparu, le « peuple politique » ne représente plus qu’une minorité 1912 . Les notables et maîtres des métiers sont considérés « comme la saine partie des citoyens et habitans de ladite ville et représentans le corps mistique d’icelle » 1913 .
Cependant, être reconnu comme notable ou faire partie des maîtres des métiers n’autorise pas pour autant à venir librement dans toutes les assemblées. Seuls les conseillers désignent les participants et ceux-ci sont ensuite convoqués par le mandeur de la ville. La fonction du mandeur n’est pas mise en valeur dans les registres de la première moitié du XVe siècle, c’est généralement lors du paiement de ses gages que l’on apprend le rôle qu’il joue vraiment : ainsi en 1418 les conseillers « ont passé ung mandement à Audry Lebreton de XX sols tournois pour son service d’avoir mandé les conseillers et maistres de mestiers à Saint-Jaques par XXX fois, comme elle est contenu en ung rolle qu’il a baillé aujourd’ui » 1914 . Les registres soulignent incidemment que dans les années 1420 le sens du mot « convocation » n’est pas toujours respecté : en 1420 une quinzaine de notables s’invitent dans une discussion au consulat 1915 ; en 1422 les conseillers rappellent fermement qu’ils sont les seuls habilités à faire venir les maîtres des métiers, sous-entendant peut-être que ces derniers n’ont pas à prendre l’initiative de se rendre dans une assemblée 1916 . A partir de la seconde moitié du XVe siècle, les registres indiquent clairement le rôle indispensable du mandeur : « ont esté mandez par le mandeur de ladite ville ainsi qu’il est acoustumé conseillers nouveaulx et vielx, maistres des mestiers et les notables de ladite ville » 1917 . A la fin du siècle le consulat se dote même d’un deuxième mandeur : on en trouve trace dans les registres en 1497 1918 , et en 1517 le secrétaire prend soin d’indiquer le nom de ces deux hommes 1919 .
Selon les assemblées, les conseillers décident de mander notables et maîtres de métiers ou seulement l’un des deux groupes. Or à étudier précisément les mandements des années test, on constate que tous les membres de ces groupes ne sont pas automatiquement conviés. Plusieurs convocations indiquent que les consuls souhaitent qu’ils soient là « en tant grant nombre que l’on pourra finer pour y conclure » 1920 , ou bien « en tel nombre que nécessaire sera » 1921 , ou encore en « bon nombre » 1922 . Comment comprendre ces indications ? Peut-être faut-il y voir un commandement au mandeur : les notables et tous les maîtres des métiers représentent environ 120 à 140 personnes au début XVe siècle et 220 à 230 au début du XVIe siècle. Comment le mandeur fait-il pour tous les prévenir, alors que les assemblées sont décidées au plus tôt trois jours avant leur déroulement ? Les conseillers ont peut-être conscience de cette difficulté et imposent au mandeur d’avertir un nombre suffisant de ces personnes, pour qu’une assemblée puisse être tenue. A combien évalue-t-on un nombre suffisant de participants ? Mystère, ce n’est jamais précisé. Mais peut-être faut-il voir dans ce flou une tournure purement rhétorique : nous ne connaissons des directives des conseillers que ce que le secrétaire veut bien nous dire, ces formules évasives permettent peut-être de convoquer uniquement les notables et les maîtres des métiers dont les avis « conviennent » au consulat. Cette hypothèse est suggérée par une autre pratique que l’on relève dans les mandements : à partir de la seconde moitié du XVe siècle, les conseillers indiquent parfois clairement un nombre maximum de participants dans les assemblées, lorsqu’il s’agit d’assemblées avec les notables 1923 . Ce nombre peut être très variable : « jusque-au nombre de douze » 1924 , « seize ou dix-huit personnes » 1925 , « jusqu’au nombre de XXIIII » 1926 , « trente ou quarante 1927 », ou « jusques au nombre de soixante » 1928 . Il s’agit toujours d’un nombre pair d’individus car les conseillers tiennent à ce que soient convoqués « des notables tant d’un cousté que d’autre d’icelle ville » 1929 . Cette disposition rappelle la manière dont sont désignés les conseillers eux-mêmes, six de chaque côté de la ville 1930 et inscrit la représentativité des participants aux assemblées dans l’histoire et dans l’espace lyonnais.
On peut s’interroger sur la façon dont sont choisis les notables ainsi contingentés : est-ce le mandeur qui se contente d’avertir « trente ou quarante » notables au hasard, ou les conseillers lui confient-ils une liste nominative des personnes à contacter ? Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable, elle est confirmée lors d’une convocation en 1465 : « que l’on mande à dimanche matin audit ostel des notables de ladite ville jusques au nombre de XXIIII ou XXVI personnes, qui seront baillés par noms et surnoms au mandeur de ladite ville » 1931 . Jusque dans les années 1490, les secrétaires n’indiquent presque jamais cette manière de procéder, peut-être parce qu’elle est évidente à leurs yeux ; en revanche à partir de la fin du siècle, on trouve régulièrement des références au « rolle » des mandés, c’est-à-dire à la liste 1932 . Ces notations soulignent peut-être la normalisation et la plus grande organisation des réunions. Comment est alors réalisée cette liste ? Existe-t-il une liste exhaustive de tous les notables de la ville, à partir de laquelle on ne prendrait par exemple que les « trente ou quarante » premiers inscrits ? C’est possible puisqu’il y a aussi des assemblées où tous les notables et les maîtres des métiers sont invités 1933 . S’agirait–il d’un choix voire d’un tri des participants ? Les conseillers retiendraient les notables qui partageraient secrètement leurs vues, ce qui signifierait qu’il existerait implicitement une sorte de hiérarchie au sein du groupe des notables.
