Définition des marchés émergents

L’émergence est avant tout un trait de caractère qui définit généralement un pays dont les efforts fournis s’inscrivent dans la perspective de changer et d’améliorer son économie. Ce changement s’effectue dans le but d’approcher, voire même d’atteindre les performances des pays et des économies les plus avancées. Toutefois, les marchés émergents ne sont pas nécessairement petits ou pauvres, même si souvent ils font référence aux pays en développement. Si ces pays sont les plus concernés par la définition des marchés émergents, c’est parce que leurs caractéristiques économiques leur permettent d’amorcer un processus de croissance et de modernisation afin de s’améliorer, alors que les pays développés, eux, ont déjà acquis une maturité qui leur assure une certaine stabilité, une économie solide et de bonnes performances macroéconomiques. Entre marchés émergents et pays en développement, la confusion est très souvent présente. Dans ce contexte, la Société Financière Internationale (SFI) avance que le champ des marchés de capitaux émergents se confond avec celui des pays en développement. Toutefois, les marchés émergents peuvent être reconnus par les caractéristiques suivantes :

  • les marchés émergents ont un PIB par tête compris, d’après la SFI, entre 800 et 9000 dollars américains en 1996. Les marchés émergents regroupent donc des pays à revenus moyens ;
  • les marchés émergents ont été caractérisés, au niveau de la prise de décisions en matière de politique économique, par des gouvernements très présents dans la gestion quotidienne de leurs économies. En effet, en plus de détenir une part importante des entreprises et de fixer les taux de change, les gouvernements financent, par émission de monnaie, la majeure partie de leurs dépenses ce qui justifie les taux d'inflation élevés. Cette omniprésence de l’Etat justifie une autre caractéristique de ces marchés, à savoir la répression financière. Celle-ci s’est développée avec l’augmentation du contrôle exercé par le gouvernement sur le secteur bancaire dans les pays en développement 1 . Désormais, cette caractéristique est de moins en moins apparente dans la mesure où les marchés émergents veillent à sortir d’une pareille situation compte tenu des aspects négatifs qu’elle présente. Ainsi, le retrait de l'Etat et la remise en cause de la répression financière permettent de distinguer la plupart des marchés émergents des pays en développement ;
  • les marchés de capitaux émergents se caractérisent aussi par un couple rendement risque élevé. En effet, une plus grande volatilité, permet de générer à court terme des gains très importants (tel a été le cas dans certains pays d’Asie au cours des années quatre-vingt-dix, et notamment entre 1993 et 1997) ;
  • les marchés émergents alternent souvent des périodes de forte rentabilité et des périodes de turbulences. Ainsi, leurs performances varient selon la période étudiée et l'environnement économique dans lequel ils évoluent. Les périodes de forte rentabilité peuvent être liées à la stabilité politique et juridique qui les caractérise et qui leur a permis de stimuler, dans le cadre de la libéralisation financière et économique, l'entrée des investisseurs étrangers. Elles peuvent aussi être liées à des processus spéculatifs et d’emballement financiers au niveau international ;
  • un élément particulièrement important pour caractériser les marchés émergents se rattache à l’opportunité d’investissement qu’apportent ces marchés aux investisseurs étrangers. Investir dans les marchés émergents est devenu dans les années quatre-vingt-dix beaucoup plus lucratif qu’investir dans les marchés matures. Toutefois les risques sont souvent plus importants et sont généralement liés aux problèmes de liquidité, au manque de transparence et aux grandes variations des prix ;
  • les économies des marchés émergents sont aussi caractérisées par leur aspect transitoire, matérialisé par le passage d’une économie fermée à une économie ouverte. Cet aspect de l’émergence explique le dynamisme des marchés en question ainsi que leur perpétuelle évolution. En effet, le passage à une économie ouverte, requiert un ensemble de réformes économiques conduisant les pays à avoir une économie plus forte, ayant de meilleures performances, et dont le marché de capital est plus efficace et présente plus de transparence. Ces réformes touchent en grande partie le système financier ainsi que le système de taux de change, dans la mesure où une monnaie stable permet d’accroître la confiance accordée à son économie, en particulier lorsque cette économie est en mesure d’attirer des investisseurs étrangers.

Plusieurs pays sont désormais considérés comme des marchés émergents. D’après Fischer (2001), l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Brésil, la République Tchèque, le Chili, la Chine, la Colombie, la Corée, l’Egypte, la Grèce, la Hongrie, l’Inde, l’Indonésie, Israël, la Jordanie, la Malaisie, le Mexique, le Pakistan, le Pérou, les Philippines, la Pologne, la Russie ; le Sri Lanka, le Taiwan, la Thaïlande, la Turquie et le Venezuela sont à ce jour des pays émergents. Ces derniers, peuvent être européens, asiatiques, d’Amérique Latine et/ou africains.

Indépendamment de leur appartenance géographique, leurs économies demeurent fragiles, vulnérables et souvent déstabilisées par les fortes entrées de capitaux. Certains pays d’Amérique Latine et d’Asie du Sud Est nous intéressent particulièrement. Ils présentent en effet, des caractéristiques économiques proches, notamment le fait qu'au moins un pays dans chaque région a été sujet à des crises de change dans les années quatre-vingt-dix. Nous retiendrons dans ce travail les pays suivants : l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique, en Amérique Latine ; la Corée, l'Indonésie, les Philippines, la Malaisie et la Thaïlande en Asie du Sud Est.

La majorité de ces pays se sont lancés dans le processus de libéralisation financière parce qu'ils y ont vu un avantage immédiat ou parce qu'ils ont subi des pressions des gouvernements étrangers. Ils ont ainsi entamé ce processus sans établir au préalable un programme de conduite bien réfléchi. Cette précipitation les a menés à un nouvel environnement où la concurrence est rude et pour laquelle leurs instruments et moyens de survie n'ont pas été bien préparés.

Notes
1.

Ce contrôle est même allé jusqu' à fixer des taux d'intérêt inférieurs au taux d'intérêt d'équilibre du marché, ou de constituer des réserves obligatoires permettant à l'Etat de financer son déficit extérieur à moindre coût.