2. Des participants aux comportements différents.

a) Les avis personnels.

Dans tous les débats, la plupart des avis rapportés sont introduits par des verbes d’opinion (dire, opiner, déclarer…) ou des tournures impersonnelles (il semble, il apparaît…). Certains cherchent d’abord à se protéger de ce qui pourra arriver : ainsi « Monseigneur le maistre des portz » 2312 dit « qu’on doit faire ladite entrée (au roi) et mettre denier sus, et ceulx qui seroient d’oppinion contrayre, qu’on les escripve pour la descharge du corps commun » 2313 . Lorsque la possibilité de demander un parlement pour Lyon est évoquée, certains participants ont des réactions assez violentes :

‘« Monseigneur de Balmont a dit et oppiné qu’on n’en doit parler aucunement car ce serait irriter la court et se ne s’en feroit riens.
(…)
Messire Benoist Meslier n’est pas d’advis que la ville en face poursuite car l’en pourrait irriter le Roy. » 2314 . ’

Ces paroles montrent qu’il existe des sujets tabous aux yeux de certains parce qu’ils pourraient irriter le roi et le Parlement : c’est une forme de hiérarchie des sujets à bannir que l’on pourrait mettre ainsi à jour, même si c’est cependant loin d’être l’avis de tous les participants, puisque nombre d’entre eux s’expriment à ce propos sans crainte. Cependant la parole apparaît comme une arme qui pourrait se retourner contre ceux qui la manient, ceux qui refusent de parler évitent de s’exposer.

Certains participants se retranchent derrière les avis de personnes plus compétentes qu’eux et extérieures au consulat : par exemple, lorsque les notables sont convoqués pour discuter du bien fondé de la création d’un office de « contrerolleur » à Lyon par le roi, six d’entre eux à l’image de Louis Taillemond, affirment chacun leur tour, « qu’il faudra fere comme les autres villes » 2315  ; ou bien encore, à propos du parlement, Symphorien Champier dit qu’il faudrait d’abord « sentir tant du bon plaisir du roy, de messires les grants, maistre chancellier et autres » 2316 . D’autres enfin éludent le problème et le retournent en affirmant que la vraie matière à débat est ailleurs : ainsi Pierre Gimbre dit « qu’on doit laisser ce parlement et abolir les péages que pourra » 2317 , et Guillaume Guillet « qu’il y a beucoupt d’autres choses à fayre » 2318 . On sent poindre ici un peu d’énervement, d’agacement dans ces interventions ; l’animation de ces assemblées ressort dans ce type de phrases. La référence à la tradition est aussi un argument très utile pour ne pas donner un avis trop personnel : alors qu’on se demande comment trouver de l’argent pour donner des fournitures aux gens d’armes qui stationnent près de Lyon, « Veran Chalandat [dit] qu’on doit ensuir ce qui faict a esté en semblable cas » 2319 . D’autres participants à cette assemblée ont une position encore plus tranchée, rejetant toute la responsabilité sur le consulat : « Girardin Cathelan [dit] qu’on doit donner au Roy comme l’on a acoustumé aussi aux seigneurs gouverneurs et amys de la ville, et que les conseillers prestent car ilz sont esleuz pour ses fins » 2320 . Cette remarque est tout à fait justifiée, puisque l’obligation de prêter de l’argent à la ville lorsqu’elle est dans le besoin figure parmi les critères de 1489 2321 .

Les avis un peu développés qui se présentent sous forme d’un paragraphe personnel, représentent en moyenne 30% des avis exprimés. Dans cette catégorie, il y a ceux qui pensent d’abord à se différencier des autres et ceux qui essayent de réfléchir et de proposer des solutions.

  • Prise de parole et volonté de différenciation.

L’envie de s’affirmer en tant qu’individu unique est peut-être à rapprocher de l’influence des idées de la Renaissance. En effet, les humanistes considèrent l’homme comme l’auteur d’un monde nouveau, devant affirmer son identité. Pic de La Mirandole compose en 1486, le premier « manifeste de l’humanisme militant », De la dignité de l’homme, où il explique que l’homme a été placé par Dieu au centre du monde 2322  ; les idées de l’humanisme sont lancées par les Italiens au XVe siècle, parmi les plus célèbres Marsile Ficin et Pic de la Mirandole. A la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, ces idées se répandent largement en Europe dans les milieux lettrés, Thomas More, Erasme, Guillaume Budé ou la reine Marguerite d’Angoulême en sont des représentants. Lyon connaît ces influences grâce à l’imprimerie, à la présence régulière de la cour dans ses murs et à sa communauté très cosmopolite. Il est évident que la riche « nation » des Italiens, composée de marchands et de banquiers, a dû apporter avec elle sa culture et son goût pour les arts : la plupart de ces Italiens viennent de cités comme Florence ou Sienne, où la culture et les artistes sont valorisés, et dont l’art connaît une immense renommée dans toute l’Italie. Sans qualifier d’humanistes les élites lyonnaises, il est possible que certaines des idées du temps leur soient familières, et notamment celle de la place de l’homme, considéré comme libre et responsable, valorisé en tant qu’individu unique. Le soin d’attribuer et de rapporter fidèlement chaque parole dans les délibérations est peut-être à mettre en liaison avec les idées culturelles du temps.

