III. Le conflit des artisans (1518-1521).

1. Changement de meneurs et bouleversements tactiques.

A partir de 1518, le conflit prend une autre tournure du fait du changement des chefs des procureurs des artisans. Les opposants au consulat formaient un groupe au recrutement pyramidal : à sa tête des docteurs en droit, prenant garde à ne pas trop s’exposer, qui occupaient des fonctions dans la justice royale, secondés par des marchands fortunés de Lyon, au cœur de tous les conflits avec les conseillers. Les artisans formaient le gros des mécontents qui les soutenaient. Malgré des objectifs divers, ces hommes constituaient ce que l’on pourrait appeler un parti 2570 . Or, un bouleversement s’effectue, car dans les registres ce ne sont plus les mêmes noms qui apparaissent lorsque les épisodes de la querelle sont rapportés. Tous les grands juristes semblent avoir disparu : il n’est plus question une seule fois de Pierre Burberon, le chef présumé de cette opposition, ni de Jacques Chausson, et encore moins de Clément Mulat, ce qui ne peut que surprendre étant donné qu’il était le porte-parole attitré des procureurs des artisans. Un autre homme est devenu le nouveau chef de file du mouvement : Jean Gautier, le riche apothicaire, mais son frère le juriste n’est plus cité une seule fois. Les plus notables auraient donc abandonné la lutte, voyant après trois années qu’elle n’aboutissait pas, et qu’ils avaient plus à perdre qu’à gagner à s’entêter contre le pouvoir consulaire. Il ne s’agit pas d’une hypothèse, mais bien d’une réalité car elle est explicitement reconnue par un notable, lors d’une assemblée début 1518, devant décider qui envoyer pour la vision des comptes du consulat obtenue par les artisans :

‘« monsire le conservateur 2571 a dict et oppiné qu’il est bien d’oppinion y envoyer, combien qu’il y ait environ troys ans il fut en l’assemblée fecte par les procureurs des artisans fecte à Roanne, par devans monsire le séneschal et passa procuracion avec les autres pour faire randre compte à ceulx qui n’avoient randu, et luy semble que monsire Deschamps sera bon pour y envoyer » 2572 .’

Bonaventure Thomassin reconnaît avoir soutenu les artisans en 1515 dans leur demande de vérifications des comptes non rendus, preuve supplémentaire du caractère élitiste et faussement populaire des premières actions des artisans. Sa participation au conflit du côté des artisans renforce ce qui a déjà été dit des motivations du trio Burberon, Chausson, Mulat : lui aussi est un grand juriste, docteur en droit ; son père Claude Thomassin a été conseiller 2573 et siège même en 1516 ; en revanche, lui n’a jamais eu de distinction consulaire. Le conflit de générations apparaît encore une fois en filigrane. Il s’est désormais désolidarisé des artisans, comme tous les personnages importants qui les soutenaient jusqu’en 1517 2574 . Qui reste-t-il avec Jean Gautier ? Pierre Grenoble, dit Sirodes, l’autre marchand vraiment aisé du mouvement ; des « seconds couteaux » comme Pierre Chanu, Martin Balmont et Antoine Muret, de condition beaucoup plus modeste 2575 et une masse de mécontents issus de la population ; Jean de Villars et Claude Bertier soutiennent seulement de loin en loin le mouvement qui prend un tour manifestement trop populaire pour eux, et dont les méthodes commencent à les gêner. Pourtant, si les grands abandonnent petit à petit la lutte, le gros des troupes ne se résigne pas : une nouvelle phase d’action se met en place. L’appellation de « conflit des artisans » ne prend véritablement son sens qu’à partir de cette période

En effet, ce changement à la tête du mouvement provoque des bouleversements tactiques : les grands juristes ne sont plus là pour encadrer la fougue des modestes marchands, la recherche de l’action légale passe au second plan, au profit d’actions plus « spectaculaires », donc de débordements. Injures et provocations sont pour la première fois utilisées amplement par les procureurs des artisans 2576 .