Le choix des mandés est mûrement réfléchi, comme plusieurs indices le suggèrent dans les registres : en 1467 les conseillers convient parmi les notables, « tieulx et en tel nombre que veu et advisé sera » 1934 . Le critère numérique, légitimé par la volonté de ne pas être trop nombreux, afin de ne pas éterniser les débats et d’éviter les opinions contradictoires, masque à peine des raisons plus qualitatives : les notables les plus importants et les mieux disposés envers le consulat sont retenus. Un mandement de 1485 qualifie les notables retenus « des plus secretz » 1935 , c’est-à-dire ceux qui tiendront le mieux leur langue parce qu’ils sont amis des conseillers ; en 1486 ils sont de façon plus énigmatique « des plus espéciaulx » 1936 . La désignation de ces notables n’obéit qu’à la confiscation du pouvoir par une oligarchie : lors d’une réunion en 1464 1937 , 16 notables sont convoqués côté empire, dont 11 ont été ou seront conseillers, et 16 notables côté royaume, dont 10 ont été ou seront conseillers. Tous les notables ne se valent donc pas, cette hiérarchie existe-t-elle aussi entre les participants, notables et maîtres des métiers ? Le secrétaire la fait-il ressortir dans sa manière de noter les différentes personnes présentes ?
Il ne suffit pas de s’intéresser aux participants mentionnés par le secrétaire, il convient aussi d’examiner la manière dont il les note : elle révèle les relations entre les présents aux assemblées.
Comme il a été dit précédemment, les conseillers sont notés en tête, dans un paragraphe à part, eu égard à leur rôle politique. Mais en étudiant de plus près les différentes assemblées, on constate que jusqu’à la réforme du consulat en 1447, anciens et nouveaux conseillers sont toujours soigneusement différenciés 1938 . Cette différenciation s’explique par le souci d’efficacité qui préside au déroulement de ces réunions : les nouveaux doivent apprendre, sous l’égide des anciens, à mener ces assemblées. C’est très clair en 1417 : dans les deux premières réunions de mars et d’avril les anciens sont présents, ils sont majoritaires à la première (9 contre 5 nouveaux) et minoritaires à la seconde (5 contre 9 nouveaux), avant de laisser totalement la place aux élus de l’année. En 1427 lors des réunions de janvier et février, les anciens conseillers sont majoritaires 1939 ; même chose en 1434 pour les réunions jusqu’au mois de mai 1940 et en 1447 de janvier à mars 1941 . La durée pendant laquelle les anciens sont présents peut varier suivant la conjoncture, certains problèmes sont difficiles à gérer pour les nouveaux seuls, mais cette présence dépend surtout de la prise de fonction effective des membres du nouveau consulat : tant qu’ils ne sont pas au moins sept à avoir prêté serment, ils ne peuvent prendre le pouvoir et les anciens sont obligés d’assurer l’intérim 1942 .
Au début du XVe siècle, maîtres des métiers et notables sont notés ensemble, comme un groupe d’égaux. Les seuls individus qui bénéficient d’un traitement particulier sont ceux qui exercent de hautes fonctions, officiers du roi ou de l’archevêque 1943 : soit ils sont notés dans un paragraphe séparé, immédiatement après les conseillers comme c’est le cas lors de l’assemblée du 28 avril 1417 1944 , soit leurs noms sont inscrits en tête des notables présents 1945 . Cette préséance est une marque de respect, de déférence, qui d’ailleurs se retrouve dans les registres lors de n’importe quelle réunion où ces personnes sont évoquées 1946 .
L’égalité entre notables et maîtres des métiers semble effective : l’ordre dans lequel sont évoqués ces hommes varie, comme si ces deux distinctions étaient semblablement honorables. Cependant, certains dans ces listes bénéficient de la part du secrétaire d’un traitement particulier, puisqu’il les singularise en donnant un détail sur eux, comme un lien de parenté (« le fils Barat » 1947 ), ou un surnom (« Jehan Buer dit Buyriau », « Pierre de Nièvre le jeusne », « Humbert de Varey le grant » 1948 ). Ces indications peu nombreuses, qui instaurent une forme de proximité 1949 entre le secrétaire et certains participants, disparaissent à la fin des années 1430 : elles pourraient passer pour de la familiarité de la part du secrétaire, et cadrent mal avec le sérieux et l’importance symbolique de ces assemblées ; enfin l’exclusion de la population fait disparaître ces qualificatifs associés aussi aux petites gens 1950 .
Les références au métier de certaines personnes citées peuvent être classées en deux catégories : la première regroupe celles qui désignent des hommes de loi (juge, docteur, licencié, notaire), la seconde rassemble toutes les autres. Des métiers très variés sont indiqués indifféremment suivant les années : brodeur, fromager, barbier en 1417 1951 ; tisserand, pelletier, espinolier en 1427 1952 ; codurier, escoffier en 1434 1953 ; dorier, panetier, esperonier en 1447 1954 . Pourquoi la profession de certains est-elle indiquée ? L’explication la plus plausible est que cette pratique résulte d’une volonté de clarté du secrétaire. En effet, ce dernier est confronté au problème de l’homonymie. Malgré ses efforts, lors de l’assemblée du 19 janvier 1427, le secrétaire s’embrouille, il note : « Mandront de Nièvre, Pierre de Nièvre, Pierre Mandront de Nièvre » 1955 , or il s’agit de la même personne... C’est donc dans un souci d’exactitude que la profession de ceux qui ont un homonyme est indiquée, afin qu’on sache qui était présent lors des réunions. Par exemple lors de l’assemblée du 21 août 1447 1956 : « Pierre de Monpancier, dorier » et « Pierre de Monpancier, panetier » sont tous deux cités avec leur métier pour ne pas être pris l’un pour l’autre.