L’art de la parole au détriment de l’action véritable semble être le choix qu’accepte une partie de ces notables. Singer le pouvoir dans sa manière de parler leur suffit pour avoir l’impression d’y participer. Il est vrai que sous l’influence des juristes, le consulat a opté pour un langage plus soutenu et plus varié, afin de bien montrer sa différence avec le reste de la population. Les registres témoignent régulièrement de ce nouvel attachement à la formulation, tous les styles voisinent, à condition de respecter les tabous évoqués précédemment. Les conseillers optent pour un langage soutenu : dans le bilan qu’ils font par exemple des différentes tentatives pour ôter les foires à la ville de Lyon, ils soulignent qu’« aucuns tachant à leur singulier prouffit avoient tasché et taschoient par voyes indirectes et au moyen exquiz à la roupture des foyres » 2323 . Cette langue châtiée ne les empêche pas ensuite d’utiliser un vocabulaire imagé pour frapper l’imagination des présents, lorsqu’ils rejettent certaines propositions faites par des grands seigneurs pour les aider soi-disant à recouvrer leurs quatre foires : « l’en n’y doit entendre car se seroit oster la liberté et franchise des foyres à quoy l’on ne doit toucher moins que au feu » 2324 . Une certaine outrance est aussi appréciée, ils se laissent parfois aller à un style presque lyrique, comme lorsqu’ils justifient les frais engagés pour faire un grand banquet pour leur jeune roi en 1490, car « considérans que ledit seigneur est jeune et prend plaisir à festoiementz et que en faisant par ledit abbé et enfans comme dessus l’amour et bienveillence que icelluy sire à ladite ville croistra et augmentera tousjours de plus en plus et en aura souvenance et mémoire tant qu’il vivra » 2325 . Des maximes pleines de bon sens telles que « il vault mieulx prevenir que d’estre preveu » 2326 , voisinent avec l’emploi de formules latines, comme lorsque le sénéchal cherche à inciter les conseillers à faire réparer plus rapidement l’un des ponts de la ville, se proposant de contraindre ceux qui ne voudraient participer aux frais : « mesdits sires luy ont remarcier son bon advertissement et offre, mais en tant qu’il les vouldroit sommer et fere aucun commandement luy ont respondu que ilz y font et ont fait au mieulx qu’ilz peuvent selon les deniers et povoir qu’ilz ont, quia nemo ad impossibile tenetur » 2327 . Ces comportements consulaires sont imités par les membres de l’élite, conviés aux assemblées.

Les participants qui cherchent à sortir de la masse des présents, élaborent de véritables stratégies pour se faire remarquer, car « composer un discours, ce n’est pas seulement savoir placer ses mots en fonction des rôles que leur assigne la grammaire ; c’est aussi savoir quel type de marque, nom ou expression composée, peut être immédiatement associé à une certaine signification sociale ou, au moins, la suggérer » 2328 . Ils le font par leur attitude, comme Clément Mulat qui conclut son intervention en disant que « de son cousté, fera son devoir » 2329 , insinuant que chacun ferait bien d’en faire autant, et même, de manière mesquine que tous ne le feront pas, mais que cela se saura. D’autres développent amplement leur avis, tel Pierre Grenoble, le secrétaire ajoute à la fin de son intervention, « a requis son oppinion ainsi que dessus estre escripte » 2330 . On cherche à garantir ses paroles et ainsi à affirmer son individualité, son opinion propre.

Pour se faire remarquer, certains n’hésitent pas à imiter les conseillers dans l’art de la rhétorique. On trouve parfois des phrases qui ressemblent à des maximes, des tournures proverbiales, comme quand Cathellan Thoard, s’exprimant sur le parlement à Lyon, « dit que l’on doit garder ce que l’on a sans sercher nouvelles matières et questions » 2331 . « Monseigneur le Visiteur de Bourges » débute son intervention en disant : « considérant que bon droit a bon mestier d’ayde » 2332  , ou bien encore François Martin, interrogé au sujet des taxes sur les entrées, « ne dit ouy ne nenny » 2333 . Ces expressions proverbiales ne sont pas le fait unique des maîtres des métiers les plus populaires ; le proverbe n’a pas le même statut à cette époque et n’est peut-être pas une facilité de langage. Parler de façon imagée est en revanche beaucoup plus rare, on ne trouve guère qu’un exemple de ce type quand Jehan Bardin propose de faire un emprunt « sur les bonnes bourses de ceste ville » 2334 . L’indignation est aussi un mode de communication fort, comme lorsque Humbert Mathieu dit avec véhémence, que l’on doit « rabattre les folles remonstrances que les artisans pourroient faire par delà à Paris et pour remonstrer la vérité » 2335  : l’effet de reprise produit par l’emploi du verbe « remonstrer » et de son composé, ainsi que le style hyperbolique introduit par l’adjectif « folle » soulignent cette indignation. Certaines expressions sont très rares et ressortent dans les dires des conseillers, comme toutes les sentences dans lesquelles on loue ou remercie Dieu : on les trouve uniquement lorsque l’on évoque la peur de la famine ou de la peste. Il arrive que pour argumenter, les participants reprennent les propos supposés de la population : Jehan Brotet explique « que depuys que les quatre commis ont vacqué [à la levée de l’impôt], que les habitans et estrangiers en louent Dieu et s’en tiennent très bien contens » 2336 . Cet argument peut être interprété de deux façons : soit il traduit une façon de parler assez populaire simplement rapportée ici, soit il trahit une volonté d’utiliser la population et de lui prêter des paroles fortes à connotation religieuse, pour donner plus de poids à un avis personnel.