Première provocation, en mars 1518, Jean Gautier défie le pouvoir consulaire « à cause d’ung épitaphe qu’il a fait graver et mectre en ung banc à sainct-Nizier par laquelle épitaffe il se dict Procureur contre ceulx qui ont osté à la chose publicque » 2577 . Sa phrase est finement construite : le terme de procureur renvoie à son élection comme représentant des artisans, mais il joue aussi sur l’ambiguïté de la formulation, qui fait penser qu’il occupe une charge juridique qui lui permet de poursuivre en justice le consulat. Il s’attribue un titre de gloire pour mettre son action sous l’égide du combat pour le bien public. Mais surtout, il est extrêmement audacieux d’oser mettre cette épitaphe dans l’église saint-Nizier, lieu particulièrement symbolique puisque c’est là que sont élus les nouveaux conseillers, dont la mission première est d’agir pour le bien public. Il s’agit d’un désaveu à peine voilé à leur encontre, dont personne d’ailleurs n’est dupe. Le geste de Germain Chanu, bedeau de saint-Jean et procureur des artisans va dans le même sens : lors d’une procession il se permet de dire « à mesdits sires les conseillers et à leurs mandeurs qu’ilz marchoient en leur ordre acoustumé, qu’ilz demourassent derrier et qu’il ne leur appertenoit d’estre illec » 2578 . Son intervention est significative : il faut toujours mettre en scène devant la population le discrédit des conseillers, faire un esclandre en les désignant comme indignes d’être devant dans une procession. L’idée doit se répandre que le consulat a des choses à se reprocher. La multiplication de ces actes symboliques vise le même objectif.

Cependant les procureurs des artisans ont tendance à aller un peu trop loin : lors de la lecture du syndicat de 1518, ils ne se contentent pas comme les années précédentes de désavouer le texte. Gautier, Grenoble et leurs amis insultent copieusement les conseillers pour la première fois devant toute la population, et réitèrent ce comportement à plusieurs reprises 2579 . Mais le plus grand dérapage est dû à un autre artisan :

‘« a esté ordonné fayre informations par Nicollet du Buyer sergent royal, commissaire de la court de parlement à Paris, sur ce que Montpensier, orfèvre, le seoir qu’on feit en ceste ville les feuz de joye pour la nayssance du Dauphin, alloit disant par la ville telles paroles : faictes gros feu car demain l’en coppera la teste aux conseillers, et plusieurs autres villaines paroles comme a esté remis sur le bureau par ledit capitaine Jehan Salla qui de ce a esté adverty » 2580 . ’

Le changement des dirigeants du mouvement des artisans se répercute aussi sur leurs soutiens : moins bien contrôlés ou encouragés par les propos outrageants de leurs principaux représentants, les artisans se laissent aller à des insultes et des menaces ouvertes contre les conseillers. François Montpensier figure parmi les représentants des gens de métiers désignés par les procureurs des artisans en 1516, il est impossible d’affirmer qu’on l’a poussé à proférer ces menaces, ce qui d’ailleurs semble peu probable ; par contre, il est vraisemblable que le changement du climat des relations entre conseillers et procureurs des artisans ne soit pas étranger à ces débordements soudains. On cherche délibérément à envenimer la situation, le mode du conflit passe de la pure action judiciaire accompagnée d’un harcèlement moral, à la violence reléguant les procès au second plan. Les artisans cherchent clairement à gagner à leur cause la population 2581 , dont ils espèrent une réaction puisque la justice royale semble être du côté des conseillers. Ils lancent des rumeurs, cherchent à provoquer des soulèvements pour faire fléchir le consulat.

Les dirigeants des artisans des années 1515-1517 n’ont jamais vraiment fait appel à la population, ils lui ont choisi des représentants, plus faciles à diriger et à contrôler ; ils ont cru en la justice royale pour destituer les conseillers et prendre le pouvoir par des moyens légaux. Les dirigeants de 1518 croient d’abord au coup de force, ils sont prêts à libérer la violence populaire pour réussir. Ces actions donnent l’impression que ce sont des vues à court terme, que l’aveuglement gagne les dirigeants qui en font pratiquement une affaire personnelle : l’esprit de revanche cède la place à l’esprit de vengeance.