L’homonymie est parfois particulièrement ennuyeuse lorsqu’un membre de l’élite, conseiller ou ex-conseiller risque d’être pris pour un homme du « menu peuple », comme dans l’assemblée du 6 septembre 1434 1957 : « Estienne Guerrier, codurier », ne doit pas être confondu avec son homonyme, qui appartient à la riche famille des Guerrier, et qui a déjà été 7 fois conseiller ; de même « Jehan de Bourg, pelletier » et « Jehan de Bourg, panetier », n’appartiennent pas à la même classe sociale, puisque le premier exerce un des métiers les plus prestigieux de l’époque alors que l’autre n’est que boulanger.
Les indications de grades juridiques n’apparaissent jamais pour ces raisons d’homonymie, mais uniquement dans un but honorifique. Il est prestigieux d’être docteur en droit, ou d’exercer la fonction de juge dans l’une des juridictions de la ville de Lyon, donc le secrétaire le note. Est-ce à la demande des intéressés ou du propre chef du scribe, lui-même notaire ? Impossible à déterminer, mais la façon de mettre en avant ces personnes évolue. Au début du siècle, le secrétaire leur confère seulement le titre de « maistre », sans tenir compte du fait qu’ils sont docteurs ou licenciés en droit : ainsi en 1427, Jean Le Viste, docteur en droit, et Jean Mulin, licencié en droit, ont leur nom indifféremment précédé de « maistre » sans autre précision. En 1434, les choses évoluent un peu : Guichard Bastier et Jean de Bames, docteurs en droit, ont droit à « messire », tandis que Jacques Bennot, Jean Mulin et Philippes Burle, licenciés en droit, sont désignés par « maistres ». A partir de 1447 le secrétaire note spécifiquement quel grade possède chacun. Cela correspond à la période où les juristes sont plus nombreux parmi les conseillers et cherchent peut-être ainsi à s’affirmer : licenciés et même simples notaires ont droit à voir accolé à leur nom leur grade ou leur métier.
L’inégalité entre les membres de l’élite se révèle peu à peu avec l’apparition des listes des mandés à chaque assemblée. Il s’agit bien de listes, car les participants ne sont plus notés dans un paragraphe compact, sans ordre ni différence prononcés. Le secrétaire soigne la forme : les noms des mandés se présentent en colonnes, un ordre strict détermine la place de chacun et ceux qui ont une charge, un office ou un titre sont désignés par celui-ci, parfois sans leur nom 1958 . Notables et maîtres des métiers sont désormais cités séparément, les premiers toujours en tête. Ces changements dans la notation se mettent en place petit à petit à partir de la fin du XVe siècle 1959 .
A partir de 1507, les listes des mandés font apparaître des divisions et des hiérarchies extrêmement visibles : honneur, prestige, renommée peuvent s’y lire. Les notables sont nommés les premiers : leur statut d’ex-conseillers ou de candidats, ainsi que leur richesse en font des personnages beaucoup plus importants que les maîtres des métiers. Ils sont séparés en deux groupes bien distincts : « notables devers Saône » et « notables devers Rhône » : il est nettement plus prestigieux de faire partie de ceux côté Saône, plus anciens, souvent juristes, proches des pouvoirs, plutôt que ceux côté Rhône, surtout représentés par des grands marchands. D’ailleurs les notables côté Saône 1960 sont numériquement toujours plus nombreux dans les mandements : pour l’année 1517, ils sont entre 36 et 89, alors que ceux côté Rhône sont entre 29 et 41. L’équilibre représentatif entre les deux quartiers de la ville est mis à mal par les convocations : les conseillers préfèrent manifestement avoir les avis des notables côté Saône 1961 .
La place occupée dans la liste n’est pas non plus anodine, et tous les notables ne sont pas identifiés de la même manière. Par exemple lors de l’assemblée du 1er janvier 1517, se trouvent en tête les personnes occupant une charge d’officier royal comme « messire Pierre Burberon, lieutenant général de monsire le séneschal de Lyon » ; suivent ensuite les juristes de la ville, les docteurs puis les licenciés, enfin ceux qui ont une fonction dans la ville tel « Secondin Viel, maistre des portz ». Tous les docteurs ont toujours leur nom précédé de « messire » ; ceux qui ont des fonctions sont nommés « monsire » ou « monseigneur » ; les autres sont cités sans indication sauf quelques licenciés, dont le nom est précédé de « maistre ». Les seuls autres individus dont la profession est indiquée sont les médecins, toutes les allusions aux autres métiers ont disparu. Les maîtres des métiers sont notés ensuite, à part : toujours dans un souci de hiérarchie, le secrétaire les fait apparaître comme lors de leur élection, c’est-à-dire chacun classé avec le métier qu’il représente, et chaque métier du plus prestigieux ou plus modeste. En 1514 et en 1516 le secrétaire établit même une séparation entre maîtres devers Saône et maîtres devers Rhône, imitant ainsi la dichotomie qui existe entre les notables.
Notables et maîtres ne se mélangent plus et ne veulent plus être confondus : les listes témoignent de la place de chacun dans la vie politique et sociale de la ville. D’ailleurs, lorsque les notables sont convoqués seuls, les conseillers parlent de « messires les notables » 1962 , jamais les maîtres des métiers n’ont droit à une telle appellation. Le « corps commun », les « citoyens et habitants de Lion », ne sont plus présentés comme s’ils étaient tous égaux comme au début du XVe siècle. Cette fiction laisse place à une affirmation réaliste : chacun a une place dans la hiérarchie ; ces différences affirmées et affichées créent peut-être des antagonismes entre les membres de l’élite.
