1. L’indication des avis de quelques uns.

Dans le tableau des années test, il n’y a qu’en 1427 et 1434 que l’avis d’un individu unique est noté dans le compte rendu d’assemblée : pourquoi ?

Lorsqu’un avis est individualisé, celui qui le prononce emporte souvent l’adhésion des participants : ainsi le 30 janvier 1427, le secrétaire indique que « l’oppinion de sire Jehan de Varey est bonne et à celle ilz se tiennent, lequel a dit tout le premier que l’on doit… » 2180 . Jean de Varey est membre d’une des plus vieilles et des plus riches familles consulaires de Lyon. D’après cet exemple, les avis sont donc donnés suivant une certaine hiérarchie puisque ce personnage parle le premier ; il semble aussi qu’en raison de son rôle dans la ville, son avis fasse référence. Il lui a d’ailleurs peut-être été soufflé par le consulat : sachant que grâce à sa position, son avis aurait beaucoup de poids, les conseillers ont pu lui suggérer une conduite. C’est d’autant plus plausible que deux membres de sa famille, des cousins, figurent cette année-là au consulat : Humbert et Barthélemy de Varey. Ajoutons que la valorisation de l’avis d’un seul n’existe pas uniquement dans la première moitié du XVe siècle, d’autres exemples ont pu être relevés au fil des registres dans la seconde moitié du siècle, témoignant de pratiques courantes au sein des assemblées lyonnaises 2181 .

Ces pratiques ne sont pas propres aux Lyonnais, elles se retrouvent dans les assemblées du clergé. Pour établir une élection, le canon 24 du concile du Latran IV admet plusieurs types de procédure. L’unanimité « par quasi inspiration divine », c’est-à-dire par une entente générale spontanée, signe d’une intervention céleste, constitue le cas de figure idéal mais se produit rarement. Le scrutin est la modalité généralement utilisée : dans ce cas, l’unanimité est encore recommandée, elle doit apparaître par le vote, après la présentation des candidats (nominatio) et le débat entre les électeurs (tractatio). L’élection résulte le plus souvent du ralliement de la minorité à l’issue du débat. Dans la perspective d’une unité impérative, ce ralliement est très souhaitable, quitte à exercer à des pressions diverses. Lors de la tractatio, tous les électeurs ne sont pas sur un pied d’égalité, l’autorité hiérarchique exerce une certaine pression en utilisant la prima vox, le droit de faire connaître en premier sa préférence pour un candidat, lequel se trouve dès lors en posture très favorable. La tractatio permet d’imposer une décision par le jeu des liens de solidarité et de clientèle. Cette façon d’influencer les votes et les opinions se retrouve tout à fait dans le cadre du consulat, puisqu’il est clair que l’on accorde beaucoup d’importance à celui qui parle le premier.

Indiquer les paroles d’un individu en particulier induit que les opinions des participants n’ont pas toutes la même valeur ni le même poids. L’avis de certains semble indispensable : le 23 septembre 1420 une assemblée se réunit pour traiter d’un procès avec l’archevêché, une position est arrêtée mais le secrétaire précise que « desquelles choses Léonart Caille, ledit jour estant en son ovrour, et qui n’est peu venir obstant le mal de sa chambe, a eu gré et y a consentu » 2182 . Même absents aux délibérations, certains influencent les débats, et c’est une pratique courante comme le prouve cet autre extrait : « messire Jehan le Viste a tramis par Anthoine, son filz, son oppinion par escript, consonant à ladicte conclusion dessus écrite » 2183 . Jean Le Viste est membre d’une illustre famille consulaire, il fait parvenir son avis par écrit, porté non pas par un serviteur mais par son fils, en mains propres. On peut y voir l’accomplissement avec beaucoup de sérieux de son devoir malgré un empêchement. Mais cet épisode nous montre peut-être aussi que les participants à l’assemblée estiment donc prendre une bonne décision puisqu’elle est confortée par ce patronage symbolique. La stature de Jean Le Viste influence, son opinion renforce celle donnée par l’ensemble des présents : peut-être est-ce là une manière indirecte d’influer sur le cours des débats et la conclusion finale.