Or ces comportements se révèlent rapidement préjudiciables aux procureurs des artisans. Les conseillers n’hésitent pas en effet à les attaquer immédiatement en justice dès que leurs actions dépassent le seuil de la légalité. Grenoble, Gautier et Villars sont poursuivis nommément pour les injures qu’ils ont proférées à l’encontre des conseillers et de leurs officiers 2582  ; des mesures disciplinaires sont aussi demandées à l’encontre de Chanu, pour les paroles qu’il a osé dire un jour de procession 2583 . Le consulat ne laisse rien passer et l’épitaphe provocante de Gautier donne lieu à une action virulente, qui prouve que les conseillers eux aussi savent comment manier les mots, au détriment de leurs adversaires :

‘« Mesdits sires ont résoluz protestez en la cause d’un cas de nouvelleté obtenu par Jehan Gautier à cause d’ung épitaphe qu’il a fait graver et mectre en ung banc à sainct Nizier par laqueller épitaffe il se dict procureur contre ceulx qui ont osté à la chose publicque et pour les causes d’oppinion de mesdits sires les conseillers, sera dict qu’il ait à déclarer qui sont ceulx qui sont contre la chose publicque, pour ce que s’est à mesdits sires les conseillers à poursuyr ceulx qui sont contre la chose publicque et non à luy. Et pour ce que luy mesme est contre la chose publicque à laquelle il a voulu et veult oster le plus beau bien qu’elle ait c’est assavoir l’office du garbeau, sera requis qu’il soit escript en sondit épitaffe qu’il a esté et est contre la chose publicque de ceste ville, ou en quelque autre lieu publicq affin qu’il en soit mémoyre perpétuelle » 2584 .’

Les conseillers sont habiles, ils n’attaquent pas pour diffamation, mais pour intrusion dans un domaine qui n’est pas celui de Gautier : ce sont eux qui doivent lutter contre les ennemis de la ville, il est de son devoir de leur révéler qui il accuse à mots couverts. Ils ne font que reprendre finalement une partie du réquisitoire du procureur du roi lors du procès de 1516 au parlement de Paris, qui rejetait l’appel des artisans : ce n’était pas à eux à se mêler du gouvernement de la ville et leur requête menaçait de troubler l’ordre politique 2585 . Leur art de la rhétorique permet un retournement de la situation, puisqu’ils l’accusent à leur tour de mensonge : il est le véritable ennemi de la ville, ils prennent pour preuve son action pour ôter des mains du consulat le garbeau de la ville 2586 . Humiliation suprême, ils ordonnent que l’épitaphe soit non seulement ôtée mais changée, pour blâmer Gautier : c’est une vraie guerre des mots qui prend une dimension supplémentaire, puisque cette nouvelle épitaphe sera installée en ville à la vue de tous « affin qu’il en soit mémoyre perpétuelle ». Par cette trace infamante dans la ville, les conseillers vouent Gautier à la réprobation publique : ils veulent qu’il soit condamné par là où il avait voulu atteindre le consulat, le jugement populaire. C’est le signe très fort du contrôle strict que les conseillers font de l’écrit et de l’oral en ville : la lutte passe aussi par les mots.

Ces revers poussent Jean Gautier à exiger plus de prudence de la part de ses troupes ; lui-même opte pour un retour plus sage à des actions symboliques mais légales. Lors de la lecture du syndicat de 1519, il vient une nouvelle fois perturber l’assemblée, mais se garde bien d’insulter les conseillers : il se contente d’un désaveu devant toute la population, optant pour la méthode qu’avait employée Clément Mulat pour les syndicats de 1516 et de 1517 2587 . Il cherche par la suite à obtenir le double du syndicat de 1519 mais les conseillers font quelques difficultés 2588 . Pour éviter ce genre de désagréments, lors de la cérémonie suivante, Gautier perfectionne son intervention : il ne s’exprime pas directement, mais lit un discours qu’il signe et demande qu’il soit enregistré dans les papiers de la ville. Il est ainsi certain que ses paroles ne seront pas déformées ni aseptisées, et il peut directement exiger un double du syndicat 2589 . Il a parfaitement conscience de l’importance de toutes les traces écrites dans cette affaire ; il espère peut-être aussi influencer la population par sa constance. Son intervention devient un véritable rituel puisqu’il recommence exactement la même mise en scène lors de la publication du syndicat de 1521 2590 . A quoi lui servent ces manifestations d’opposition tous les ans ? Veut-il se rappeler au souvenir des conseillers pour faire pression sur eux ? Veut-il faire parler de lui en ville ? Cette interruption devient coutumière : elle constitue peut-être un gage envers ceux qui le soutiennent encore, une démonstration publique qu’il agit toujours en ce sens.