Au cours du XVe siècle l’organisation des assemblées lyonnaises se modifie : une fermeture progressive de ces réunions est mise en place, d’abord avec l’éviction de la population 1963 , puis avec l’instauration d’une hiérarchie entre les représentants du corps commun. Mais si les notables sont valorisés par rapport aux maîtres des métiers, une relation ambiguë les lie aux conseillers, puisque tous ne sont pas également appréciés par le consulat. En choisissant les participants aux réunions, le pouvoir consulaire insuffle plus de ritualisation, moins de spontanéité à ces assemblées, mais cette sélection résulte peut-être aussi de sa volonté de ne pas être débordé par les mandés. Pour tester cette hypothèse, voyons comment se déroulent les assemblées le jour de la convocation.
Nous reviendrons un peu plus loin sur cette hypothèse lorsque nous étudierons la manière dont le secrétaire note le nom de chacun des participants.
1434, RCL2 p.370.
1427, RCL2 p.217.
1427, RCL2 p.218.
1421, RCL1 p.320.
Il est cependant délicat de donner un nombre strict des notables de Lyon car leur nombre évolue : si la fourchette de 120-130 personnes est crédible pour la première moitié du XVe siècle, il n’en est pas de même pour le début du XVIe. Les listes des participants étant plus précises, on convoque parfois jusqu’à 200-230 notables à certaines assemblées. Ex. : en 1515, 118 notables « devers Fourvière » et 104 « devers Rhône » sont inscrits sur les listes des mandeurs (1515, BB33 f205-209v).
Ces métiers peu prestigieux sont toujours indiqués en fin de liste, lors de la désignation des nouveaux maîtres des métiers à la fin de chaque année ; parmi eux on peut citer : les revendeurs, les barbiers, les pâtissiers, les vignerons (nous prenons pour référence la liste des maîtres des métiers de 1425, RCL2 p.119-120).
La liste est donnée en annexe 16.
J. Rossiaud souligne que cette assemblée est vraiment exceptionnelle puisqu’elle rassemble plus du tiers des contribuables lyonnais (Histoire de Lyon, op.cit., p.423).
Les conseillers « ont conclu que l’on ne preigne point la commission, (…) jusques l’on ait mandé le peuple de la ville, mès l’on leur prie qu’il s’en vuellent déporter jusques lundi prouchain et l’on mandera ledit peuple à dimanche matin », 1427, RCL2 p.238. Lors d’une autre réunion, il est décidé « que l’on face mander à ung brief jour avenir du peuple plus largement, pour pourveoir à la deffense de la ville », 1427, RCL2 p.242.
30 janvier 1427 : « et pluseurs autres en très grant nombre de VIC personne sauf le plus » ; 2 février 1427 : « et pluseurs autres en grant nombre » ; 14 février 1434 : « et pluseurs autres en grant nombre » ; 15 avril 1434 : « et pluseurs autres habitants de la ville, jusqu’au nombre de VIXX ou VIIXX personnes » ; 23 avril 1434 : « Et pluseurs autres jusqu’au nombre de VIXX ou VIIXX personnes » ; 4 mai 1434 : « et grant nombre d’autres gens jusque à l’environ pour tout de deux cens personnes » ; 9 mai 1434 : « et pluseurs autres jusque au nombre pour tout de IIC personnes ou environ » ; 6 septembre 1434 : « et pluseurs autres jusques au nombre de cinquante personnes ou environ » ; 21 novembre 1434 : « et pluseurs autres en grant nombre ».
Le 23 mai 1434 : « et pluseurs autres menues gens », 1434, RCL2 p.381.
6 janvier 1447 : « et pluseurs autres, tant maistres des mestiers que autres notables gens de ladite ville, jusque au nombre de cinquante ou soixante personnes » ; 3 mai 1447 : « et pluseurs autres, tant conseillers vieulx, maistres de mestiers que autres habitans de ladite ville » ; 16 janvier 1457 : « et plusieurs autres tant notables et maistres de mestiers » ; 7 juin 1467 : « et plusieurs autres tant maistres de mestiers, conseillers vieulx que autres notables » ; 18 octobre 1467 : « et plusieurs autres tant conseillers vieulx, notables que maistres de mestiers » ; 7 décembre 1467 : « et plusieurs autres tant conseillers vieulx, maistres de mestiers que autres notables » ; 11 décembre 1467 : « et plusieurs autres tant conseillers vieulx, maistres de mestiers que autres notables de la ville en bon nombre » ; 13 mars 1477 : « et des notables ».
« L’influence de l’église dans la constitution des modes d’élection démocratique est au cœur d’un grand débat, deux grandes exégèses se font face. Une première école constituée autour de Léo Moulin localise dans le catholicisme même le foyer d’origine du suffrage démocratique. Illustré notamment par les travaux de Pierre Rosanvallon, le deuxième courant récuse cette généalogie. Dans le cadre d’une analyse médiane, il faut souligner que le christianisme n’appuie nullement sa théorie de l’élection sur une systématique du sujet souverain ; il l’enracine au contraire dans une épistémè traditionnelle que structurent de fond en comble les grandes catégories de l’organicisme. » Ph. Portier, « Eglise et communautés monastiques », Dictionnaire du vote, sous la direction de P. Perrineau et D. Reynié, PUF, Paris, 2000, p.321-328.