Il est aussi possible que le secrétaire note ces avis à la demande des particuliers : rien ne permet de l’affirmer sans conteste pour la première moitié du XVe siècle, en revanche deux épisodes de 1463 semblent conforter l’hypothèse que certains présents sont soucieux de voir leurs avis fidèlement retranscrits dans les registres consulaires. Ainsi, en 1463, une assemblée a eu lieu pour déterminer où il convient d’installer une halle pour les foires de la ville et si une telle réalisation est nécessaire. Le lendemain, les conseillers « ont veu et fait lire par ledit messire Paterin les six oppinions lesquelles furent faictes et donéez au jour d’yer sur les places des hales des foyres de ladite ville et lesquelles oppinions le procureur de ladite ville leur a monstréez et exhibéez, esquelles n’ont iceulx conseillers aucunement contredit excepté ledit Thomassin qu’il disoit qu’il avoit donné sa voix et oppinion en ensuyvant les oppinions d’aucuns marchans estrangiers lesqueulx autreffoys mandez au conseil de ladite ville eurent oppiné en ceste matière » 2184 . L’intervention de Thomassin qui justifie son opinion et en profite pour la redire peut être comprise comme de la prudence pour se prémunir des conséquences d’une décision importante : l’influence des juristes n’est certainement pas étrangère à ces considérations. Dans un autre exemple en 1463, deux particuliers, Jean Varinier et Pierre de Villars, trouvent bon d’intervenir après le résumé d’une précédente réunion, pour s’assurer que leur opinion a été bien comprise ; non seulement leur intervention a pour but de redire sans ambiguïté leurs précédentes paroles, mais en plus, ils en profitent pour apporter des précisions ou des modifications à leurs propos 2185 . Au-delà des considérations politiques et juridiques qui peuvent guider la prise de parole de ces hommes, il est possible qu’une telle attitude soit aussi due à la volonté d’être remarqué dans les registres : ils sont les seuls dont l’avis est spécifiquement noté. La mémoire de la ville se souviendra de leurs paroles et donc de leur personne, les autres participants ne seront a contrario que des silhouettes indistinctes. Ces intervenants sont tous des personnages importants et reconnus de la cité, cette reconnaissance passe peut-être aussi par leur existence dans les papiers de la ville 2186 .

Le secrétaire rapporte aussi parfois des avis opposés à la décision finale : il peut s’agir d’une personne isolée ou d’un groupe de quelques individus, qui sont toujours de fortes personnalités et des membres éminents de l’élite urbaine. Le secrétaire note leur opposition formelle à telle ou telle décision, précisant que tous les présents sont d’accord « excepté » eux 2187 . Parmi ces personnages importants, on trouve par exemple en 1427 Bernert de Varey et Mandront de Nièvre, descendants d’illustres familles, acteurs majeurs de la vie politique lyonnaise, souvent conseillers et maîtres des métiers 2188  : pour ces raisons le secrétaire et les conseillers jugent bon de faire figurer leurs interventions. Le nom de Bernert de Varey 2189 apparaît régulièrement, il s’agit peut-être d’un spécialiste de l’opposition systématique, d’une forte personnalité qui pour exister individuellement au consulat s’opposerait dans de nombreuses situations, ou d’un homme ayant une telle opinion de lui qu’il jugerait bon d’avoir toujours des opinions sur tout. Tous ces hommes peuvent légitimement donner leur avis, même s’il s’oppose à celui de la majorité, leur statut social, le fait qu’ils ont pu être conseillers ou que leur famille soit très renommée leur donnent cette aisance pour intervenir.