Or, il ne reste plus aux artisans que le problème des comptes à reprocher aux conseillers. En effet, la vérification des papiers des estimes est terminée, leur réfection a été passée au crible, quelques erreurs minimes commises par les commissaires à la réfection ont été relevées 2591 , immédiatement reconnues par les conseillers 2592 . Les représentants du roi se disent satisfaits et ce problème est définitivement réglé. Toutes les accusations des procureurs des artisans doivent donc se concentrer sur la vérification des comptes des 20 dernières années. Les conseillers, par leur obstruction systématique, ont réussi à repousser toujours plus loin le moment de l’examen des comptes, mais ils ont fini par devoir fournir ces documents aux officiers royaux. En mai 1518, le parlement de Paris arrête que « les comptes de ville qui ont esté pourtez et sont au greffe de ladite court, seront communicqués aux procureurs des artizans » 2593 . Les conseillers décident d’envoyer immédiatement des représentants à la cour, pour surveiller cet examen et empêcher que les artisans ne critiquent les comptes de la ville 2594 .

Les registres restent muets quelque temps sur le déroulement de cette vérification, jusqu’à ce que le consulat apprenne en juillet 1519, que Bertier et Jean Gautier portent devant le conseil du roi des accusations très lourdes et chiffrées : les conseillers des 20 dernières années auraient dérobé 200 000 livres 2595 . Ce chiffre exorbitant n’est pas choisi au hasard, les conseillers auraient donc détourné chaque année 10 000 livres, soit le montant d’une aide ou d’un don important demandé par la royauté. Or les conseillers se sont toujours plaints de leurs petits moyens, et ont régulièrement bénéficié d’une diminution de contribution. Les procureurs des artisans choisissent un moment propice pour formuler leurs accusations : les conseillers rechignent à payer 6 000 livres que demande le roi. Il est donc mal disposé envers eux, il s’agit d’en profiter et d’avoir cette fois gain de cause avec le conseil royal. Il n’est pas certain que les procureurs des artisans croient réellement que tant d’argent ait été détourné, ils chiffrent le préjudice comme pour faire de la surenchère : malgré toutes ces années de procédure, les conseillers tiennent bon, il faut donc leur asséner un coup décisif.

Notes
2570.

Nous partageons ici les analyses que fait T. Dutour à propos des Dijonnais. Le terme de parti peut sembler anachronique mais Dutour se justifie en expliquant que dans la mesure où ces groupes d’opinion sont à la fois relativement stables et dotés d’une organisation, il est licite de parler de parti, si l’on admet avec R. Michels que « toute organisation de parti représente une puissance oligarchique reposant sur une base démocratique » (Michels, 1911, traduction française, 1971, p.296). L’organisation est plus que le programme l’élément essentiel qui caractérise un parti. Exemple : les partisans de Monot de Beaume s’engagent à contribuer financièrement aux dépenses entraînées par leur action ; tous sont des bourgeois. En 1377, les échevins ont eux-mêmes des « adhérents ». T. Dutour, Une société de l’honneur…, op. cit., p.132-134.

2571.

Il s’agit de Bonaventure Thomassin.

2572.

1518, BB37 f184v.

2573.

Claude Thomassin, notaire, est conseiller en 1484-1485, 1488-1489, 1504-1505, 1511-1512 et 1516 (meurt en charge).

2574.

Ce qui lui permettra par la suite d’avoir une belle carrière consulaire à partir de 1519.

2575.

Martin Balmont, parcheminier / blanchisseur est un artisan qui vit modestement, son estime s’élève à 440 livres, CC22 f345. Antoine Muret est un notaire.

2576.

Les juristes avaient rapidement mis un terme aux injures que certains artisans adressaient aux conseillers en 1515 : les registres évoquent « les injurieuses parolles dont ilz usent de jour en jour » (1515, BB33 f270v) ; «  il y a certains artisans qui ne cessent de injurier les conseillers de ladicte ville et les appel larrons et dient que les conseillers desrobbent la ville et les deniers et biens d’icelle » (1515, BB33 f344v) ; les conseillers se plaignent des artisans qui « viennent journellement protester et user de grossières parolles au présent consulat et icelluy troubler et empescher » (1515, BB34 f90). Mis à part les premières semaines du conflit, les conseillers ne peuvent plus se plaindre de tels débordements entre 1515 et 1517.

2577.

1518, BB37 f152v.

2578.

1518, BB37 f237.

2579.

Hélas, le secrétaire censure les injures qui ont été prononcées : 1518, BB37 f150.

2580.

1518, BB37 f155v.

2581.