A. Rigaudière, « Réglementation urbaine et législation d’Etat dans les villes du Midi français du XIIIe au XIVe siècle », La ville, la bourgeoisie et la genèse de l’Etat moderne (XII e -XVIII e siècles), Actes du colloque de Bielefeld, 1985, CNRS, 1988, p.35-70.
M. Toublanc, « Le notaire rural, intermédiaire entre les paysans et les propriétaires seigneuriaux et urbains », Les arts notariés. Source de l’histoire sociale (XVI e -XIX e siècles), Colloque de Strasbourg, 1978, Strasbourg, 1979, p.85-104.
Voir à ce sujet l’article de R. Fédou, « Une révolte populaire à Lyon au XVe siècle : la Rebeyne de 1436 », op. cit., p.129-149.
Cité par G. Monbello, « Quelques aspects de la pensée politique de Christine de Pisan, d’après ses œuvres publiées », Culture et politique en France à l’époque de l’humanisme et de la Renaissance, Actes du congrès international de l’Académie des sciences de Turin, 1971, études réunies par F. Simone, Torino, 1974, p.43-153.
1427, RCL2 p.255 ; 1434, RCL2 p.409.
1417, RCL1 p.60.
13 juillet 1427 : « l’on avoit mandé les conseillers vielx et nouveaux, les maistres des mestiers et autres notables gens », 1427, RCL2 p.234 ; le 20 août 1447 : « que l’en face mander à demain matin les maistres des mestiers et autres notables gens de ladite ville en tant grant nombre que l’on pourra finer pour y conclure », 1447, RCL2 p.542.
Le 22 novembre 1447 : « mandez par la second foys, à guise acoustumée conseillers tant vielx que nouveaux, maistres des mestiers et autres notables personnes de ladite ville », 1447, RCL2 p.552.
J. Deniau, La commune de Lyon …, op.cit., p.219-220.
« Que l’on mande à demain matin, plus largement des gens, tant borgeys, clers et autres », 1436, RCL2 p.448. Idem, 1461, BB7 f239.
Comme celles de maître des ports, de receveurs, procureurs ou trésoriers.
1421, RCL1 p.320. Voir aussi ce qui est dit précédemment.
Exemple : lors d’une assemblée en 1515, 222 notables sont mandés nominativement (1515, BB33 f205-209v). Ce nombre flou et mouvant des notables pose problème : il est impossible à résoudre pour le XVe siècle puisque nous possédons les listes non pas des notables mandés, mais seulement de ceux qui se rendent aux assemblées. Par contre, nous avons pensé qu’il était peut-être possible de connaître une liste exhaustive des notables au début du XVIe siècle puisque le secrétaire indique parfois la liste des mandés (nous reviendrons précisément sur l’apparition de ces listes un peu plus loin dans le corps du texte). Nous avons donc examiné les listes des mandés de l’année 1517, d’autant que pour chaque convocation, les conseillers souhaitaient convier tous les notables. Au lieu de disparaître, le problème s’est alors complexifié. Le secrétaire indique soi-disant l’intégralité des mandés, donc des notables. Or si on examine les 6 assemblées débutant par ces listes, aucune n’a atteint les 222 noms de 1515 et nous ne retrouvons jamais le même nombre de notables : 65 le 25 janvier ; 130 le 1er mars ; 102 le 17 mai ; 97 le 5 juin et 104 le 16 août. Nous avons ensuite considéré la liste du 1er mars comme la plus complète puisque la plus importante numériquement et nous avons donc comparé les noms inscrits et ceux donnés dans les autres listes : seuls 18 noms apparaissent en plus dans d’autres assemblées, ce qui porterait le nombre total des notables à un peu moins de 150. Il est donc impossible de déterminer exactement combien sont les notables lyonnais.
Nous qualifions ce gonflement de progressif car il semble que l’on atteigne la barre des 200 notables dans les années 1490.
Le 15 octobre 1467 : les conseillers font dire aux officiers royaux que « pour fere response [à propos d’une somme d’argent que demande le roi] seront plus ample ainsi que par le corps commun de ladite ville conclu et ordonné seroit ; et après ce ont ordonné lesdits conseilliers que l’en face assembler demain après dyner audit hostel desdits notables jusques au nombre de trente ou quarante pour adviser sur ladite response », BB11 f286v.
1465, BB10 f79v.
1467, BB10 f287v.
Ces pratiques ne font que mettre en application la métaphore organiciste, lieu commun du discours politique français à partir de la fin du XIVe siècle : c’est la théorie de la représentation du corps en son entier par certains de ses membres seulement, plus qualifiés que d’autres pour gouverner.
1484, BB15 f268. Autres références : sont mandés « les conseillers vieux et nouveaux, notables, bourgoys, marchans, maistres des mestiers et autres manans et habitans de ladite ville au nom de tout le peuple et université d’icelle ainsi que en cas semblable a acoustumé estre fait », 1496, BB22 f97. Début XVI e siècle, le secrétaire rappelle parfois ce que ces gens convoqués symbolisent : le terme de « corps commun » est très souvent employé : « auront conférence avec les notables et maistres des mestiers représentans le corps commun et après feront response le plustost que faire se pourra », 1514, BB33 f37v ; on mande les « notables et maistres des mestiers de ladite ville représentans le corps commun d’icelle », 1515, BB33 f285-295. Le 1 er janvier 1517: « ont esté mandez messires les conseillers, notables et maistres des mestiers de ladite ville, représentans le corps commun de ladite ville », BB37 f11v.
