a) Les oppositions, les conflits et le pouvoir.

Dans la première moitié du XVe siècle, aucun affrontement, aucun esclandre ne sont rapportés, mais le secrétaire les cache peut-être. En effet lors de la réunion du 4 septembre 1427 il indique :

‘« ils ont conclus que qui ne pourra trouver autre receveur de la ville que l’on les baille à recevoir à Ligier, clerc de Dijon, qui s’est chargié de les recevoir à deux solz pour livre, porveu que Pierre Offrey soit pleige pour ledit Ligier de ce qu’il en recevra. […] Après le département de maistre Guillaume de Bames et de pluseurs autres, ilz ont conclu que l’on ne baillera point à lever les arréages desdis trois deniers audit Ligier, attendu la faulte qu’il a fait en l’impétration des lettres contre Bérert Jacot et du Xe et de la barre de la ville » 2268 .’

Pour obtenir un consensus, les participants n’hésitent pas à user de subterfuges : si un tel s’oppose à une décision, elle est prise sans lui. L’exemple de 1427 en est une illustration : les participants changent d’avis après le départ de certains d’entre eux. Une manière plutôt étrange de procéder qui semble d’ailleurs peu légale, à moins de considérer que la formulation choisie par le secrétaire ne soit là que pour sauver les apparences. En effet, il évoque « le département de maistre Guillaume de Bames et de pluseurs autres » : en début de paragraphe, les participants sont d’accord pour donner à lever une taille de trois deniers à un clerc de Dijon, nommé Ligier, mais dès le départ des ci-dessus nommés, ils se rétractent tous. Il est probable que Guillaume de Bames soutenait ce Ligier puisqu’il faut attendre son départ pour le déjuger, et un affrontement direct avec lui a été évité en prenant la décision définitive en son absence. Ce notaire aurait-il donc une telle influence que personne n’oserait le contredire ? Cela semble bizarre, d’autant qu’il n’est pas seul à quitter le consulat « pluseurs autres » le suivent. Sont-ils ses amis, sa clientèle ? Cela paraît peu crédible car il ne figure pas parmi les personnes les plus importantes de la ville. Il semble plus plausible que le secrétaire nous induise en erreur par sa manière de narrer les choses. On peut faire l’hypothèse que deux partis se sont affrontés à ce sujet dans la délibération : celui mené par Guillaume de Bames a été minoritaire, mais les débats ont dû être houleux car il a préféré quitter le consulat suivi de tous ceux qui partageaient son avis. Ce conflit est impossible à rapporter de façon aussi crue, d’où la manière aseptisée que choisit le secrétaire pour raconter les évènements, quitte à rendre étrange ce départ en tout début de séance puisque trois autres sujets sont encore traités. Cette façon de camoufler la violence de certains débats où les participants claquent la porte, témoigne du filtre que le secrétaire peut représenter dans nos sources. Il cache ou maquille certains évènements pour ne garder que la conclusion : dans le cas présent, non seulement il minimise les évènements, mais il crée aussi des ellipses. En effet, il ne nomme pas les personnes qui partent à la suite de Bames : pourquoi ? Il connaît parfaitement les participants puisqu’il en a établi la liste, il semble donc qu’il soit gêné d’indiquer les membres du groupe désavouant la décision finale. Pourtant, incidemment dans le paragraphe suivant il note « les dessus conseillers, excepté Jehan Durant et Palmier qui s’en estoient allés » : il est probable que leur départ soit à associer à celui de Bames, mais pour éviter le scandale qu’aurait pu provoquer cette désertion de la part de deux conseillers, il diffère son indication. Cette hypothèse peut être renforcée par un élément intéressant : Bames et les deux conseillers sont tous les trois des notaires. Après leur départ, il ne reste plus aucun juriste ni dans l’assemblée ni parmi les conseillers pour soutenir Ligier, lui aussi juriste. Peut-on voir derrière cet incident une opposition entre groupes de pression ? C’est possible, la concurrence entre juristes et marchands est réelle dans ces années où ce sont les marchands qui tiennent le pouvoir et ils n’ont pas l’intention de le partager. Ce règlement de comptes ne serait qu’une illustration de la lutte qui existe entre eux.

Cette tactique politique de défense de l’image de la ville et de l’unanimité affleure peut-être dans d’autres techniques d’écriture repérées dans les registres.