S’appliquer à répondre d’une façon différente de ses prédécesseurs, donne parfois l’impression que les participants jouent avec les mots. En 1502, les conseillers font venir cinq grands notables pour trouver une solution pour acheter du blé, c’est-à-dire pour leur demander d’avancer de l’argent à la commune :

‘« Monseigneur l’esleu Dodieu s’est offert prester de quatre à cinq cent francs ;
François Torvéon a offert fere au mieulx qu’il pourra ;
Reveder a offert prester deux cent livres ;
Catherin Tuard a offert de fere son devoir ;
Catherin Amyot dit qu’il n’a point d’argent néanmoins fera son devoir » 2337 .’

Le niveau de culture de ces élites transparaît notamment dans le type de vocabulaire qu’ils emploient. Il est courant de trouver des termes juridiques : Antoine Chastel, affirme que « chacun face son devoir de caucionner et pleger » 2338 . Il arrive d’ailleurs que ce vocabulaire juridique contamine des paroles et donne parfois des expressions surprenantes : ainsi Franc Deschamps, propose, pour connaître les biens que possèdent les gens à la campagne, d’envoyer dans chaque paroisse deux personnes dont les écrits seront ensuite contrôlés par des commissaires qui « pourront faire perquisition de la vérité » 2339 . D’autres emploient à dessein des mots recherchés ou désuets : Jacques de Tourvéon considère que l’on doit envoyer à Paris pour se défendre contre les artisans, une personne « aux despens des particulliers veu que les conseilliers qui ont esté ont labouré pour le corps commun » 2340 . Le verbe « labourer » qui signifie au sens premier « se donner de la peine » semble un peu archaïque, il est surtout fort rarement employé lorsque l’on parle du travail que fournissent les conseillers. Il est plus volontiers fait référence à leur sens du devoir, à la manière dont ils œuvrent pour le bien commun ; le conseiller utilise ce mot dans un but particulier, peut-être pour souligner l’esprit de sacrifice, l’effort que demande cette tâche. Il arrive aussi que d’aucuns emploient un vocabulaire para-littéraire, comme lorsque Humbert Aigue dit « que pourra avoir nuement ladite ferme pour la ville » 2341  : l’adverbe « nuement » est d’un usage essentiellement littéraire, le locuteur cherche donc avant tout à se faire remarquer en l’employant.

Une certaine culture, ou du moins un soin dans l’expression est repérable dans des petites phrases, dont le sens est sans grande portée, mais qui traduisent une volonté de maintenir un certain statut dans la façon de s’exprimer. Ainsi, Claude Thomassin, ne dit pas qu’il n’a pas d’avis sur un problème, il préfère une pirouette : « il sera bien aise que le tout aille pour le mieulx » 2342  ; Pierre Chanet, dans la même situation, prétend « qu’il en est bien perplexe » 2343 . Se distinguer, s’affirmer sont des éléments qui sont l’une des préoccupations des élites lyonnaises. Le consulat est un lieu de compétition, où chacun cherche à exister aux dépens des autres. Tous les participants sont « engagés dans des sous-groupes sociaux et professionnels qui possèdent un stock de mots particuliers qu’ils sont les seuls à connaître, à employer. Une grande diversité existe entre les individus de même niveau social, selon la capacité de mémorisation, selon l’âge, le degré de culture » 2344 . L’expression de certains se trouve nécessairement imprégnée par une volonté de briller et ils ne peuvent résister au plaisir d’employer des termes peu courants : Pierre de Burberon, lieutenant, parle avec une certaine emphase de « l’estat des foires de ceste ville qui est l’une des belles choses de ce royaume » , et ajoute un peu précieux, que grâce à ces foires,  « ladite ville et habitans en icelle et les gens des pays circonvoisins en vallent beaucoupt mieulx » : cet adjectif est très rare et dénote inévitablement une certaine culture latine… C’est le même désir qui guide Jean Serre, lorsqu’il propose que l’« on supercedast la levée » des deniers de la ville 2345 . Jean Gautier, au milieu de sa réponse à propos de l’office de contrôleur, insère une phrase en latin pour argumenter son propos contre la suppression de cette charge : « il n’y treuve rayson, quia villa non potest tenere officium regale » 2346 . Consulté ensuite quant aux taxes sur les entrées, il réplique « qu’il baillera son oppinion par escript et ne veult que le secrétaire du présent consulat escripve sadite oppinion » : il est peut-être mécontent de sa deuxième intervention sur les taxes, un peu falote, puisqu’il s’était contenté de dire qu’il « n’est d’oppinion de les mectre sus ains vivre comme l’en a acoustumé ». Mais malgré ses protestations, « les conseillers et assistans ont ordonné icelle estre escripte par le secrétaire » : il est dans les règles d’écrire toutes les opinions exprimées, et il est possible que ce soit une façon de rabattre un peu les prétentions linguistiques de ce notable.