1418, RCL1 p.108. Autres allusions : gages de Pierre Archimbaud, mandeur du consulat, 1422, BB1 f172 ; 1448, BB4 f60v.
1420, RCL1 p.274.
Les conseillers « ont deffendu que pour commandement de quelconques personnes que c’estoit, l’on ne mande les maistres des mestiers senon que messires les conseilliers le comandent », 1422, RCL1 p.372.
1467, BB11 f252. Idem pour l’assemblée du 18 octobre 1467 : « furent mandez conseillers nouveaulx et vielx, maistres des mestiers et les notables de ladite ville ainsi qu’il est acoustumé », BB11 f289v ; le 7 décembre 1467, « furent mandez par le mandeur de ladite ville ainsi qu’il est acoustumé, conseillers nouveaulx et vielx, maistres des mestiers et les notables de ladite ville », BB11 f301 ; le 11 décembre 1467 : « furent de rechief mandez en l’ostel de ladite ville conseillers nouveaulx et vielz, maistres des mestiers et les notables de ladite ville ainsi qu’il est acoustumé », BB11 f307. Le 11 mars 1477 : « furent mandéz par le mandeur du consulat conseillers nouveaulx et vielx, maistres des mestiers et notables de ladite ville en l’ostel commun d’icelle », BB14 f26v ; le 13 mars 1477 : « furent mandéz par le mandeur du consulat de ladite ville les conseillers et notables d’icelle ville » BB350, cahier 1, f7 ; le 15 mars 1477 : « furent mandéz et assembléz par le mandeur du consulat les conseillers et notables de ladite ville », BB14 f31 ; idem BB14 f34 ; le 22 janvier 1487 : « furent mandez par le mandeur du consulat, conseillers vielx et nouveaux et des notables de ladite ville », BB19 f35 ; le 2 février 1487 : « furent mandez par le mandeur du consulat, conseillers vielx et nouveaux et des notables de ladite ville », BB19 f35v ; le 19 mars 1487 : « furent mandez par le mandeur du consulat, conseillers vielx et nouveaux et des notables de ladite ville », BB19 f38 ; le 19 juin 1487: « furent mandez par le mandeur du consulat, conseillers vielx et nouveaux et des notables de ladite ville jusqu’au nombre de XXIV », BB19 f47v ; le 28 juin 1487: « furent mandez par le mandeur du consulat et Pierre Dioguet sergent royal par commandement de monseigneur le lieutenant conseillers nouveaux et vielx et les notables de ladite ville », BB19 f49 ; le 15 juillet 1487 : « furent mandez par le mandeur du consulat et Pierre Dioguet sergent royal par commandement de monseigneur le lieutenant et sur peine de cent livres tournois, conseillers vielx et nouveaux, notables et maistres des mestiers de ladite ville », BB19 f51 ; idem 1487, BB19 f53v, f58, f58v et f65.
Le 19 février 1497 : « ont estez mandez tous les notables et maistres des mestiers par les mandeurs de ladite ville », BB24 f79v ; le 22 février 1497 : « ont fait mander par les mandeurs du consulat tous messires les gradués et notables pour leur donner sur ce conseil, aide et faveur », BB24 f80.
Le 25 janvier 1517 : « ont esté mandez par Guillaume de la Balme et Jaques Coulaud, mandeurs du consulat, messires les notables de ladite ville », BB37 f33v ; le 1er mars 1517 : « ont esté mandez messires les notables et maistres des mestiers de ladite ville après nommez par Guillaume de la Balme et Jaques Coullaud, mandeurs du consulat », BB37 f50v ; le 17 mai 1517 : « ont esté mandez par Guillaume de la Balme et Jaques Coullaud, mandeurs du consulat, messires les notables et maistres des mestiers de ladite ville », BB37 f74, idem f85.
Le 20 août 1447 : « que l’en face mander à demain matin maistres des mestiers et autres notables gens de ladite ville en tant grant nombre que l’on pourra finer pour y conclure », RCL2 p.542. Le 8 juin 1507 : « ont estez mandez messires les notables en grant nombre qui ne sont comparuz exceptez… », BB25 f145v.
Le 10 mars 1477 : « manderont venir les notables et maistres des mestiers de ladite ville en tel nombre que nécessaire sera », BB14 f25v.
Le 30 octobre 1477: « item ont arresté que l’en mande à dimenche prouchain les maistres des mestiers et bon nombre des notables pour adviser la manière de lever la barre par temps de foyre », BB14 f34. Le 24 juin 1507 : « en ensuivant ce que fut hyer ordonné, ont estez mandez bon nombre des notables de ladite ville », BB25 f155. Autre variante : le 24 février 1517: « ont esté mandez messires les notables de ceste ville en gros nombre tant d’un costé que d’autre », BB37 f49v.
Cette pratique n’existe pas pour les maîtres des métiers : soit tous peuvent venir, soit aucun.
Le 16 octobre 1487 : « furent de rechief mandez par le mandeur du consulat les conseillers et des notables de ladite ville jusques au nombre de douze », BB19 f58v.
1467, BB11 f304v.
Le 19 juin 1487: « furent mandez par le mandeur du consulat, conseillers vielx et nouveaux et des notables de ladite ville jusqu’au nombre de XXIIII », BB19 f47v. Le 2 août 1487 : « furent mandez par le mandeur du consulat en ensuivant l’arrest dessus escript messires les officiers du Roy, conseillers et des notables de ladite ville jusques au nombre de XXIIII tant deça que delà la rivière Saonne », BB19 f53v.