Lorsque le secrétaire note parfois l’opposition de certains, il n’indique pas toujours le contenu de leurs propos : cette façon de rapporter partiellement les débats est très courante notamment dans les années 1420 2269 , et jamais on ne sait si ceux qui s’opposent, rejettent en bloc ou en partie ce qui est décidé. Il arrive que ceux qui refusent la décision finale aient leur nom dans la liste des présents précédé ou suivi d’un signe. La marque qui est apposée près des noms n’est pas une lettre ni un signe particulier : il s’agit simplement d’un trait. Le secrétaire note dans ses papiers que telle décision a été prise par tous « exceptés les signés à * » 2270  : c’est la manière la plus succincte d’indiquer une opposition. Les débats sont donc totalement passés sous silence, peut-être par volonté de ne pas garder en mémoire des avis divergents, mais uniquement la décision finale. Si les décisions prises « seulement » à la majorité sont acceptées, l’unanimité est cependant plus souvent recherchée : masquer les avis différents en choisissant de ne pas les rapporter, c’est tenter de rétablir cette union de façade pour l’histoire.

Une assemblée en 1427 a attiré notre attention, car elle illustre les interprétations données ci-dessus. Le mardi 19 août une réunion a eu lieu à propos d’une aide que la ville doit au roi. Or deux jours plus tard, le jeudi 21, une nouvelle assemblée est convoquée sur le même sujet, et le secrétaire indique : « ils ont conclu tout par la forme et manière qu’il fut conclu mardi dernier passé et commis à faire le mieulx qu’ilz porront ceulx qui furent commis ledit mardi » 2271 . Ces événements sont quelque peu étranges. Pourquoi reconvoquer une assemblée pour conclure suivant ce qui a déjà été dit précédemment ? Cette conclusion est aussi la seule phrase que note le secrétaire pour cette assemblée. Sont présents lors de la réunion du jeudi, rigoureusement les mêmes conseillers, en revanche les participants sont en partie différents, 24 sur 59 ne sont pas les mêmes. La seconde assemblée prend sa décision à l’unanimité, ce qui n’a pas été le cas de la première : on trouve en effet des marques à côté de certains noms, 2 des 8 conseillers et 27 des 58 participants, mais on ne connaît pas la teneur de ces différentes opinions 2272 . Cette seconde assemblée est peut-être nécessaire pour rétablir l’harmonie qui n’a pas existé dans la première, bien que le secrétaire ait tout fait pour masquer les divergences en marquant seulement les groupes qui se sont opposés et en concluant sur la décision finale adoptée 2273 . L’écriture arrange la réalité : cette nouvelle convocation est là comme pour effacer les désaccords précédents 2274 .

Une autre technique d’écriture permet de minimiser les oppositions. Nous avons vu précédemment que durant le XVe siècle, les secrétaires notent sans les attribuer les avis donnés par des groupes 2275 . Ne pas savoir qui soutient tel ou tel propos n’empêche pas de voir qu’il existe des sortes de groupes d’opposition au sein de ces assemblées. L’anonymat de ces avis est un signe que la parole est contrôlée par les conseillers qui choisissent ce qui est digne de figurer dans les registres, mais aussi qui la transforment en la rendant univoque : les oppositions ne sont jamais portées par des voix individuelles reconnues de façon nominative, ces opinions ne s’expriment que disciplinées, synthétisées, émanations d’un groupe anonyme.

Il est donc très rare que le secrétaire indique à la fois nommément l’intégralité des membres des groupes qui s’opposent et leurs opinions respectives, ce qui handicape toute tentative pour mettre en évidence la présence de groupes structurés qui s’affronteraient dans les assemblées, d’autant que tous les thèmes de discussions ne se prêtent pas nécessairement à ces positionnements. Cependant l’assemblée du 20 février 1429 2276 , où l’on connaît parfaitement deux opinions contradictoires et les personnes les soutenant, permet de lever un coin du voile : le sujet est éminemment conflictuel, il s’agit de déterminer comment trouver de l’argent pour le roi et les fortifications de la ville. Deux thèses s’opposent, soit un impôt est décrété sur l’entrée de tous les produits en ville, soit une taille est instaurée. Ces deux options impliquent clairement deux conceptions, la première qui fait peser une taxe sur tous les produits, touche indifféremment toute la population sans considération pour les écarts de fortune, la seconde est plus juste puisque l’impôt est proportionnel aux revenus de chacun. Evidemment les partisans de chaque solution ne sont pas les mêmes : la première est proposée par l’élite de la ville, les 10 conseillers suivis de 85 personnes dont 36 sont d’anciens ou de futurs conseillers et les autres des maîtres de métiers aisés. Cette vision est combattue par 46 personnes : aucune n’a été ou ne deviendra conseiller, peu sont maîtres des métiers, la majorité est composée d’habitants qui nous sont totalement inconnus. La composition de ces groupes et les idées qu’ils défendent, sont emblématiques de points de vue qui sont ceux de groupes sociaux différents, qui ne se retrouvent jamais dans les mêmes décisions.