Il arrive aussi que le secrétaire identifie seulement quelques personnes représentant un groupe : peut-être s’agit-il de « chefs » de clientèles ou de membres d’un même réseau. Parmi les noms cités dans la première moitié du XVe siècle, se trouvent Jean Le Viste et Jean de Varey 2190 , Aynart de Villenove, Pierre de Nièvre 2191 ou encore Etienne Guerrier 2192  : tous sont des hommes influents, qui ont eu ou ont toujours des responsabilités au sein du consulat ou ont occupé des offices pour le roi ou l’archevêque ; leurs liens familiaux, leur fortune, leur puissance économique en font des personnages incontournables dans la ville. Il n’est pas étonnant qu’ils soient notés comme les représentants les plus dignes d’une opinion : le secrétaire reconnaît ainsi leur influence, ainsi que tous ceux qui sont de leur avis et qui les suivent tout en restant dans l’ombre.

Dans tous ces cas, tous les individus cités avec leur opinion sont des personnes très importantes dans la cité. Il s’agit donc d’un traitement particulier qui prouve qu’il existe une hiérarchie claire dans ces réunions : seuls quelques membres de l’élite sont dignes de figurer dans la mémoire collective.

Cependant le secrétaire n’est peut-être pas le seul responsable de la notation exclusive de l’avis des « meilleurs ». Leurs opinions sont les seules mentionnées : confisquent-ils la parole ? Intervenir dans ces assemblées n’est peut-être pas donné à tout le monde, c’est ce que tend à prouver un épisode de 1433 : le 3 décembre sont réunis 9 conseillers et 100 personnes, pour déterminer comment lever une nouvelle taille :

‘« ilz ont concluz que, pour ce que chascun par aventure n’oseroit pas bien dire son advis en si grant assemblée, pour quoy l'on puisse refuser la commission de la taille (…), lesdis conseillers et huit ou dix des plus notables s’assembleront après disner à Saint-Albain et là ilz concluront tous le remède, pour quoy l’on puisse refuser ladicte commission ou autrement sur ce faire et pourveoir le mieulx que l’on pourra, et sur ce ont esleu pour ce faire avec lesdis conseillers, c’est assavoir maistre Jehan Mulin, maistre Jacques Bennot, maistre Philippes Burle, maistre Anthoine Juys, tous licenciés en loys, Ymbaut de Bléterens, Pierre Beaujehan, Mathieu Buatier, Mathieu Odobert, Aymé de Nièvre et Anthoine Le Viste, et de ce que concluront lesdis ainsi esleuz, tous les autres dessus assemblés ont esté d’accors qu’il se face » 2193 .’

Le secrétaire note clairement que les 100 présents n’osent parler et préfèrent déléguer ce pouvoir à 10 d’entre eux. Pourquoi cette timidité ? La foule des présents semble mettre mal à l’aise ceux qui voudraient s’exprimer : l’argument est étrange puisque l’on a vu précédemment que les assemblées regroupent souvent un nombre important de personnes, parfois plusieurs centaines 2194 . Comment expliquer cette gêne ? Est-ce la crainte de mal s’exprimer ? La question peut se poser puisque nous avons aussi souligné que la langue maternelle des Lyonnais est le francoprovençal. Cependant cette hypothèse ne tient pas puisque parmi ces 100 présents, les 2/3 sont des représentants de l’élite 2195 , dont sont issus tous les consuls qui sont parfaitement bilingues.

Cet épisode rappelle une pratique propre à certaines assemblées religieuses : le compromis. Il s’agit d’un système à deux degrés, très utilisé dans les monastères : l’ensemble des électeurs vote pour un certain nombre de candidats, mais élit ensuite des compromissaires chargés de désigner, parmi ces derniers, au vu du résultat du scrutin, celui que la sanior et major pars a élu ; suit une acclamation générale de l’élu par toute la communauté. Dans le cas de ces Lyonnais, il est difficile de comprendre pourquoi ils auraient choisi de façon exceptionnelle cette forme de décision. Certains ont-ils peur de donner leur avis ? Y aurait-il des pressions, et de la part de qui ?