Le 15 octobre 1467 : les conseillers font dire aux officiers royaux que « pour fere response [à propos d’une somme d’argent que demande le roi] seront plus ample ainsi que par le corps commun de ladite ville conclu et ordonné seroit ; et après ce ont ordonné lesdits conseilliers que l’en face assembler demain après dyner audit hostel desdits notables jusques au nombre de trente ou quarante pour adviser sur ladite response », BB11 f286v
Le 13 novembre 1487 : « furent mandez par le mandeur du consulat les conseillers et des notables de ladite ville jusques au nombre de soixante », BB19 f65. Autres exemples rencontrés au fil des registres : « que l’on fasse mander à dimanche prouchain, conseillers vieux et nouveaux et des notables jusques au nombre de dix ou douze pour conclure et adviser », 1460, BB7 f160v ; que l’on mande à Saint-Jaquème « conseillers nouveaux et vieux et des notables de ladite ville jusques à nombre de vint et quatre personnes », 1462, BB7 f293 ; « que l’on mande et face venir des plusieurs notables de ladite ville jusque au nombre de quinze ou seize personnes », 1463, BB7 f354 ; convocation de « notables jusques au nombre de trente ou quarante pour deviser sur ladite response et qu’il sera de fere », 1467, BB10 f286v.
Le 9 décembre 1467 : « ilz ont ordonné et arresté de fere mander et assembler à demain après dyner audit hostel ung certain nombre des notables tant d’un cousté que d’autre d’icelle ville et jusques au nombre de seize ou dix-huit personnes », BB11 f304v. Autres exemples : Le 31 juillet 1487 : « item ont arresté mander à jeudi matin heures de sept heures en l’ostel de Roanne, les conseillers vielx et nouveaux, et les officiers du Roy avec douze notables deça et aultres delà », BB19 f53v. Autres exemples au fil des registres : ont été mandés « jusque au nombre de vint et quatre personnes notables, (…) douze d’un cousté de ladite ville et douze d’aultre » 1463, BB7 f316v ; en 1484 six notables « deça et autant delà » sont convoqués pour entériner les lettres restituant deux foires à la ville après leur suppression, 1484, BB15 f271 ; en 1490, les notables sont « mandez jusques au nombre de XXV tant deçà que delà la rivière », 1490, BB19 f190 ; en 1499, « ont esté mandez céans XXV notables de chacun costé de la ville », 1499, BB24 f201v.
Six côté Fourvière et six côté Rhône. Il est aussi parfois précisé que les notables sont « citoyens de ladite ville » comme pour les conseillers : il faut souligner qu’il s’agit bien d’une élite entièrement lyonnaise qui représente le corps commun. Ex. : le 22 janvier, 19 mars, 28 juin, 15 juillet, 10 octobre et le 13 novembre 1487. Autres exemples au fil des registres : 1466, BB10 f142v ; 1468, BB10 f319v ; 1471, BB15 f152 ; 1482, BB17 f2.
1465, BB11 f74v.
Convocation de notables « jusques au nombre de deux cents et six sauf le plus, nommez et escriptz en ung roolle ou feuillet de papier », 1494, BB22 f13 ; « mesdits sires les conseillers ont fait mander messires les notables, escripts et nommez aux rolles intitulez dudit jour », 1503, BB24 f407. Le 15 février 1507 : « ont esté mandez les notables et maistres des mestiers de ceste ville nommez par roolles », BB25 f111v ; le 16 août 1517 : « ont esté mandez messires les notables et maistres des mestiers de ceste ville nommez au roolle, cy-après escrytz », BB37 f108.
Le 14 février 1497 : « mesdits sires les conseillers ont fait mander tous les notables et maistres des mestiers de ladite ville », BB24 f77. Le 1er mars 1517 : « ont esté mandez messires les notables et maistres des mestiers de ladite ville après nommez par Guillaume de la Balme et Jaques Coullaud, mandeurs du consulat », BB37 f50v.
1467, BB10 f234.
1485, BB15 f295v.
1486, BB15 f347v.
1464, BB7 f422v.
Exemples : 1419, RCL1 p.174 ; 1422, RCL1 p.351.
Lors de trois réunions : les 26 et 27 janvier (RCL2 p.216 et 217) ; le 2 février (RCL2 p.218).
Lors de treize réunions : 14 février (RCL2 p.364) ; les 7, 16, 25 et 30 mars (RCL2 p.369, p.371, p.372, p.373) ; les 15 et 23 avril (RCL2 p.375, p.376) ; les 3, 9, 13, 14, 23 et 30 mai (RCL2 p.370, p.378, p.379, p.380, p.381, p.382).
Lors de la réunion du 6 janvier (RCL2 p.523).
Et comme nous avons vu précédemment, les prises de fonction sont parfois fort lentes avant 1447.
A partir du début du XVIe siècle, ce respect existe aussi à l’encontre des officiers municipaux. Exemple : lors des assemblées de 1517, Secondin Viel, « maistre des portz », est régulièrement noté avec sa fonction, parmi les notables « devers Fourvière » (1517, BB37 f13, f51, f85).
Sont notés à part : « messire Jeronime [Balard, lieutenant de monseigneur le bailli], messire le procureur du roi, Thomas Rossignol, Denys Becey », RCL1 p.44.