L’étalage de leur culture est le fait d’un petit nombre de participants et reste malgré tout rare et relativement simple : une seule réponse sort vraiment de l’ordinaire lors d’une assemblée en 1517. Symphorien Champier, médecin, grand lettré, donne ainsi lors d’une assemblée sur le problème de l’approvisionnement en blé de la ville, un avis inspiré par sa connaissance de la Rome antique : « messire Simphorien Champier dit que en ensuyvant les vertuz et faitz des Romains et autres gens de bonne pollice, l’en doit premièrement entendre à la chose publique comme de la nourriture du peuple. Et principalement à la provision des blez que se foit fayre par le moyen d’avoir ladite traicte et pour tous autres bons moyens que scevent marchans et gens à ce entenduz et expérimentez » 2347 . C’est typiquement la réponse d’un humaniste, des personnes d’une telle culture sont encore peu nombreuses à Lyon à cette époque : dans le cas présent, cette formulation lui permet surtout de briller aux yeux des autres, à peu de frais il est vrai.

  • Paroles et convictions.

Se préoccuper de la communication entre ces élites est un terrain d’analyses fertile : dans leur manière de parler et de s’adresser aux autres, ces personnes révèlent certes une identité propre à leur place dans la société, mais aussi leur identité particulière. Le langage devient aussi un instrument de puissance, décrédibilisant ceux qui le maîtrisent mal ou de façon imparfaite. La maîtrise d’une langue de plus en plus élaborée assure la suprématie et l’autorité, et induit une compétition entre les élites. Tous ces éléments sont constitutifs de leur identité. La notion de distinction, telle que l’a définie par P. Bourdieu, s’applique particulièrement bien à ces Lyonnais.

Les réponses données lors de ces réunions traduisent des personnalités, chacun exprime une sensibilité, une certaine vision du pouvoir. Des figures de style sont précisément choisies pour donner le plus de force possible au propos. Pour affirmer une opposition, l’hyperbole est souvent usitée : Jacques Tourvéon s’oppose catégoriquement à ce que les aides et gabelles de la villes soient « baillées par messires les Esleuz car les fermiers les léveroient à la rigueur qui seroit la destruction des marchans et de ladite ville » 2348  ; Pierre Renoard n’hésite pas à affirmer que les impôts doivent rester « à la main de la ville » car au cas contraire, « ce seroit la perdition de ladite ville » 2349  ; quant à Thomas Le Maistre, il considère qu’une taxe sur les entrées serait « la totalle perdicion des foires et proséquemment de la ville, et il n’est d’oppinion de les mettre ains totallement s’en depporter » 2350 . L’idée de la perdition 2351 est un thème qui revient souvent, et qui a une forte connotation religieuse : il est probable que ces gens en soient imprégnés, soit du fait de leurs lectures religieuses, soit du fait des sermons qu’ils ont pu entendre puisque le terme de perdition est le plus souvent associé, par les auteurs chrétiens et les théologiens, à ceux de « folie », « ruine de l’âme », « damnation ». Son emploi est donc particulièrement violent dans l’esprit des gens de l’époque, d’autant que Thomas Le Maistre lui adjoint l’adjectif « totalle », suggérant pratiquement l’apocalypse pour Lyon. Inversement, d’autres participants considèrent que la clarté et le naturel sont les premières qualités d’une opinion bien énoncée : par exemple, lors du débat sur la possibilité de demander un parlement au roi, Pierre Chanet «a dit qu’il seroit bon avoir ledit parlement ou une chambre en ceste ville » 2352 . Il donne simplement et sans fioriture son opinion, d’une rigueur toute juridique : cette façon lapidaire de s’exprimer vise d’abord à l’efficacité 2353 . Le naturel conduit certains à donner une opinion en des termes sarcastiques : en 1513, le consulat est prévenu que messire de Tourvéon, à qui il avait fait porter une bourse « ne l’a voulu accepter ains l’a répudié comme non souffizant ne à luy agréable ». Très ennuyés, les conseillers demandent conseil à une vingtaine de notables : choqué par cette attitude, Pierre Buyer répond très spontanément « qu’il est d’oppinion luy représenter ladite somme par mesdits sires les conseillers en bon nombre et s’il la reffuse encore une foys, en la bonne heure, et l’en remercier bien fort » 2354 . Il arrive aussi que quelques participants indiquent, par le côté grincheux de leur réponse, que le sujet de débat leur paraît inopportun : ainsi au sujet de la possible demande de parlement à faire au roi « Chatellan Thoard dit que l’en doit garder ce que l’on a sans sercher nouvelles matières et questions » 2355  ; ou bien encore lorsqu’il est question de refaire les papiers des biens que les Lyonnais tiennent à la campagne et qu’il faut décider si les informations données par les particuliers seront vérifiées dans les villages « Jehan Dumas dict que s’en querra des paysans ilz diront que la ville tient tout » 2356 .