Cela explique notamment l’intérêt que les procureurs des artisans portent soudain à des sujets forts éloignés de leurs préoccupations premières. Ainsi Gautier fait une demande « au nom des procureurs des artisans, manans et habitans de ladicte ville de Lyon », pour avoir les fameux papiers « touchant le taux des sépultures et espousailles qu’on doyt payer aux gens d’esglise tant de saincte-Croix, sainct-Pol, sainct Nizier, sainct-Pierre et autres pour eulx ayder et oster les exactions indeues » (1518, BB37 f187). C’est peut-être un signe envers les couches populaires pour obtenir leur soutien : d’ailleurs dans la titulature qu’il se donne, il n’est plus seulement procureur des artisans mais de tous les habitants.

2582.

« Passe mandement des parties des informacions faictes contre Pierre Grenoble, Jehan Gautier et autres leurs consortz procureurs des artizans de Lyon, des injures qu’ilz ont dictes tant le jour sainct Thomas dernier passé que despuys contre mesdits sires les conseillers que officiers de la dite ville envoyés à la court de parlement à Paris », 1518, BB37 f150.

2583.

« A esté gecté par mesdits sires une requeste et ordonner la bailler à messires de ladicte esglise pour scavoir de quelle auctorité il [Chanu] a dictes lesdictes parolles », 1518, BB37 f237.

2584.

1518, BB37 f152v-153.

2585.

A. Bassard, « La querelle des consuls… », op. cit., p.26.

2586.

Nous développerons cette affaire plus loin.

2587.

« Apprès que messire Vauzelles docteur a eu faict l’oraison doctoralle acoustumée es présence des assistans, a esté ouvert l’instrument du scindicat, contenant l’eslection et création des messieurs les conseillers, terriers et maistres des mestiers pour l’année advenir, par moy secrétayre de ladite ville soubsigné et d’icelluy faict lecture de mot à mot. Apprès laquelle lecture, Jehan Gautier, appoticaire de Lion, a dict que y si opposoit pour luy et ses adhérents prostestans de la nullité et a demandé le double », 1518, BB37 f236.

2588.

« Jehan Gautier appoticaire, tant en son nom que des aultres procureurs des artisans de ladicte ville comme il disoit, est venu quérir le double du scindicat de ladicte ville publié le jour sainct Thomas derrier passé pour la présente année. Auquel a esté respondu que l’on n’a pas accoustumé bailler ung tel instrument sans quelque cause légitime et s’il veult l’en luy communiquera mais sans aultres causes l’en ne le luy baillera, pour ce qu’on a accoustumé après la lecture et publication d’icelly le remectre es archives de ladicte ville où il est. Et il a esté ordonné par mesdits sires les conseillers qu’ilz ont faict ladicte response luy bailler le présent acte qu’il a requis », 1519, BB37 f239.

2589.

« Vénérable personne messire Symphorien Champier, docteur, a faict bien éloquemment l’oraison doctoralle à la manière acoustumée et après du consentemens des assistans a esté ouvert l’instrument du scindicat et d’icellui a esté faict lecture de mot à mot. Après laquelle lecture Jehan Gaultier, apoticaire dudict Lion, c’est mis à lire certaine opposition escripte en une fueille de papier dont la teneur s’ensuyt : Jehan Gautier appoticaire à Lion, l’un des procureurs des artisans manans, habitans de Lion, tant pour luy que de ses adhérans, à la prétendue ellection et publicacion des conseilliers de Lion entend que celle n’est faicte selon la forme et teneur de l’arrest de la court et execution surce faicte, se oppose formellement, demandant coppie d’icelle ensemble dudict tel quel scindicat protestant de nullité de tout et pena juris contre ceulx qui appartiendra, du tout demandant au notaire présent les doubles et estre insérez la présente opposition au présent scindicat pour servir à ce qui de raison pour le bien et utilité de la chose publique et police de la ville requérant l’adjonction de monsire le procureur du Roy ainsi signé : « tant pour moy que de mes allians, Gautier. Après ce que ledict Gautier a faict lecture d’icelle opposion et fueille de papier, il a signé de sa propre main et l’a baillée au notaire royal et secrétaire de ladicte ville demandant d’icelle acte luy estre faict », 1519, BB37 f330v-331.

2590.