C’est le cas de figure le plus courant, qu’on retrouve dans toutes les assemblées aussi bien début XVe, que début XVIe siècle. Exemples, en tête des présents : le 23 juillet 1417, « Messire Jeronime Balard, lieutenant de mons. le Bailly ; E. Boylliat, procureur du Roy » ; le 27 janvier 1427, « Humbert de Varey, prévost » ; le 7 décembre 146,7 « Messire Pierre Balarin, juge ; noble Jehan de Villeneuve corrier ; Ymbert de Varey esleu » ; 11 mars 1477, « Messires Laurent Paterin, lieutenant de noble et puissant seigneur, monseigneur le sénéchal de Lyon, bailli de Mascon, Guillaume Bulllioud, juge ordinaire, André Porte, juge des ressorts » ; le 27 janvier 1487 « Benoît Paterin lieutenant du sénéchal ; Ymbert de Varey maistre d’ostel ; Clément Mulat juge des ressorts ; Claude le Charron procureur du Roy ; Guillaume Bullioud juge ordinnaire » ; le 22 septembre 1497, « Monsieur le lieutenant ; monsieur le juge des ressorts ; monsieur le juge mage ».
Exemples : « noble personne messire Rosset, chevalier, seigneur de Balsat et séneschal », 1467, BB10 f228 ; « monsire le courrier Jaques Fenoil et le sire Jehan Coyaud prévost dudit Lion », 1517, BB37 f32v. Certains de ces officiers sont appelés uniquement par leur titre, comme pour souligner l’importance de leurs fonctions, leur appartenance à la sphère du pouvoir qui amplifie leur rôle et masque leur individualité. Exemples : « Le lieutenant de monseigneur le bailli », 1457, BB7 f59v ; « monseigneur le bailli », 1467, BB10 f231v ; « monseigneur le corrier, lieutenant, capitaine des franchs archers », 1477, BB350, cahier 1, f2 ; « monseigneur le chancellier de Bourbonnais », 1487, BB19 f36 ; « monsire le séneschal », 1517, BB37 f35v ; « monsire le lieutenant du Daulphiné », 1517, BB37 f36.
15 avril 1434, RCL2 p.375.
7 mai 1434, RCL2 p.378. 5 août 1417, RCL1 p.68.
On le voit par exemple lorsque le surnom d’une personne change : au lieu de Jean de Nièvre, le jeune, le secrétaire parle de Jean de Nièvre, le petit (ex. : 19 avril 1427, RCL2 p.228.).
On constate la même chose si l’on étudie la manière dont les conseillers parlent des Lyonnais dans leurs discussions : dans la seconde moitié du XV e siècle, on constate la disparition des désignations réduites à seulement un prénom ou un surnom (« le fils Jutet », 1417, RCL1 p.24 ; « Jehan, tieulier », 1417, RCL1 p.29 ; « le bastard de Cucugnie », 1427, RCL2 p.231 ; « Gillibert, serraillier », 1434, RCL2 p.396) : peut-être qu’une norme de bienséance s’est imposée et cette façon un peu désinvolte de nommer certaines personnes disparaît alors. Mais on peut aussi y voir la fermeture du consulat : le menu peuple, celui des manouvriers et des petits artisans qui n’ont parfois qu’un prénom ou un surnom n’apparaît plus dans les discussions ; la frange la plus pauvre et misérable de la population est rejetée symboliquement des discussions, peut-être justement parce qu’elle fait peur aux conseillers depuis la Rebeyne de 1436.
1417, RCL1 p.35, p.44 et p.61.
1427, RCL2 p.218, p.221.
1434, RCL2 p.373.
1447, RCL2 p.538.
1427, RCL2 p.214.
1447, RCL2 p.542.
1434, RCL2 p.389.
Comme pour les années précédentes, le secrétaire les note toujours en premier, avant tous les autres participants, et prend soin d’indiquer leurs hautes fonctions : Jean de Villeneuve, courrier (1467, BB10 f251v) ; Ymbert de Varey, Elu (1467, BB10 f304v), Laurent Paterin, lieutenant du sénéchal (1477, BB14 f26v) ; Ymbert de Varey, maître d’hôtel (1487, BB19 f35v)…
Auparavant, ces mises en ordre arrivaient de façon quasi accidentelle : ainsi en 1463 un compte rendu d’assemblée débute par une liste des présents hiérarchisée (1463, BB7 f345) ; de même l’inscription séparée des notables et des maîtres des métiers apparaît de façon fortuite en 1471, puis en 1489. Il est difficile de donner une explication à ces apparitions ponctuelles : est-ce la marque d’un aide du secrétaire ? Impossible de formuler une explication convaincante, il reste que ces exemples sont mystérieux. Cependant, même si les indications sur les intervenants des assemblées se détaillent de plus en plus (classement des listes, indication des différences entre présents et mandés), pour certaines réunions avant 1510, l’incertitude demeure sur le nombre et la catégorie de certains mandés (exemples d’assemblées où l’on ne connaît ni les noms, ni le nombre des participants : 1501, BB24 f315v ; 1502, BB24 f368) ; les listes des mandés de certaines réunions sont encore rédigées sans aucun ordre (1503, BB24 f410).
Ou « côté Fourvière » comme disent certaines listes.
Attention ces différences de mandement ne présument en rien du nombre total des notables de chaque côté de la ville, qui vraisemblablement est identique, comme il l’est pour les conseillers.
Exemples : 29 avril 1507 : « ont estez mandez messires les notables de ladite ville », BB25 f136v ; le 5 juin 1507 : « ont estez mandez messires les notables après nommez », BB25 f144.
Le consulat applique les idées de son époque : dans la Somme Rural, traité de droit de la fin du XIVe siècle il est dit : « en faict de la communauté se faut plus prendre à la saine partie qu’à la greigneur (= la plus grande), pour ce que vérité est que plus poisent les riches et les notables le faict de la chose publique que ne font les petits qui ne désirent que leur propre volonté ». Cité par B. Chevalier, Les bonnes villes…, op. cit., p.208.