Pour affiner nos hypothèses, il faut nous interroger sur le choix des dix élus : quatre sont des licenciés en lois, les six autres sont soit des merciers, soit des terriers 2196 . Tous appartiennent donc à l’élite économique et sociale de la ville, 8 sur 10 ont déjà été conseillers et souvent lors de consulats communs 2197 . Des participants proches des conseillers auraient-ils poussé les autres à se déclarer incompétents ? Désigner dix élus qui partagent les vues des consuls permet de museler ces 100 personnes sans leur en donner l’impression. Pourquoi désignent-elles alors ce type de délégués ? Pour être écoutées, elles ont conscience de la nécessité de choisir des hommes qui inspireront le respect aux conseillers, donc des « plus notables ». Mais sont-elles sûres qu’ils serviront au mieux leurs intérêts ? Rien n’est moins certain. Que les participants aient ou non conscience de cette contradiction, cela prouve surtout que les réunions sont non seulement étroitement surveillées, mais aussi verrouillées par les conseillers. Cet épisode est à replacer dans le contexte des années 1430 : les assemblées ne sont pas encore fermées à la population, le consulat craint peut-être les opinions des plus humbles, cette désignation de dix représentants calme ces appréhensions.

Bien que les participants aux assemblées soient strictement choisis dans la seconde moitié du XVe siècle, les conseillers sont toujours inquiets des réactions possibles de certains, notamment des maîtres des métiers les plus modestes, qui restent proches de la population. Cette crainte s’exprime explicitement lors d’une assemblée en 1463, et éclaire l’exemple de 1433 : douze commis pour déterminer le choix du lieu où ériger une halle pour les foires, doivent faire leur rapport devant une assemblée :

‘« touteffoys leur sembloit que fere iceulx leurs rapports et relacions en ladite assemblée en la présence de si grant nombre de peuple pourroit estre plus toust domage que prouffit et pourroit engendrer aucune hayne et division entre le peuple et les habitants de ladite ville tant par aventure pour la discordance et differance desdits rapports donné pour l’adversité et contrariété de concordance d’iceulx rapports et relacions et que mieulx et plus convenable chose seroit et aussy pour acteler la matière, eslire et nommer avecque eulx et lesdits conseillers certains aultre nombre de personnes tel que veu et advisé seroit, lesqueuls eussent puissance, auctorité du corps commun de ladite ville de eslire et ordonnera absoluement ledit lieu » 2198 . ’

Ces deux exemples prouvent que la parole n’est pas donnée à tout le monde, l’élite semble donc détentrice du privilège de s’exprimer et de voir son avis noté dans les registres. Elle paraît aussi libre de ses paroles puisque certains de ses représentants ne manquent pas de s’opposer aux décisions des participants aux assemblées. Cependant, figurer parmi les plus notables permet-il de toujours dire ce qu’on pense ? L’épisode de l’assemblée du 12 août 1425 apporte un éclairage à cette interrogation. Il est question de l’aide que demande le roi, et le secrétaire note l’avis personnel de quelques uns :

‘« ilz ont esté d’oppinion que l’on liève les III poyses misez pour la reste de l’aide de Ryon, excepté Pierre de Nièvre, Jehan de Nièvre le jeusne, Jehan de Breysse, qui ont dit qu’il leur semble que ce ne se peut faire sans avoir plus grant nombre de gens, espécialement des plus grans et des plus notablez, qui en doivent les grosses summez ; Bernert de Varey, Mandront de Nièvre n’ont point d’oppinion pour ce qu’ilz sont venus derreniers, Jehan de Nièvre, le grant, a dit qu’il lui semble que l’on doit lever et avecque ce envoyer devers le Roy cinq ou six notables personnes, desqueulx il vueilt estre l’un et ne vueilt estre paié jusque ilz soit venuz, lesqueulx esposeront au Roy les povretez de la ville » 2199 .’