Le pouvoir du langage commence à être une réalité pour ces élites : « prendre la parole, c’est déjà chercher à évincer les paroles virtuelles des autres ; c’est déjà l’amorce d’un acte de pouvoir » 2357 . Certains l’ont parfaitement compris et emploient véritablement le langage comme une arme : ainsi Barthélemy Bellièvre, notable devers Fourvière, affirme

‘« qu’on doit lever lesdites aides et gabelles à la main de la ville et par les quatre esleuz et commis et ne s’arrester aux offres et protestations frivolles et cautheleuses faictes au contraire par lesdits Villars, Gautier et consortz » 2358 . ’

Cet avis est formulé de manière élégante et péremptoire, puisque Bellièvre emploie des adjectifs recherchés pour traduire sa pensée : « frivolle » appartient à un registre de langue relevé, tout comme « cautheleuse », qui signifie à l’époque « une prudence mêlée de ruse ». Cette manière de parler distinguée et pourtant très méprisante, impressionne certainement tout l’auditoire, car Antoine de Vinolx, qui s’exprime juste après, n’hésite pas à reprendre la formule « cautheleuses protestations » dans son intervention, comme pour profiter de l’onde d’admiration provoquée par son prédécesseur. Mais du coup, Benoît Rochefort, qui intervient ensuite, semble gêné, et donne l’impression de comprendre qu’il ne peut dire mieux et préfère s’incliner en se contentant de « idem, comme ledit de Vinolx » 2359 . Cependant, tous les participants n’ont pas la même maîtrise de la langue ou ne veulent pas nécessairement mettre autant de forme lorsqu’ils donnent leur avis. Jehan Bardin, affirme haut et fort qu’il « trouveroit bon de faire taire lesdits eulx disants artizans » 2360  : cette intervention surprend par son côté franc et direct, et surtout par l’idée que le droit de parole pourrait être retiré à certains. On trouve cette expression une autre fois, employée par Claude Thomassin, mais visant alors les marchands florentins voulant s’occuper des fermes de la ville : là aussi, il est question de « les faire taire et retirer de leur offre » 2361 . Il est vrai que les artisans n’ont aucun droit d’intervenir directement au sein du consulat, mais ils peuvent comme tout le monde demander à être reçus. Leur dénier ce droit serait faire preuve d’arbitraire et considérer que leur parole n’est pas légitime. D’ailleurs, cette illégitimité est induite par l’expression « eulx disants », qui prouve que Bardin doute de la fonction représentative de ces artisans ; c’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’il se permet de les exclure du droit de parole. Quant aux marchands florentins, on peut se demander si de la jalousie, voire même une forme de xénophobie, ne justifient pas la possibilité de parler d’eux de cette manière : leur refuser le droit de s’exprimer les ravale au rang d’inaptes à la parole, et fait ressortir un sentiment de supériorité de la part de ces notables, ce qui cache en fait une frustration devant la puissance financière de ces Italiens. La violence des attaques fait disparaître la politesse et les notables s’emportent parfois véritablement. Ainsi, lorsque les fermiers désignés par le consulat sont reconnus coupables de mauvaise gestion et postulent pourtant à cette charge une nouvelle fois, Barthélemy de Villars clame « qu’on ne doit riens avoir affaire avec lesdits fermiers, mais les pugnir ainsi qu’ilz auront mérité » 2362 .