L’anonymat, les propos rapportés seulement en substance, autant de manières de ne pas trop montrer les oppositions en minimisant leur portée puisque l’on ignore qui s’oppose, combien s’opposent, et ce que pensent les opposants 2277 . Ce flou est volontairement entretenu tout au long du XVe siècle, toujours pour garantir l’image d’union et de sérénité qu’il convient de donner à ces réunions aux yeux de la population 2278 .

Il n’y a qu’une seule exception à la manière partielle voire partiale de noter les propos des participants : le réquisitoire de Condeyssie en 1424 contre certaines pratiques du consulat, est très précisément relaté. Le 2 juillet 1424, devant 5 conseillers et 70 personnes, le notaire Jean de Condeyssie s’exprime en tant que porte-parole :

‘« Condeyssie, au nom du peuple, a dit que, pour toutes povretés et charges du peuple, il ne pouroyent payer que ung denier pour le présent, et icelluy paié, toujours feront il leur devoir à lour povoir.
Item, a dit plus qu’il a grant temps que de aydes de la ville l’on eust comptes, requérant iceulx estre mis en mains d’auditeurs prodomes pour y mettre fin, afin de savoir le émolument desdis aydes et deniers communes de ladite ville.
Item, que de tous deniers de ville il n’y ait que ung recevour et que l’on le preigne si prodome coment besoing est, autrement ilz protestent d’en avoir recours à justice.
Item, attendu les autres charges, la ville ne poroit pourté autres tréhuz nouveaux, considéré que il en y a assé d’autres tréhuz, tant royauls coment autres.
Item, quant à faire papiers nouveaux il ne s’en porroyent faire senon par gens qui n’eussent aucunes affinités à Lion, pour les haynes et faveurs qui povont estres » 2279 .’

Dans cette assemblée, le secrétaire n’indique pas d’ordre du jour et surtout aucun débat, ni décision, ni réaction après cette prise de parole. Ce discours constitue un hapax dans notre documentation. Pourquoi le secrétaire a-t-il pris la peine de noter si précisément l’argumentation de Condeyssie ? Avant toute chose, il convient de revenir sur la personnalité de Condeyssie 2280 . Ce notaire, installé à Lyon depuis 1392, rue de l’Aumône, se retrouve rapidement chargé de missions délicates pour le compte de la ville : c’est un homme influent, en 1418, c’est lui qui est chargé de diriger une expédition pour secourir Villefranche. En 1419, il est élu maître du métier des notaires, et le consulat fait appel à lui pour régler un différend avec les chanoines de Saint-Jean, il participe donc activement à la vie municipale et côtoie régulièrement les membres du consulat.

Le discours qu’il prononce en juillet 1424, prouve son aisance oratoire : il traduit les ressentiments de la population face à une fiscalité toujours plus lourde. Sa diatribe n’est pas une simple attaque, Condeyssie jette les bases d’un véritable programme qui remet en cause les orientations prises par le consulat. Il faut donc garder la mémoire des paroles outrageantes de cet homme qui est un notaire servant souvent le consulat, et qui a donc une certaine légitimité pour parler. Ses attaques sont fines : jamais il ne met en cause directement les membres du consulat, il se contente de s’interroger sur la validité des comptes de la ville, sur l’impartialité avec laquelle sont faits les papiers des tailles et des nommées. Ces accusations larvées sont courantes contre les municipalités : les comptes truqués, l’impôt trop lourd pour la population sont des thèmes récurrents. Condeyssie dit parler « au nom du peuple » : est-il réellement un porte-parole ou se couvre-t-il de cette légitimité pour pouvoir librement s’exprimer ? On ne sait. En tout cas il est évident que cette intervention a dû susciter des réactions, qui semble-t-il ont été censurées dans les registres. Il est improbable que les conseillers aient accepté que des partisans de Condeyssie puissent figurer dans les papiers de la ville ; par contre le discours devait être relaté le plus fidèlement possible afin de prouver la diffamation en cas de procès. A-t-on conscience d’un événement important à faire figurer dans les archives de la ville ? C’est fort possible, ne serait-ce que parce que les esclandres de ce type sont rares dans les assemblées, les hommes n’osent pas prendre la parole pour accuser ainsi les conseillers.