Parmi les 6 personnes citées dans cet extrait, 4 appartiennent à la même famille, celle des de Nièvre : Pierre et Jean le jeune sont frères, Mandront est leur cousin ; il est difficile d’établir avec certitude les liens qu’ils ont avec l’autre Jean dit « le grant ». Cette famille a le droit d’intervenir et de donner des avis qui ont du poids puisqu’ils sont notés avec attention. Le nom est le premier facteur de légitimité pour prendre la parole dans ces assemblées, comme nous l’avons vu précédemment. Mais l’aspect le plus intéressant de cet extrait est l’attitude de deux participants qui ne donnent pas d’avis : « Bernert de Varey, Mandront de Nièvre n’ont point d’opinion pour ce qu’ilz sont venus derreniers ». Ces hommes ont conscience de l’importance de leurs paroles et du poids de celles-ci dans ces assemblées, ils ont un certain prestige à maintenir, pour cela ils ne peuvent se prononcer sans connaître précisément l’ordre du jour. Mais leur refus de parler parce qu’ils sont arrivés après les opinions de chacun, est peut-être aussi un signe que les participants modulent leurs réponses en fonction de celles des autres : il convient certainement de ne pas négliger les opinions de connaissances ou d’amis, pour ne pas les mécontenter. Peut-être que ces deux retardataires veulent aussi adopter le comportement de tous leurs amis : dans le doute, pour ne pas trahir l’esprit de groupe ils préfèrent ne pas se prononcer.

« Qui parle ? » se demandait-on au début de ce développement : après examen des différentes situations il convient de reformuler cette interrogation. Les exemples donnés répondent plutôt à la question « qui ose parler », puisque seuls les membres de l’élite osent s’exprimer et parfois s’opposer à l’avis du groupe. Les derniers exemples indiquent aussi qu’il faut aussi se demander à d’autres moments « qui est autorisé à parler », puisque les conseillers semblent s’arranger pour opérer une sélection de leurs interlocuteurs dans les assemblées, en plus de celle qui est déjà à l’œuvre dans les convocations. Dans ces conditions, existe-t-il des assemblées où l’avis de tous est connu ?

Notes
2180.

1427, RCL2 p.218.

2181.

Exemple : en 1478, Jean de Villeneuve, courrier de la ville, « dist le premier son oppinion et advis » sur la garde de la ville et « après le corrier ont parlé les autres et finablement ont tous esté de l’oppinion dudit corrier », 1478, BB16 f61v.

2182.

1420, RCL1 p.258.

2183.

1427, RCL2 p.233.

2184.

1463, BB7 f320v-321.

2185.

L’assemblée porte sur le choix de l’endroit le plus propice à la tenue des foires dans Lyon : « avant que l’on procédoit plus à autre délibération, l’en eust vision et lecture desdits voix et oppinions faictes et donnéez sur ledit lieu et place pour édiffier lesdits hales affin de clariffier ladite difficulté se point en y avoit, lesquelles voix et oppinions furent leuez et récitéz par le procureur de ladite ville en plein conseil récitant lesquelles oppinions. Ledit messire Varinier, touchant sa voix et oppinion dit et déclaire qu’il avoit dit absolument et déterminement en oppinant que le lieu et place pour situer et édiffier lesdits halles estoit plus propice et convenable au pont de Saonne que nulz autre et quant son oppinion passeroit, avoit esté et est d’oppinion et lui sembloit que l’on devoit fere deux hales, l’un au cousté du Royaume près dedit hopital de la saonnerie et l’autre du cousté de mas l’empire es treize maisons estans au devant des Cordelliers et ledit Pierre de Villars dit et déclaire que son oppinion esté et estoit au lieu de la Grenete, tant seulement se fere se pourroit quant fere ne se gouverneroit pour contraster », 1463, BB7 f323.

2186.