Il est révélateur que notables et maîtres des métiers n’aient pas tous les mêmes préoccupations, par exemple, lors d’une assemblée où l’on se demande comment trouver de l’argent pour le roi, seul Antoine Guerrier songe « qu’on ne doit point foller 2363 le peuple et ne scet comme avoir argent » 2364  : il est le seul à penser aux conséquences d’une nouvelle levée d’impôts sur la population et à l’affolement que cela pourrait causer, doux euphémisme pour évoquer de possibles émeutes ou « émotions » 2365 . Autre cas, en 1516, le roi demande à nouveau 6 000 livres à la ville et l’un des maîtres des métiers, Jean Faure fait la remarque suivante : « que chacun paie et qu’on mecte deniers sus en soulaigeant les povres gens chargez d’enfans comme il est » 2366 . Il est certain que les plus pauvres des maîtres des métiers n’appartiennent pas au même monde que les notables de la ville, qu’ils soient grands marchands ou juristes. Leurs préoccupations n’ont rien de commun 2367 . Lors d’une réunion portant sur la façon de trouver de l’argent pour le roi, seuls les maîtres des métiers nuancent leurs avis : ils acceptent que l’on lève un impôt, mais seulement « s’il n’y a deniers en l’hostel de ville », « s’il n’y a de quoy », si on « ne pourra avoir autrement » 2368 . Ces avis sont formulés par sept d’entre eux, peut-être parce qu’ils ont été plus sensibles à l’intervention, en début de réunion, de Clément Mulat, accusant les conseillers de mentir alors que les caisses de la ville sont pleines. Les notables se sont désolidarisés de ce perturbateur, pourtant issu de leurs rangs, en ne faisant aucune allusion à ses dires dans leurs réponses, alors que les maîtres des métiers y ont reconnu leurs craintes, et ont repris ses arguments, à mots couverts et sans le citer, peut-être par crainte d’être pris à parti par les notables : la parole dans le consulat ne serait donc pas aussi libre; elle devrait respecter toute une série de règles implicites, issues de la tradition.

Lors de la réunion sur la réplique à donner aux artisans qui accusent les anciens conseillers de malversation, il est très intéressant d’examiner les avis des anciens et des nouveaux conseillers. Beaucoup d’anciens se drapent dans leur fierté, et réclament de rétablir « la vérité » ; d’autres s’offusquent et affirment « qu’il n’y a chose es compte qui ne soit honneste et soustenable » 2369 . Les conseillers en place semblent beaucoup plus inquiets et tendus, comme Claude Paquellet qui dit « qu’il faut soustenir les vielz conseilliers en ce qu’ilz n’ont méffait et affin de donner courage aux autres conseilliers » 2370 . Les arrière-pensées de ce conseiller vont d’abord à ses propres intérêts. Les notables ne sont pas toujours unanimes dans leurs positions et les dissensions personnelles affleurent aussi. Lors de la discussion sur l’exemption d’impôt des joueurs de l’arc, de l’arbalète et de la couleuvrine, les notables se montrent extrêmement défavorables à cette mesure, soulignant « que ne le doit permectre en quelque manière que ce soyt car ce qui gaste la ville ce sont les exemptz qui se dient estre si grand nombre. Et tant qu’on vouldroit dire que ce seroit la force de la ville, dit que ce seroit le grand affaiblissement de ladite ville » 2371 . Pourtant un notable, Jérôme Garnier se déclare très favorable à cette demande 2372 , « auquel a esté respondu par messire Franc Deschamps que ledit Garnier en parle à son advantaige pour qu’il est ung des enrollez et qu’il prétend estre frans et exempt et qu’on peust congnoistre si les aultres estoient de sa qualité francz qui est ung des plus apparans et que paye le plus à ladite ville, le dommaige qui en seroit sur les autres pouvres gens sur ceulx qui paieroient » 2373 . Les notables ne sont donc pas toujours solidaires les uns des autres, lorsque certains, ne voyant que leur intérêt personnel, perdent de vue l’intérêt commun.

Lors des discussions, des personnalités émergent des délibérations. Le consulat est un lieu de compétence et de compétition pour ces élites. Chacun cherche à affirmer une identité, que ce soit celle de son groupe ou la sienne propre. Une véritable lutte est à l’œuvre entre locuteurs, gouvernée par une idée : la domination par la distinction. C’est pourquoi certains avis sont particulièrement développés par le secrétaire, contrairement aux pratiques en œuvre au XVe siècle. Cependant, il arrive toujours que certains aspects d’un avis nous restent inconnus : le 29 décembre 1517, après l’avis de 9 notables sur une possible action déloyale de la part de Jean de Bailleux à l’encontre du consulat, « maistre Pierre Chanet, qui est survenu, dict qu’il ne pense pas que le receveur de Bailleux vueille susciter procès à cause de l’office de receveur de ceste ville qu’il a par cy devant tenu actendu plusieurs causes qu’il scet » 2374 . Or on ne connaîtra pas ces fameuses causes : secret, censure, affabulation ? Cette ellipse n’est certainement pas utilisée de façon anodine par le secrétaire. Tout ne doit pas être écrit…