« Le vendredy XXe jour de décembre l’an mil cinq cens vingt, feste sainct Thomas apostre, après ce que le peuple a esté assemblé à l’église sainct Nizier au son de la grosse cloche à la manière acoustumée où sont venuz grant nombre de messieurs les conseillers, docteurs, notables personnages et gens de mestiers et que messire Chalan docteur a faict l’oraison doctoralle ainsi qu’il est de coustume, l’instrument du scindicat faict et passé par messieurs les conseillers, terriers et maistres des mestiers contenant nouvelle ellection et créacion des conseilliers, terriers et maistres mestiers de l’année advenir, a esté ouvert, leue et publié par le secrétaire de ladicte ville. Après laquelle lecture et publication sur ce, Martin Belmont blanchisseur dudict Lion, a dict que au nom de Jehan Gautier apoticaire, il se opposoit à ladicte ellection et publication comme plus à plain estoit contenu en une membrane papier dont la teneur s’ensuit : Je, Jehan Gautier, apoticaire de Lion tant en mon propre et privé nom, comme es noms des habitans de Lion ses adhérans, la prétendue ellection et depuis publication des conseilliers de Lion entent qu’elle n’est faicte selon la teneur de l’arretz de la court et exécution sur ce faict par monsire maistre Lois Seguyer, se oppose fourmellement demandant la coppie d’icelle et du scindicat protestant de la nullité du tout et de pena juris contre ceulx qu’il appartiendra du tout, demandant au notaire présent les doubles et estre insérré ceste présente opposition au présent scindicat pour servir à ce que de raison pour le bien et utillité du Roy et de la chose publique et police de ladicte ville requérant l’adjonction du procureur du Roy notre sire ainsi signé Gautier. Laquelle acte a esté mise sur le champ par monsire maistre Pierre Burberon lieutenent de monsire le séneschal es mains de maistre Jehan Pernyn notère et a commandé audict Belmont de comparoir par devant luy en sa maison et de ladite opposition, troubles et empeschemens faictz par lesdict Balmont et Gautier. Messires les conseilliers assavoir Anthoine de Varey seigneur de Belmont, Jehan Dodieu seigneur de Vely, Jehan Faye et François Fournier et autres illec estans ont protesté contre iceuls opposans et d’en advertir le Roy et recouvrir à luy et où il appartiendra demandant acte », 1520, BB39 f87v-88.

2591.

« A esté ordonné que au premier jour l’on face adjourner les commissaires des papiers et protestez en jugement contre eulx de ce que les papiers ne sont parfaictz et qu’on ne le puisse impugnier à mesdits sires les conseilliers ains ausdictz commissaires des dommages et interestz qui s’en pourroit ensuyr », 1519, BB39 f39.

2592.

Les conseillers reconnaissent immédiatement « plusieurs falaces et imperfections desdictz papiers faictes par erreur ou autrement, ont offert par la voix dudict messire Pierre Chanet parfaire les imperfections et réparer lesdictes fallances au dict de gens à ce expers et congnoissans, se requièrent que amyablement leur soit faict leurs tauxes et paiement », 1519, BB39 f71.

2593.

1518, BB37 f173v.

2594.

« Messires les notables ont proposé par la voix dudit messire Franc Deschamps aprés l’arresté donné par ladite court de parlement par lesquel a esté dict que les comptes et papiers de ladite ville estans rière ladite court seront communicquéz aux procureurs des artisans, lesquelz y sont allez pour les veoir, extraire et contredire. Et pour ce qu’ilz sont costumierz de faire graves exclamacions s’il n’y a quelque personnaige, ung ou deulx du costé desdits conseillers pour remonstrer au contraire, ilz pouroient donner à entendre à messires de la court plusieurs choses dont en pourroit venir aucun inconvénient et poyne aux vielz conseillers s’il n’estoit remonstré au contraire. Parquoy ont requis estre sur ce advisé, pourveu et ordonné en sorte que par faulte d’y envoyer l’en ne tumba à quelque inconvénient » 1518, BB37 f184v-186v.

2595.

« Bertier et Jehan Gaultier au nom d’eulx et des manans et habitans de ceste ville, dict artisans et en telle qualité ont baillé au conseil estroict une requeste de laquelle a envoyé le double, par laquelle entre autres choses ilz maintiennent que les conseillers qui ont esté en ceste ville puis vingt ans en ça en regard au commancement du procès ont desrobbé à la ville plus de deux cent mil livres et que iceulx Bertier et Gaultier veullent maintenir le contenu en ladicte requeste la veullent signer et eulx inscripre ad penam talliones », 1519, BB37 f289.