Le secrétaire n’a pas rapporté ces paroles par sympathie pour ce notaire. Sa fonction en fait un membre à part entière du consulat, comme nous l’avons vu précédemment, il fait partie de cette cohésion de groupe, il est donc impossible qu’il note ces informations contre l’avis des conseillers. Garder en mémoire ce qui devrait en être banni peut sembler paradoxal, mais l’attitude des conseillers n’est pas si surprenante. Thomas Werner s’est intéressé au rôle des bûchers au Moyen-âge comme instrument de renforcement d’une orthodoxie religieuse. Les crémations d’écrits sont destinées à marquer symboliquement l’instant de l’abjuration, mais aussi celui de la conversion. Or souvent, les écrits coupables sont aussi conservés en lieu sûr, accompagnés de leur chef d’accusation afin de perpétuer un sentiment de honte et d’opprobre à l’encontre de l’auteur incriminé. L’écrit est mis à l’Index et transformé en un témoignage, en un mémorial de l’hérésie pour la postérité. Ainsi Agostine Favaroni, archevêque de Nazareth en Apulie, fut condamné par le concile de Bâle en 1435 pour trois traités de théologie d’inspiration hussite, lesquels furent brûlés sur place. Cependant quelques exemplaires survécurent car Favaroni put faire appel du décret de condamnation auprès du pape Eugène IV et présenter ses écrits à un nouveau concile en 1436. Ce dernier décida cette fois d’expédier les textes coupables à Avignon « où les textes condamnés sont habituellement mis sous clef ». La bibliothèque de l’Index a donc été aussi conçue dans le but de créer une « contre-mémoire utilitaire », qui vienne soutenir la définition de l’orthodoxie religieuse, les écrits pouvant ensuite constituer un élément de mémoire culturelle et argumenter d’autres cas plus contemporains en tant qu’exempla négatifs 2281 . La conservation dans les registres de la ville du réquisitoire de Condeyssie peut être interprétée de la même façon.

Quelles mesures prirent les conseillers après cette intervention ? Les propositions de Condeyssie ne furent pas suivies, mais R. Fédou note que ce notaire a joué sa carrière en s’en prenant de cette façon aux conseillers. Il est élu conseiller en 1426, certainement pour le compromettre aux yeux de la population avec ceux qu’il dénonçait, mais il refuse de siéger : dans les registres de cette année-là on ne trouve ni son serment, ni son nom pour aucune des réunions. En 1428 il accepte de devenir receveur de la taille dans un but éminemment politique : il entend bien faire payer leurs impôts et arrérages aux plus riches de la ville. Cependant le consulat rend vains tous ses efforts : les impôts des plus honorables, familles, amis et clients des conseillers sont diminués sans son accord, si bien qu’il refuse de les enregistrer, le consulat charge alors un autre notaire de compléter les papiers :

‘« ilz ont ordonné que Gillet Chavayria yra tous les soirs registrer es papiers de la recepte de Condeissie les amodurations qui se feront en sadicte recepte, pour ce que ledit Condeissie ne vuelt riens escripre de sa main esdis papiers de sadicte recepte forsque les paiemens » 2282 .’

Gillet Chaveyrie, qui doit suppléer ce receveur, est l’homme du consulat 2283  : il entérine les décisions des conseillers. Saboter le travail de Condeyssie est la meilleure façon de l’humilier et de le discréditer. Les conseillers lui feront définitivement payer ses attaques lors de la Rebeyne de 1436 : Condeyssie se fait là encore le porte-parole de la population et il est donc jugé comme l’un des chefs du mouvement par la justice royale. Accusé par le secrétaire-procureur de la ville, Rolin de Macon, il est probablement condamné à mort ou au bannissement.

Les assemblées sont donc très surveillées par les conseillers lors de leur déroulement, mais aussi très aseptisées dans leur retranscription par le secrétaire de la ville. Cette forme de censure se retrouve dans d’autres types de registres : H. Millet explique que les chanoines de Laon ont semble-t-il tenu des chapitres dits secrets au XVe siècle. Leur existence est révélée par l’indiscrétion de l’un d’entre eux, ce qui lui vaut d’ailleurs d’être exclu du chapitre pendant deux ans 2284 . Elle conclut en disant : « une telle aventure doit nous conduire à penser que les très dignes et discrets procès-verbaux qui nous sont parvenus, ne sont qu’un pâle reflet des discussions qui pouvaient animer les chapitres » 2285 .