On peut établir un parallèle entre deux pratiques du consulat : celle de faire des cadeaux aux grands et celle de noter les avis des notables. Dans le premier cas, on offre des cadeaux, dont on précise de plus en plus la nature 2375  ; dans le second cas on offre la parole, et l’on en détaille de plus en plus les termes. L’aspect rituel est très semblable : il s’agit d’un côté de respecter les codes de la bienséance et de prouver son attachement au pouvoir ; de l’autre, ce sont les fondements de la commune qu’on fait semblant de perpétuer, en reconnaissant le droit de s’exprimer à chaque participant. Le but recherché est le même : garantir les intérêts de la ville, soit en attirant les bonnes grâces des grands personnages de l’état pour obtenir des faveurs royales 2376 , soit en renforçant la cohésion avec l’élite de la ville afin qu’elle soutienne les positions du consulat lors des assemblées. Les visées du consulat sont aussi identiques, puisque ces dons, qu’ils soient sous forme de cadeaux ou de liberté de parole, sont là pour instrumentaliser ces « amis » des conseillers, afin qu’ils servent au mieux leur pouvoir.

Les notables et maîtres des métiers ont conscience que leur pouvoir n’est plus que résiduel, c’est sur le terrain de la prise de parole que certains vont désormais chercher à exister en développant des stratégies oratoires pour que leur présence marque les assemblées.

Notes
2312.

Il s’agit de Secondin Viel.

2313.

1515, BB34 f135.

2314.

1517, BB37 f54-55.

2315.

Exemples : « Pierre Regnoard, quant au contrerolle, il trouveroit bon de l’abatre et faire délaisser par quelque bon moyen qui pourroit comme l’en dit que font ou se perforcent faire ceulx d’Orléans et autres villes de ce Royaume » ; « Humbert Mathieu est d’oppinion qu’on doit remontrer la grant charge que sera au peuple par la création dudit contrerolleur et savoir comme font les autres ville de ce Royaume et se ranger avec eulx », 1516, BB34 f176v.

2316.

1517, BB37 f54.

2317.

1517, BB37 f54v.

2318.

1517, BB37 f55.

2319.

1515, BB34 f19. Autre exemple : lors d’une assemblée pour savoir s’il convient de mettre une taxe sur les entrées pour aider la ville à trouver de l’argent, Guillaume Andrevet dit que « touchant les entrées il ne le treuve pas bon advis, est d’oppinion de vivre à la manière acoustumée », 1516, BB34 f177.

2320.

1515, BB34 f20.

2321.

1489, BB19 f152-153v.

2322.

Cité par J. Garrisson, Royauté, Renaissance et Réforme (1483-1559), Seuil, 1991, p.57.

2323.

1494, BB22 f3v.

2324.

1494, BB22 f4.

2325.

1490, BB19 f178v.

2326.

1515, BB33 f273.

2327.

1506, BB24 f539.

2328.

G. Vignaux, « Enoncer, argumenter : opérations du discours, logiques du discours », Langue française, n°50, mai 1981, p.98.

2329.

1515, BB33 f312.

2330.

1515, BB33 f289v.

2331.

1517, BB37 f54v.

2332.

1518, BB37 f186.

2333.

1516, BB34 f178.

2334.

1515, BB34 f19v.

2335.

1517, BB37 f185.

2336.

1515, BB34 f97v.

2337.

1502, BB24 f347.

2338.

1515, BB33 f312v.

2339.

1520, BB39 f110.

2340.

1517, BB37 f186.

2341.

1515, BB33 f263.

2342.

1515, BB34 f95v.

2343.

1515, BB33 f262.

2344.

L. Guilbert, « Peut-on définir un concept de norme lexicale ? », Langue française, n°16, 1972, p.38.

2345.

1516, BB34 f136v.

2346.

1516, BB34 f178v. Ce recours au latin est employé par d’autres dans le même but : lors d’une assemblée en 1514, portant sur la nécessité de revoir les estimes et de lever un impôt, François Guérin dit « qu’on doit lever lesdits deniers quia neccessitas non habet legem et qu’il seroit bon d’abatre les gabelles et qu’on refface les papiers », 1514, BB33 f135v.

2347.

1517, BB37 f35.

2348.

1515, BB34 f69v.

2349.

1515, BB34 f96v.

2350.

1516, BB34 f178.

2351.

Antoine Saineton dit que « touchant les entrées il n’est d’oppinion de les mectre sus, ains vivre comme l’en a acoustumé, craignant la perdicion des foires et deschassement des marchans », 1516, BB34 f179.

2352.

1517, BB37 f54.

2353.