L’hypothèse que ces hommes demandent explicitement au secrétaire de noter leur avis est vraisemblable. En effet lors de certaines réunions qui ne regroupent que des notables, il est difficile de comprendre pourquoi le secrétaire noterait un tel plutôt qu’un autre : un choix arbitraire de sa part ne peut être totalement exclu, mais cependant il paraît plus crédible que la notation de l’avis de certains soit motivée. Par exemple, on souligne la « diversité des oppinions qui lors avoient esté de reffaire ou non reffaire lesdits papiers » du vaillant lors d’une assemblée en 1458, mais seules les opinions personnelles de Buyer et Clavel sont notées, alors que 15 notables participent à cette réunion (1458, BB8 f77v). Autre exemple : une assemblée est convoquée pour déterminer si le consulat fera installer en ville une horloge, malgré le prix de cet achat. On connaît uniquement les avis de 6 personnes : « Pierre de Villars, Jaques Tourvéon, Jehan Le Maistre et Dauphin de La Fay que actendu et considéré l’advantage qu’on a trouver et avoir ledit mouvemens et la nécessité que ladite ville a dudit oreloge, aussi la décoracion et service qu’il fera à toute ladite ville, qu’on leur doit accorder ladite somme » ; par contre Calandrier et Roussellet considèrent que l’on doit « premièrement pourveoir à la fabrique de l’hospital », mais sont d’accord pour octroyer 15 livres pour l’horloge, BB352, 5 juin 1481.

2187.

Exemples de personnes seules : « excepté messire Jehan le Viste qui m’a dit qu’il ne consent point à la conclusion d’ier », 1426, RCL2 p.204 ; « excepté Bernert de Varey, qui a dit qu’il sera bien de demander ledit terme… », 1427, RCL2 p.238 ; « excepté Mandront qui dit que l’on se doit adjoindre avec ledit plat pays pour toujours estre plus fort se besoing estoit et pour pluseurs autres causes », 1427, RCL2 p.248 ; « excepté messire Paterin qui, combien qu’il soit de ceste oppinion, toutesfois n’est il point de conclusion de bailler appellation pour doubte qu’elle ne feust déplaisant au Roy », 1434, RCL2 p.378 ; « excepté Bernert de Varey, qui a dit que, veu les grans debtes que la ville, qui montent plus de mil sept cent francs et que la ville est si mal garnie d’artillerie, et que la guerre nous est si près, qu’il vaut mieulx pourveoir à la forniture de la ville que des estrangiers, mès au fort que l’on baille audit mons. le bailli des arréages des tailles passéez », 1434, RCL2 p.393 ; « excepté Guillaume Gay, Girert Rosset, Rolet Buclet, Estienne Cordier, Thomas Maistre, que ont dit les ungs que l’on est maintenant trop petit nombre pour y conclurre, les autres que pluseurs malédictions s’en ensuyvront contre ceulx que ce feront et, pour ce, qu’ilz ne vuellent pas estre des mauldis », 1436, RCL2 p.436 ; « ilz ont conclu et esté d’accord après plusieurs altercacions excepté touteffois ledit Benoit Chenal qui s’est tenu à son oppinion autreffois donnée en ceste partie », 1452, BB5 f189v ; « touteffoys ledit de Villeneuve touchant ce point estoit d’oppinion que pour complaire à mondit seigneur le bailli on aidast à soudoyer lesdits francs archiers mis esdits lieux », 1465, BB10 f50v.

Exemples de groupes d’individus : « excepté Pierre de Nièvre, Loys du Sollier, Joffrey Malarrest, Jehan Jehannont et Nisiés Greysieux, qui ont esté d’oppinion de non riens leur donner, pour les conséquences qui s’en peuvent ensuir, c’est assavoir que par aventure fauldra deshormays souventes fois faire pareillement et aussi considéré que oncques més dont il soit mémoire ne fut fait ainsi qu’il se fallut raçonner à gens d’armes », 1428, RCL2 p.289 ; « excepté Mandront, Ennemond de Syvrieu et Pierre Beaujehan qui ont dit que veu que la barre est pour la réparation du pont, doubtans estre excommuniés, qu’il leur semble mieulx vauldroit emprumpter que prendre de ladicte barre, et se sont offers d’en chascun prester sa part », 1435, RCL2 p.423 ; « exceptéz lesdits Jehan de Bruyères, Jehan Baronnat et Geoffrey de saint-Barthelémy, lesquelz ont dit qu’il leur sembloit qu’il vauldroit mieulx, en deffault d’argent, mectre sus tailles et avec ce que l’en devoit impétrer pour faire lesdites réparacions et non pas lever ledit barrage par temps de foyre car lever ledit barrage pourroit irriter les marchands et estre cause de faire lesdites foyres. Néantmoins ont dit que si ledit barrage se liève par temps de foyre, qu’on le doit lever à la main de la ville et y mectre deux bons prudommes pour lever les deniers et savoir remonstrer aux marchans comme dessus », 1477, BB14 f34v.