Ces techniques d’écriture pour minimiser les oppositions, les conflits, existent au XVe siècle, mais il faut être conscient qu’un mouvement inverse s’amorce petit à petit. Nous avons vu précédemment que les participants aux assemblées demandent de plus en plus à ce que leurs avis soient mentionnés, surtout s’ils sont en contradiction avec l’avis général. Le secrétaire et les conseillers changent leur manière de percevoir ces opposants : ils sont désormais toujours indiqués nominativement et leurs avis sont clairement retranscrits. Cette acceptation s’amplifie pendant toute la seconde moitié du XVe siècle 2286 , jusqu’au début du XVIe siècle où il n’est plus tabou d’avoir une opinion qui ne soit pas celle de la grande majorité. Il est possible que les conseillers n’acceptent que ces avis figurent dans les registres que pour montrer leur bonne volonté, leur respect des traditions de la cité. Ces notables ont le droit de ne pas être d’accord, ils n’ont pas le pouvoir de décider : pouvoir exprimer une opposition, savoir qu’elle est consignée, leur donnent l’illusion de leur pouvoir sur les décisions.

Notes
2268.

1427, RCL2 p.242.

2269.

1423, RCL2 p.61 ; 1425, RCL2 p.157, p.167, p.193 ; 1426, RCL2 p.203 ; 1428, RCL2 p.268, p.269…

2270.

1423, RCL2 p.61. Nous avons trouvé une autre assemblée de ce type : le 19 août 1427, les noms sont suivis d’un signe. Mais il est difficile d’affirmer que c’est la preuve que les participants ont émis deux types d’opinion, car aucune opposition n’est indiquée. Comment être sûr que cela n’indique pas plutôt les présents ou ceux qui ont pris la parole ? (1427, RCL2 p.239).

2271.

1427, RCL2 p.240.

2272.

1427, RCL2 p.239.

2273.

Il faut ajouter que ceux qui sont présents lors des deux assemblées n’avaient pas tous la même opinion le mardi, en effet il ne s’agit pas uniquement de ceux qui avaient eu une marque à côté de leur nom. Peut-on en conclure que ne sont revenus que ceux qui avaient été convaincus hors de l’assemblée par leurs amis ou chefs de clientèle ?

2274.

Ce cas de figure n’est pas isolé, nous avons rencontré un autre exemple probant de ces pratiques. En 1422, trois assemblées successives ont lieu à propos d’une aide que demande le Dauphin. Dans la première assemblée le 15 septembre, seulement 14 des 31 participants soutiennent le paiement de cette aide, mais cette minorité est constituée essentiellement par les conseillers (7 des 9 présents), l’assemblée ne suit donc pas leur opinion. Le 16 septembre, une nouvelle assemblée est convoquée sur le même sujet bien qu’une majorité se soit prononcée dans les règles le jour précédent : cette fois, tous les présents suivent l’avis des conseillers sauf Pierre de Nièvre « qui a dit comme autreffois ». Le 20 septembre, le sujet est de nouveau débattu : cette fois à l’unanimité une aide est attribuée au Dauphin. Ces réunions successives n’ont de sens que pour imposer l’opinion des conseillers, jusqu’à l’effacement des divisions.

2275.

Exemples : « la plus grant et saine partie desdis assemblez ont concluz que l’on prie Beloysel qu’il se veuille déporter de les contraindre jusques à la venue desdis Aymé et Bernert et au cas qu’il ne le vouldra, faire que l’en lui baille une requeste contenant appellation par interim. Les autres disoient que le roy porroit avoir à desplaisance ladicte appellation », 1424, RCL2 p.89 ; « après plusieurs advis et oppinions, pour ce que les ungs estoient d’oppinion que ladite taillie derrenièrement mise sus se levast sus les papiers vieulx et ainsi que l’on avoit acoustumé par avant, pour avoir plustost argent et les autres et la plupart estoient d’oppinion contraire, c’est assavoir que icelle taillie se liève sus les papiers nouveaulx, ainsi qu’il fust ordonné, en mectant sus icelle taillie ; finablement, en considérans à la plus grans oppinion, ilz ont conclu et esté d’accord que icelle taillie se liève sus lesdis papiers nouveaulx », 1448, RCL2 p.584 ; « ilz ont concluz et délibéré que de et sus lesdites charges et affaires soient faictes mémoyres bien amples et portées au Roy, nostre sire, pour y avoir remède de tel que faire se pourra, et pour ce que les ungs estoient d’oppinion d’en parler es seigneurs de chapitre pour savoir s’ilz se voudroient adjoindre avec ladite ville pour envoyer par devers le Roy, nostre sire, pour lesdites charges et pour la conservation du plat pays, et les autres et la plus saine partie estoient d’oppinion contraire, pour beaucoup de raisons et doubtes qu’ilz fesoient sur ce, ilz ont arresté que, pour plus à plein délibérer sur ce, on face mander à ung autre jour », 1448, RCL2 p.599.