Cette rigueur juridique se retrouve chez Chanet lorsqu’il argumente ses positions : contrairement à nombre de participants, il justifie son opinion et ne se contente pas de l’énoncer. Ainsi lors de la discussion sur la possibilité d’exempter certains joueurs des confréries militaires de Lyon, « messire Pierre Chanet n’est d’oppinion qu’on le doive permectre car se seroit la destruction et perdicion de la ville par plusieurs causes et raisons mesmement qui s’ensuivent premièrement, car desja en y a se grand nombre en ladite ville qui se dient exemptz et ne veullent paier ne porter les charges de ladite ville que c’est pitié des autres pouvres à qui convient pourter tout le fayx de tout paier et garder portes et faire serguet, et que s’il y en avoit encores LXXVIII nouveaulx exemptz ce seroit encores plus grand charge aux autres qui paieroient. Et mesmement car comme il a sceu et entendu ce sont des plus apparans qui se sont mys en rolles au espèrent en estre dudit nombre affin d’estre exemptz et de non paier. Et avant qu’il fust quelque temps tous lesdits LXXVIII exemptz seroient les plus oppulans et aparans et qui devroient le plus paier dont toute la foulle demeureroit à ladite ville. Et desja par leur eslection en y a des aparans, la pluspart parquoy on ne doit le permectre ains y obvier à toutes fins et n’y riens espargner », 1515, BB33 f292v.

2354.

1513, BB30 f292. Autre exemple : les conseillers demandent conseil aux notables pour savoir ce qu’ils pensent de l’office de contrôleur établi par le roi : « Gabriel de Rossi [dit] qu’on laisse ledit contrerole car s’il y a à contreroler à bonne heure, et s’il n’y a riens son dommaige », 1516, BB34 f179.

2355.

1517, BB37 f54v.

2356.

1517, BB37 f111.

2357.

U. Windisch, Le K.O. verbal : la communication conflictuelle, op.cit., p.79.

2358.

1515, BB34 f96.

2359.

Ceux qui s’expriment bien influencent sans conteste l’opinion des participants, d’ailleurs il arrive que certains reconnaissent s’être laisser convaincre à changer d’avis après le discours de brillants orateurs : Girard Saget, « touchant les entrées il a esté autreffoys d’oppinion de les mectre, mays après avoir ouy les raisons cy alléguées il ne consent point qu’elles soient mises », 1516, BB34 f179v.

2360.

1515, BB34 f97.

2361.

1515, BB33 f262.

2362.

1515, BB33 f262v.

2363.

Foller = affoler : on trouve couramment cette manière d’écrire ce mot et ses dérivés dans les textes lyonnais.

2364.

1515, BB33 f314.

2365.

Régulièrement, un notable rappelle à ses condisciples la crainte qu’il convient d’avoir envers les réactions de la population. Exemple : Pierre Chanet « quant aux aides des entrées propousée de mectre sus en discontinuant les gabelles par quelque temps, dit que souvent il a esté parlé entre les manans et habitans de ladite ville et en a ouy de diverses oppinions et altercations. Toutteffois par plusieurs raisons qu’il a alléguées, il est d’oppinion que de mectre lesdites entrées sus en discontinuant lesdites aides et gabelles ce seroit le grant bien et soullaigement des habitans de ladite ville », 1516, BB34 f176-v.

2366.

1516, BB34 f201v.

2367.

Autre exemple : en 1511, le consulat réunit une assemblée, notamment pour entériner une lettre d’abolition des maîtrises jurées : « chacun la trouve très bon et très nécessaire sauf selliers et cordonniers », parce qu’ils les avaient mises en place pour leur métier (1511, BB28 f297v-299v).

2368.

1516, BB34 f137-137v.

2369.

1517, BB37 f185.

2370.

1517, BB37 f186.

2371.

Avis de Jacques Tourvéon, 1515, BB33 f293v. Même type de réaction : avis de Secondin Viel, disant que « ce seroit deschasser grand nombre des habitans de ladite ville qui ne pourroyent pourté toute la charge et que plusieurs s’en sont desja absentez à cause des charges précédantes », 1515, BB33 f293.

2372.

« Jherosme Garnier dit que ce seroit bonne chose pour secourir la ville à ung affaire pour obvier aux inconvénients qui sont autreffoys venuz en ladite ville par certains avanturiers qui feirent quelque esmotion par faulte d’avoir gens promptz à ung affaire », 1515, BB33 f293.

2373.

1515, BB33 f293v.

2374.

1517, BB37 f137v.

2375.

Il s’agit surtout de cadeaux de bouche : confitures, dragées, fromages… Exemple : « ont ordonné luy donner et faire présent de fromaiges de Millan, dragées et confictures et luy offrir les faire porter à Paris », 1497, BB24 f90v.

2376.

Cadeau au lieutenant du roi, « affin d’avoir les habitans de ladite ville en recommandacion et les afferes communes en justice », 1497, BB25 f109v. Cadeaux à des officiers pour « les plaisirs et services qu’ilz et chacun d’eulx ont faiz et font chacun jour à mesdits sires les conseillers pour avoir entrée en l’ostel et grant conseil dessusdits », 1497, BB24 f70v. Envoi de dragées et confitures pour les procès de la ville à Paris : « pour l’advancement des procès et affaires de ladite ville, ainsi que fait a esté par quelques années précédentes et comme a esté ordonné es consulatz précédens », 1517, BB37 f49.