2188.

Bernert de Varey est conseiller en 1408, 1414, 1416, 1417, 1418, 1420, 1422, 1424, 1426, 1428, 1430, 1433, 1435 et 1438 ; Mandront de Nièvre est conseiller en 1419, 1420, 1423, 1425, 1435 et 1437. Bernert de Varey est maître des drapiers en 1418 et 1420, et maître des terriers en 1423, 1434 et 1439 ; Mandront est élu maître des terriers e n 1418, 1419, 1421 et 1432.

2189.

1427, RCL2 p.238 ; 1434, RCL2 p.393.

2190.

« Messire Jehan le Viste, Jehan de Varey et certains autres, par la plus grant partie, ont esté de conclusion de non rescripre sans la licence du roy au prince d’Orenge, sur les lettres qu’il a escript sentans deffiement pour les chevaux prins par monseigneur le bailli au Dauphiné, et certains autres, en petit nombre, pour obvier aux dommaiges des marchans qui n’oseront aller dehors », 1426, RCL2 p.212.

2191.

« Les autres, comme Aynart de Villenove, Pierre de Nièvre, Lambert Dulart et pluseurs autres ont dit qu’il seroit grant honte et pourroit estre domaige ou temps avenir qui diminueroit ladicte veysselle », 1434, RCL2 p.378 ; « excepté Mandront (alias Pierre de Nièvre), Jehan Dodieu et pluseurs autres qui ont dit qu’il ne souffira pas de maille », 1436, RCL2 p.449.

2192.

« Excepté Bames, mosse le corrier, Palmier, Léonart Masson, Pompierre, Pierre de Cuysel, Mandront, Estienne Guerrier, Léonart Caille, Bernert de Varey, maistre Jehan le Viste et certains autres en petit nombre qui ont dit qu’il leur semble que l’on se doit essaier avec ledit maistre Girart se l’on porroit besongnier avec lui, car la chose n’en porroit que mieulx valoir, et que n’y porroit besongnier, aller par devers le roy, et pourroit plus aidier que nuyre le parler que l’on auroit eu de la matière avec ledit maistre Girart », 1426, RCL2 p.202.

2193.

1433, RCL2 p.357.

2194.

Cf. le chapitre sur « Les assemblées lyonnaises », p.486-487.

2195.

Il s’agit d’anciens ou de futurs conseillers, d’anciens ou de futurs maîtres des métiers, ou des membres des familles de ces derniers.

2196.

Ymbaut de Bléterens terrier, Pierre Beaujehan mercier, Mathieu Buatier mercier, Mathieu Audebert mercier, Aymé de Nièvre terrier et Antoine Le Viste terrier.

2197.

Jean Mulin a été conseiller en 1421, 1424 et 1426 ; Jacques Bennot en 1432 ; Philippes Burle en 1431 ; Ymbaut de Bléterens en 1431 ; Pierre Beaujehan en 1424, 1426, 1429 et 1432 ; Mathieu Audebert en 1419, 1424, 1426, 1429 et 1431 ; Aymé de Nièvre en 1419, 1421, 1425, 1427 et 1431 et Antoine Le Viste en 1430.

2198.

1463, BB7 f316v.

2199.

1425, RCL2 p.145.