2276.

1429, RCL2 p.307-308.

2277.

Cette manière de rapporter les débats est assez semblable à celle observée par H. Millet lors des chapitres des chanoines de Laon. Au XIIIe siècle le nom des présents n’est jamais indiqué, et au XIVe, il n’est pas systématiquement rapporté, ni d’ailleurs le nombre des présents. H. Millet, Le chapitre cathédral…, op. cit., p.270.

2278.

Ce flou conduit les secrétaires à manier régulièrement l’ellipse. Par exemple le 7 décembre 1467, il y a eu débat entre les participants pour connaître le don que l’on octroiera au roi, les avis ne sont pas rapportés et nous n’apprenons cette discordance des points de vue que dans l’assemblée suivante le 10 décembre, convoquée pour trouver une solution plus claire pour les conseillers. Là encore nous ne savons qu’il y a eu une grande diversité des opinions que lors de la réunion du 11 décembre, convoquée parce que l’absence d’opinion majoritaire le 10 décembre a empêché les conseillers de se déterminer.

2279.

1424, RCL2 p.102.

2280.

L’essentiel des informations sur Condeyssie sont tirées de l’article de R. Fédou, « Un Dombiste à Lyon au XVe siècle : Jehan de Condeyssie », Visages de l’Ain, janv-mars 1954, p.29-37.

2281.

Th. Werner, « Bücherverbrennungen in Mittelater», tiré du recueil d’articles Memoria als Kultur, dirigé par O. Oexle, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1995.

2282.

1429, RCL2 p.302.

2283.

Son dévouement lui rapportera : il sera de nombreuses fois conseiller (4 fois dans les années 1440 et 1450), mais aussi maître des métiers des notaires ou des épiciers (entre les années 1430 et 1460) ; il occupera même en fin de carrière la fonction de trésorier de la ville (1458-1466).

2284.

Jean du Jardin avait révélé que la communauté avait résolu d’arrêter le secrétaire de l’évêque s’il venait à passer dans le cloître.

2285.

H. Millet, Les chanoines du chapitre cathédral de Laon (1272-1412), Rome, EFR, 1982, p.270-271.

2286.

Une assemblée décide d’envoyer le secrétaire devant le roi, à propos des affaires de la ville, « combien que lesdis Audebert, Brunicard et Lauczot estoient d’oppinion et leur a semblé de prime face que l’on devoit différer ladite allée jusques passée les trois jours de Chalende que le Roy et son conseil seroient rassiz en quelque lieu et les pourroit l’on plus facilement besogner sur lesdites afferes », 1453, BB5 f206v. Assemblée sur le changement des privilèges des foires : « et sembloit à la plupart desdits assembléz que l’en y devoit envoyer homme de auctorité, aiant cognoissance, entrée, poit et faveur envers ledit seigneur et sondit conseil et pour fere ledit vouage nommoient et donnoient leurs voix audit messire Palmier, quant il en vouldroit prandre la charge. Touteffoys sembloit à aucuns d’iceulx assembléz, c’est assavoir esdits Pierre Brunier, Jaques Caille, Rochefort et Taillemont qu’il souffiroit quant à présent y envoyer homme moyen et entendu qui fust adressé à monseigneur du Bochage avec lettres et le don que on a délibéré de luy fere pour en sentir et savoir secrètement la vérité, avant que plus en éventer la matière. Et finablement ont conclu que bon sera d’en advertir mes seigneurs de l’Esglise et en avoir leur advis et oppinions affin d’y besoigner et conclure plus à plein, ainsi qu’il sera veu et advisé », 1475, BB12 f101.